Après le Ségur de la santé la destruc­tion de l’hô­pi­tal public est toujours en cours.

La Coor­di­na­tion Natio­nale des Comi­tés de défense des Hôpi­taux et Mater­nité de proxi­mité. Commu­niqué du 23 juillet.

« Heureu­se­ment que les luttes sont passées par là! Et il va falloir pour­suivre car les annonces du Ministre de la Santé à la remise du rapport sur le Ségur par Nicole Notat sont mini­ma­listes et ambi­guës, porteuses de menaces pour l’ave­nir!

L’ac­cord sur les salaires avait donné le « la »: avec les mobi­li­sa­tions succes­sives, les augmen­ta­tions propo­sées avaient été revues à la hausse, même si elles restent très insuf­fi­santes. Elles se sont accom­pa­gnées de mesures de nature à aggra­ver les condi­tions de travail des person­nels comme la possi­bi­lité d’ac­cords locaux sur le temps de travail et l’in­té­res­se­ment collec­tif.

Côté forma­tion, pas un mot pour augmen­ter le nombre de méde­cins formés. La même poli­tique est pour­sui­vie: faire travailler à l’hô­pi­tal les méde­cins libé­raux et en ville les méde­cins hospi­ta­liers. Cela n’a jamais dégagé de temps médi­cal, mais contri­bue à la dispa­ri­tion de la notion de service public, complè­te­ment absente d’ailleurs de l’en­semble des annonces.

Côté capa­ci­tés d’ac­cueil,4000 lits tempo­raires en zone touris­tique (et avec quel person­nel?) ne régle­ront pas les attentes d’un lit libre sur les bran­cards des services d’ur­gence dans des hôpi­taux satu­rés la majeure partie de l’an­née. (…)Les grou­pe­ments hospi­ta­liers de terri­toire, l’usine à casser la proxi­mité, ne sont pas remis en cause par le Ministre

Annonces à minima aussi sur la gouver­nance! Chan­ger le nom des instances de démo­cra­tie sani­taire ne donne pas plus de pouvoirs aux élus, aux person­nels et aux usagers, surtout quand les repré­sen­tants des usagers sont dési­gnés par les direc­teurs d’ARS, en privi­lé­giant ceux qui ne font pas de vagues. Il y a urgence à reve­nir à des élec­tions des repré­sen­tants des assu­rés pour la gestion de la Sécu­rité Sociale permet­tant un contrôle démo­cra­tique des dépenses de santé.

En l’ab­sence d’un bond démo­cra­tique, les milliards d’in­ves­tis­se­ment nous laissent inter­ro­ga­tifs: réno­ver en fermant à nouveau des lits, des services de proxi­mité, en augmen­tant les restes à charges sous forme de forfait « chambre indi­vi­duelle » imposé ou répondre aux besoins? Déve­lop­per le service public ou donner de nouveaux gages à l’hos­pi­ta­li­sa­tion privée?

Pour la Coor­di­na­tion Natio­nale des Comi­tés de défense des Hôpi­taux et Mater­nité de proxi­mité, la mobi­li­sa­tion est plus que jamais d’ac­tua­lité pour l’ac­cès aux soins de toutes et tous dans la proxi­mité, avec ses corol­laires, le service public, la démo­cra­tie:les actions se pour­suivent tout l’été dans les terri­toires et s’am­pli­fie­ront à l’au­tomne, en parti­cu­lier autour du débat sur le projet de loi de finan­ce­ment de la Sécu­rité Sociale 2021: les milliards annon­cés doivent s’y retrou­ver, sans contre partie contraire l’in­té­rêt de la popu­la­tion!

Nous enga­ge­rons d’ailleurs en 2020, 2021, avec la Conver­gence natio­nale des collec­tifs de défense et de déve­lop­pe­ment des services publics, une grande campagne pour la Sécu­rité Sociale à l’oc­ca­sion des 75 ans de sa créa­tion qui sera lancée par une initia­tive natio­nale les 2 et 3 octobre à Saint-Etienne.

Une réflexion sur « Après le Ségur de la santé la destruc­tion de l’hô­pi­tal public est toujours en cours. »

  1. paru le 7 septembre

    Le Ségur de la Santé

    http://coordination-defense-sante.org/

     Le Ségur de la santé a débouché sur la préconisation de 33 mesures.

    Les principales conclusions du Ségur de la santé :

    1. 19 milliards d’euros d’investissement dans le système de santé pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants.

    2. 8,2 milliards d’euros par an pour revaloriser les métiers des établissements de santé et des EHPAD, et reconnaître l’engagement des soignants au service de la santé des Français.

