Avec les Grecs, contre les néoli­bé­raux !

Alexis Cukier est venu à Poitiers le jeudi 2 avril parler au nom du regrou­pe­ment natio­nal « avec les Grecs ».

Le texte de l’ inter­ven­tion qu’il fit devant envi­ron 80 personnes dans les locaux de la Ligue de l’en­sei­gne­ment recoupe l’ar­ticle qui vient de paraitre sur le site d’Ensemble, sous sa signa­ture et celle de Pierre Khalfa.

https://www.ensemble-fdg.org/content/grece-lheure-des-choix/

A la suite de cette inter­ven­tion le Collec­tif pour un audit citoyen de la dette est relancé à Poitiers.

Voici de larges extraits de cet article:

 

Alexis Tsipras « doit faire atter­rir ses troupes et que Syriza redes­cende sur terre  ». Ainsi s’ex­prime le ministre des Finances et des Comptes publics Michel Sapin[1]. Cette phrase est un condensé poli­tique. Elle combine le mépris à l’égard de la Grèce et de Syriza. Mépris, quand le peuple grec est comparé à des mili­taires aux ordres d’un chef. Inca­pable donc de réflé­chir par lui-même, il faut le faire « atter­rir ». Renon­ce­ment à tout projet de trans­for­ma­tion sociale avec l’injonc­tion faite à Syriza de « redes­cendre sur terre ». Pour ceux qui avaient l’illu­sion que le gouver­ne­ment français pouvait avoir une atti­tude bien­veillante envers le gouver­ne­ment grec, cette décla­ra­tion, après l’at­ti­tude hypo­crite de la France lors des réunions de l’Eu­ro­groupe, sonne la fin des illu­sions. La Grèce est drama­tique­ment seule.

Le programme de Syriza et le premier accord avec l’Eu­ro­groupe

DSCF4774La posi­tion du gouver­ne­ment grec dans les négo­cia­tions en cours ne peut être comprise sans rappe­ler trois facteurs poli­tiques déter­mi­nants : les dégâts écono­miques et sociaux causés par la « cure d’aus­té­rité » impo­sée par la Troïka, le programme de Syriza et le nouvel équi­libre des forces poli­tiques en Grèce après les élec­tions du 25 janvier 2015.

Le mandat du gouver­ne­ment est d’abord de rompre avec la logique qui a conduit à l’ap­pau­vris­se­ment absolu de la popu­la­tion grecque depuis 2010 et de répondre à une crise huma­ni­taire sans précé­dent ces dernières décen­nies en Europe.[2] En moins de cinq ans, 30% des entre­prises grecques ont fermé, 150 000 postes ont été suppri­més dans le secteur public, il y a eu 42% d’aug­men­ta­tion du chômage, 45% de baisse des retraites, une hausse de près de 100% des personnes sous le seuil de pauvreté. Le PIB a dimi­nué de 25% et la dette publique est passée de 120% à 175% du PIB. En 2014, le taux de chômage attei­gnait 27 % – plus de 50 % pour les jeunes – et le salaire mini­mum était de 480 euros net. C’est à cette aune qu’il faut mesu­rer l’adhé­sion susci­tée par le projet de Syriza d’en finir avec les pratiques poli­tiques de capi­tu­la­tion sans coup férir devant les desi­de­rata d’ins­ti­tu­tions euro­péennes envoyant leurs ordres par cour­rier élec­tro­nique[3] ainsi que l’hos­ti­lité massive du peuple grec envers le plan euro­péen d’ « aide » finan­cière dont l’es­sen­tiel a servi à renflouer les banques euro­péennes en parti­cu­lier alle­mandes et françaises.[4]

Le programme de Syriza visait préci­sé­ment à mettre un terme à cette situa­tion. Il prévoyait quatre points : une rené­go­cia­tion des contrats de prêts et de la dette publique ; un plan natio­nal de recons­truc­tion immé­diate : mesures pour les plus pauvres, réta­blis­se­ment du salaire mini­mum, réins­tau­ra­tion des conven­tions collec­tives ; la recons­truc­tion démo­cra­tique de l’État : lutte contre l’éva­sion et la fraude fiscales, contre la corrup­tion, réem­bauche des fonc­tion­naires licen­ciés ; un plan de recons­truc­tion produc­tive : arrêt des priva­ti­sa­tions, indus­tria­li­sa­tion et trans­for­ma­tion de l’éco­no­mie par des critères sociaux et écolo­giques. C’est ce programme qui a obtenu lors des élec­tions du 25 janvier 36,34 % des suffrages, qui a consti­tué les termes de l’al­liance de Syriza avec les « Grecs indé­pen­dants »[5], et qui conti­nue de former le socle du soutien massif du peuple grec au nouveau gouver­ne­ment. Et c’est à la mise en œuvre progres­sive de ce programme qu’A­lexis Tsipras s’est engagé dans son discours de poli­tique géné­rale et de présen­ta­tion du projet gouver­ne­men­tal au nouveau Parle­ment grec le 8 février dernier[6].

