Guerre au Soudan: des dizaines de milliers de morts, les viols, la famine

Le monde ignore la famine au Soudan ; 230 000 enfants et leurs mères pour­raient mourir dans les mois qui viennent (+ commu­niqué)

Commu­niqué des Souda­nais·es en France
sur la Confé­rence de Paris du 15 avril

(…)

La guerre, qui a éclaté 15 avril 2023, s’est mani­fes­tée de manière plus violente et la plus géné­ra­li­sée que les précé­dentes, provoquant ainsi la plus grande crise huma­ni­taire au monde, impliquant des dizaines de milliers de morts et le dépla­ce­ment de plus de 8 millions de citoyens chas­sées de leurs maisons et de leurs villages par la force. Le viol a été utilisé comme arme de guerre de manière systé­ma­tique. C’est ainsi que plus de la moitié de la popu­la­tion du pays est mena­cée de famine. Des dizaines d’en­fants meurent chaque jour dans un silence honteux. 

Après une année de guerre injus­ti­fiée, lancée à partir du centre admi­nis­tra­tif vital et densé­ment peuplé du pays, lieu qui abri­tait les victimes des guerres précé­dentes, la situa­tion huma­ni­taire est des plus déplo­rables que le monde ait connu. Mais le plus grave est l’ex­ten­sion de cette guerre dans des terri­toires tels que Kordo­fan, Al Jazeera, Darfour et Sennar, avec une mili­ta­ri­sa­tion crois­sante dans d’autres zones et une situa­tion d’ali­gne­ment tribal, ethnique et géogra­phique.

Histo­rique­ment, l’ano­mie qui s’est installé au cœur de l’État contri­bue ainsi à la mobi­li­sa­tion de manière plus soute­nue de milices et de mouve­ments armés. Ces enti­tés à leur tour parti­cipent à saper les insti­tu­tions de l’État et à compro­mettre l’es­pace civil démo­cra­tique au profit des géné­raux de l’ar­mée, des milices, avec le soutien oppor­tu­niste d’une élite poli­tique corrom­pue. Les parte­na­riats entre l’élite poli­tique et l’ins­ti­tu­tion mili­taire ont appro­fondi les déséqui­libres de la nation souda­naise au lieu d’en assu­rer la stabi­li­sa­tion visant à assu­rer une sécu­rité civile et démo­cra­tique.

En réalité, la prin­ci­pale raison du déclen­che­ment de cette guerre était de priver la rue révo­lu­tion­naire de sa voix et de la rempla­cer par des voix oppo­sées à ses inté­rêts, venant de ceux en uniforme mili­taire et en col blanc, qui se sont progres­si­ve­ment déta­chés des reven­di­ca­tions de la rue et de la révo­lu­tion, laquelle répé­tait quoti­dien­ne­ment ses reven­di­ca­tions de liberté, de paix et de justice, et exigeait le retour des mili­taires dans leur casernes, signi­fiant ainsi leur retrait de la vie écono­mique, poli­tique et deman­daient une disso­lu­tion totale des milices  terro­ristes de Janja­wids. Les révo­lu­tion­naires affir­maient que le peuple était le seul légi­time déten­teur du pouvoir et de la richesse, ce qui était au cœur de leurs reven­di­ca­tions.

Dans ces condi­tions, la Confé­rence sur la crise au Soudan a été annon­cée à Paris, le 15 avril 2024. Et malgré l’op­ti­misme de nombreux indi­vi­dus, force est de consta­ter qu’elle s’en­toure d’un voile opaque et voire d’un manque de trans­pa­rence, sans impli­ca­tion des femmes et des hommes souda­nais dans toutes leurs diver­si­tés à toutes les étapes, de la déter­mi­na­tion des ques­tions qui seront débat­tues lors de la confé­rence, dont entre autres : la réso­lu­tion des ques­tions huma­ni­taires, en passant par les parti­ci­pants et les repré­sen­tants. Cela exprime l’ex­clu­sion des compo­santes popu­laires qui ont déclen­ché l’une des révo­lu­tions qui ont stupé­fié le monde par leur paci­fisme et la perti­nence de leurs reven­di­ca­tions.

