L’ex­trême-droite a déjà gouverné en France: 1940–1945

Hier comme aujourd’­­hui, Marine Le Pen et ses fans se défi­­nissent comme le seul parti des « patriotes ». Elle déve­­loppe un discours sur la France enva­­hie par les immi­­grés et au bord du déclin irré­­mé­­diable, remet en cause l’ap­­par­­te­­nance française des natu­­ra­­li­­sés, hait les syndi­­cats, en appelle à des mesures d’ex­­cep­­tion, ce qui est déjà préparé avec cet état d’ur­gence inter­mi­nable. La France serait en guerre contre un ennemi inté­­rieur.
A la façon de la Révo­­lu­­tion natio­­nale de Pétain.
Beau­­coup disent qu’en France, on a tout essayé sauf le FN. C’est très inexact : les ancêtres du FN furent au pouvoir en France en 1940–1945, avec Pétain.

 

Voici quelques éléments à partir de l’ar­­ticle de wiki­­pe­­dia concer­­nant Pétain :
Dès le 11 juillet 1940, par trois « actes consti­­tu­­tion­­nels », Pétain se proclame chef de l’Etat Français et s’ar­­roge tous les pouvoirs.
Aux tradi­­tion­­nels attri­­buts réga­­liens (droit de grâce, nomi­­na­­tions et révo­­ca­­tions des ministres et des hauts fonc­­tion­­naires), Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monar­­chie abso­­lue. Il peut ainsi rédi­­ger et promul­­guer seul une nouvelle Cons­­ti­­tu­­tion, il peut dési­­gner son succes­­seur (qui est le vice-président du Conseil), il « a la pléni­­tude du pouvoir gouver­­ne­­men­­tal, il nomme et révoque les ministres et secré­­taires d’État, qui ne sont respon­­sables que devant lui103. » et il « exerce le pouvoir légis­­la­­tif, en conseil des ministres[…] ». Pétain signe la révo­­ca­­tion de nombreux maires, préfets et hauts fonc­­tion­­naires répu­­bli­­cains, dont le préfet Jean Moulin.
Le maré­­chal supprime préco­­ce­­ment tous les contre-pouvoirs insti­­tu­­tion­­nels à son auto­­rité, et tout ce qui rappelle trop le régime répu­­bli­­cain, désor­­mais honni. Le mot même de Répu­­blique dispa­­raît. Les liber­­tés publiques sont suspen­­dues, tout comme les partis poli­­tiques, à l’ex­­cep­­tion de ceux des colla­­bo­­ra­­tion­­nistes pari­­siens, qui subsistent en zone nord. Les centrales syndi­­cales sont dissoutes, les unions dépar­­te­­men­­tales subsis­­tantes unifiées dans une orga­­ni­­sa­­tion corpo­­ra­­tiste du travail. La franc-maçon­­ne­­rie est mise hors la loi. Toutes les assem­­blées élues sont mises en sommeil ou suppri­­mées, les Chambres aussi bien que les conseils géné­­raux Des milliers de muni­­ci­­pa­­li­­tés sont desti­­tuées, et rempla­­cées par des « Délé­­ga­­tions spéciales », nommées par décret du pouvoir central, et dont la prési­­dence revient à des person­­na­­li­­tés présen­­tant les garan­­ties exigées du maré­­chal.
Des juri­­dic­­tions d’ex­­cep­­tion sont mises en place.
Le régime « exploite le pres­­tige du maré­­chal et diffuse un culte de la person­­na­­lité omni­­pré­sent : les photos du maré­­chal figurent partout. Un hymne à sa gloire, le célèbre Maré­­chal nous voilà, est inter­­­prété dans de nombreuses céré­­mo­­nies paral­­lè­­le­­ment à la Marseillaise, et doit être appris à tous les enfants des écoles par les insti­­tu­­teurs. À qui doute­­rait, des affiches péremp­­toires proclament : « Êtes-vous plus Français que lui ? » ou encore « Connais­­sez-vous mieux que lui les problèmes de l’heure ? ». Pétain exige aussi un serment de fidé­­lité des fonc­­tion­­naires à sa propre personne.
Toute une litté­­ra­­ture exalte le maré­­chal comme un sauveur messia­­nique, pour célé­­brer son « sacri­­fice », pour le compa­­rer à Jeanne d’Arc ou à Vercin­­gé­­to­­rix, Le serment prêté par les titu­­laires de la Fran­­cisque prévoit : « Je fais don de ma personne au maré­­chal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. »
Il déve­­loppe sa vision dolo­­riste d’une France « déca­­dente » qui expie main­­te­­nant ses « fautes » anté­­rieures,
Pétain entre­­tient aussi le contact avec la popu­­la­­tion surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhéto­­rique sobre et claire, ainsi qu’une série de formules percu­­tantes, pour faire mieux accep­­ter son auto­­rité abso­­lue et ses idées réac­­tion­­naires : « La terre, elle, ne ment pas », (août 1940), « Je vous ai parlé jusqu’ici le langage d’un père, je vous parle à présent le langage d’un chef. Suivez-moi, gardez confiance en la France éter­­nelle » (novembre 1940).
Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur auto­­rité morale au service d’un culte ardent du maré­­chal, salué comme l’homme provi­­den­­tiel.
Le programme de Révo­­lu­­tion natio­­nale
Instau­­rant un régime contre-révo­­lu­­tion­­naire et auto­­ri­­taire, le régime de Vichy veut réali­­ser une « Révo­­lu­­tion natio­­nale », à fortes conso­­nances xéno­­po­­hobes et anti­­sé­­mites, qui rompt avec la tradi­­tion répu­­bli­­caine et instaure un ordre nouveau fondé sur l’au­­to­­rité, la hiérar­­chie, le corpo­­ra­­tisme, l’iné­­ga­­lité entre les citoyens. Sa devise « Travail, Famille, Patrie », emprun­­tée aux « Croix de feu », remplace l’an­­cien trip­­tyque « Liberté Egalité Frater­­nité ». Dès l’été 1940, un discours du maré­­chal Pétain prévient que le nouveau régime « ne repo­­sera plus sur l’idée fausse d’éga­­lité entre les hommes ».

