Greenpeace vient de faire paraître son classement annuel Clicking Clean (pdf de 102 pages en anglais) qui dresse un état des lieux de la consommation d’énergie de l’économie numérique.
Il faut en effet alimenter les gigantesques centres de données et les serveurs, particulièrement énergivores qui stockent toutes les données que nous consommons chaque jour (emails, vidéos, photos, etc.) et abritent les serveurs qui effectuent recherches et traitements que nous sollicitons sans y prêter plus d’attention. Il en est de même de toute l’infrastructure de transmission de ces requêtes et de ces données.
Les exemples donnés par Greenpeace sont édifiants :
Selon le rapport, d’énormes quantités d’énergie sont nécessaires pour fabriquer et alimenter nos appareils et faire tourner les centres de données. Le secteur informatique représente aujourd’hui environ 7 % de la consommation mondiale d’électricité.
Depuis 2010, Greenpeace pousse les entreprises du numérique à abandonner les énergies polluantes, comme le charbon, et à se tourner vers les énergies renouvelables. Cependant, au-delà du classement des bons élèves (Apple, Google, Facebook) et des mauvais (Amazon, IBM, HP, Oracle, Netflix), il faudrait poser le problème de fond et de prendre au mot l’accroche de l’association « Il est temps de renouveler internet ».
Techniquement, le choix par exemple de promouvoir des services décentralisées — contradictoires avec les choix centralisateurs et monopolistiques de ces acteurs — et de pair à pair — contradictoires avec la mainmise de ces acteurs sur les contenus — diminuerait déjà assez considérablement la consommation. Deux pistes. Nos données ou les services que nous utilisons peuvent êtres stockées ou fournis localement, sur nos propres ordinateurs, à la maison, où encore dans des data center de proximité. La campagne dégooglisons internet propose des alternatives basées sur des logiciels libres et de nombreuses associations locales, les fournisseurs d’accès alternatifs, les chatons, le collectif anti GAFAM, et d’autres proposent infrastructures et compétences. La vidéo est extrêmement consommatrice de bande passante et donc d’énergie (80%), dans la situation actuelle, le même serveur de NetFlix, par exemple, va servir tous ses clients, alors qu’avec une technologie pair à pair il est tout à fait envisageable de récupérer la vidéo chez les voisins ceux-ci ont précédemment vu cette vidéo (tout en gardant évidemment la confidentialité des échanges).
Nos usages sont aussi en cause, le simple fait d’entrer directement l’adresse du site, par exemple https://reve86.org, dans la barre d’adresse du navigateur, ou encore de conserver cette adresse dans ses signets, plutôt que de taper reve86 dans le champ de recherche de Google économise à chaque visite de l’énergie et accessoirement limite le traçage. Greenpeace donne aussi des conseils : regarder un film en basse définition de consommer quatre à dix fois moins d’énergie qu’un visionnage du même fichier en haute qualité graphique ; éviter d’envoyer des mails avec de trop grosses pièces jointes ; limiter les stockage inutile ou en double, triple, etc. ; se désinscrire des listes d’envois de mails publicitaires, etc.
Un des moyens de limiter l’empreinte énergétique sans cesse croissante des géants de l’internet est de reprendre la main sur ces techniques dont les impacts sociaux et culturels sont considérables.