    3. 15 000 recrutements à l’hôpital public.

    4. Accélérer la sortie du « tout T2A » (tarification à l’acte) et privilégier la qualité des soins.

    5. Financer l’ouverture ou la réouverture de 4000 lits « à la demande ».

    6. Mettre fin au mercenariat de l’intérim médical à l’hôpital public.

    7. Redonner toute sa place au service hospitalier au sein des établissements de santé.

    8. Former plus de soignants dans les filières paramédicales pour mieux prendre en charge les patients.

    9. Faciliter l’accès aux soins non-programmés et à l’exercice coordonné.

    10. Développer fortement la télésanté en s’appuyant sur les acquis de la crise pour mieux soigner les Français.

    11. Donner aux territoires les principaux leviers de l’investissement en santé dans l’intérêt de leurs habitants.

    12. Combattre les inégalités de santé.

    L’essentiel de ces mesures restent actuellement au stade des déclarations d’intention.

    Leur déclinaison dans le communiqué de presse ministériel du 20 juillet 2020 peut parfois paraître répondre aux attentes des usagers que nous sommes mais il convient d’en attendre la traduction dans les mesures concrètes pour porter un jugement.

    https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_de_presse_-_conclusions_segur_de_la_sante.pdf

    Pour l’instant « deux accords ont été signés. Ils consacrent respectivement :

    • 7,6 milliards d’euros par an à la revalorisation de l’ensemble des métiers non-médicaux dans les établissements de santé et médico-sociaux des secteurs publics ou privés, et prévoyant également le recrutement de 15 000 personnels.

    • 450 millions d’euros par an à l’attractivité de l’hôpital public pour les praticiens hospitaliers. »

    https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/segur-de-la-sante-les-conclusions/

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    Pendant la phase de discussion la méthode a donné lieu à des critiques du collectif inter-hôpitaux

    https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/segur-de-la-sante-les-conclusions/

    https://www.politis.fr/articles/2020/06/segur-la-grande-mascarade-42033/

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    Après les espoirs suscités par les propos du Président de la République les attentes étaient très fortes. Les déceptions qui font suite à la diffusion du contenu de ces accords est sans doute à leur mesure 

    https://www.france24.com/fr/20200709-projet-d-accord-sur-le-s%C3%A9gur-de-la-sant%C3%A9-la-r%C3%A9ponse-du-gouvernement-est-lamentable

    https://www.france24.com/fr/20200709-projet-d-accord-sur-le-s%C3%A9gur-de-la-sant%C3%A9-la-r%C3%A9ponse-du-gouvernement-est-lamentable

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    De l’avis des soignants les mesures prises ne sont pas de nature à rétablir l’attractivité de l’hôpital public

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/07/14/on-ne-peut-pas-etre-satisfaits-du-segur-de-la-sante-plusieurs-milliers-de-manifestants-a-paris-pour-l-hopital-public_6046167_3224.html

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    Même sentiment à la Fédération Hospitalière de France

    https://www.leparisien.fr/economie/segur-de-la-sante-la-colere-et-deception-des-hopitaux-publics-17-06-2020-833739

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    De leur côté les urgentistes qui dénoncent depuis des mois l’encombrement de leurs services et la dégradation de leurs conditions de travail restent sur leur faim.

    http://amuf.fr/2020/08/04/communique-de-presse-du-11-juillet-2020-segur-de-la-sante-immense-deception/

    C’est aussi le cas pour les étudiants et les internes.

    https://isni.fr/segur-acte-ii-les-negociations-deception/

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    Certes il était difficile de gommer d’un seul coup les méfaits de plusieurs décennies d’austérité et d’ostracisme vis-à-vis de l’hôpital public mais nos gouvernants devront rapidement s’assurer que les mesures qu’ils ont prises portent effectivement remède à la désertification médicale et infirmière qui y sévit actuellement à l’hôpital et effectuer si besoin les corrections nécessaires.

    Les autres sujets de mécontentement sont nombreux : ONDAM, T2A, financement des investissements hospitaliers, désertification médicale et répartition équitable des activités autorisées et des soignants sur le territoire, limitation des pouvoirs exorbitants des ARS, gouvernance hospitalière associant les personnels médicaux et non médicaux, sauvetage de la psychiatrie, participation effective des soignants, des usagers et des élus à la définition de l’offre de soins dans les territoires…

    Ils mériteront autre chose que des demi-mesures ou des réponses en trompe-l’œil.

     

     

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