Ce que dit François Heran du Collège de France des migra­tions. La raison face à la xéno­pho­bie.

Selon le dernier bilan de l’ONU, 244 millions de personnes vivaient à l’étran­ger en 2015, dont près de 20 millions de réfu­giés. Au-delà d’une actua­lité brûlante, révé­la­trice de tensions majeures dans nos socié­tés, la ques­tion des migra­tions inter­na­tio­nales doit être abor­dée par le biais de méthodes sérieuses prenant en compte la diver­sité des phéno­mènes migra­toires et des ques­tions qu’ils soulèvent. Dans ce domaine, plus que dans tout autre, les idées reçues circulent, parfois imper­méables aux faits.

L’As­sem­blée du Collège de France a ainsi décidé de créer une chaire Migra­tions et socié­tés et de la confier à François Héran, direc­teur de recherche à l’INED, l’Ins­ti­tut natio­nal d’études démo­gra­phiques. « Cette créa­tion recon­nait non seule­ment la néces­sité d’étu­dier ces phéno­mènes de façon aussi scien­ti­fique que possible mais elle met en avant les inter­ac­tions entre migra­tions et socié­tés : il n’y a pas de socié­tés sans migra­tions et les migra­tions modi­fient dura­ble­ment les socié­tés. Mon programme ne prétend pas tran­cher toutes les ques­tions sur la place de l’im­mi­gra­tion dans la société : il entend les poser dans le respect des faits », estime ce dernier.

Il n’y a pas de société sans migra­tions et les migra­tions ont un impact direct, consi­dé­rable et de longue durée sur les socié­tés. » C’est la convic­tion qui conduit l’as­sem­blée des profes­seurs du Collège de France à créer la chaire « Migra­tions et socié­tés », une première histo­rique pour cette insti­tu­tion natio­nale sécu­laire, célèbre pour dispen­ser ses ensei­gne­ments gratui­te­ment et sans inscrip­tion.

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Titu­laire de cette chaire, François Héran est passé au cours de sa carrière par l’Ins­ti­tut natio­nal de la statis­tique et des études écono­miques (Insee) et l’Ins­ti­tut natio­nal d’études démo­gra­phiques (Ined), qu’il a dirigé de 1999 à 2009. En 2017, il a publié Avec l’im­mi­gra­tion à la Décou­verte. Dans cet ouvrage, il tentait de reve­nir de manière dépas­sion­née sur la façon dont l’im­mi­gra­tion a été construite comme un problème public, en parti­cu­lier depuis l’ère Sarkozy.

Son approche, socio-démo­gra­phique, consis­tera à décor­tiquer les diffé­rentes facettes des migra­tions et de leurs consé­quences, en mettant en évidence la variété des motifs de départ, des sens de circu­la­tion, et des trai­te­ments admi­nis­tra­tifs appliqués aux migrants. Plutôt que se conten­ter d’une approche pure­ment statis­ti­cienne, François Héran entend resti­tuer les valeurs et les choix de société qui permettent de comprendre les « systèmes migra­toires présents ou passés ».

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