Clémen­tine Autain , dépu­tée FI, et les appels aux blocages du 17 novembre

Le 17 novembre prochain, les auto­mo­bi­listes exas­pé­rés par la montée du prix de l’es­sence et du Gasoil sont appe­lés à mani­fes­ter en bloquant les routes. Elue d’un terri­toire de grande banlieue, je connais bien la dépen­dance quoti­dienne à la voiture pour aller travailler, emme­ner les jeunes au lycée, faire tout simple­ment ses courses ou des examens médi­caux. Je sais, comme vous, que l’achat d’une voiture diesel n’a pas été un acte d’amour pour les parti­cules fines qui empoi­sonnent nos villes et nos enfants. L’éta­le­ment urbain, l’éloi­gne­ment des services publics, les subven­tions au gasoil et au diesel : nous les avons subis. Et nous nous y sommes oppo­sés. Ici, à Trem­blay, Sevran, Ville­pinte, je peux témoi­gner de la mal vie, de la souf­france des trans­ports en communs défaillants et si chers.

Alors que faire ? D’abord, sans hési­ta­tion, s’op­po­ser à cette arnaque qui consiste à nous faire croire que ces hausses font partie d’une stra­té­gie contre le réchauf­fe­ment clima­tique. Le nouveau ministre de l’éco­lo­gie, François de Rugy, ose prétendre que la preuve de cette poli­tique écolo­gique est que son budget de 34 milliards corres­pond exac­te­ment au montant des taxes préle­vées. S’il voulait nous écœu­rer et nous éner­ver davan­tage, il ne s’y pren­drait pas autre­ment. Ainsi donc, la grande poli­tique écolo­gique de ce gouver­ne­ment doit être payée par les auto­mo­bi­listes. Les grandes entre­prises qui polluent conti­nue­ront d’em­po­cher le CICE, le trans­port aérien ne subit pas les foudres de taxe sur le kéro­sène, les croi­sières et les jets privés pour­sui­vront sans entraves leur prome­nade pour les plus riches. Une nouvelle fois, c’est au grand nombre de payer la facture, au moment même où les prix ne cessent de grim­per contrai­re­ment aux salaires, rendant les fins de mois toujours plus diffi­ciles. Le gouver­ne­ment a tout faux et montre que le tour­nant que nous atten­dons tous n’est toujours pas d’ac­tua­lité.

Ce que nous voulons c’est que le fret soit déve­loppé. En dix ans, il a reculé, passant de 12% des échanges de marchan­dise à 6%. Ce que nous voulons, c’est une grande poli­tique en faveur des trans­ports en commun. Or le gouver­ne­ment nous annonce encore des retards sur les lignes de métro atten­dues. Il privi­lé­gie la liai­son aéro­port Charles de Gaulle/Paris alors que nous sommes des centaines de milliers à deman­der des inves­tis­se­ments pour la ligne B du RER. Comme Nico­las Hulot l’a rappelé, l’Etat ne subven­tionne que très peu les réha­bi­li­ta­tions ther­miques des bâti­ments et il conti­nue de « ratio­na­li­ser » les services publics, c’est-à-dire de les suppri­mer : ferme­tures des postes, des gares, des mater­ni­tés, des palais de justice, etc.

Au travers de leur révolte sur le prix du carbu­rant, les Français expriment une colère qui vient de loin. Cette colère, elle s’ap­pelle pauvreté, terri­toires aban­don­nés, senti­ment d’être pigeonné. Il ne faut pas lais­ser cette colère exploi­tée par l’ex­trême droite qui se fiche comme d’une guigne des enjeux clima­tiques, des inéga­li­tés, des aban­dons de services publics. Il ne faut pas se trom­per de combat. Nous ne sommes pas pour un nombre crois­sant de voitures parti­cu­lières. Nous savons que nous ne pouvons conti­nuer à dégra­der l’en­vi­ron­ne­ment sans courir un risque vital pour l’hu­ma­nité. Mais nous ne pouvons pas accep­ter que les payeurs de ce néces­saire chan­ge­ment soient les premières victimes des pollu­tions. Nous ne pouvons accep­ter que l’im­pôt indi­rect pèse toujours sur les plus faibles.

Ce qu’il nous faut, c’est une autre poli­tique, qui allie justice sociale et lutte contre le réchauf­fe­ment clima­tique. Je me bats pour une poli­tique globale qui ne pren­dra pas les habi­tants des petites et moyennes villes, de la campagne et de la banlieue pour des gogos.

Je ne serai pas le 17 dans les blocages parce que je ne me vois pas défi­ler à l’ap­pel de Minute et avec Marine Le Pen, et que je sais combien notre enjeu est celui d’une réelle trans­for­ma­tion, d’un chan­ge­ment de modèle de déve­lop­pe­ment incluant la tran­si­tion éner­gé­tique, l’éga­lité entre les personnes et les terri­toires. Je ferai tout mon possible pour que les déci­sions prises se conjuguent avec justice sociale et recul effec­tif, massif, des émis­sions dange­reuses.

2 réflexions sur « Clémen­tine Autain , dépu­tée FI, et les appels aux blocages du 17 novembre »

  1. Le début de l’argumentaire c’était bien, mais la chute me laisse sans voix… Ce n’est pas un appel des fachos (qui ne sont pas à l’origine du mouvement, je vous le rappelle au cas où..) qui m’empêchera d’être présente dans cette grande journée de mobilisation POPULAIRE ( et non populiste)…

    Va falloir faire preuve de solidarité avec les gens qui sont pas trop politisé si on veux arriver quelque part ( à mon avis)…

    Je ne suis pas ni de droite et ni d’extrême droite, plutôt de gauche, plutôt « d’ultra gauche » et j’irai le 17 parce que pour moi, c’est une trahison de classe que de ne pas y aller.

    Les gens qui ne vont jamais en manif vont y aller, alors si les gens qui « d’habitude » y sont n’y vont pas moi je comprend plus…

    « Diviser pour mieux régner fait encore ses preuves »… et c’est bien dommage.

    J’irai le 17, bloquer ce que je peux bloquer, en tant que pauvre, féministe, anti-raciste, anti-spéciste, écologiste…

    1. Cet appel a été rédigé il y a plusieurs jours. A Ensemble!86, nous nous posons des questions qui vont dans le même sens que vous, hier et aujourd’hui.

      Nous allons mettre en ligne sur ce site des prises de position afin que le débat soit le plus ouvert possible sur cette question, à gauche. A Poitiers aussi.

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