Que penser de ce qui se passe actuel­le­ment en Grèce ?

Ci-dessous :

– une note de notre équipe d’ani­ma­tion natio­nale (EAN)

– des complé­ments d’in­for­ma­tion, des liens

 

  1. Réso­lu­tion :

 

Dans le bras de fer avec l’Union euro­péenne et ses insti­tu­tions, soli­da­rité avec le peuple Grec et son gouver­ne­ment

1– La victoire élec­to­rale histo­rique de Syriza le 25 janvier 2015 et les premières décla­ra­tions et mesures progres­sistes annon­cées par le nouveau gouver­ne­ment grec ont suscité un espoir immense et un soutien massif du peuple grec et de toutes les forces de gauche en Europe. Elle confirme le choix du peuple grec de reje­ter massi­ve­ment les poli­tiques d’aus­té­rité menées jusque-là par les partis appliquant les exigences de la Troïka et d’en finir avec la poli­tique xéno­phobe du précé­dent gouver­ne­ment.

Une oppor­tu­nité histo­rique

2– Pour la première fois en Europe, s’or­ga­nise dans un pays une contre-attaque contre les poli­tiques néoli­bé­rales. L’ar­ri­vée de Syriza a été un signe d’es­poir pour tous ceux et celles qui subissent ces poli­tiques d’aus­té­rité en Europe. Sa volonté d’ins­crire son combat dans celui que les peuples euro­péens mènent contre l’aus­té­rité ouvre la voie à une refon­da­tion de l’Eu­rope. En Grèce, il s’agit de la possi­bi­lité de mettre en œuvre le programme de Thes­sa­lo­nique pour lequel le gouver­ne­ment conduit par Syriza a été élu. Les combats en cours en Grèce contre la fraude fiscale, la corrup­tion, la pauvreté, le néoli­bé­ra­lisme, et pour la justice sociale, le droit des migrants et la démo­cra­ti­sa­tion de la vie sociale, cultu­relle et poli­tique, sont aussi nos combats. Les enjeux de cette négo­cia­tion et de cet affron­te­ment poli­tiques sont déci­sifs.

 

3– Très vite cepen­dant, le gouver­ne­ment grec a été confronté à une négo­cia­tion dans un rapport de force défa­vo­rable sur la ques­tion du rembour­se­ment de la dette et du prolon­ge­ment du programme d’aide finan­cier. Dès le 4 février, la Banque centrale euro­péenne a en effet forte­ment réduit et renchéri les possi­bi­li­tés de refi­nan­ce­ment des banques grecques, en n’ac­cep­tant plus les titres publics de la Grèce comme garan­tie et, dans le même temps, un retrait massif de liqui­di­tés s’opé­rait en Grèce. La volonté du gouver­ne­ment de coali­tion alle­mand CDU/SPD, soute­nue de façon plus ou moins visible par tous les gouver­ne­ments euro­péens, de faire plier la Grèce, de montrer qu’au­cune poli­tique hors des diktats néoli­bé­raux n’est possible s’est mani­fes­tée avec force. A ces scan­dales anti­dé­mo­cra­tiques s’ajoute celui de la posi­tion du gouver­ne­ment Hollande/Valls complè­te­ment aligné sur les mêmes posi­tions, et pour les mêmes raisons : si Syriza prou­vait qu’une autre poli­tique était possible, que reste­rait-il de quel­conque justi­fi­ca­tion « de gauche » à la ligne suivie depuis 2012 ? Même si ce n’est pas une surprise, la posi­tion du gouver­ne­ment français s’ap­pa­rente à une nouvelle et gravis­sime forfai­ture.

 

4– Dans ces condi­tions, la première séquence de négo­cia­tion et d’af­fron­te­ment poli­tique entre le gouver­ne­ment grec et l’Eu­ro­group a conduit à un « accord de tran­si­tion » de quatre mois, un prolon­ge­ment provi­soire du programme d’aide euro­péen condi­tionné à la mise en place d’une nouvelle liste de réformes struc­tu­relles. Cet accord consti­tue sur certains aspects un progrès par rapport aux mémo­ran­dums précé­dents et au projet d’une nouvelle étape de la théra­pie de choc élabo­rée fin 2014 par la Troïka. Toute­fois, il ne permet pas de remettre en cause le rembour­se­ment inté­gral de la dette et contraint la mise en œuvre d’une partie impor­tante, voire déci­sive, du programme de Thes­sa­lo­nique. D’in­tenses débats ont lieu dans Syriza, impul­sés notam­ment par l’aile gauche du parti (la « Plate­forme de gauche ») dont l’in­fluence s’est élar­gie lors du dernier Comité central, autour des meilleurs moyens de renfor­cer la posi­tion de la Grèce dans les négo­cia­tions à venir.

