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antifascisme / Extrême droite / Presse

Media­part. Série Survivre à l’ex­trême-droite. Extraits.

pascal bpar pascal b23 juillet 2024
Série Survivre à l’ex­trême droite : quelques leçons de l’étran­ger

Le danger d’un gouver­ne­ment d’ex­trême droite en France est éloi­gné, mais n’a pas disparu. Des mili­tant·es, jour­na­listes et cher­cheurs qui y sont confron­tés dans leur pays, l’ont été ou le redoutent, livrent leurs conseils. Avec Barbara Nowa­cka, ministre polo­naise ; Roberto Saviano, écri­vain et jour­na­liste italien ; Adam Shatz, jour­na­liste améri­cain ; Lisa Fithian, acti­viste améri­caine ; et Wojciech Cieśla, jour­na­liste polo­nais.

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Episode 1
Barbara Nowa­cka, ministre polo­naise : « L’ex­pé­rience du popu­lisme est dange­reuse et dévas­ta­trice »
La Pologne a été gouver­née par l’ex­trême droite pendant huit ans. Une large coali­tion a renversé la table en octobre 2023, mais le chemin est encore long pour retrou­ver un État égali­taire et progres­siste, raconte la ministre de l’édu­ca­tion Barbara Nowa­cka.
Média­part Amélie Poins­sot 6 juillet 2024 à 15h09
C’est une ministre d’un grand pays euro­péen qui s’ex­prime. Une fémi­niste qui a combattu l’ex­trême droite pendant les huit années où celle-ci fut au pouvoir, en Pologne. Une figure venue de la gauche, laquelle n’était même plus repré­sen­tée au Parle­ment.

Barbara Nowa­cka, aujourd’­hui ministre de l’édu­ca­tion à Varso­vie, raconte à Media­part combien les années PiS (Droit et justice, ultra­con­ser­va­teur) ont abîmé son pays. Droits des femmes, lutte contre le chan­ge­ment clima­tique, place sur la scène inter­na­tio­na­le… Si, depuis les élec­tions d’oc­tobre 2023 et la forma­tion d’un gouver­ne­ment en décembre, une large coali­tion allant de la gauche à la droite libé­rale est reve­nue aux manettes du cinquième pays euro­péen, réta­blir une poli­tique sociale et écolo­gique n’a rien d’évident. L’ex­trême droite au pouvoir agit vite, et laisse des dégâts durables après son passage. Entre­tien.

Media­part : Vous êtes entrée en décembre 2023 dans un gouver­ne­ment qui a tourné la page à huit ans d’ex­trême droite. Quelles sont les consé­quences des poli­tiques menées par le PiS en Pologne entre 2015 et 2023 ?

Barbara Nowa­cka : Elles concernent prin­ci­pa­le­ment les femmes : ce sont leurs droits qui ont fait les frais des attaques les plus graves, à commen­cer par l’in­ter­dic­tion de l’avor­te­ment. A aussi été décidé, dès le début du mandat, l’ar­rêt du rembour­se­ment par l’État de la PMA [procréa­tion médi­ca­le­ment assis­tée – ndlr]. Les droits des femmes ont été constam­ment violés, et certaines en ont perdu la vie. Au moins trois femmes qui s’étaient rendues à l’hô­pi­tal avec des compli­ca­tions de gros­sesse sont tout simple­ment mortes faute de soins : les méde­cins avaient peur d’in­ter­ve­nir à cause de la loi du PiS sur l’avor­te­ment. Voilà des consé­quences bien réel­les…

Au-delà de ça, c’est l’en­semble des droits humains qui ont été dété­rio­rés. Le PiS a attaqué la commu­nauté LGBT – il n’existe toujours pas de pacte d’union civile en Pologne –, à travers les médias, à partir du moment où il a trans­formé l’au­dio­vi­suel public en organe de propa­gande.