Il s’agit, on le voit, d’un programme rela­ti­ve­ment modéré, d’ins­pi­ra­tion keyné­sienne. Pour­tant, les classes diri­geantes euro­péennes ont fait bloc pour s’y oppo­ser car, même modeste, il entre en contra­dic­tion fron­tale avec l’ordre néoli­bé­ral patiem­ment construit depuis une tren­taine d’an­nées. Traité euro­péen après traité euro­péen, direc­tive après direc­tive, l’Union euro­péenne est deve­nue une machine juri­dique dont l’objec­tif est d’em­pê­cher tout débat démo­cra­tique réel, d’ex­clure de la déci­sion citoyenne les poli­tiques écono­miques et sociales et de muse­ler ainsi la souve­rai­neté popu­laire. Les poli­tiques écono­miques se réduisent à appliquer une série de normes, impé­ra­tifs caté­go­riques sur lesquels les peuples n’ont rien à dire. C’est cette construc­tion que la victoire de Syriza remet en cause et c’est pourquoi il faut que ce programme soit mis en échec. C’est cela que vise la stra­té­gie adop­tée par les insti­tu­tions dans les négo­cia­tions en cours depuis mi-février, ce qu’on appelle en Grèce « la paren­thèse de gauche » : orga­ni­ser l’ef­fon­dre­ment de Syriza dans les mois suivant son élec­tion.

Commençons par rappe­ler le contenu des accords entre Syriza et l’Eu­ro­groupe à ce jour. Sous la pres­sion d’un ulti­ma­tum lancé par l’Eu­ro­groupe le lundi 16 février, le gouver­ne­ment grec signe un accord de prin­cipe le vendredi 20 février. Le prolon­ge­ment de l’aide finan­cière y est condi­tionné à la vali­da­tion d’une liste de réformes que le gouver­ne­ment grec a du propo­ser en toute hâte le lundi 23 février et qui a été accepté sur le prin­cipe par l’Eu­ro­groupe le mardi 24 février. On peut résu­mer ainsi le contenu de ces deux textes[7]. Le commu­niqué de l’Eu­ro­groupe du 20 février prévoit le prolon­ge­ment provi­soire du programme précé­dent, confirme l’objec­tif du rembour­se­ment de l’in­té­gra­lité de la dette ainsi que celui d’un excé­dent primaire devant être « en ligne » avec l’objec­tif de 4,5% en 2016. Il engage le gouver­ne­ment grec à « ne pas reve­nir sur des mesures et à n’ef­fec­tuer aucun chan­ge­ment unila­té­ral de poli­tique ou de réformes struc­tu­relles qui impac­te­raient néga­ti­ve­ment les objec­tifs budgé­taires, la crois­sance écono­mique et la stabi­lité finan­cière. ».

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La liste des réformes envoyée par le gouver­ne­ment grec le 23 février est orga­ni­sée autour de quatre points :  1. La réforme des poli­tiques fiscales : elle prévoit la mise en place d’ins­tru­ments à grande échelle, inédits, pour contrer la fraude fiscale et la corrup­tion, mais aussi la pour­suite de l’aus­té­rité (notam­ment concer­nant la santé, les salaires et les retraites) et des conces­sions au credo néoli­bé­ral (reve­nus et évalua­tion indi­vi­dua­li­sés, maxi­mi­sa­tion de la mobi­lité des ressources humaines, etc.). 2. La stabi­lité finan­cière : elle prévoit de dépé­na­li­ser l’en­det­te­ment des personnes à faible revenu et de ne pas expro­prier les petits proprié­taires endet­tés de leur rési­dence prin­ci­pale mais aussi l’en­ga­ge­ment à payer l’in­té­gra­lité de la dette ainsi que l’at­tri­bu­tion des 10 milliards d’eu­ros du Fonds Hellé­nique de Stabi­lité Finan­cière non pas au budget de l’État comme le défen­dait le gouver­ne­ment grec mais seule­ment pour la reca­pi­ta­li­sa­tion des banques 3. La promo­tion de la crois­sance : elle prévoit des instru­ments de lutte contre le chômage et n’évoque pas de nouveaux licen­cie­ments comme l’exi­geaient les projets initiaux de la Troïka, mais aussi la pour­suite des priva­ti­sa­tions, le report de l’aug­men­ta­tion du salaire mini­mum et de la restau­ra­tion des négo­cia­tions sala­riales, la promo­tion de la compé­ti­tion et l’ou­ver­ture au capi­tal des profes­sions régle­men­tées. 4. La crise huma­ni­taire : le prin­cipe de mesures d’ur­gence (bons d’ali­men­ta­tion, aides concer­nant la santé et l’éner­gie pour les ménages aux plus faibles reve­nus) contre la grande pauvreté est validé, le projet d’un revenu mini­mum garanti est évoqué, mais il est stipulé que ces mesures ne doivent pas avoir « d’ef­fet fiscal néga­tif », c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas avoir de coût budgé­taire.

