Débat après les élec­tions. Tribune libre de Françoise Chanial suite au débat initié par Ensemble!, trans­mis sur notre site

Lectrice de notre site, mili­tante des Amis de la terre, voici sa contri­bu­tion que nous trans­met­tons volon­tiers. D’autres contri­bu­tions locales sont atten­dues.

le 27–4–2017

Une voie liber­taire. 2.

Ensemble, après la secousse des élec­tions, décide de réflé­chir sur les fonda­men­taux.

Tout peut être examiné mais le clivage Gauche Droite semble hors discus­sion. Certains s’y agrippent comme à la dernière épave flot­tant après le naufrage, il faut sauver cette dernière chance de ne pas sombrer dans la désa­gré­ga­tion… Or cette méta­phore est lourde de malen­ten­dus et, selon moi, on peut trou­ver mieux.

<> Compa­rai­son n’est pas raison

Les méta­phores : sont, étymo­lo­gique­ment, les moyens de trans­port de la pensée

(phore = ce qui porte, méta = plus loin ). Elles nous trans­portent d’un objet à l’autre, tout en nous permet­tant d’être atten­tif au paysage. Qu’on en soit conscient ou pas, les mots SONT des méta­phores, oubliées ou encore lisibles. Je ne sais pas penser sans images mais c’est comme le bus, il faut descendre à temps, ne pas rater la corres­pon­dance, corri­ger une image par une autre, voire aban­don­ner une compa­rai­son pour rester fidèle au sujet.

Ainsi le clivage Gauche/Droite. Il a démarré par la valo­ri­sa­tion de la droite : puisque en majo­rité des humains sont droi­tiers, être « droit » et « adroit », c’était avoir l’ap­pro­ba­tion du Père qui plaçait les élus à sa droite.

Après 1789, bascu­le­ment. Par « Insou­mis­sion » au Père, au Roi, on s’est mis à valo­ri­ser la gauche, le côté où les dépu­tés du Tiers État siégeaient dans l’hé­mi­cycle à la gauche du roi, du côté des mal aimés du pouvoir. Et on a valo­risé le fait que le cœur était légè­re­ment à gauche. ..

Mais l’image découle d’un juge­ment faux au départ : non, le côté droit n’est PAS plus respec­table que le côté gauche et pour corri­ger une erreur de juge­ment, il ne suffit pas de rendre un juge­ment inverse. Filer l’image débouche sur des aber­ra­tions : pour « tour­ner à gauche » il faut faire avan­cer la droi­te… et recu­ler la gauche.

<> Dénon­cer l’ex­ploi­ta­tion

Cette méta­phore installe une fausse symé­trie  dans la descrip­tion des phéno­mènes sociaux. Elle s’at­tache aux effets – l’or­ga­nisme social est boiteux -, mais pas aux causes – un seul côté est alimenté. C’est le système de répar­ti­tion des ressources et du travail qui est inique. Il faut combattre sans relâche l’en­vie de domi­ner, d’avoir plus que son voisin, ce que les anciens Grecs – et Marx lui-même – appe­laient Hubris. Pas pour faire « gagner » un camp contre l’autre mais pour que tous prennent conscience du néces­saire respect des biens communs à se répar­tir équi­ta­ble­ment.

Appe­ler «  droite » le camp des exploi­teurs c’est leur faire un cadeau ines­péré et immé­rité. Cette erreur d’ana­lyse en fait nous désarme. J’ai besoin de mon côté droit mais je n’ai pas besoin des exploi­teurs ni de leur pouvoir malfai­sant. Donnons-leur les noms qui leur reviennent : tordus, escrocs, drogués d’Hu­bris.

Dénonçons sans relâche l’au­to­ri­ta­risme qui les inspire, et qui parfois nous guette aussi, ne serait-ce que par un atta­che­ment trop poussé à l’or­ga­ni­sa­tion de notre « clan » (germe du bureau­cra­tisme).