 

5– La contrainte poli­tique et le chan­tage écono­mique exer­cés par la Troïka – qu’on désigne désor­mais par le terme « Insti­tu­tions » –, l’Eu­ro­group et les insti­tu­tions euro­péennes sur la Grèce se prolongent. De nouvelles ques­tions écono­miques, poli­tiques, stra­té­giques se posent. Les « insti­tu­tions » veulent mettre la Grèce devant le choix suivant : renon­cer défi­ni­ti­ve­ment au programme de Thes­sa­lo­nique ou être pous­sée hors de la zone euro (« Grexit »). Il est proba­ble­ment impos­sible de sortir de ce dilemme si la ligne adop­tée par Syriza au moment des élec­tions n’est pas réaf­fir­mée et mise en pratique. Posi­tion que l’on pour­rait résu­mer ainsi : « Nous applique­rons notre programme et nous ne sorti­rons pas de l’euro. Nous sommes prêts à discu­ter avec vous d’un compro­mis qui respecte les inté­rêts de tous. Mais si vous voulez nous exclure de la zone euro en nous asphyxiant finan­ciè­re­ment, c’est votre respon­sa­bi­lité, pas la nôtre ».

 

6– Les mois à venir reste­ront donc des mois de grande tension, où l’af­fron­te­ment conti­nuera d’être mené par les insti­tu­tions euro­péennes pour empê­cher le gouver­ne­ment conduit par Syriza de mettre en œuvre ce qui est son programme, et consti­tue une condi­tion indis­pen­sable pour la survie maté­rielle et morale des travailleurs et du peuple grecs. Ce devra donc être aussi des mois de combat pour une autre Europe avec une soli­da­rité parti­cu­lière avec les peuples qui sont en mesure de renver­ser la table libé­rale, comme cela est possible en Espagne avec l’exis­tence de Pode­mos. Et nous devons y prendre nos propres respon­sa­bi­li­tés. Plus que jamais, nous devons nous mobi­li­ser pour soute­nir le peuple et le gouver­ne­ment grec dans la mise en œuvre du programme pour lequel il a été élu, et pour renfor­cer la soli­da­rité inter­na­tio­nale avec le peuple grec dans sa lutte contre les catas­trophes causées par les théra­pies de choc mises en place par la Troïka et les gouver­ne­ments précé­dents, contre l’im­po­si­tion des poli­tiques d’aus­té­rité par l’Union euro­péenne, pour la justice sociale et l’ur­gence clima­tique, et la mise en œuvre de ses choix démo­cra­tiques.

 

Le combat conti­nue !

 

7– L’af­fron­te­ment avec les forces de la finance et les poli­tiques néoli­bé­rales et austé­ri­taires est désor­mais engagé en Europe. Mais cette bataille ne fait que commen­cer. Les prochaines semaines, les initia­tives du gouver­ne­ment grec ainsi que la mobi­li­sa­tion sociale en Grèce et dans les autres pays de l’Union euro­péenne, seront déci­sives pour inver­ser le rapport de force et faire gagner les forces de l’éman­ci­pa­tion en Europe. Depuis la victoire du 25 janvier, une campagne inter­na­tio­nale de soutien des exigences du peuple grec, concen­trées dans le programme de Thes­sa­lo­nique de Syriza et à son gouver­ne­ment qui essaye tant bien que mal de les mettre en œuvre, s’or­ga­nise. Les mobi­li­sa­tions euro­péennes du 11 et du 15 février ont rassem­blé plusieurs milliers de personnes dans toutes les capi­tales euro­péennes. En France, le collec­tif unitaire « Avec les Grecs » conjoin­te­ment avec le CAC (Collec­tif pour un audit citoyen de la dette), qui rassemblent de nombreuses orga­ni­sa­tions asso­cia­tives, citoyennes, syndi­cales et poli­tiques, travaillent au déve­lop­pe­ment de cette campagne d’in­for­ma­tion et de mobi­li­sa­tion : actions de sensi­bi­li­sa­tion, mani­fes­ta­tions, tribunes dans les médias, débats publics, maté­riel d’édu­ca­tion popu­laire. Dans de multiples espaces sociaux, média­tiques et poli­tiques, des débats publics ont lieu concer­nant la situa­tion grecque et la manière dont elle engage l’ave­nir des forces de gauche en Europe. Des actions coup de poing sont orga­ni­sées par des collec­tifs comme Troïka Basta à Paris.