De nombreuses analyses ont proposé des évalua­tions immé­diates du contenu de ces accords des 20 et 24 février, en insis­tant tantôt sur les reculs de Syriza par rapport au programme de Thes­sa­lo­nique tantôt sur les reculs des insti­tu­tions euro­péennes par rapport au projet de mémo­ran­dum initia­le­ment envi­sagé.[8] Mais si la séquence poli­tique de cette négo­cia­tion se déroule à un rythme extrê­me­ment dense et accé­léré, il ne s’agis­sait là que du premier round du bras de fer oppo­sant la stra­té­gie de « la paren­thèse de gauche » à ce qu’on peut appe­ler la stra­té­gie de la « déso­béis­sance contrô­lée »[9] du gouver­ne­ment grec. En effet, aussi­tôt cet accord signé, le gouver­ne­ment conduit par Alexis Tsipras comme les insti­tu­tions euro­péennes ont cher­ché à garder la main sur l’in­ter­pré­ta­tion de cet accord ainsi que sur le calen­drier du bras de fer poli­tique.

Le début d’un affron­te­ment prolongé

Du côté de la Vouli, le Parle­ment grec, on retien­dra quatre initia­tives impor­tantes. D’abord, dès les premiers jours suivant la forma­tion du gouver­ne­ment, la vice-ministre des poli­tiques migra­toires, Tasia Chris­to­dou­lo­pou­lou, a annoncé que le droit du sol rempla­ce­rait enfin en Grèce le droit du sang, permet­tant ainsi que 200.000 enfants d’im­mi­grés obtiennent la natio­na­lité grecque, ainsi que la ferme­ture de tous les centres de réten­tion de migrants en Grèce. Rappe­lons que le règle­ment euro­péen Dublin II prévoit que les pays du sud de l’Eu­rope, et notam­ment la Grèce, jouent le rôle de fron­tière répres­sive dans la « forte­resse Europe ». Au-delà de ces premières mesures, la Grèce devrait faire entendre dans l’Union euro­péenne une voix diffé­rente sur les ques­tions d’im­mi­gra­tion, en dénonçant notam­ment ce règle­ment et la logique de la poli­tique migra­toire qui le sous-tend.

Ensuite, dans l’im­mé­diat après-coup des premiers accords avec l’Eu­ro­groupe, le minis­tère de la lutte contre la corrup­tion annonce la saisie de plusieurs centaines de millions d’eu­ros sur des comptes bancaires de dépo­sants riches ne pouvant justi­fier fisca­le­ment leurs actifs, montrant ainsi sa déter­mi­na­tion à mettre en œuvre effec­ti­ve­ment, à la diffé­rence des gouver­ne­ments précé­dents, une des exigences majeures de l’Eu­ro­groupe, qui consti­tuait égale­ment une mesure phare du programme de Thes­sa­lo­nique. Un des prin­ci­paux slogans mis en avant par le cabi­net de Tsipras exprime ainsi très clai­re­ment cette orien­ta­tion : « Rupture avec la caste[10], solu­tion avec l’Eu­rope ». Puis, le 17 mars, Zoé Kons­tan­to­pou­lou, la prési­dente du Parle­ment grec annonce la consti­tu­tion d’une commis­sion d’au­dit de la dette publique grecque, qui est coor­don­née par Eric Tous­saint (porte parole du CADTM Inter­na­tio­nal)[11] et dont l’objec­tif expli­cite est de « déter­mi­ner l’éven­tuel carac­tère odieux, illé­gal ou illé­gi­time des dettes publiques contrac­tées par le gouver­ne­ment grec ». Il s’agit d’un signal fort envoyé à la Troïka : le gouver­ne­ment est toujours déter­miné à négo­cier une annu­la­tion partielle de la dette du pays. Enfin, le 18 mars, le gouver­ne­ment fait adop­ter la première loi de sa manda­ture, consa­crée à un ensemble de mesures sociales en faveur des plus pauvres. Elle prévoit notam­ment de four­nir l’élec­tri­cité gratuite et une aide au loge­ment pour les foyers les plus dému­nis, d’ac­cor­der une aide alimen­taire pour 300 000 personnes, ainsi qu’une aide finan­cière pour toutes celles et ceux qui sont privés de sécu­rité sociale par la perte de leur emploi.

