Remarques au sujet du PPI Civaux (Révi­sion 2016)

Remarques au sujet du PPI Civaux (Révi­sion 2016).

La lecture du docu­ment concer­nant la révi­sion du PPI soulève de nombreux ques­tion­ne­ments.

– PPI limité à 10 km :

Cette distance est bien trop limi­tée. Elle n’ap­porte une réponse que dans le cas d’un acci­dent mineur de courte durée. Lors de l’ac­ci­dent de Fuku­shima, des doses de radio­ac­ti­vité de 50 mSv ont été rele­vées à 50 km de la centrale . De plus, ce sont les vents qui déter­minent l’ex­ten­sion du nuage radio­ac­tif . La distance entre l’ag­glo­mé­ra­tion de Poitiers et la centrale de Civaux n’est que d’une tren­taine de km et, selon la météo­ro­lo­gie locale, les vents d’Est sont en nette progres­sion. Nous nous asso­cions donc à la demande de l’ANCCLI de porter le rayon du PPI à 80 km. Etant donné les risques de conta­mi­na­tion sur une surface bien supé­rieure, il est impor­tant en effet que toute la popu­la­tion dans ce rayon élargi soit infor­mée des consignes à appliquer en cas d’ac­ci­dent grave ou majeur.

Ainsi le PPI devrait impo­ser à toutes les communes situées dans un rayon de 80 km d’in­té­grer le risque nucléaire dans leur Plan de Préven­tion des Risques.

Dans votre docu­ment, il n’est fait réfé­rence qu’à la possi­bi­lité d’un acci­dent grave (niveau 6). Or il

existe un « plan natio­nal de réponse à un acci­dent nucléaire ou radio­lo­gique majeur », niveau 7, publié en février 2014.Le PPI devrait y faire réfé­rence.

– De quelle manière pensez-vous le mettre en place ?

– Quelle loi /quel décret stipule que la distance de 10 km est justi­fiée ?

– De quelle manière sera mesu­rée la radio­ac­ti­vité autour de la centrale ,à une distance de 80 km mini­mum, lors d’un acci­dent ? Cela est-il envi­sagé par le PPI ? Est-il prévu de mettre des radia­mètres en place pour couvrir cet espace ?

Compri­més d’iode : les compri­més d’iode ne sont actuel­le­ment desti­nés qu’à la popu­la­tion habi­tant à 10 km autour de la centrale de Civaux. Selon les auto­ri­tés médi­cales, ils doivent être pris rapi­de­ment lors d’émis­sions radio­ac­tives de 50 MsV afin de satu­rer la glande de la thyroïde. ( La prise, pour être vrai­ment effi­cace, devrait en fait être préven­tive!) En Suisse, ils sont distri­bués dans un rayon de 50 km des centrales nucléaires.

– Quel est le pour­cen­tage de la popu­la­tion qui actuel­le­ment a fait la démarche de se procu­rer les compri­més d’iode ? Pourquoi ne pas les distri­buer aux habi­tants, comme cela se fait aux Pays-Bas, en établis­sant un contact person­na­lisé ?

En élar­gis­sant le péri­mètre à 80 km, toute la popu­la­tion de cette zone devra béné­fi­cier de la distri­bu­tion des compri­més ( cela est impor­tant notam­ment pour les jeunes enfants et les femmes enceintes).

Le centre EPRUS à Chas­se­neuil du Poitou détient le stock des compri­més d’iode pour tout le dépar­te­ment de la Vienne .

Qu’en est-il de leur distri­bu­tion si ce site se retrouve dans une zone de 50 mSv , et donc à évacuer ?

– Mise à l’abri de la popu­la­tion :

Consignes de mise à l’abri page 37 .

de la popu­la­tion :

« Mettre les VMC sur arrêt, ne pas calfeu­trer les ouver­tures, lais­ser la venti­la­tion natu­relle se faire dans le bâti­ment, sans risques supplé­men­taire. »

Quand il y a une conta­mi­na­tion radio­ac­tive de 10 mSv, il est néces­saire de se mettre à l’abri. Mais ne pas calfeu­trer les ouver­tures expose donc les occu­pants à une conta­mi­na­tion, dont ils pour­raient se proté­ger et leur fait courir des risques supplé­men­taires. Or le PPI affirme le contraire. A Modi­fier.

