Lettre ouverte à Alain Claeys et aux socia­listes réunis à Poitiers

Cher Mr Claeys,
Il n’est sans doute pas mauvais que la LGV Limoges-Poitiers ne soit pas réali­sée. Cela pour­rait donner à vos amis du Limou­sin, durant le temps de leur voyage vers Poitiers et son congrès, de réflé­chir à la ques­tion de la démo­cra­tie.
« Moi prési­dent…« , trois ans déjà que François Hollande occupe la plus haute fonc­tion de l’Etat. En quinze phrases marte­lées durant la campagne élec­to­rale le 2 mai 2012 à la télé­vi­sion l’ana­phore, deve­nue célèbre, résu­mait le programme poli­tique du candi­dat. Il lais­sait entendre, par oppo­si­tion à son concur­rent sortant, que l’exer­cice du pouvoir allait être « exem­plaire ». On pouvait imagi­ner que les insti­tu­tions seraient scru­pu­leu­se­ment respec­tées, que l’Etat serait garant de l’équité et de la justice, que ce même Etat veille­rait parti­cu­liè­re­ment à la bonne gestion des finances publiques. François Hollande allait enfin ouvrir une ère nouvelle et donner un vrai sens au Socia­lisme dans la ligne de Jaurès, de Blum ou de Mendès-France.

Hélas! les promesses n’en­gagent que ceux qui y croient et chacun dut bien­tôt déchan­ter. L’exemple du projet de LGV Poitiers-Limoges en dit déjà long à lui tout seul.

Est-ce être démo­crate que de fouler aux pieds l’avis néga­tif de deux grandes insti­tu­tions de la Répu­blique? La Cour des Comptes en octobre 2014 puis le Conseil d’Etat en décembre de la même année ont condamné sans appel ce projet inutile, dispen­dieux et destruc­teur pour l’en­vi­ron­ne­ment.

Est-ce être démo­crate que de profi­ter d’un jour de deuil natio­nal (le 10 janvier 2015) pour pronon­cer la Décla­ra­tion d’uti­lité publique auto­ri­sant sa réali­sa­tion coûte que coûte?

Est-ce être démo­crate que de comman­der deux rapports à Philippe Duron, élu du Calva­dos et spécia­liste des trans­ports au PS, et d’en igno­rer les conclu­sions sous prétexte qu’elles sont une fois de plus néga­tives, en parti­cu­lier pour ce projet dont les seuls soutiens sont les derniers socia­listes du Limou­sin?

Est-ce être démo­crate que de piéti­ner l’avis de l’Au­to­rité Envi­ron­ne­men­tale extrê­me­ment réser­vée sur le projet?

Est-ce être démo­crate que de lais­ser pendant plus de dix ans des dizaines de rive­rains, exploi­tants agri­coles et proprié­taires, dans la situa­tion inac­cep­table d’une déva­lo­ri­sa­tion majeure de leurs biens et de l’in­ca­pa­cité de déve­lop­per leurs acti­vi­tés? Monsieur Hollande se consi­dé­re­rait-il encore président du Conseil géné­ral de Corrèze? Aurait-il simple­ment à cœur de satis­faire les ambi­tions méga­lo­ma­niaques de quelques amis, petits marquis du Limou­sin?

A l’heure où se réunissent à Poitiers le presqu’en­semble des socia­listes pour prépa­rer l’ave­nir de notre démo­cra­tie, ces compor­te­ments d’oli­garque mépri­sant sont une tache que les discours lisses que l’on s’at­tend à entendre ne pour­ront effa­cer. Mesdames et Messieurs les socia­listes, prenez vos respon­sa­bi­li­tés, n’ac­cep­tez pas de voir les insti­tu­tions ridi­cu­li­sées. Cessez de défendre l’in­dé­fen­dable et préoc­cu­pez vous des vrais défis de ce pays. Encore un effort pour être vrai­ment socia­listes!

Le Collec­tif « NON à la LGV Poitiers-Limoges »

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