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Comme il était prévi­sible, ces quatre séries de mesures ont suscité des réac­tions de mauvaise foi, de mépris et de rejet de la part de l’Eu­ro­groupe et ont contri­bué au durcis­se­ment, de part et d’autre, de la tona­lité des négo­cia­tions ces deux dernières semaines. La réac­tion des insti­tu­tions euro­péennes à l’an­nonce des mesures de lutte contre la corrup­tion et la fraude fiscale est révé­la­trice de leur atti­tude à l’égard du gouver­ne­ment grec. Plutôt que de propo­ser une coopé­ra­tion à l’échelle euro­péenne – qu’A­lexis Tsipras a donc initié, sans l’ap­pui de l’Union euro­péenne, avec l’OCDE, insti­tu­tion qui n’est pas parti­cu­liè­re­ment connue pour son gauchisme, mais dont les préco­ni­sa­tions insistent utile­ment sur l’éva­sion fiscale inter­na­tio­nale – en vue de pour­suivre les exilés et délinquants fiscaux (dont une partie se trou­vait pour­tant sur la « liste Lagarde »[12]), les insti­tu­tions euro­péennes ont répondu par une demande accrue de contrôle des services admi­nis­tra­tifs et finan­ciers à Athènes. Il s’agit notam­ment d’évi­ter que soient remises en cause les pratiques de concur­rence et « d’op­ti­mi­sa­tion » fiscales par ailleurs encou­ra­gées par ces mêmes insti­tu­tions ainsi que de conti­nuer à faire peser la respon­sa­bi­lité de cette fraude fiscale sur les contri­buables grecs (dont on rappel­lera au passage que les impôts sur le revenu sont préle­vés à la sour­ce…).

D’autre part, les repré­sen­tants des insti­tu­tions euro­péennes se sont abste­nus de tout commen­taire sur la commis­sion d’au­dit de la dette publique, mais ont fait à nouveau planer, ces derniers jours, la menace d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Enfin, l’an­nonce de l’adop­tion prochaine de la loi anti-pauvreté à la Vouli a valu à Alexis Tsipras un mise en garde[13] du direc­teur géné­ral de la direc­tion des affaires écono­miques et finan­cières de l’équipe euro­péenne en charge de la « super­vi­sion » tech­nique des réformes en Grèce, Declan Costello, au motif que cette loi consti­tue­rait une « action unila­té­rale » formel­le­ment pres­crite par l’ac­cord du 24 février.[14] Dans un deuxième temps, la Commis­sion euro­péenne a fina­le­ment débloqué 2 milliards d’eu­ros en soutien à la « cohé­sion sociale » en Grèce, tout en conti­nuant d’exi­ger une nouvelle liste de « réformes struc­tu­relles ».

La nouvelle liste des réformes : la bataille conti­nue

C’est autour de cette deuxième liste de réformes qu’a désor­mais lieu le deuxième round du bras de fer entre le gouver­ne­ment grec et l’Union euro­péenne. Toujours sous la pres­sion du calen­drier imposé par le feu croisé des échéances de rembour­se­ment et des ulti­ma­tums poli­tiques de l’Eu­ro­groupe, le gouver­ne­ment grec a présenté mercredi 1er avril au « Groupe de Bruxelles » (Commis­sion euro­péenne, Fonds moné­taire inter­na­tio­nal et BCE, auxquels s’est désor­mais ajouté le Fonds euro­péen de stabi­lité finan­cière) une nouvelle liste de réformes que cette dernière exige de vali­der avant de débloquer une dernière tranche d’aide du plan euro­péen, soit 7,2 milliards d’eu­ros.

Cette liste de réformes prévoit notam­ment une séries de mesures permet­tant d’amé­lio­rer les rentrées fiscales de la Grèce (nouveau système de collecte d’im­pôt, mesures complé­men­taires de lutte contre l’éva­sion fiscale), la vente de licences de radio­dif­fu­sion, un relè­ve­ment du taux supé­rieur d’im­po­si­tion sur le revenu ainsi que certains taux de TVA sur les produits de luxe et les bois­sons alcoo­li­sées, ainsi que la pour­suite de certaines priva­ti­sa­tions (notam­ment du Port du Pirée). Dans l’en­semble, cette liste ne fait que préci­ser et prolon­ger celles déjà présen­tées le 23 février, puis le 6 mars.

Mais elle ne prévoit pas les réformes du marché du travail et le relè­ve­ment de l’âge légal de départ à la retraite (à 67 ans) expli­ci­te­ment exigés par l’Eu­ro­groupe. Or ce nouveau point d’achop­pe­ment des négo­cia­tions concerne le noyau dur de la poli­tique écono­mique qui sera menée dans les prochaines années en Grèce, si bien que le bras de fer s’est à nouveau durci ces derniers jours. Pour les insti­tu­tions euro­péennes, il s’agit de s’as­su­rer de la pour­suite des « réformes struc­tu­relles » et de faire jouer la pres­sion des échéances de rembour­se­ment afin de forcer le consen­te­ment du gouver­ne­ment aux poli­tiques néoli­bé­rales refu­sées par Syriza. Les termes du chan­tage sont assez expli­cites : il s’agit d’es­pé­rer que la Grèce soit en un défaut de paie­ment lors du prochain rembour­se­ment au FMI, prévu le 9 avril[15]. Le gouver­ne­ment grec étant alors aux abois, il n’au­rait pas d’autre choix, pour faire débloquer une nouvelle tranche d’aide permet­tant ce rembour­se­ment, que d’ac­cep­ter les condi­tions posées par l’Eu­ro­groupe. A ce chan­tage, Nikos Vout­sis, ministre de l’In­té­rieur et de la recons­truc­tion admi­nis­tra­tive, vient de répondre de manière ferme : l’État grec paiera d’abord les salaires et les pensions, et ensuite seule­ment, si c’est possible, le rembour­se­ment au FMI. Pour le gouver­ne­ment grec, il s’agit de rester dans le cadre des accords de février en évitant de dépas­ser les « lignes rouges » qui empê­che­raient la mise en œuvre d’une poli­tique écono­mique alter­na­tive.