 

8– Cepen­dant ces initia­tives n’ont pas permis que se construise pour le moment un soutien popu­laire de masse au peuple grec. Le gouver­ne­ment grec s’est retrouvé drama­tique­ment seul dans son bras de fer avec l’Eu­ro­group. Il s’agit donc, dans les mois qui viennent d’am­pli­fier ce mouve­ment de soli­da­rité, car ce qui se joue en Grèce c’est le sort de tous les peuples d’Eu­rope.

 

9– Ensemble soutient la propo­si­tion d’une confé­rence inter­na­tio­nale sur la dette grecque, comme ce fut le cas pour l’Al­le­magne de l’Ouest en 1953 qui a béné­fi­cié à l’époque de plus de 60% d’an­nu­la­tion de sa dette. Ensemble soutient aussi la propo­si­tion de réali­ser un audit citoyen des dettes publiques, afin d’en iden­ti­fier les respon­sables et les béné­fi­ciaires réels, d’en montrer le carac­tère injuste et illé­gi­time – comme cela a été fait concer­nant la dette publique française – et de déga­ger des solu­tions, y compris une annu­la­tion partielle ou totale, permet­tant de libé­rer les pays de ce fardeau. Une initia­tive de ce type est d’ailleurs en cours de discus­sion en Grèce même, à l’ini­tia­tive de la Prési­dente du Parle­ment. Ensemble soutient toutes les initia­tives d’échanges, de collectes pour finan­cer des projets de soli­da­rité concrète, de rencontres entre mouve­ments sociaux, syndi­caux et poli­tiques à l’échelle euro­péenne et inter­na­tio­nale pour construire un mouve­ment de soli­da­rité dont la ques­tion de la dette et celle de la déso­béis­sance aux diktats de l’Union euro­péenne doivent être centrales.

 

10– Nous appe­lons d’ores et déjà à parti­ci­per à toutes les actions natio­nales et inter­na­tio­nales prévues ces prochains mois : jour­nées d’ac­tion dans le cadre de la campagne « Blockupy » le 14 mars en France et le 18 mars à Franc­fort et jonc­tion entre les combats du peuple grec et du peuple français lors des mani­fes­ta­tions du 9 avril et du 1er mai, mais aussi à toutes les initia­tives locales d’in­for­ma­tion et de débat, de mobi­li­sa­tion et de soli­da­rité en faveur de la lutte du peuple grec. Nous parti­ci­pons, du 23 au 28 mars, aux initia­tives concer­nant la dette et la soli­da­rité avec le peuple grec lors du « Forum Social Mondial » de Tunis. Nous parti­ci­pons au « Forum des Initia­tives » initié par le PGE, qui aura lieu les 30 et 31 mai à l’oc­ca­sion de l’an­ni­ver­saire des 10 ans du NON au traité consti­tu­tion­nel, pour y discu­ter des stra­té­gies de rupture et de refon­da­tion de l’Eu­rope. Au-delà, il s’agit de construire un large front poli­tique et social de soutien au peuple grec dans sa lutte contre l’ordre néoli­bé­ral.