Nous, Souda­nais et Souda­naises, indi­vi­dus et forces civiles, luttons pour la démo­cra­tie et travaillons dur pour mettre fin à la guerre en empê­chant toute pola­ri­sa­tion ethnique ou géogra­phique. Nous plaçons la souve­rai­neté et la richesse du peuple comme objec­tif à atteindre. À travers nos orga­ni­sa­tions popu­laires et la coor­di­na­tion de nos actions communes, nous nous oppo­sons à la mili­ta­ri­sa­tion de la vie sociale et poli­tique dans notre pays affligé. (…)

En consé­quence, nous, sous­si­gnés, affir­mons notre enga­ge­ment absolu en faveur de la cessa­tion de cette guerre. Nous deman­dons le retrait des forces mili­taires des villes et des campagnes, et exigeons la cessa­tion de toute coopé­ra­tion entre les mili­taires et les civils qui aggrave les crises souda­naises pour des inté­rêts person­nels, loin de la recherche de solu­tions durables. Nous appe­lons à la disso­lu­tion des milices Janja­wids et la traduc­tion de leurs membres en justice. Nous soute­nons la mise en place d’au­to­ri­tés civiles compo­sées de forces vives natio­nales, notam­ment les comi­tés de résis­tance au niveau des quar­tiers, les syndi­cats, les comi­tés d’ur­gence, les comi­tés de gestion des camps de dépla­cés et de réfu­giés, les asso­cia­tions profes­sion­nelles et les partis poli­tiques oppo­sés au régime mili­taire ou à toute coopé­ra­tion avec lui, qui possèdent une grande exper­tise dans l’éla­bo­ra­tion de visions poli­tiques effi­caces permet­tant de mettre fin à la guerre.

Nous appuyons ferme­ment la soli­da­rité inter­na­tio­nale avec le peuple souda­nais, et nous appe­lons la commu­nauté inter­na­tio­nale à four­nir une aide huma­ni­taire aux Souda­nais qui sont tués, affa­més, assoif­fés et dépla­cés de force depuis un an. Nous souli­gnons l’im­por­tance du respect des lois, des trai­tés inter­na­tio­naux et des conven­tions dans le soutien incon­di­tion­nel à la tran­si­tion démo­cra­tique au Soudan.

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Nous rappe­lons que les milices Janja­wids profitent de l’in­ter­rup­tion déli­bé­rée des réseaux de commu­ni­ca­tion et d’élec­tri­cité pour humi­lier notre peuple en prenant le contrôle de trans­ferts d’argent dans le sillage des pillages et destruc­tions perpé­trées contre toutes insti­tu­tions bancaires au Soudan.

Sans doute est-il impor­tant pour nous de préci­ser que selon des rapports d’agences média­tique fiables, certains pays soutiennent le réar­me­ment des parties en conflit, ce qui consti­tue une sérieuse entrave à toute possi­bi­lité de mettre fin à la guerre et à créer les condi­tions d’un ache­mi­ne­ment régu­lier de l’aide huma­ni­taire. Nous exigeons donc ferme­ment leur retrait sans condi­tion de la scène. Nous consi­dé­rons la satis­fac­tion de cette exigence comme une étape cruciale pour garan­tir l’ache­mi­ne­ment de l’aide huma­ni­taire desti­née à sauver le peuple souda­nais des ravages de la famine, confor­mé­ment aux normes inter­na­tio­nales. Nous reje­tons caté­go­rique­ment le fait de lais­ser cette aide entre les mains d’en­ti­tés illé­gi­times et poli­tiques dont le seul motif inavoué est de nouer des rela­tions avec les deux parties en conflit.

(…)

Oui à la soli­da­rité avec le peuple souda­nais, non à l’ex­ploi­ta­tion de sa crise huma­ni­taire à des fins parti­sanes. La clé de la solu­tion, c’est d’ar­rê­ter la guerre et d’éloi­gner ses causes ainsi que ceux qui en sont respon­sables.

https://blogs.media­part.fr/sudfa/blog/140424/commu­nique-des-souda­nais-es-en-france-sur-la-confe­rence-de-paris-du-15-avril

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