Dans cette optique, il est néces­saire de conti­nuer les réformes sur le front inté­rieur et de trou­ver des leviers poli­tiques dans la négo­cia­tion avec le « Groupe de Bruxelles ». Ainsi, le gouver­ne­ment grec a dû confir­mer la priva­ti­sa­tion du port du Pirée au béné­fice de la société chinoise Cosco, ce qui a amené Pékin à ache­ter 100 millions de bons à court terme, appe­lés T-Bills, émis par l’État grec (voir plus loin sur cette ques­tion). D’autre part, le gouver­ne­ment grec a avancé une rencontre offi­cielle avec le gouver­ne­ment russe, qui pour­rait propo­ser à la Grèce une aide écono­mique en échange d’un soutien géopo­li­tique dans son conflit avec l’OTAN ainsi que pour le projet du gazo­duc Turkish Stream. Cette rencontre a été plani­fiée le 8 avril, c’est-à-dire la veille de l’échéance de rembour­se­ment au FMI précé­dem­ment mentionné. En réac­tion, l’Eu­ro­groupe conti­nue de jouer la montre : les derniers échos de Bruxelles évoquent l’im­pos­si­bi­lité d’un accord avant fin avril. Autre­ment dit, il s’agit d’at­tendre que la crise de liqui­di­tés de l’État grec s’ag­grave en espé­rant que cela soit suffi­sant pour faire céder Syriza. La « guerre de posi­tion » conti­nue, et il est fort diffi­cile d’ima­gi­ner ce qui pourra débloquer la situa­tion sans aggra­ver le conflit poli­tique.

Pour comprendre les tenants et les abou­tis­sants de cette nouvelle situa­tion de blocage, il est néces­saire de préci­ser l’ana­lyse de la stra­té­gie d’étran­gle­ment adop­tée par les insti­tu­tions euro­péennes ainsi que le dilemme tactique qui se pose aujourd’­hui au gouver­ne­ment grec.

La stra­té­gie de l’étran­gle­ment

L’at­ti­tude des diri­geants euro­péens peut donc être résu­mée de la façon suivante : soit l’ac­cep­ta­tion par la Grèce de la poli­tique défi­nie par l’Eu­ro­groupe, soit la sortie de l’euro. Le moyen utilisé, c’est l’étran­gle­ment finan­cier. Rappe­lons-en les prin­ci­paux épisodes.

Début février, soit quelques jours à peine après la victoire de Syriza, la Banque centrale euro­péenne (BCE) annonce qu’elle cesse d’ac­cep­ter les titres public grecs comme garan­ties (colla­té­raux) lors des opéra­tions de refi­nan­ce­ment des banques grecques. Ces dernières peuvent certes conti­nuer à béné­fi­cier de l’ac­cès à l’aide à la liqui­dité d’ur­gence (ELA), mais outre que le taux d’in­té­rêt est beau­coup plus élevé (1,55 % contre 0,05 %), cet accès peut être coupé à tout moment par la BCE. De plus, celle-ci refuse de débloquer 1,9 milliard corres­pon­dant aux inté­rêts qu’elle a engran­gés sur les titres grecs qu’elle possède[16]. L’Eu­ro­groupe refuse de verser à la Grèce la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d’eu­ros) prévue dans le cadre de l’ac­cord du 20 février 2015, atten­dant que la liste des « réformes » propo­sées par le gouver­ne­ment grec le satis­fasse.

Fin mars, la BCE demande aux banques grecques de ne plus ache­ter les titres publics émis par l’État grec. Or sans apport finan­cier exté­rieur, le finan­ce­ment de l’État grec ne repose aujourd’­hui que sur la capa­cité des banques grecques à ache­ter des bons du trésor à court terme (T-Bills). La BCE avait aupa­ra­vant déjà refusé la demande du gouver­ne­ment grec de rele­ver le plafond d’émis­sion des T-Bills de 15 à 25 milliards d’eu­ros. Elle veut en inter­dire main­te­nant l’achat par les banques grecques. La Grèce est donc, de fait, privée de source de finan­ce­ment. Dans le même temps, les direc­teurs du Trésor des pays de la zone euro ont refusé de resti­tuer à la Grèce 1,2 milliard d’eu­ros lui reve­nant[17]. La Grèce risque donc de se trou­ver en situa­tion de cessa­tion de paie­ment dès le 20 avril.

