Le post-fascisme de la famille Le Pen.

 

Les élec­tions régio­nales ont acté une avan­cée du FN et un mauvais résul­tat tant pour le Front de gauche que pour EE-LV. C’est l’heure des réflexions auto­cri­tiques.
Parmi celles-ci, une auto­cri­tique quant à notre diffi­culté à faire entendre un discours sur le FN s’im­po­sera. La réfé­rence au fascisme paraît dépas­sée, hors temps, en une époque où les drames histo­riques sont oubliés pour ceux du passé, ou niés pour ceux que les armées impé­ria­listes causent actuel­le­ment en Afrique et au Moyen-Orient.
Et pour­tant, si l’on étudie le fascisme et le nazisme dans leur construc­tion et leur montée vers le pouvoir, (non pas les fascismes gouver­ne­men­taux et guer­riers), on trouve des points communs avec ce qui fait la force actuelle et montante du FN.

Le fascisme fut une synthèse impro­bable de courants rompant avec le socia­lisme et de groupes natio­na­listes. Il fut perçu comme une force jeune, radi­cale, nova­trice. En Alle­magne, les nazis dès avant la prise du pouvoir, furent majo­ri­taires dans des milieux comme ceux des méde­cins et des étudiants, avec des forts bataillons de chômeurs.
Le FN se présente comme une force « anti-système », une force jeune, qui n’hé­site pas à reprendre des parties du discours d’ATTAC pour les lier à une sauce xéno­phobe et chau­vine.
Cette synthèse d’élé­ments de discours « socia­listes » et d’un discours natio­na­liste violent fut, malgré ses inco­hé­rences et ses contra­dic­tions, de plus en plus popu­laire, sa nouvelle forme l’est aussi.
C’est une vieille potion magique des fascistes qui agit en période de grande déses­pé­rance sociale, de grande crise poli­tique.

Musso­lini inventa la notion d’Etat tota­li­taire, un Etat qui contrôle et enré­gi­mente son peuple, avec une inter­dic­tion de toute oppo­si­tion.
Les Le Pen nous décrivent une France enva­hie par les étran­gers, et trahie par tous les autres partis. Aucune conces­sion à ce jour n’est envi­sa­gée par le FN même envers la droite, même celle de Sarkozy qui la mime avec constance.
A l’ho­ri­zon de la « répu­blique » à la mode FN, un seul parti au pouvoir et une logique de chasse aux migrants et de contrôle social impi­toyables. Ce n’est pas une repro­duc­tion de la société fasciste des années 20 en Italie, ni des années 30 en Alle­magne qu’ils préparent ; c’est une société très auto­ri­taire et d’un type nouveau. Une société où les liber­tés publiques seront traquées.

PB, 8–12–2015

 

PS. En légende: photo­gra­phie d’une affiche fasciste, vers 1942.

Une réflexion sur « Le post-fascisme de la famille Le Pen. »

  1. Extraits d’un article, qui est sur ce site, que j’ai écrit aux lendemains des Européennes du 25 mai 2014. Titre: « Le Fn est un parti de tradition fasciste. Un fascisme « dédiabolisé ».

    « (…)Je fus, pour ma part, abasourdi par par l’ampleur de la victoire électorale du FN, par la médiocrité du score du Front de gauche, par la quasi-disparition électorale de LO-NPA.
    Si la colère populaire contre le gouvernement social-libéral de Hollande, qui a trahi toutes ses maigres promesses électorales au-delà du prévisible, était palpable, notre incapacité à être un pôle de résistance massive à ce gouvernement, à être une opposition de gauche politique, tant nationale qu’ à l’échelle européenne, doit nous surprendre, nous secouer.

    Que dire du FN ?
    Faut-il rappeler que le FN est un parti de filiation fasciste ? Que qualifier de « fasciste », cela signifie non une injure à l’emporte-pièce, mais un constat concernant l’origine du FN, de ses cadres politiques. On glose, dans les médias et bien au-delà, sur la « dédiabolisation » du FN, sur ce qui serait le constat que le FN serait un parti qui n’est plus du tout en lien avec fascistes, avec les néo-nazis. Le débat n’est pas historique mais politique et actuel.

    Florian Philippot polarise la haine xénophobe sur une mineure.
    Florian Philippot c’est l’intellectuel du FN, le gars qui passe à la télé et qui a l’air de ne pas jouir aux récits des massacres coloniaux ou de ceux de la dernière Guerre mondiale, qui fut tête de liste aux dernières élections européennes dans l’Est. Il a diffusé via son réseau social, et très largement, et ce fut repris par Marine Le Pen, une photographie de la lycéenne rom, Léonarda (Léonarda Dibrani) qui fut expulsée de France, le 9 octobre 2013 avec sa famille.
    Sous la photo volée de l’adolescente de 15 ans, le FN place une citation de propos qu’elle aurait tenus : « on attend que notre passeport croate soit prêt et on est libres, on peut aller où on veut après ». Puis le chef FN ajoute : « votez FN ».
    (…)
    Pour ces gens-là une adolescente qui fut longuement scolarisée en France, plus sa famille, veulent revenir dans pays, et voilà leur « patrie » en danger. Tant leur France hallucinée est sans ressort, au bord du gouffre. Cette famille est l’objet de leur détestation.
    Face à une adolescente rom et à sa famille, tous les relais médiatiques du FN se déchaînent. Son image est jetée aux chiens
    Qu’ajouter ?
    Utiliser la photographie d’une mineure pour polariser sur elle la haine xénophobe est sans doute illégal, c’est surtout répugnant. Digne des journaux des collaborateurs de l’armée d’occupation allemande des années 40 qui publiaient des listes de noms de personnes nuisibles à l’ordre hitlérien.
    Même JF Copé, le dirigeant maintenant déchu de l’UMP tant la corruption était mal dissimulée, lorsqu’il parlait des enfants musulmans voleurs de « pain au chocolat » des petits blancs dans les écoles, ne poursuivit pas l’ignominie jusqu’à publier la photo d’un enfant qui  eût été à lyncher.

    3. Pour une gauche radicale qui se ressaisisse. Contre le FN, contre les néolibéraux, contre le gouvernement Hollande.
    Précisons les responsabilités politiques. C’est l’État français qui par la politique de Sarkozy puis de Valls (et auparavant aussi) a suscité et cultivé le ressentiment xénophobe et islamophobe de façon systématique. Ces haines des Roms et des musulmans sont aussi propagées benoîtement par les éditorialistes qui bavardent dans les médias et dans leurs journaux.
    Le 26 janvier 2014, eut lieu la convergence de toutes les bases d’un nouveau fascisme à la française. Ils étaient pas loin de 20 000 malgré une pluie glaciale, à Paris, contre l’avortement, le chômage, les homosexuels, l’école républicaine, les médias, les impôts, les francs-maçons, les juifs, Satan, Hollande. Réplique d’ultra-droite du mouvement des réactionnaires de « la manif pour tous ».
    Les élections montrent qu’ils sont plus de 20000 en France.

    Nous devons constituer des groupes politiques, activistes et déterminés, pour porter notre alternative politique face aux néolibéraux et aux FN. Toutes celles et eux qui perçoivent le danger accru pour nos libertés doivent se regrouper. Sans les amis du PS et du gouvernement ni de sa police.
    C’est une défaite sans combat pour nos idéaux qui s’annonce; ne pas réagir serait une lâcheté. Pour ce qui est du courage, nous en reparlerons plus tard. »

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