Ses attaques se sont égale­ment tour­nées vers le corps ensei­gnant quand celui-ci s’est mis en grève, en 2019, pour récla­mer des augmen­ta­tions de salaire. Le gouver­ne­ment PiS a alors orga­nisé une campagne de haine dans les médias publics contre les profs, puis contre toutes celles et ceux qui mani­fes­taient. Peu importe qui vous étiez : si vous étiez contre le gouver­ne­ment, il luttait contre vous avec tous ses moyens, forces de police, propa­gan­de…

Cela a eu des effets très concrets : il y a eu une vague de démis­sions dans l’Édu­ca­tion natio­nale. (…)

Autre dérive du PiS au pouvoir : il a financé ses campagnes poli­tiques avec de l’argent de l’État, ce qui est tota­le­ment illé­gal.(….) Il a égale­ment financé des orga­ni­sa­tions d’ex­trême droite, et même des orga­ni­sa­tions fascistes. (…)

Sur le plan envi­ron­ne­men­tal, cette extrême droite au pouvoir a aussi fait beau­coup de dégâts… C’est un sujet majeur en Pologne, plus gros produc­teur de char­bon de l’Union euro­péenne.

La mobi­li­sa­tion des jeunes pour le climat a été constam­ment déni­grée, moquée publique­ment. (…) le PiS croit qu’il n’y a aucun danger dans les boule­ver­se­ments que nous traver­sons. Il ne croit pas, en fait, dans le chan­ge­ment clima­tique.(…)

Il y avait en fait quelque chose de ridi­cule dans le posi­tion­ne­ment du PiS, qui votait le Pacte vert au niveau euro­péen, puis qui essayait de le bloquer ou tenait des posi­tions contraires à Varso­vie. (….)

(…)

Autre consé­quence désas­treuse de ces huit années d’ex­trême droite : l’état de la justice polo­nai­se…

(…)

Huit mois après votre victoire aux élec­tions légis­la­tives et la forma­tion de votre gouver­ne­ment de coali­tion, vous ne parve­nez pas, cepen­dant, à reve­nir à une situa­tion normale. Vous vous trou­vez dans une situa­tion de coha­bi­ta­tion avec un président PiS, Andr­zej Duda, qui a, selon la Cons­ti­tu­tion polo­naise, un droit de veto sur les lois votées par le Parle­ment. Comment vous débrouillez-vous ?

(…)Les démarches PMA sont à nouveau prises en charge par l’État depuis le 1er juin, et nous avons pu mettre la pilule du lende­main sur la liste des médi­ca­ments acces­sibles en phar­ma­cie, sans qu’il soit néces­saire d’avoir une ordon­nance.

(…) En atten­dant, ma collègue ministre de la santé a trouvé le moyen de punir finan­ciè­re­ment les hôpi­taux qui refusent les IVG quand la santé de la femme est mena­cée.(…)

Le pouvoir n’agit plus contre les femmes. Celles-ci se sentent un peu plus en sécu­rité aujourd’­hui en Pologne.

(…)

Avez-vous réussi à refaire de TVP, la télé­vi­sion publique polo­naise, un organe d’in­for­ma­tion indé­pen­dant ?

Nous avons tout changé afin qu’elle rede­vienne un média de jour­na­listes, qu’elle soit rendue aux citoyennes et citoyens, et qu’elle se tienne loin des poli­ti­ciens.

Pendant des années, l’op­po­si­tion n’était plus du tout visible dans les médias publics. Et quand nous appa­rais­sions, nous étions présen­tés comme des gens stupides, des traîtres. On a main­te­nant retrouvé des médias normaux, qui critiquent le gouver­ne­ment, qui donnent la voix à l’op­po­si­tion, et qui ne vont pas porter atteinte aux mino­ri­tés.

(…)

Comment êtes-vous parve­nu·es, en octobre 2023, à faire tomber ce gouver­ne­ment d’ex­trême droite ? Quand nous vous avions rencon­trée la première fois, en 2017, vous étiez une figure d’op­po­si­tion qui n’avait même pas sa place au Parle­ment… Comment avez-vous construit cette large coali­tion, qui va de la droite libé­rale à la gauche, en passant par un parti agra­rien ?

