Pourquoi dans la Somme et pas dans la Vienne ?

C’est une première natio­nale : l’unité de toute la gauche de trans­for­ma­tion sociale et écolo­gique est désor­mais réali­sée dans la 1ère circons­crip­tion de la Somme ! Vendredi 17 février, le lance­ment de la campagne de François Ruffin a eu lieu à Flixe­court. Soutenu par Ensemble, EELV, le PCF et la France Insou­mise, le comité de campagne « Picar­die Debout » a rassem­blé plus de 600 personnes au cœur de la circons­crip­tion, dans la ville ouvrière symbole du pater­na­lisme patro­nal de la fin du XIXe siècle. Là où débute aussi le film Merci patron ! et ou a débuté la fortune de Bernard Arnault.

Un départ en fanfare, en picard, en soutien aux sala­riés de Whirl­pool, aux auxi­liaires de vie du dépar­te­ment, aux Bigard, aux Goodyear. Un candi­dat en stand-up qui pointe les reve­nus du capi­tal et l’unité du combat. Une candi­da­ture qui vise à « ne pas sépa­rer écolo­gie et social, car dans ces deux combats, nous affron­tons le même ennemi ». Une campagne pour « lutter contre le fata­lisme, la rési­gna­tion et le mari­nisme », qui constate que « la fron­tière entre la droite et la gauche passe à l’in­té­rieur du PS » et qui affirme que « le cœur de la gauche bat ici et pas ailleurs ». L’in­car­na­tion d’une posture enfin, celle de ch’La­fleur, la marion­nette du quar­tier Saint-Leu d’Amiens (la première zone indus­trielle de la ville) qui « donne des coups de pieds aux culs des notables et des bour­geois ».

Une dyna­mique pour un terri­toire qui a du poten­tiel, fruit d’un décou­page élec­to­ral parti­cu­lier même s’il ne s’agit plus de la circons­crip­tion du commu­niste Maxime Gremetz. Elle rassemble la moitié d’Amiens, l’en­semble d’Ab­be­ville et englobe le Val de Nièvre : il y a 30 ans quelques 25000 sala­rié-e-s de l’in­dus­trie textile y travaillaient, et aujourd’­hui encore la majo­rité des sala­rié-e-s de la Zone Indus­trielle d’Amiens y résident. Bref, elle est « de gauche » et la député qui y a été élue en 2012 – Pascale Bois­tard, actuelle secré­taire d’état de Caze­neuve après avoir été celle de Valls – espère bien échap­per à la sanc­tion.

Unité : mode d’em­ploi

Comment cette unité a été rendue possible ? Par le capi­tal symbo­lique entou­rant le candi­dat tout d’abord. Ruffin est un acti­viste mi local, mi natio­nal. Il a fondé Fakir à Amiens, mais a déve­loppé un jour­nal « natio­nal » depuis 2008. Il a parti­cipé à de nombreuses luttes locales et a déjà été actif dans une campagne élec­to­rale (campagne anti-Robien de 2008). Son film Merci patron ! a permis à des tas de spec­ta­teurs de rigo­ler en démon­trant que « les riches ne sont puis­sants que parce que l’on est à genou ». Il a été très actif dans le mouve­ment anti loi Travail, et a été une des chevilles ouvrières de Nuit Debout avant de répondre aux « solli­ci­ta­tions » de son entou­rage à se présen­ter sous condi­tion d’unité de la gauche radi­cale.

Mais c’est surtout la dyna­mique « citoyenne » qui s’est avérée déci­sive pour faire de cette pers­pec­tive de campagne une réalité. A commen­cer par les 300 mili­tants syndi­caux, asso­cia­tifs ou poli­tiques qui ont signé un appel de soutien à la candi­da­ture pour « faire pres­sion » sur les orga­ni­sa­tions poli­tiques. Mais aussi grâce aux relais que la dyna­mique a pu trou­ver dans certains secteurs du PCF, d’EELV ou de la France Insou­mise (Ensemble a apporté son soutien à l’ini­tia­tive depuis l’ori­gine). Et enfin grâce aux centaines de mili­tants désor­mais présents pour coller des affiches, distri­buer des tracts, faire du porte à porte, orga­ni­ser des tour­nois de foot hebdo­ma­daires ou prépa­rer des fougasses dans la cara­vane de campagne.

Ensemble a large­ment œuvré pour la réus­site de cette dyna­mique, avec les poten­tia­li­tés mais aussi les limites (absence de programme collec­ti­ve­ment conçu, posture parfois de témoi­gnage et refu­sant de faire des « fausses promesses », etc.) qu’elle comporte. Si ce rassem­ble­ment a pour le moment une dimen­sion profon­dé­ment locale, il doit nous servir de point d’ap­pui pour faire la démons­tra­tion que l’unité est possible pourvu qu’une dyna­mique citoyenne existe. Que l’ou­ver­ture du champ poli­tique à des groupes issus du mouve­ment social boule­verse le ton et les codes poli­tiques, et de ce fait enjoint de nouveaux secteurs à entrer dans l’ac­tion. Que lorsque l’unité est actée, elle permet d’en­clen­cher une dyna­mique permet­tant de reprendre pied à pied le terrain, en dépas­sant en nombre et en dyna­misme l’en­semble de nos adver­saires poli­tiques. Car si la candi­da­ture Ruffin permet une « jacque­rie élec­to­rale » dans la Somme tant mieux, mais l’objec­tif est surtout de faire de cette excep­tion la règle pour les légis­la­tives à venir.

Ensemble! 80

http://www.ensem­ble80.fr/2017/02/

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