La méta­mor­phose d’Alexis Tsipras

Juillet 2015 : par un réfé­ren­dum 62% du peuple grec (milieux popu­laires et jeunesse encore plus massi­ve­ment) dit non aux créan­ciers (la « Troïka »)de la Grèce qui ruinent ce pays. Quelques jours plus tard Tsipras… signe un nouveau memo­ran­dum avec les mêmes repré­sen­tants des finan­ciers, UE et FMI, ce contre toute attente popu­laire, et le parle­ment grec confirme en août. Les élec­tions de septembre convoquées dans la foulée par Tsipras, ingé­nieux poli­ti­cien, réaf­firment un soutien popu­laire à Tsipras et à Syriza.
Dans le Monde de ce 26 janvier il est rappelé :« Dans le cadre du mémo­ran­dum, le gouver­ne­ment ne peut adop­ter aucune loi ayant un impact sur le budget sans auto­ri­sa­tion des créan­ciers. Lorsqu’il a été réélu en septembre, Alexis Tsipras a promis aux Grecs de lancer un « programme paral­lèle ». Il s’agis­sait d’un grand nombre de mesures sociales – aides au loge­ment, à la nour­ri­ture, au paie­ment de l’élec­tri­cité, couver­ture santé pour tous – à desti­na­tion des foyers les plus vulné­rables. Déposé le 14 décembre au Parle­ment, le projet a été retiré trois jours plus tard sous la pres­sion des créan­ciers, qui ont estimé que ces mesures coûte­raient trop cher à l’Etat grec. »
Le gouver­ne­ment Tsipras accepte tout de ses tuteurs et quand il a une velléité d’au­to­no­mie poli­tique l’UE et le FMI lui rappellent qu’il n’a pas à déci­der quoi que ce soit sans leur permis­sion expresse. Et s’an­nonce une nouvelle réforme des retraites, avec baisse des pensions et hausse des coti­sa­tions sociales.
Il reste certes quelques points où le gouver­ne­ment Tsipras appa­raît un peu de gauche :« Le gouver­ne­ment a fait adop­ter une réforme du système carcé­ral, a instauré un pacte civil pour les couples homo­sexuels et a fait voter une loi sur la natu­ra­li­sa­tion des enfants d’im­mi­grés nés ou scola­ri­sés en Grèce ».
Ce qui ne suffit à défi­nir une poli­tique de gauche, et bien sûr pas de gauche radi­cale.
Ce gouver­ne­ment est soutenu par un parti Syriza qui fut quitté par une partie impor­tante de ses mili­tants et de ses cadres depuis l’été 2015. ce parti n’a aucune marge de propo­si­tion vis à vis du groupe Tsipras; Il n’est plus le Syriza, parti de la gauche radi­cale qui parvint à gagner les élec­tions en janvier 2015.
Une grève géné­rale, la troi­sième en trois mois, est annon­cée pour le 4 février, contre les mesures impo­sées par les finan­ciers de l’UE et du FMI, et contre ce gouver­ne­ment sans ressort. Syriza semble bien être devenu un nouveau PASOK (le PS grec, parti frère du PS français et presque disparu ces dernières années), en plus jeune, en moins corrompu, mais en aussi étran­ger aux inté­rêts des classes popu­laires.
La gauche radi­cale euro­péenne commence à tirer les leçons de ces mois tragiques, aux côtés du peuple grec, et en tenant compte des évolu­tions poli­tiques en cours dans l’Etat espa­gnol et au Portu­gal.

Pascal Bois­sel, 26–01–2016

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