Une poli­­tique d’ex­­clu­­sion et de répres­­sion.
Dès la troi­­sième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écar­­ter des fonc­­tion­­naires juifs, et une commis­­sion fondée pour révi­­ser et annu­­ler des milliers de natu­­ra­­li­­sa­­tions accor­­dées depuis 1927. En octobre 1940 et sans aucune demande parti­­cu­­lière de la part des Alle­­mands, des lois d’ex­­clu­­sion adop­­tées à la hâte contre les Franc-maçons et les Juifs . Par une loi du 29 mars 1941, promul­­guée par le maré­­chal, est créé un « Commis­­sa­­riat géné­­ral aux ques­­tions juives123 ».
Les groupes armés du régime colla­­bo­­ra­­tion­­niste.
La période consé­­cu­­tive à l’ar­­mis­­tice voit aussi la créa­­tion de la « Légion française des combat­­tants », Fondée par le très anti­­sé­­mite Xavier Vallat le 29 août 1940, elle est prési­­dée par le maré­­chal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la Révo­­lu­­tion natio­­nale et du régime. Les Légion­­naires actifs doivent surveiller la popu­­la­­tion, et dénon­­cer les déviants et les fautifs de « mauvais esprit ». Au sein de cette légion se consti­­tue un Service d’ordre légion­­naire (SOL) qui devient en janvier 1943 la « Milice française ». À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Alle­­mands, la Milice qui compte au maxi­­mum 30 000 hommes, parti­­cipe acti­­ve­­ment à la lutte contre la Résis­­tance, avec les encou­­ra­­ge­­ments publics du maré­­chal Pétain. »

 

 

A son procès, Pétain fut reconnu coupable de haute trahi­­son.

Les ancêtres du FN furent au pouvoir ces années-là. Au nom du patrio­tisme, ils furent les laquais de l’ar­mée alle­mande, au nom de la « révo­lu­tion natio­nale » ils permirent aux capi­ta­listes de conti­nuer à faire des affaires dans des condi­tions agréables, au nom du renou­veau ils furent des traîtres et surtout des assas­sins.

Le fonda­teur du FN, le père de Marine Le Pen aime à dire sa fidé­lité à l’hé­ri­tage du maré­chal Pétain.

Cela a déplu à sa fille. Une nuit des longs couteaux symbo­lique en famille a conduit à l’ex­clu­sion du vieux chef, mais les inté­rêts finan­ciers de la famille Le Pen sont préser­vés.

Marine Le Pen n’a pas pour autant de pudeurs la condui­sant à rompre avec les nazillons; elle des amis qui furent mili­tants du GUD, mouve­ment d’ex­trême droite étudiante; la presse parle de GUD connexion. Et l’ad­mi­ra­tion de ces personnes pour Hitler et son œuvre de destruc­tion est docu­men­tée.

 

Pascal Bois­sel , 27/4/2017

2 réflexions sur « L’ex­trême-droite a déjà gouverné en France: 1940–1945 »

  1. Avant 1940, il existait déjà un Front National depuis mai 1934 composé essentiellement de deux organisations fascisantes : les Jeunesses patriotes (ou patriotiques) devenues Front Républicain National et Social, et Solidarité française. Ce Front National a sévi aussi dans la Vienne. Brutalement, forcément brutal, le FN !

    1. Merci Philippe! J’ignorais l’existence de ce FN des années 1930.

      Oui, forcément brutal.

      J’en profite pour préciser que l’illustration de l’article est une photographie prise par moi à l’occasion d’une exposition passée au musée des Archives nationales,
      La Collaboration (1940-1945)
      Du 26 novembre 2014 au 5 avril 2015

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.