Philippe Poutou, candi­dat du NPA en 2017

Résu­mant les résul­tats de cette Confé­rence, Philippe Poutou a déclaré aux médias : « Le plus simple, c’est que ce soit moi qui y retourne ». Ce qui n’est pas la façon la plus enthou­siaste de popu­la­ri­ser sa candi­da­ture ! Et pour cause… La décla­ra­tion finale (1) a bien été adop­tée à la quasi-unani­mité des délé­gués, mais la déci­sion de présen­ter P. Poutou consti­tue un peu une déci­sion par défaut, recou­vrant en réalité d’im­por­tantes diver­gences sur les moti­va­tions de cette candi­da­ture ainsi que sur son profil poli­tique.

On remarquera d’abord que la tenue de cette Confé­rence natio­nale prési­den­tielle n’al­lait pas de soi ; en effet, lors du dernier congrès du NPA (février 2015), près de 60% des délé­gués y avaient adopté une réso­lu­tion concer­nant la posi­tion du NPA pour les élec­tions à venir en 2015 (muni­ci­pales et régio­nales)… mais aussi en 2017 (prési­den­tielle et légis­la­tives). Cette réso­lu­tion actait le refus durable du NPA de recher­cher quelque cadre unitaire que ce soit. Cette ligne direc­trice n’a pas fonda­men­ta­le­ment été modi­fiée, mais la déci­sion a néan­moins été prise d’or­ga­ni­ser une Confé­rence pour dési­gner un candi­dat, défi­nir son message et, aussi, impul­ser la collecte des parrai­nages.

Au cours de la prépa­ra­tion de la Confé­rence, trois tendances s’étaient consti­tuées. Comme lors du congrès précé­dent, aucune majo­rité abso­lue ne s’est déga­gée lors des votes des assem­blées géné­rales locales. Pour autant, les choses ne sont pas restées en l’état puisque la plate-forme A –  qui fait de l’af­fir­ma­tion de « l’iden­tité révo­lu­tion­naire » du NPA le nec plus ultra de l’orien­ta­tion poli­tique – est désor­mais en tête, avec près de 41% des votants (et près de 80% du « secteur jeune » du NPA). Il est vrai qu’elle regroupe plusieurs sous-courants de la galaxie trots­kiste (ou s’en récla­mant abusi­ve­ment…). Globa­le­ment, la concep­tion de la campagne prési­den­tielle déve­lop­pée par cette tendance est assez proche de celle de Lutte Ouvrière. Il s’agit de permettre l’ex­pres­sion de la « colère ouvrière » et de profi­ter de l’élec­tion pour diffu­ser la propa­gande révo­lu­tion­naire pour le commu­nisme. Cette concep­tion tota­le­ment propa­gan­diste de la lutte poli­tique (dont les batailles élec­to­rales sont un moment) est assez cohé­rente avec la réaf­fir­ma­tion récur­rente du fait qu’entre les mobi­li­sa­tions sociales et la « construc­tion du parti », il ne saurait y avoir « ni média­tions, ni raccour­cis »…

A l’autre extré­mité du spectre poli­tique interne du NPA (2), la plate-forme C a défendu l’idée d’une campagne ne se limi­tant pas aux thèmes « sociaux » – au sens de l’op­po­si­tion capi­tal / travail – mais mettant aussi en avant le fémi­nisme, l’éco­so­cia­lisme, la lutte anti-raciste, la défense de la démo­cra­tie, etc… Et, surtout, une campagne qui serait conçue une étape dans la construc­tion d’une « nouvelle repré­sen­ta­tion des travailleurs, des exploi­tés et des oppri­més » ce qui permet­trait de « renouer avec le projet initial du NPA ». Le fait notable est que cette sensi­bi­lité – où l’on retrouve notam­ment deux des porte- parole du NPA (Olivier Besan­ce­not et Chris­tine Poupin) – est passée de 36%  des votes des mili­tant-e-s (lors du congrès de février 2015) à 29% aujourd’­hui…

Lors de la discus­sion sur la décla­ra­tion finale, a été présenté un amen­de­ment indiquant que le NPA pour­rait être amené à reti­rer son candi­dat « (…) si émerge des mouve­ments de lutte la possi­bi­lité d’une autre campagne basée sur la conver­gence des fronts  (…) ». Cet amen­de­ment a été très large­ment repoussé  (Pour : 9 / Contre : 122 / Abst : 15 / NPPV : 4). On peut débattre de la proba­bi­lité que le cas de figure évoqué se présente effec­ti­ve­ment. Mais, ce vote confirme surtout l’état d’es­prit domi­nant au NPA : après avoir écarté d’em­blée toute possi­bi­lité de recherche d’unité avec d’autres courants poli­tiques, le NPA signi­fie clai­re­ment que même une candi­da­ture « issue du mouve­ment social » ne saurait trou­ver grâce à ses yeux…

Alors, bien sûr, concer­nant les prochaines échéances élec­to­rales, il n’est pas simple de défi­nir une orien­ta­tion qui soit tout à la fois radi­ca­le­ment oppo­sée à la poli­tique gouver­ne­men­tale et large­ment unitaire. Nous le savons bien : aucun chemin de construc­tion d’une alter­na­tive poli­tique n’ap­pa­raît de manière évidente, comme en témoignent les hési­ta­tions et les ques­tion­ne­ments qui sont actuel­le­ment ceux de la gauche radi­cale.

Lors de cette confé­rence natio­nale du NPA, la séance consa­crée aux mobi­li­sa­tions en cours au sein du monde du travail et de la jeunesse a témoi­gné du fait que, aujourd’­hui encore, nombre de mili­tants du NPA sont actifs dans le mouve­ment. Mais le choix systé­ma­tique de l’iso­le­ment – dès que l’on aborde le domaine des réponses poli­tiques – est un choix morti­fère qui n’af­fecte pas seule­ment l’in­fluence du NPA sur le champ poli­tique, mais aussi son poids mili­tant (3).

François Cous­tal

Notes

(1) https://npa2009.org/agir/poli­tique/p-poutou-candi­dat-du-npa-en-2017

(2) Située entre les deux prin­ci­pales plate­formes (mais pas forcé­ment à équi­dis­tan­ce…), la plate­forme B visait essen­tiel­le­ment à rela­ti­vi­ser les diver­gences exis­tant au sein du NPA et à affir­mer P. Poutou comme candi­dat du NPA. Elle a recueilli 24% des votes. Deux autres plate­formes locales (dans les Bouches-du-Rhône et en Ile-de-France) ont recueilli respec­ti­ve­ment 5% et 1%.

(3) Entre le dernier congrès (février 2015) et cette confé­rence natio­nale (mars 2016), le nombre de votants a dimi­nué, passant de 1400 à 1250. Une dimi­nu­tion qui, selon toute vrai­sem­blance, traduit une nouvelle chute des effec­tifs…

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