Lettre ouverte à François Hollande

A Monsieur François Hollande, président de la Répu­blique

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Le coup d’État finan­cier et « euro­cra­tique » de la Banque Centrale Euro­péenne de mercredi dernier contre la Grèce est scan­da­leux. Mais il n’est pas surpre­nant, tant ont été nombreuses les décla­ra­tions d’hos­ti­lité à l’égard du nouveau gouver­ne­ment grec de Syriza et de son premier ministre Alexis Tsipras.

Vous savez très bien Monsieur Hollande que la BCE avec la commis­sion euro­péenne et le FMI, ont laminé l’éco­no­mie grecque et ont imposé des plans d’aus­té­rité d’une bruta­lité inouïe. Elle pour­suit sa poli­tique de destruc­tion en essayant d’as­phyxier la Grèce et d’em­pê­cher le nouveau pouvoir de mener sa poli­tique de rupture avec l’aus­té­rité sans fin.

Cette attaque contre le peuple grec, est une attaque contre tous les peuples d’Eu­rope. Ce que n’ad­met pas la BCE, c’est la souve­rai­neté des peuples. Pour ces gens-là, notre vote n’existe pas ou n’a pas de valeur, on peut s’as­seoir dessus et consi­dé­rer de manière abso­lu­ment cynique « qu’il ne peut y avoir de choix démo­cra­tique contre les trai­tés euro­péens » ! (Jean Claude Junker, président de la commis­sion euro­péenne).

Mais les menaces de la BCE n’y font rien, et tous ceux et celles qui annonçaient que le nouveau gouver­ne­ment grec allait commen­cer à déce­voir, en sont pour leurs frais. En effet, Alexis Tsipras n’a fait aucune conces­sion de fond : s’il ne parle pas d’an­nu­la­tion de la dette, il parle de restruc­tu­ra­tion et de dimi­nu­tion, sachant qu’il n’est pas possible de la payer. Il affirme son plan de réformes qui consiste notam­ment à lutter contre l’éva­sion fiscale et la corrup­tion, à appliquer dès à présent les mesures d’ur­gence sociale et à arrê­ter les priva­ti­sa­tions qui dila­pident l’en­semble des biens publics au profit d’une mino­rité. Qu’al­lez-vous faire Mr Hollande, allez-vous vous aussi être parti­san de ceux qui étranglent le peuple grec ?

Mais en réalité, ce qui vous effraie à tous c’est l’es­poir que soulève la victoire histo­rique de Syriza en Europe : l’ar­ri­vée au pouvoir d’une orga­ni­sa­tion de la gauche radi­cale. Et il est vrai qu’on peut tirer plusieurs leçons de cette victoire. Notam­ment celle qui indique que rassem­blée, unie et surtout débar­ras­sée de la social démo­cra­tie (la vôtre Mr Hollande), la vraie gauche peut gagner. C’est un chemin à suivre, chemin déjà emprunté par Pode­mos en Espagne, chemin tracé par les mobi­li­sa­tions et les luttes sociales tant en Grèce qu’en Espagne, ces dernières années. C’est la voie que doit suivre aussi le Front De Gauche en France, en rassem­blant tous ceux et toutes celles qui refusent les poli­tiques d’aus­té­rité et qui sont prêts à porter une alter­na­tive poli­tique répon­dant à l’ur­gence sociale, écolo­gique et démo­cra­tique. C’est ce qu’es­saie de faire le FDG dans les échéances élec­to­rales dépar­te­men­tales où, dans de nombreuses confi­gu­ra­tions, le FDG présente des candi­da­tures avec Europe Ecolo­gie Les Verts. Mais au delà des élec­tions, la démarche initiée en France par le FDG, EELV, des syndi­ca­listes, des mili­tants-es du mouve­ment social et inti­tu­lée « Chan­tiers d’es­poir » indique qu’il faut rassem­bler à gauche du PS, pour redon­ner goût à la citoyen­neté, à la fabri­ca­tion de la poli­tique et de la démo­cra­tie, et inven­ter les contours d’un projet éman­ci­pa­teur du XXIe siècle.

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