 

  1. Note complé­men­taire :

 

Un affron­te­ment poli­tique inédit, un résul­tat provi­soire :

La première séquence de négo­cia­tion dans l’Eu­ro­group au sujet du prolon­ge­ment du programme d’aide finan­cière à la Grèce a eu lieu du mercredi 11 février au mardi 24 février, dans un contexte immé­dia­te­ment conflic­tuel. D’une part, l’im­mi­nence de la fin du programme précé­dent – le 28 février – ne pouvait tomber mieux pour exer­cer un chan­tage écono­mique sur le gouver­ne­ment grec et le mettre devant cette alter­na­tive impos­sible : la faillite des banques grecques et l’as­sè­che­ment de la tréso­re­rie de l’Etat ou bien la conti­nua­tion de la théra­pie de choc austé­ri­taire. D’autre part, le coup de force de la BCE le 4 février – la coupure d’une source majeure de liqui­dité, qui avait déjà consti­tué une menace adres­sée à l’Ir­lande en 2010 et à Chypre en 2013 – a ajouté la contrainte à l’ur­gence. Enfin, un rapport de force poli­tique extrê­me­ment défa­vo­rable au gouver­ne­ment grec s’est mis en place dans l’Eu­ro­group. Malgré l’ex­pres­sion de quelques timides nuances (et l’hy­po­cri­sie mani­feste de François Hollande et Pierre Mosco­vici cher­chant toujours à se poser en « média­teur » entre la Grèce et l’Al­le­magne mais qui se sont systé­ma­tique­ment aligné sur les posi­tions d’An­gela Merkel), Yanis Varou­fa­kis s’est retrouvé isolé face au bloc des dix-huit autres ministres des finances. La posi­tion domi­nante du ministre fédé­ral des finances de l’Al­le­magne Wolf­gang Schaüble et de la chan­ce­lière Angela Merkel, qui ont défendu une ligne néoli­bé­rale très dure, ont achevé de faire de cette négo­cia­tion un affron­te­ment à armes inégales.

Sous la pres­sion d’un ulti­ma­tum lancé par l’Eu­ro­group le lundi 16 février, un accord de prin­cipe a été signé vendredi 20 février. Le prolon­ge­ment de l’aide finan­cière y est condi­tionné à la vali­da­tion d’une liste de réformes que le gouver­ne­ment grec a du propo­ser en toute hâte le lundi 23 février et qui a été accepté sur le prin­cipe par l’Eu­ro­group le mardi 24 février. On peut résu­mer ainsi le contenu de ces deux textes[1]. Le commu­niqué de l’Eu­ro­group du 20 février prévoit le prolon­ge­ment provi­soire du programme précé­dent, confirme l’objec­tif du rembour­se­ment de l’in­té­gra­lité de la dette ainsi que d’un excé­dent primaire de 4,5% en 2016. Il engage le gouver­ne­ment grec à « ne pas reve­nir sur des mesures et à aucun chan­ge­ment unila­té­ral de poli­tique ou de réformes struc­tu­relles qui impac­te­raient néga­ti­ve­ment les objec­tifs budgé­taires, la crois­sance écono­mique et la stabi­lité finan­cière. ». La liste des réformes envoyée par le gouver­ne­ment grec le 23 février est orga­ni­sée autour de quatre points :

 

  1. La réforme des poli­tiques fiscales : elle prévoit la mise en place d’ins­tru­ments à grande échelle, inédits et salu­taires, pour contrer la fraude fiscale et la corrup­tion, mais aussi la pour­suite de l’aus­té­rité (notam­ment concer­nant la santé, les salaires et les retraites) et des conces­sions au credo néoli­bé­ral (reve­nus et évalua­tion indi­vi­dua­li­sés, maxi­mi­sa­tion de la mobi­lité des ressources humaines, etc).
  2. La stabi­lité finan­cière : elle prévoit la dépé­na­li­sa­tion de l’en­det­te­ment des personnes à faible revenu et l’en­ga­ge­ment de ne pas expro­prier les petits proprié­taires endet­tés de leur rési­dence prin­ci­pale mais aussi l’en­ga­ge­ment à payer l’in­té­gra­lité de la dette ainsi que l’at­tri­bu­tion des 10 milliards d’eu­ros du Fonds Hellé­nique de Stabi­lité Finan­cière non pas au budget de l’Etat comme le défen­dait le gouver­ne­ment grec mais seule­ment pour la reca­pi­ta­li­sa­tion des banques
  3. La promo­tion de la crois­sance : elle prévoit des instru­ments de lutte contre le chômage et n’évoque pas de nouveaux licen­cie­ments comme l’exi­geaient les projets initiaux de la Troïka l’exi­geaient, mais aussi la pour­suite des priva­ti­sa­tions, le report de l’aug­men­ta­tion du salaire mini­mum et de la restau­ra­tion des négo­cia­tions sala­riales, la promo­tion de la compé­ti­tion et l’ou­ver­ture au capi­tal des profes­sions régle­men­tées.
  4. La crise huma­ni­taire : le prin­cipe de mesures d’ur­gence (bons d’ali­men­ta­tion, aides concer­nant la santé et l’éner­gie pour les ménages aux plus faibles reve­nus) contre la grande pauvreté est validé, le projet d’un revenu mini­mum garanti est évoqué, mais il est stipulé que ces mesures ne doivent pas avoir « d’ef­fet fiscal néga­tif », c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas avoir de coût budgé­taire.