– des scolaires :

l’Edu­ca­tion Natio­nale a mis en place dans chaque établis­se­ment scolaire le PPMS qui donne des consignes précises pour toutes les catas­trophes .. mais ce plan ignore tota­le­ment l’ac­ci­dent nucléaire. Et donc l’ap­pro­vi­sion­ne­ment d’iode, une spéci­fi­cité de ce type d’ac­ci­dent, n’est pas envi­sagé. Il nous semble urgent d’en tenir compte en révi­sant le PPMS pour la protec­tion de nos enfants.

– Prise en charge médi­cale p 92/93 :

« Suite à un acci­dent nucléaire de faible ou moyenne gravi­té…ayant néces­sité une mise à l’abri…les niveaux de  dose reçues ne sont pas suscep­tibles d’en­traî­ner des dommages immé­diats pour la santé. L’es­sen­tiel de la prise en charge médi­cale sera donc consa­crée aux impacts psycho­lo­giques liés à la surve­nue de l’ac­ci­dent. »

Qu’on prenne en compte les souf­frances psycho­lo­giques des citoyens nous semble impor­tant.

Mais parler de «  doses reçues qui ne sont pas suscep­tibles d’en­traî­ner des dommages immé­diats pour la santé. », c’est recon­naître que la radio­ac­ti­vité a/peut avoir des inci­dences à long terme sur la santé des citoyens expo­sés, notam­ment des cancers (cf Tcher­no­byl) ! Que mettrez-vous en place pour suivre ces personnes sur le plan de la santé ??

A noter que dans ce passage, rien n’est prévu si l’ac­ci­dent présente une gravité supé­rieure à la « moyenne »…

Il est conseillé égale­ment aux habi­tants d’écou­ter la radio locale pour être tenu au courant de l’évo­lu­tion de l’ac­ci­dent. Or il existe des zones blanches dans ce secteur, repé­rées déjà en 2009. Quand cette situa­tion sera-t-elle réglée ??

– Evacua­tion :

Le bouclage des routes, décidé par le Préfet, « consiste à empê­cher l’en­trée de toute personne non auto­ri­sée dans la zone ».

Il n’est pas fait mention de la sortie de la zone. En situa­tion de « mise à l’abri » par exemple, une partie de la popu­la­tion déci­dera de s’ éloi­gner de la zone en voiture. En aura t’ elle la possi­bi­lité ?

Le train Poitiers/Limoges passe à proxi­mité de la centrale. Est-il prévu de préve­nir la SNCF en cas d’ac­ci­dent afin qu’elle ferme la ligne ?

Les Centres d’Ac­cueil et de Regrou­pe­ment sont tous situés , sauf celui de Châtel­le­rault, dans un rayon de 25 km ! N’au­rait-il pas été plus judi­cieux de les éloi­gner davan­tage de la centrale ?

Assu­rance en cas d’ac­ci­dent :

Ce point n’est pas évoqué dans votre docu­ment. Mais il nous importe, en tant que citoyen, de savoir qui sera dans l’obli­ga­tion d’as­su­rer les coûts d’un acci­dent nucléaire, sachant qu’ en cas d’ac­ci­dent grave, les coûts s’élè­ve­raient à 100 milliards d’Eu­ros, et en cas d’ac­ci­dent majeur, à 430 milliards d’Eu­ros.

Conclu­sion :

Les nombreuses ques­tions soule­vées par le PPI montrent à quel point l’éner­gie nucléaire est dange­reuse, polluante à long terme et coûteuse ! Et elle ne repré­sente certai­ne­ment pas une solu­tion au chan­ge­ment clima­tique !

La véri­table sécu­rité des popu­la­tions envi­ron­nantes de la centrale nucléaire passera à terme par un virage éner­gé­tique, c’est-à-dire des écono­mies d’éner­gie consé­quentes et un vrai déve­lop­pe­ment d’un mix d’éner­gies renou­ve­lables, un virage que de nombreux pays ont déjà pris !

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