Nous nous sommes présen­tés aux élec­tions chacun de notre côté, sans jamais mener campagne l’un contre l’autre. Il y avait entre nous comme un arran­ge­ment à l’amiable : nous n’al­lions pas nous attaquer l’un l’autre. Et nous avons fait cette promesse à nos élec­teurs : certes, nous sommes diffé­rents, nos poli­tiques ne sont parfois pas les mêmes, mais nous avons les mêmes valeurs. Ce sont la démo­cra­tie, une Pologne forte dans l’Union euro­péenne, les droits humains, l’État de droit et la liberté des médias.

Ensuite, je crois que nous avons gagné grâce aux femmes et aux jeunes. Nous avons mené une énorme campagne, en parti­cu­lier diri­gée vers celles et ceux qui ne votent jamais . C’est le problème des démo­cra­ties modernes : beau­coup de gens ne votent pas parce qu’ils croient que ça ne change rien. Cette fois, ils sont allés voter car ils ont vu ce que c’était qu’un gouver­ne­ment popu­liste.

Bien sûr, nous avons dû faire campagne, mais la popu­la­tion a elle-même souf­fert de ce pouvoir qui reje­tait la diver­sité. La jeune géné­ra­tion est diverse, quand elle a vu un gouver­ne­ment agir contre toutes ses valeurs, elle est allée voter pour arrê­ter les popu­listes.(…)

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Episode 2

Roberto Saviano : « Ne vous lais­sez pas trom­per »
L’au­teur italien Roberto Saviano, objet direct de la haine de Gior­gia Meloni, confie à Media­part ses réflexions sur la situa­tion française. Et donne aux Français quelques conseils en partant de l’ex­pé­rience italienne.
Média­part Roberto Saviano 8 juillet 2024 à 19h00

(…)C’est ce qui s’est aussi produit en Italie. La progres­sion du parti d’ex­trême droite dirigé par l’ac­tuelle première ministre Gior­gia Meloni s’ex­plique prin­ci­pa­le­ment ainsi : Fratelli d’Ita­lia a été seul dans l’op­po­si­tion au dernier gouver­ne­ment tech­nique, le gouver­ne­ment Draghi, se montrant ainsi « diffé­rent » de l’en­semble des autres forces poli­tiques qui, à en croire les parti­sans de Meloni, étaient prêtes à mettre de côté la volonté popu­laire afin de s’as­su­rer des postes gouver­ne­men­taux.

En Italie, nous savons désor­mais, grâce notam­ment à une enquête fonda­men­tale de Fanpage.it (en français sur Media­part), que dans la droite extrême aujourd’­hui au pouvoir s’ap­plique un double stan­dard : purs et durs en façade, ils sont affa­més de pouvoir et de postes dans les chambres secrètes des bureaux du parti.

(…)En Italie, le dernier gouver­ne­ment de centre-gauche a pavé la route et a grand ouvert la porte à l’ex­trême droite parce qu’il a eu peur de dire qu’il ne fallait pas avoir peur.

Aujourd’­hui, il n’est plus possible d’ex­pliquer, parce que personne n’ad­met­tra jamais que tant d’atro­ci­tés puissent être racon­tées et même popu­la­ri­sées. Non pas parce que les gens ont oublié, mais parce qu’ils n’ont jamais su ou parce qu’ils ont été trom­pés, amenés à croire qu’il y a des dangers qui, en réalité, n’existent pas.(…)

En Italie, le dernier gouver­ne­ment de centre-gauche (si on peut défi­nir ainsi le gouver­ne­ment Genti­loni) a pavé la route et a grand ouvert la porte à l’ex­trême droite parce qu’il a eu peur de dire qu’il ne fallait pas avoir peur.