 

Il faut insis­ter sur le fait que ces accords sont triple­ment provi­soires : ils sont condi­tion­nés au vote – en cours – de tous les parle­ments des pays membres de l’Union euro­péenne ; il peut encore être modi­fié dans le détail jusqu’à fin avril ; il s’agit d’un « programme-pont » qui ne doit durer que jusqu’à juin. Les prochains mois seront donc déci­sifs pour mettre en place – dans le cadre, en dépit ou au-delà de cet accord provi­soire et insa­tis­fai­sant – le programme de Thes­sa­lo­nique et les enga­ge­ments élec­to­raux de Syriza.
[1] Voir le commu­niqué de l’Eu­ro­group du 20 février http://www.consi­lium.europa.eu/en/press/press-releases/2015/02/150220-euro­group-state­ment-greece/ et le lettre du ministre des finances de la Grèce à l’Eu­ro­group le 24 février : http://www.reuters.com/article/2015/02/24/us-euro­zone-greece-text-idUSKBN0LS0V520150224

 

Un débat public, de nouvelles ques­tions :

Un débat nourri a lieu en Grèce (et en premier lieu dans Syriza), en France (essen­tiel­le­ment dans Ensemble) et dans les divers espaces de la gauche euro­péenne, pour évaluer, posi­ti­ve­ment ou néga­ti­ve­ment, cet accord, cette liste de réformes et ses consé­quences poli­tiques. A ce sujet, on lira notam­ment les textes – rédi­gés à des moments diffé­rents de la négo­cia­tion – mis en ligne à ce jour sur notre site : Pierre Khalfa, « La Grèce sur le fil du rasoir » : puis « Remarques sur la situa­tion grecque » ; Stathis Kouvé­la­kis, « Conti­nuer dans cette voie ne peut conduire qu’à l’échec de Syriza  » puis « Réponses aux sophistes »; Nikos Smyr­naios, « Pourquoi le problème grec, révé­la­teur du problème euro­péen, n’est pas prêt de dispa­raître » ; Costas Lapa­vit­sas, « Cinq ques­tions ». Dans « Remarques sur la situa­tion grecque », Pierre Khalfa résume ainsi la situa­tion diffi­cile du gouver­ne­ment grec : « Vu l’ac­cord passé, le risque est que, dans quatre mois, sa légi­ti­mité soit écor­née et sa popu­la­rité moindre. Il sera donc proba­ble­ment en moins bonne posi­tion pour refu­ser les exigences de l’Union euro­péenne et pour faire un clash. Car, et c’est là un point essen­tiel, ce clash sera inévi­table si le gouver­ne­ment grec veut rompre avec les poli­tiques néoli­bé­rales. Une telle rupture signi­fie une remise en cause d’un quart de siècle de néoli­bé­ra­lisme en Europe ». Mais comment faire ?

