Mort pour avoir mani­festé au Testet

Rémi Fraisse, étudiant de 21 ans est décédé sur le site de Sivens lors de la mani­fes­ta­tion qui a rassem­blé plusieurs milliers d’op­po­sants au barrage. Il a été tué par l’ex­plo­sion d’une grenade offen­sive de la gendar­me­rie.

Ce drame n’est pas un acci­dent, il est le résul­tat de plusieurs mois de violences poli­cières crois­santes envers les oppo­sant-e-s pour impo­ser un projet inutile dont la perti­nence est aujourd’­hui même remise en cause par un rapport d’ex­perts : trop coûteux, ne répon­dant pas aux besoins réels, entrai­nant des dégra­da­tions et destruc­tions envi­ron­ne­men­tales sans prise en compte des solu­tions alter­na­tives possibles et exis­tantes.

La répres­sion à laquelle ont fait face les oppo­sants au barrage, n’est pas isolée. De peur de voir se multi­plier les résis­tances et les alter­na­tives comme à Notre-Dame-des-Landes, le gouver­ne­ment crée un climat de violences et de crimi­na­li­sa­tion des mouve­ments sociaux et écolo­giques. Des dizaines de syndi­ca­listes ont été pour­sui­vis suite à des grèves, mardi dernier encore des mili­tants ont été condam­nés par la justice pour avoir contesté la ferme des 1000 vaches.

Un jeune mani­fes­tant de 21 ans est mort. Cet acte ne peut rester sans réac­tion.

Dans plusieurs villes, nombreux sont ceux qui ont voulu expri­mer leur indi­gna­tion face à cet acte horrible, défendre notre droit à mani­fes­ter, à résis­ter aux poli­tiques qui vont à l’en­contre des inté­rêts de la majo­rité de la popu­la­tion. Là encore, le pouvoir poli­tique a répondu par la répres­sion en inter­di­sant des rassem­ble­ments ou mani­fes­ta­tions.

Jeudi 6 novembre des milliers de lycéens de la région pari­sienne ont mani­festé sans inci­dents exigeant la vérité sur la mort de Rémi et l’ar­rêt des violences poli­cières.

Dans une tenta­tive de pseudo dialogue, Ségo­lène Royal affirme à la fois son soutien au main­tien d’un projet au Testet et à un modèle agri­cole dépassé destruc­teur d’em­plois et de l’en­vi­ron­ne­ment. Elle a aussi appelé « à l’éva­cua­tion du terrain, site d’une occu­pa­tion illé­gale » ! A ces décla­ra­tions s’ajoute le propos de Manuel Valls qui rappelle que « la déter­mi­na­tion de l’Etat à voir le projet d’aé­ro­port à Notre Dame des Landes se réali­ser est intact ».

Nous, orga­ni­sa­tions signa­taires de cet appel, ne renon­ce­rons pas face aux menaces et aux violences poli­cières. Nous appe­lons à l’am­pli­fi­ca­tion des mobi­li­sa­tions et deman­dons :

– L’ar­rêt immé­diat des travaux et l’aban­don défi­ni­tif du projet de barrage et de tous les projets inutiles.

– Que toute la vérité soit faite sur les circons­tances de la mort de Remi Fraisse. Il faut établir les respon­sa­bi­li­tés à tous les niveaux.

– Nous voulons faire cesser la poli­tique répres­sive du gouver­ne­ment. Aujourd’­hui c’est un mani­fes­tant qui a été tué mais nous rappe­lons que les violences poli­cières font fréquem­ment des victimes notam­ment dans les quar­tiers popu­laires.

 

Mani­fes­tons tous et toutes ensemble

samedi 8 novembre 2014 à 14H Bastille.

