Lettre ouverte
Monsieur le Recteur,
Le conseil local FCPE du lycée Victor Hugo a appris par la presse la suspension de M. Chazerans. Nous ne pouvons que déplorer de ne pas en avoir été informés au préalable et regrettons vivement l’absence de communication et l’opacité qui ont entouré toute cette affaire.
Nous nous interrogeons autour des proportions prises par cet événement alors qu’un dialogue dans la transparence dès les premiers questionnements aurait pu apporter des explications et ainsi apaiser un climat devenu très lourd. Lors de cette concertation, les associations de parents d’élèves, acteurs de la communauté éducative, auraient pu jouer leur rôle.
Nous apprenons maintenant que l’accusation d’ « apologie d’actes de terrorisme » se réduit à celle de « propos déplacés ». Les élèves étaient-ils à ce point en danger qu’il fallût, de toute urgence, prendre une mesure conservatoire en suspendant l’enseignant ? Une telle décision, loin de calmer les esprits, n’est-elle pas de nature à inquiéter l’ensemble de la communauté et, en premier lieu, les lycéens eux-mêmes ?
Nous déplorons le développement de cette affaire qui trouble la sérénité nécessaire à un établissement scolaire, tant pour les enseignants que pour les élèves. La liberté de parole et d’enseignement dans le respect du cadre laïc, est un principe fondamental dans l’École de la République auquel nous sommes attachés.
Le rôle de la FCPE étant d’établir et d’entretenir un lien entre le lycée et les parents d’élèves, nous demandons un rendez-vous de manière à avoir tous les éléments pour informer utilement les parents et répondre aux multiples questions que nous avons déjà reçues.
Veuillez agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de nos respectueuses salutations.
Le conseil local FCPE-lycée Victor Hugo, Poitiers le 02 février 2014
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Pour rappel le dernier communiqué de presse du Rectorat :
Suspension d’un enseignant dans l’académie de Poitiers :
une enquête interne et un signalement au Procureur de la République en cours
La minute de silence décrétée par le Président de la République le 8 janvier dernier en hommage aux victimes après l’attentat contre Charlie Hebdo a donné lieu à une immense mobilisation dans l’académie de Poitiers de la part du personnel éducatif et des élèves. Le recteur tient à les remercier pour leur profonde dignité.
Cependant, quelques incidents très minoritaires ont été signalés.
Un enseignant, mis en cause par des témoignages écrits de parents d’élèves pour des paroles totalement inacceptables, a été entendu dans le cadre d’une enquête administrative menée immédiatement dans l’établissement.
Compte tenu des propos qui sont prêtés à l’enseignant, un signalement au Procureur de la République de Poitiers a été effectué. Ce dernier a décidé d’ouvrir immédiatement une instruction préliminaire.
Sans préjuger des conclusions de l’enquête interne en cours au sein de l’Education nationale, ni de la procédure judiciaire, le rectorat se devait d’écarter l’enseignant des élèves le temps de vérifier les informations transmises : c’est l’objet de la procédure de suspension qui a été prononcée envers l’enseignant. Cette suspension n’est pas une sanction mais une mesure conservatoire permettant de protéger à la fois les élèves comme l’enseignant.
Les procédures contradictoires sont en cours et ce n’est qu’à leur terme qu’il sera possible, ou non, d’établir la réalité des faits après audition de toutes les parties.
Il est important de les laisser aboutir sereinement et de ne pas propager des informations incomplètes ou inexactes.
mieux vaut tard que jamais