Cette situa­tion poli­tique inédite appelle des ques­tions d’ordre tactique et stra­té­gique. En Grèce, celles-ci font l’objet de débats intenses dans Syriza, à l’ini­tia­tive notam­ment de l’aile gauche du parti (la « Plate­forme de gauche », dont les figures de proue sont Pana­gio­tis Lafa­za­nis, le ministre de la recons­truc­tion produc­tive, de l’en­vi­ron­ne­ment et de l’éner­gie, et Costas Lapa­vit­sas, écono­miste et député de la Vouli), qui reste mino­ri­taire par rapport à la tendance d’Alexis Tsipras mais dont les posi­tions ont été renfor­cées lors de la dernière réunion du Comité central de Syriza. Il s’agit dans un premier temps de savoir comment sauve­gar­der une plus grande partie du programme de Thes­sa­lo­nique dans la prochaine séquence poli­tique, malgré les contraintes des insti­tu­tions euro­péennes et dans un contexte écono­mique et social qui conti­nue de se dété­rio­rer à grands pas. Mais la pour­suite de cet objec­tif semble aujourd’­hui néces­si­ter un choix stra­té­gique, en cours de discus­sion dans Syriza et au-delà dans le débat public en Grèce : faut-il conti­nuer de donner la prio­rité aux accords avec l’Union euro­péenne quitte à ne pas appliquer l’en­semble du programme pour lequel le gouver­ne­ment a été élu, ou bien la prio­rité doit-elle demeu­rer la mise en place de l’en­semble des enga­ge­ments de Syriza, quitte à prendre des mesures unila­té­rales, et prévoir, en cas d’ex­clu­sion de la zone euro, un « Plan B » ? Dans ce dernier cas, quelles en seraient les consé­quences écono­miques, poli­tiques et sociales ? Quel que soit le choix retenu, celui-ci aura un prix et aucune solu­tion ne s’im­pose d’em­blée.

L’enjeu de ces débats est déci­sif pour la Grèce mais aussi pour toute l’Eu­rope, et ces ques­tion­ne­ments inter­pellent direc­te­ment la gauche radi­cale euro­péenne. Il s’agit dans un premier temps de trou­ver les moyens adéquats pour faire évoluer les rapports de force en faveur de la posi­tion grecque dans les mois à venir. Mais ce débat engage égale­ment la stra­té­gie et le posi­tion­ne­ment à l’égard des insti­tu­tions euro­péennes de toutes les forces poli­tiques qui, en Europe, soutiennent Syriza. En France, ce débat est donc relancé, dans le nouveau contexte de cet affron­te­ment entre la Grèce et les autres pays de l’Union euro­péenne, mais aussi de l’hy­po­thèse d’une victoire élec­to­rale de Pode­mos, ainsi que des diverses tenta­tives d’ins­tru­men­ta­li­sa­tion de l’ex­pé­rience poli­tique de Syriza venant de forces poli­tiques françaises – notam­ment le PS et le FN – qui ont pu prétendre soute­nir le gouver­ne­ment grec mais lui sont en réalité hostiles. Pour Ensemble et pour le Front de Gauche, la ques­tion devient donc à nouveau déci­sive : que peut signi­fier le programme consis­tant à déso­béir aux insti­tu­tions euro­péennes et à « Rompre et refon­der l’Eu­rope » ?

 

Infor­ma­tions en ligne :


Sur notre site interne natio­nal, de nombreux articles concer­nant la Grèce sont régu­liè­re­ment mis en ligne. On trou­vera égale­ment des infor­ma­tions et analyses concer­nant la situa­tion sociale et poli­tique en Grèce sur les sites de :

En français :

Syriza Paris : http://syriza-fr.org/

Asso­cia­tion Soli­da­rité France-Grèce pour la santé :

https://soli­da­ri­te­fran­co­grecque.word­press.com/

Le site d’in­for­ma­tion Okea­news : http://www.okea­news.fr/

Le blog Ephe­me­ron de Nikos Smyr­naios : http://ephe­me­ron.eu/

Attac France : https://france.attac.org/

CATDM : http://cadtm.org/rubrique3

En anglais :

Analyze Greece : http://www.analy­ze­greece.gr/

Greece Soli­da­rity Campaign : http://gree­ce­so­li­da­rity.org/

Jaco­bin Mag : https://www.jaco­bin­mag.com/

Trans­form ! Europe : http://www.trans­form-network.net/home.html

 

Sur Face­book, de nombreux liens sont mis en ligne chaque jour sur les groupes publics : « Syriza Paris », « Nous soute­nons le parti Grec Syriza », « Soutien au peuple grec et à son gouver­ne­ment », « Obser­va­toire des mesures prises par Syriza en Grèce ».

 

Sur le site d’En­semble! 86, c’est ici

 

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