Ensemble, nous créons le FIL

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Clémen­tine Autain est dépu­tée France insou­mise, elle fut une des porte paoles d’En­semble!, Elsa Faucillon est dépu­tée PCF.

Nous prenons une initia­tive poli­tique, l’époque nous y oblige pour bâtir une issue éman­ci­pa­trice aux crises contem­po­raines. Nous voulons parti­ci­per acti­ve­ment au travail de refon­da­tion des idées, stra­té­gies et formes poli­tiques à même d’agré­ger et de gagner dans notre pays. 

Tout récem­ment, les gilets jaunes ont accé­léré la prise de conscience des consé­quences drama­tiques des choix poli­tiques opérés depuis plusieurs décen­nies. Au mépris des classes popu­laires s’est oppo­sée l’exi­gence de dignité. Finan­cia­ri­sa­tion de l’éco­no­mie capi­ta­liste, explo­sion de la préca­rité, menace crois­sante sur la péren­nité de notre envi­ron­ne­ment, consu­mé­risme effréné qui abîme la planète et nos désirs, services publics déman­te­lés, tech­no­cra­tie en lieu et place de la démo­cra­tie… 

L’es­prit public se meurt, les inéga­li­tés sociales et terri­to­riales explosent. Sur les ronds-points, cette société qui ne tourne pas rond se trouve verte­ment critiquée. À raison. Si ce mouve­ment a surpris dans sa forme, dans ses coor­don­nées terri­to­riales et poli­tiques, c’est qu’il ne ressemble pas à ce que le XXe siècle et même le tout début du XXIe avait connu. Les gilets jaunes cris­tal­lisent la néces­sité d’al­ler au-delà des formes tradi­tion­nelles du mouve­ment ouvrier. Cela ne signi­fie pas que syndi­cats, commu­nistes, socia­listes, ne sont plus mais qu’ils n’ont plus, à eux seuls, la capa­cité d’en­traî­ne­ment et d’en­ca­dre­ment d’hier. Ce fait est un indi­ca­teur profond des chan­ge­ments qui s’opèrent. Il s’ac­com­pagne d’une réalité inédite : en soutien actif aux gilets jaunes, on a trouvé notre gauche et… l’ex­trême droite. Rien d’ano­din. Cette réalité suppose d’ai­gui­ser la stra­té­gie poli­tique pour ne pas sombrer avec le brouillage actuel des lignes de clivages. L’Ita­lie est de ce point de vue un contre-exemple instruc­tif. Dans ce moment où le brun a le vent en poupe à l’échelle inter­na­tio­nale, notre capa­cité à tenir tête et à affron­ter les droites dures est clai­re­ment posée.  

C’est pourquoi nous devons travailler, encore et toujours, pour imagi­ner des réponses renou­ve­lées. Le fil permet de tisser, et donc de créer. Nous voulons avec LE FIL contri­buer à cet effort de mise à jour, d’inven­tion. L’échec cinglant des expé­riences de type sovié­tique puis la déroute des expé­riences sociales-démo­crates en Europe ont profon­dé­ment percuté les sché­mas de pensée à gauche. Le mot gauche est profon­dé­ment abîmé, il se trouve comme démo­né­tisé. Faire du neuf à cette échelle histo­rique n’est ni une mince affaire ni une simple histoire de tactique, de programme ou de slogan. Ce chemin se construit en avançant, et nous ne partons évidem­ment pas de rien. Des cultures se sont mélan­gées depuis plusieurs décen­nies main­te­nant, des propo­si­tions inno­vantes ont émergé, la France Insou­mise a été iden­ti­fiée comme un espace poli­tique neuf. Mais la réflexion doit encore être pous­sée. Nous propo­sons ce cadre, LE FIL, pour mettre l’ou­vrage sur l’éta­bli. 

LE FIL, c’est aussi une ligne, un trait qui trace clai­re­ment un hori­zon. Notre obses­sion, notre fil, c’est la cohé­rence des combats contre les oppres­sions, domi­na­tions, alié­na­tions. Nous voulons un modèle de société qui sorte du capi­ta­lisme mais aussi de tous les modes d’op­pres­sions et de domi­na­tions. Entre les travailleurs qui se suicident au travail et les migrants qui peuvent mourir en traver­sant la Médi­ter­ra­née, entre les précaires victimes de la déré­gu­la­tion écono­mique et les femmes victimes de violences, entre la lutte pour l’em­ploi et la préser­va­tion de l’en­vi­ron­ne­ment, entre le combat contre le racisme et la défense des droits LGBTI, nous ne choi­sis­sons pas, nous voulons mener tous ces combats. Le temps du refrain « prio­rité à la révo­lu­tion contre le capi­ta­lisme, le reste vien­dra après » doit être révolu. Oui, il faut arti­cu­ler égalité et liberté, ambi­tion écolo­gique et « ques­tion sociale », qui elle-même est tota­le­ment liée à ce que certains quali­fient de socié­tal pour les disso­cier. Il faut faire du neuf, pas de la trian­gu­la­tion poli­tique. LE FIL est un outil pour tracer la voie de ces prises de posi­tion concrètes qui permettent de faire valoir cette cohé­rence, une vision du monde réso­lu­ment tour­née vers l’éman­ci­pa­tion humaine, dans toutes ses dimen­sions.

Le fil sert aussi à relier. Nous voulons que LE FIL joue un rôle de passe­relle. Dans ce moment où les repères tradi­tion­nels explosent, nous en avons besoin. L’es­prit d’ou­ver­ture et le parti pris du plura­lisme nous tiennent fonda­men­ta­le­ment à cœur. LE FIL se veut lieu de confron­ta­tion des expé­riences et des idées, condi­tion d’une élabo­ra­tion plus fine, plus perti­nente. Ce que nous voulons relier, dans le respect de chacun, c’est aussi les trois univers déci­sifs pour un entrai­ne­ment popu­laire : le mouve­ment social, l’es­pace poli­tique, le monde intel­lec­tuel et artis­tique.  

LE FIL se lance avec cette première news­let­ter, dont la paru­tion sera hebdo­ma­daire, et se prolon­gera par des initia­tives publiques. Avec toutes les forces indi­vi­duelles et collec­tives dispo­nibles qui se recon­naissent ou se recon­naî­tront dans notre démarche, nous voulons faire mouve­ment, influer sur le cours de la construc­tion poli­tique à gauche.

Clémen­tine Autain et Elsa Faucillon

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