Clémen­tine Autain réaf­firme ses convic­tions.

http://clemen­tine-autain.fr/quelques-points-sur-les-i/

Clémen­tine Autain répond aux critiques venant des député.es FI-PG.

Elle rappelle ses liens avec Ensemble!

Contrai­re­ment à ce qui est dit dans certains médias, ce n’est pas une nouvelle union de la gauche ou une nouvelle gauche plurielle qu’elle appelle de ses vœux.

C’est une prise de distance, depuis la gauche radi­cale, avec ce qui serait le « popu­lisme de gauche » incarné par un leader incon­testé et indis­cuté.

Au moment où les Verts retournent à leur discours « ni droite ni gauche, mais nous au centre de tout », un écoso­cia­lisme plura­liste est une hypo­thèse poli­tique à discu­ter.

Il ne s’agit pas de choi­sir un chef ou une cheffe, il s’agit de construire un front plura­liste qui vise à deve­nir majo­ri­taire, depuis les milliers d’ini­tia­tives prises par les mili­tants de la FI et tant d’autres.

Pascal Bois­sel, 3 juin 2019

« Depuis dimanche dernier au soir, le résul­tat des élec­tions euro­péennes appelle notre famille poli­tique à la réflexion. Oui, il nous faut comprendre les raisons de l’échec et en tirer des conclu­sions. Je l’ai dit, je souhaite que nous débat­tions des causes qui ont mis la France Insou­mise dans un si mauvais pas. Certains me reprochent de m’ex­pri­mer publique­ment. J’avoue d’abord ne pas savoir où m’ex­pri­mer, c’est-à-dire où ce débat peut se mener et se tran­cher à l’in­té­rieur de la FI, mouve­ment gazeux qui reven­dique de ne pas avoir de direc­tion. Le lieu auquel je parti­cipe est le groupe parle­men­taire. Je m’y exprime, chaque semaine sauf excep­tions rares, mais je ne tiens pas les dépu­tés pour les diri­geants natu­rels d’un mouve­ment. Surtout, je consi­dère que les ques­tions qui sont posées au moment d’un tel revers concernent tout le monde. Rien de secret donc. C’est pourquoi je ne comprends pas le procès en « trai­trise » que certains s’em­pressent de nour­rir contre moi. Nous sommes toutes et tous bles­sés par les résul­tats. Mais rien ne sert de faire l’au­truche, mettons au pot commun nos réflexions et propo­si­tions pour avan­cer. Évidem­ment, le poids de tendances lourdes pèse sur nous, comme nous l’ob­ser­vons à l’échelle inter­na­tio­nale. Je sais aussi combien nos adver­saires ne nous ont pas faci­lité la tâche – en même temps, comment comp­ter sur eux ? L’heure n’est pas à l’au­to­fla­gel­la­tion mais au débat et à la luci­dité pour repar­tir sur le meilleur pied possible et retrou­ver une dyna­mique propul­sive. Tel est mon état d’es­prit. 

Depuis quelques jours, la petite musique que je retrouve sur les réseaux sociaux ou dans la presse m’im­pute de vouloir faire renaitre « l’union de la gauche ». J’ai­me­rais que l’on écoute ce que je dis et non que l’on s’in­vente un épou­van­tail pour bloquer la discus­sion. 

Je redis ici que le débat ne se joue pas, selon moi, entre « popu­lisme » versus « union de la gauche ». Je n’ai jamais pensé que l’on pouvait espé­rer une solu­tion poli­tique de l’union des partis de gauche. Je ne crois pas non plus que l’agré­ga­tion de colères captée par un leader soit le sésame. Ma convic­tion est qu’il faut fédé­rer le peuple sur une espé­rance, une alter­na­tive sociale et écolo­giste. Et que pour y parve­nir, nous avons besoin de média­tions, c’est-à-dire de relais, car nous ne pouvons viser seuls des majo­ri­tés, à partir d’un petit groupe de mili­tants poli­tiques soudés et homo­gènes dans sa façon de penser et de parler.  

Faut-il rappe­ler ici que lors du Front de Gauche, avec le mouve­ment Ensemble, j’ai fait partie de celles et ceux qui deman­daient que le Front de Gauche devienne un mouve­ment citoyen et non un seul cartel de partis, en permet­tant les adhé­sions indi­vi­duelles ? A l’époque, le PCF et le Parti de Gauche étaient oppo­sés à cette évolu­tion. Je discu­tais alors la perti­nence de la forme parti et je pensais déjà que le mot gauche devait être rempli plus que proclamé. Ce n’est quand même pas moi qui ai créé le Parti de Gauche dont, si on veut bien y réflé­chir, tous les termes sont discu­tables, parti et gauche ! Donc pas de faux procès. N’ali­men­tons pas de querelles sur de mauvais termes de débat, discu­tons du fond des choses. J’ajoute que mon ancrage dans la gauche radi­cale depuis plus de vingt ans indique, s’il le fallait, que je ne suis pas de celles qui bradent des convic­tions de rupture sur l’au­tel d’ac­cords de sommet et de circons­tance.

Aujourd’­hui, où en sommes-nous ? Nous voici loin de la force qui a su rassem­bler près de 7 millions de Français, venus des quar­tiers popu­laires, des agents des services publics, des couches intel­lec­tuelles préca­ri­sées de centres villes… C’est parce que nous avions su porter un discours rassem­bleur que nous étions crédibles pour mobi­li­ser et chan­ger la société. Comment cela a-t-il été possible ? En faisant appel à l’in­tel­li­gence de tous, en valo­ri­sant une poli­tique ancrée dans les mémoires et dans les cœurs, une propo­si­tion qui rompait avec les errances de la gauche au pouvoir. Notre attrait tenait au fait que nous étions radi­caux sur le fond en nous hissant au niveau des ques­tions nouvelles sur l’éco­lo­gie, le travail, la culture, la paix, etc. C’est cette atti­tude ouverte, créa­trice, fédé­ra­trice qui s’est estom­pée depuis deux ans. Seul un élec­teur sur 5 qui avait voté pour Jean-Luc Mélen­chon en 2017 a voté FI en 2019. Comment pour­rait-on contour­ner ce constat ?  

Il nous faut reprendre ce chemin, celui qui a fait la force de la candi­da­ture de Jean-Luc Mélen­chon en 2017. On ne le fera qu’a­vec l’ap­port de toutes celles et ceux qui sont prêts pour la trans­for­ma­tion sociale et écolo­giste. Qui ? Les lutteurs, les syndi­ca­listes, les mili­tants poli­tiques et les élus locaux, les lanceurs d’alerte, les agents des services publics, les artistes et les intel­lec­tuels critiques, tous les citoyen.ne.s qui dans leur travail et/ou leur façon de vivre fondent leur enga­ge­ment pour la socié­té… Dans ce mouve­ment, chacun vient comme il/elle est, avec son histoire, ses prio­ri­tés et son expé­rience. Pour que le plus grand nombre trouve sa place, je crois à la néces­sité du plura­lisme, au respect des iden­ti­tés de chacun. L’union des partis n’est pas l’axe de rassem­ble­ment mais pour fédé­rer, il faut des passe­relles et non des murs, de l’écoute et non de la vindicte. 

Nous avons des idées, nous ne sommes pas les seuls. Ouvrir les portes et les fenêtres sur les forces vives qui portent l’ho­ri­zon qui nous est cher me paraît d’une urgence vitale pour desser­rer l’étau du couple infer­nal néoli­bé­raux versus néofas­cistes. Voilà ce que je dis. Ni plus, ni moins.

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