Comble du cynisme, la BCE a commencé, dans le cadre d’une opéra­tion dite de Quan­ti­ta­tive Easing (QE), à ache­ter sur le marché secon­daire, c’est-à-dire aux banques les possé­dant, des titres publics des États[18]. Mais, elle n’achè­tera que les emprunts publics les mieux notés, sauf si le pays accepte un programme d’aide du FMI, c’est-à-dire se soumet à la purge sociale que sont les réformes struc­tu­relles. La Grèce, pays qui aurait pour­tant le plus besoin de béné­fi­cier de ces rachats d’em­prunts, n’y aura donc pas droit sauf si elle accepte de conti­nuer à se soumettre au diktat des insti­tu­tions euro­péennes. La BCE ne laisse le choix qu’entre la ruine finan­cière et la dévas­ta­tion sociale.

Cette stra­té­gie d’étran­gle­ment vise un objec­tif prin­ci­pal : que le gouver­ne­ment grec finisse par accep­ter des réformes, ou plutôt des contre-réformes, que même le gouver­ne­ment précé­dent avait refu­sées, notam­ment en matière de retraite et de marché du travail. Il s’agit de faire capi­tu­ler Syriza ou, en cas de refus, de forcer la Grèce à sortir de l’euro. Comme il est impos­sible juri­dique­ment d’ex­pul­ser un pays de la zone euro et qu’une volonté affi­chée de le faire crée­rait proba­ble­ment des tensions entre les gouver­ne­ments de l’Union euro­péenne, il s’agit, en l’étran­glant, de forcer la Grèce à prendre l’ini­tia­tive de cette sortie. Le gouver­ne­ment grec est parfai­te­ment conscient du dilemme dans lequel le « Groupe de Bruxelles » veut l’en­fer­mer. C’est pourquoi il cherche un compro­mis afin d’es­sayer de briser cet étau. Mais tout compro­mis renvoie aux rapports de forces entre les parties. Or le gouver­ne­ment grec n’a pas réussi à divi­ser ses adver­saires et la faible mobi­li­sa­tion citoyenne euro­péenne en sa faveur n’a pas permis de peser sur les orien­ta­tions des gouver­ne­ments euro­péens.

Les diri­geants euro­péens préfè­re­raient évidem­ment que le gouver­ne­ment grec revienne sur ses enga­ge­ments élec­to­raux. Une telle capi­tu­la­tion serait utili­sée pour démon­trer aux autres peuples d’Eu­rope qu’au­cune alter­na­tive n’est possible et que même un gouver­ne­ment de la gauche radi­cale est obligé d’être « raison­nable ». C’est ce que nous avons précé­dem­ment évoqué sous la rubrique de la stra­té­gie de la « paren­thèse de gauche ». Mais, malgré une situa­tion drama­tique, Syriza tient bon sur l’es­sen­tiel. Conti­nuer l’étran­gle­ment de la Grèce pour l’obli­ger à sortir de l’euro reste donc une option. Ainsi, inter­rogé par la télé­vi­sion publique autri­chienne ORF sur la possi­bi­lité d’un « Grexident » (contrac­tion entre « Grexit », terme renvoyant à une sortie de la Grèce de la zone euro, et acci­dent), Wolf­gang Schäuble, le ministre des finances de l’Al­le­magne, a estimé jeudi 12 mars que, « dans la mesure où la Grèce seule a la respon­sa­bi­lité, la possi­bi­lité de déci­der ce qui se passe, et comme nous ne savons pas exac­te­ment ce que les respon­sables grecs font, nous ne pouvons pas l’ex­clure ».

Il a certes été démenti et les décla­ra­tions offi­cielles se multi­plient pour affir­mer que la Grèce doit rester dans l’euro. Au-delà des effets de commu­ni­ca­tion, il y a un vrai dilemme pour le « Groupe de Bruxelles ». Les insti­tu­tions et les gouver­ne­ments euro­péens ont parfai­te­ment compris l’enjeu de la situa­tion : un succès de Syriza remet­trait en cause 30 ans de néoli­bé­ra­lisme en Europe et risque­rait d’en­traî­ner une conta­gion dans toute l’Eu­rope à commen­cer par l’Es­pagne avec Pode­mos. Pour les plus extré­mistes des diri­geants euro­péens, tout, même une sortie de la Grèce de l’euro, serait préfé­rable à ce scéna­rio catas­trophe. La ques­tion peut ainsi être résu­mée : le meilleur scéna­rio de capi­tu­la­tion de Syriza doit-il avoir lieu en dehors ou dans le cadre de l’eu­ro­zone ?