<> Dénon­cer le jeu élec­to­ral

Avouez-le, le clivage Gauche/Droite vous plaît parce qu’il évoque le sport, la compé­ti­tion : vous avez fourbi vos armes et vous rêvez d’en découdre. Quoi de plus exci­tant que l’at­tente de résul­tat concer­nant notre mise ? ?

Mais non, l’ac­tion poli­tique en profon­deur n’est pas une partie de rugby ni un pari.. D’ailleurs je me retrouve d’ac­cord plus loin avec l’au­teur de l’ar­ticle, Fran­cis Sitel, quand il distingue le mouve­ment d’opi­nion FI, indé­niable, de la machine de guerre diri­gée par JLM, plus critiquable.

La vraie force de FI c’est la dénon­cia­tion du jeu élec­to­ral mais, juste­ment, ce jeu impose ses règles perverses qui encou­ragent les aspects auto­ri­taires des person­na­li­tés. JLM et Cie doivent garder à l’es­prit que ceux qui ont voté pour eux l’ont fait à cause de la critique qu’ils faisaient du système et à cause de la promesse de chan­ger de logique.

Cama­rade, la prochaine fois qu’un macro­niste vien­dra agiter sous ton nez « G/D  n’existe plus », à la place de ton credo habi­tuel, réponds-lui : «  ah oui, cette distinc­tion remonte au temps révolu où la poli­tique se jouait dans l’hé­mi­cycle. Nous voulions y aller pour chan­ger un système de déci­sion discré­dité et inique mais vous, vous avez manœu­vré pour le péren­ni­ser. Vous êtes deve­nus, à bon compte et à l’es­broufe, majo­ri­taires à l’as­sem­blée mais la vraie poli­tique se joue main­te­nant dans le pays. On n’y parle plus de G/D mais d’éga­lité des droits, de dignité et de partage des ressources. Dans le pays, non seule­ment nous sommes majo­ri­taires mais nous défen­dons l’in­té­rêt de tous, le bien Commun. »

<> Nous sommes la France Insou­mise

On peut à juste titre croire dans les réserves d’in­sou­mis­sion de ce pays car bon nombre d’abs­ten­tions et bulle­tins nuls relèvent du refus du système.

Nous, insou­mis à tout pouvoir usurpé, nous nous soumet­tons à la nature des phéno­mènes. Par notre libre examen, nous avons contri­bué en profon­deur, à partir de situa­tions concrètes, à créer le grand mouve­ment du refus de l’ar­ro­gance des domi­nants, soute­nus par une armée d’ex­perts complices. Nous sommes légi­times pour peser sur l’orien­ta­tion de ce mouve­ment. Notre enga­ge­ment local, type « Osons »parti­cipe à cette profonde vague, indé­pen­dante des bureau­cra­ties de partis.

Nous parti­ci­pons donc au mouve­ment France Insou­mise mais il n’est pas ques­tion en retour de nous soumettre on ne sait quelle consigne venue d’en haut. Se coor­don­ner, oui, se soumettre, non : ce serait renier le nom que nous venons de nous donner !

Françoise Chanial, AT-Poitou,

2 réflexions sur « Débat après les élec­tions. Tribune libre de Françoise Chanial suite au débat initié par Ensemble!, trans­mis sur notre site »

  1. Françoise,

    « Faut-il parler de gauche quand tant d’êtres humains sont droitiers et utilisent à bon escient leur main gauche? » Je ne suis toujours pas raccord avec cette façon de poser la question, qui est une question politique.

    Il existe une droite et une extrême-droite, une gauche et une extrême-gauche, depuis la Révolution française;  ça sert à situer des oppositions et antagonismes, à un moment donné d’une société donnée. La question n’est pas de hiérarchiser les positions ainsi définies, il est de dire des oppositions, d’en déduire des lignes de clivages qui peuvent aider à mieux décrire la société. Pour la changer.

    L’opposition gauche droite est une façon déformée de dire les différences de classe sociale qui parcourent la société. On trouvera peut-être un jour une autre façon d’en parler. actuellement ce n’est pas le cas.

    Sinon, nous avons beaucoup d’accords.

     

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.