 

Orga­ni­sa­tions signa­taires : Attac, Les Amis de la Terre, Les Alter­na­tifs, Alter­na­tive Liber­taire (AL), Ensemble!, Europe Écolo­gie Les verts Île De France, Europe Écolo­gie Les Verts (EELV), Fédé­ra­tion Anar­chiste (FA), Front de Gauche, Les Jeunes Écolo­gistes, Mouve­ment des Objec­teurs de Crois­sance (MOC), Nouveau Parti Anti­ca­pi­ta­liste (NPA), Parti Commu­niste Français (PCF), Parti Commu­niste des Ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche (PG), Union Syndi­cale Soli­daires

 

Une réflexion sur « Mort pour avoir mani­festé au Testet »

  1. Des forces de l’ordre très bleu marine,
    un article de Regards.Par Guillaume Liégard| 5 novembre 2014
    http://www.regards.fr/web/des-forces-de-l-ordre-tres-bleu,8037
    Photo Philippe Leroy

    La mort de Rémi Fraisse est une conséquence logique des politiques de répression actuelles, fondées sur l’impunité des forces de l’ordre – mais aussi aggravées par la radicalisation de celles-ci, de plus en plus séduites par l’extrême-droite

    Les forces de maintien de l’ordre font souvent un sale métier, reconnaissons leur une particularité, elles le font salement. La mort de Rémi Fraisse sonne comme une douloureuse piqûre de rappel : en France la police, la gendarmerie peuvent tuer dans le cadre de manifestations. Si un tel événement est heureusement rare, il n’est pas non plus un phénomène isolé. Depuis des semaines, les réseaux sociaux ont charrié leurs vidéos de violences policières, notamment au Testet dans le Tarn. S’inscrivant dans une vague de violences policières, toujours impunies, le décès d’un manifestant n’est donc pas un douloureux accident, mais bien le produit inéluctable des agissements des forces de l’ordre. La même semaine, jeudi 30 octobre, à la suite d’une intervention policière à Blois, un jeune homme de vingt ans, touché par un tir de flashball a perdu un œil.

    Aux violences systématiques et disproportionnées de la police et de la gendarmerie s’ajoutent les bien curieuses manières de la police dans les manifestations. Le site Reporterre a publié de nombreuses photos de policiers en civil lors de la manifestation à Nantes, curieusement grimés en autonomes. Infiltration, comme le dit le préfet, ou agent provocateur, la question mérite d’être posée. « À Nantes, les forces de l’ordre ont créé le désordre… sur ordre », pouvait on lire sur la blogosphère. Pour nombre de militants aguerris, cela rappelle furieusement les grandes heures du tandem Pasqua-Pandrau au ministère de l’Intérieur à l’époque de la réforme Devaquet.
    Des forces de l’ordre gangrenées par l’extrême droite
    L’emprise de l’extrême droite au sein de la police et de l’armée n’est pas une donnée totalement nouvelle. Il existe sans doute un tropisme particulier qui pousse les amateurs d’ordre, d’autorité à vouloir l’incarner professionnellement. L’ampleur de la dérive interroge cependant sur la nature fascisante des forces de répression en France.
    Lors de la campagne présidentielle, le Cevipof, (..)

    L’impunité des forces de répression
    (…)
    Décidément bien mal inspiré, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve est sorti d’un impensable mutisme de quarante-huit heures après la mort de Rémi Fraisse pour déclarer : « Ce n’est pas une bavure. » Comme on suppose qu’il n’a pas voulu exprimer qu’il s’agissait d’une préméditation, de quoi donc s’agit-il alors ? D’une réalité assez simple : les forces de l’ordre n’ont jamais tort. Il existe une détestable habitude dans ce pays. À peine installés place Beauvau, les ministres de l’Intérieur soutiennent toutes les turpitudes de leurs troupes, envers et contre tout.

    La montée des idées d’extrême-droite, doublée de l’assurance d’une quasi impunité, permet – encourage même – la répétition des dérapages. Il est sans doute exagéré de voir dans les agissements des forces de répression l’expérimentation de dispositifs de contre-insurrection, voire les prolégomènes d’une guerre de basse intensité. Il n’en demeure pas moins que la violence des crises sociales, écologistes, économiques, aggravées par le discrédit et la perte de légitimité du politique, nourrit un chaos croissant. Incapable de répondre aux souffrances de la société, se refusant à s’attaquer aux inégalités de toutes sortes, la tentation autoritaire, celle de l’ordre et de la violence d’État, peut alors s’imposer comme une solution pour certains responsables politiques. Il est grand temps de balayer tout cela.

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