Or, les parti­sans d’un « Grexident » peuvent en effet penser que du fait du faible poids écono­mique de la Grèce et du fait que les banques grecques ne sont pas systé­miques, le risque de désta­bi­li­sa­tion de la zone euro serait réduit, ce d’au­tant plus que la poli­tique de QE menée par la BCE permet­trait de limi­ter les risques de spécu­la­tion finan­cière sur les États les plus expo­sés. De plus, les créances de la Grèce étant déjà comp­ta­bi­li­sées dans les dettes publiques des États, un éven­tuel défaut n’au­rait pas de consé­quences sur le niveau des ces dernières. Mais, en fait, il est impos­sible de prévoir réel­le­ment les consé­quences d’une sortie de la Grèce de l’euro. En remet­tant en cause l’ir­ré­ver­si­bi­lité de l’euro, c’est égale­ment la croyance au carac­tère irré­vo­cable de l’Union écono­mique et moné­taire qui serait détruit. Des inter­ro­ga­tions inévi­tables se feraient jour pour les pays les plus fragiles avec une proba­bi­lité d’un accrois­se­ment des primes de risque pour ces pays. Enfin, le crédit de la BCE qui, par la voix de Mario Draghi, avait promis en juillet 2012 que « La BCE est prête à faire tout ce qui est néces­saire pour préser­ver l’euro  » serait entamé. Rien de pire pour une banque centrale !

Jusqu’à présent, les diri­geants euro­péens ont fait bloc en esti­mant que le gouver­ne­ment grec allait céder face à l’étran­gle­ment finan­cier. La prise en compte des risques de cette stra­té­gie provoquera-t-elle des divi­sions parmi les gouver­ne­ments euro­péens si, Syriza ne capi­tu­lant pas, la pers­pec­tive d’une sortie de l’euro devient immi­nente ?

(…)

 

La Grèce a des marges de manœuvres

Contrai­re­ment aux appa­rences, la Grèce n’est pas dépour­vue de marges de manœuvres dans son affron­te­ment avec les diri­geants euro­péens à la condi­tion de reprendre l’ini­tia­tive pour éviter de subir les rapports de forces actuels dans le cadre de négo­cia­tions déséqui­li­brées. Le débat à l’in­té­rieur de Syriza est vif sur ce sujet et dépasse large­ment l’af­fron­te­ment tradi­tion­nel entre parti­sans et adver­saires de la sortie de l’euro. Le gouver­ne­ment grec pour­rait notam­ment prendre un certain nombre de mesures unila­té­rales sortant du cadre des négo­cia­tions actuelles, ce qui permet­trait de réta­blir un certain équi­libre entre les parties. Certes, ces initia­tives unila­té­rales durci­raient nota­ble­ment le bras de fer actuel, mais elles montre­raient que la Grèce a un plan B et est prête à assu­mer un affron­te­ment pouvant aller jusqu’à la rupture.

Ces mesures unila­té­rales, pour n’en rester ici qu’à la dimen­sion écono­mique, pour­raient être de plusieurs ordres. Le premier concerne la ques­tion de la dette[22]. En géné­ral, un État ne rembourse jamais vrai­ment sa dette : lorsque les titres arrivent à échéance, il emprunte de nouveau sur les marchés finan­ciers. Mais la Grèce qui n’a plus accès aux marchés finan­ciers est obli­gée, non seule­ment de payer les inté­rêts de sa dette, mais aussi de rembour­ser le prin­ci­pal. C’est pourquoi les diri­geants euro­péens exigent que ce pays dégage un fort excé­dent budgé­taire primaire (hors du paie­ment des inté­rêts de la dette) pour pouvoir rembour­ser avec ses ressources propres tout ou partie du prin­ci­pal. Ainsi, pour la Troïka, la Grèce doit déga­ger un excé­dent primaire de 3 % du PIB en 2015 (la Grèce a obtenu que ce chiffre soit modulé en fonc­tion de la situa­tion écono­mique), de 4,5 % en 2016 et 2017 et de 4,2 % jusqu’en 2020. Une telle pers­pec­tive entrai­ne­rait de nouvelles coupes dras­tiques dans les budgets publics et serait un obstacle majeur à toute poli­tique publique en matière d’in­ves­tis­se­ment. Le poids de la dette est donc un obstacle à toute poli­tique progres­siste dans le pays. Or le « Groupe de Bruxelles » refuse pour le moment toute rené­go­cia­tion de ce fardeau, alors même que la quasi tota­lité des écono­mistes, y compris ceux du FMI, pense que cette dette ne sera jamais rembour­sée. Or 2015 est une année où les rembour­se­ments seront parti­cu­liè­re­ment impor­tants : 8,6 milliards d’eu­ros pour le FMI, 6,7 milliards pour la BCE, 15 milliards aux banques grecques. La Grèce risque donc d’être tota­le­ment asphyxiée. Dans cette situa­tion, le gouver­ne­ment grec pour­rait déci­der unila­té­ra­le­ment d’un mora­toire sur le rembour­se­ment de tout ou partie de la dette pour l’an­née 2015, tout en indiquant qu’il serait prêt à négo­cier dans l’in­té­rêt de toutes les parties.

