« Qu’at­tendre d’un gouver­ne­ment qui vient d’in­ven­ter la « dissua­sion migra­toire » ?

Commu­niqué de la Ligue des droits de l’homme, 13 juillet 2017.

Le Premier ministre et son ministre de l’In­té­rieur ont présenté,

le mercredi 12 juillet, les grandes lignes de ce que devrait être le prochain projet de loi sur les réfu­giés et les migrants.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) consi­dère que, comme on pouvait le craindre après les paroles outran­cières de Gérard Collomb sur les asso­cia­tions agis­santes à Calais, le gouver­ne­ment et le Président n’ont mani­fes­te­ment rien compris à la situa­tion des personnes qui cherchent aide et refuge dans les pays de l’UE.

On avait cru comprendre après quelques décla­ra­tions de campagne, qu’il y aurait un certain rééqui­li­brage. Las, ce n’était que des éléments de langage, de ces mots lancés dans le vent pour capter les voix. Car d’équi­libre entre huma­nité et fermeté, il n’y aura point !

Accueillir des réfu­giés ? Oui, un peu, mais celles et ceux qui le méritent. Accroître le nombre de places d’ac­cueil ? Oui, mais pour mieux garder sous contrôle.

Dimi­nuer le temps d’at­tente du titre de séjour ? Oui, mais pour recon­duire plus vite à la fron­tière.

Modi­fier la conven­tion de Dublin? Oui, mais pour l’ag­gra­ver en fixant défi­ni­ti­ve­ment le deman­deur au pays de dépo­si­tion de la demande. Mieux instruire les demandes ? Oui, pour faire le tri entre les réfu­giés, répu­tés légi­times, des migrants dont les motifs ne sont qu’é­co­no­miques.

Promou­voir une poli­tique commune euro­péenne ? Oui, mais si

elle ne contre­carre en rien la ferme­ture du terri­toire, même si cela revient à aban­don­ner d’autres, telles la Grèce et l’Ita­lie, à leur propre sort.

La LDH dénonce non seule­ment les mots utili­sés, comme cette fameuse

expres­sion « dissua­sion migra­toire  », mais surtout l’ana­lyse qui explique que de telles choses puissent être dites. C’est ce que montre, à l’évi­dence, l’in­croyable inco­hé­rence qui consiste à prôner le déve­lop­pe­ment dans les pays d’ori­gine pour « tarir » les flux vers les pays d’ac­cueil tout en dimi­nuant les aides publiques à ces pays.

Au lieu de comprendre que c’est l’ins­ta­bi­lité du monde qui est à la base des mouve­ments migra­toires, le gouver­ne­ment s’en­fonce dans la clas­sique inver­sion entre les causes des migra­tions et leurs consé­quences.

La LDH consi­dère que le projet de loi annoncé révèle que le gouver­ne­ment n’a en réalité pas de poli­tique des migra­tions, juste le choix de l’ag­gra­va­tion de la répres­sion et de la néga­tion des droits.