On estime que 25 milliards d’eu­ros ont été reti­rés des banques grecques entre décembre 2014 et février 2015[23]. Pour éviter une hémor­ra­gie, la ques­tion d’un contrôle des capi­taux doit donc se poser. Même si celui-ci est contraire aux trai­tés euro­péens dont le prin­cipe de libre circu­la­tion des capi­taux est un point central, la Grèce pour­rait s’ap­puyait sur le précé­dent de Chypre où il avait été mis en place en mars 2013 au moment de la crise finan­cière qui avait touché ce pays (rappe­lons qu’il a été tota­le­ment levé le 6 avril 2015). La BCE et la Commis­sion avaient accepté sa mise en place car le plan de sauve­tage des banques chypriotes proposé par le FMI et l’Eu­ro­groupe avait mis à contri­bu­tion les dépo­sants, ce qui avait entrainé un retrait massif de la part des parti­cu­liers comme des entre­prises. Ce contrôle des capi­taux s’était d’autre part accom­pa­gné d’un plan d’ajus­te­ment struc­tu­rel d’une bruta­lité féroce, ce qui serait inac­cep­table pour la Grèce. Il faut noter que Jeroen Dijs­sel­bloem, président de l’Eu­ro­groupe, a lui-même évoqué la possi­bi­lité d’un contrôle des capi­taux le mercredi 18 mars sur la radio néer­lan­daise BNR. Le gouver­ne­ment grec pour­rait le prendre au mot et l’ins­tau­rer en indiquant qu’il serait prêt à l’aban­don­ner dès que l’étran­gle­ment du pays pren­drait fin.

Un des problèmes majeurs que rencontre aujourd’­hui la Grèce est le manque de liqui­di­tés. Pour faire face à ses dépenses courantes, le gouver­ne­ment grec est obligé de solli­ci­ter les fonds de sécu­rité sociale pour que lui soit trans­fé­rées des centaines de millions d’eu­ros de liqui­di­tés. Cette situa­tion est inte­nable. Une solu­tion pour résoudre ce problème de liqui­di­tés pour­rait être la créa­tion d’un moyen de paie­ment complé­men­taire ou IOU (« I owe you »), une « monnaie » dont la valeur serait garan­tie par les recettes fiscales. Elle « permet­trait de rele­ver plusieurs défis de court terme : relan­cer l’éco­no­mie locale, finan­cer les services publics de base et réduire la dette de court terme (‘‘dette flot­tan­te’’) en ne recou­rant plus aux marchés finan­ciers pour la finan­cer »[24]. Sa conver­ti­bi­lité au pair avec l’euro étant garan­tie, un tel dispo­si­tif s’ap­pa­rente en fait à un prêt à court terme que les citoyen-ne-s accordent à leur gouver­ne­ment[25]. Dans la situa­tion de la Grèce, il s’agi­rait alors d’un geste autant poli­tique d’éco­no­mique qui renfor­ce­rait nota­ble­ment la posi­tion du pays dans les négo­cia­tions. Il permet­trait égale­ment de montrer au « Groupe de Bruxelles » que le gouver­ne­ment est préparé à l’éven­tua­lité d’une sortie contrainte de la zone euro.

Le gouver­ne­ment grec pour­rait alors tenir le discours suivant : « nous applique­rons notre programme, nous ne voulons pas sortir de l’euro ; mais nous ne nous lais­se­rons pas asphyxier et c’est pourquoi nous prenons ces mesures ; nous sommes prêts à discu­ter avec vous d’un compro­mis équi­li­bré ; mais si vous voulez nous exclure de la zone euro en nous asphyxiant finan­ciè­re­ment, ce sera votre respon­sa­bi­lité, pas la nôtre ». Poser cette alter­na­tive monte­rait la hauteur des enjeux, et une véri­table stra­té­gie du faible au fort serait mise en œuvre, au-delà de ce qui a été tenté à ce jour. Il y aurait une possi­bi­lité pour que ce bras de fer paye, ne serait-ce qu’en produi­sant des divi­sions dans le camp adverse inquiet devant la pers­pec­tive d’un saut dans l’in­connu. Le résul­tat serait évidem­ment aléa­toire et pour­rait abou­tir à une sortie de l’euro avec toutes les consé­quences néga­tives mention­nées plus haut. Mais, en défi­ni­tive, une sortie de l’euro est de toute façon préfé­rable à la capi­tu­la­tion. Et ne pas en avoir peur est encore la meilleure façon de l’évi­ter.

Alexis Cukier – Pierre Khalfa, le 6 avril 2015.

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