Deux erreurs ont ensuite été commises. D’abord celle de n’avoir pas mené à son terme la réforme des prisons, qui, en Italie, sont dans un état de surpo­pu­la­tion tel qu’on enre­gistre déjà, au début de 2024, 52 suicides. Ensuite et surtout, celle d’avoir contri­bué à crimi­na­li­ser l’im­mi­gra­tion, alimen­tant ainsi la peur chez les Italiens.(…)

Permet­tez-moi de vous donner quelques conseils

(…)

À la classe poli­tique d’abord : ne stéri­li­sez pas les pulsions extré­mistes de droite et de gauche. Refu­ser de donner la repré­sen­ta­tion issue des consul­ta­tions popu­laires est toujours un risque énorme, et l’Ita­lie fait école de ce point de vue. Trou­vez, au contraire, les anti­corps dont dispose la société civile française face au virus anti­dé­mo­cra­tique présent de part et d’autre.

N’iso­lez pas les voix critiques, celles qui essaient d’ex­pliquer ce qui se passe : il ne faut pas craindre et faire taire les critiques. On progresse avec la confron­ta­tion et, parfois, avec l’af­fron­te­ment, pas en isolant ou en censu­rant ceux qui racontent ce qui se passe, comme cela se fait depuis des décen­nies en Italie.

Avant que Meloni ne me fasse un procès, avant qu’elle ne me dise – comme l’ont fait depuis des décen­nies les chefs et leurs affi­dés – que je gagnais de l’argent en parlant de mafia, avant qu’elle me traite d’ours mal léché et d’oi­seau de mauvais augure, il y a eu Matteo Renzi. Ceci pour dire que le réflexe de cacher sous le tapis ce qui ne fonc­tionne pas concerne tous les partis.

Et, pour finir, un conseil aux élec­teurs : qui vous donne la certi­tude que cette extrême droite qui vous semble sincère travaillera pour vous ? En Italie, il est arrivé ce que nous avons prévu : le gouver­ne­ment d’ex­trême droite dirigé par Gior­gia Meloni est un gouver­ne­ment consti­tué d’amis, de proches et de favo­ris. Ils ont attendu d’al­ler au gouver­ne­ment pour faire comme ceux qui les ont précé­dés, mais en pire. C’est un gouver­ne­ment qui prend des mesures qui protègent toujours les privi­lèges et jamais ceux qui ont voté pour lui en espé­rant un chan­ge­ment de route. Ne vous lais­sez pas trom­per.

Boîte noire
Auteur mondia­le­ment connu de Gomorra, menacé par la mafia, l’écri­vain Roberto Saviano a récem­ment écrit sur la tragé­die des migrants en Médi­ter­ra­née. Puis il a été le prin­ci­pal oppo­sant à Matteo Salvini, et ne cesse depuis d’aler­ter sur les dérives néofas­cistes du pouvoir italien, désor­mais incarné par la première ministre Gior­gia Meloni.

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Episode 3

Adam Shatz : « Tenir un front anti­fas­ciste ne sera pas facile »
L’es­sayiste états-unien Adam Shatz publie dans Media­part une « lettre à ses amis français de gauche » dans laquelle il liste, en partant de son expé­rience de l’ad­mi­nis­tra­tion Trump, cinq défis à venir pour conti­nuer de tenir face aux assauts de l’ex­trême droite.
Média­part Adam Shatz 9 juillet 2024 à 15h47
(…)

Mais il ne faut pas oublier qu’un instant est ce qu’il est. Le Rassem­ble­ment natio­nal (RN) est décou­ragé pour le moment, s’at­ten­dant à une vague triom­phale, mais il a gagné 50 sièges et prépare déjà ses prochaines actions. Il pense sur le temps long. Le Nouveau Front popu­laire a émergé en quelques semaines : bravo !

Mais les archi­tectes de l’ex­trême droite sont des gram­sciens et, de plus, ils font preuve d’une unité et d’une disci­pline qui manquent parti­cu­liè­re­ment à la gauche, qui, préci­sé­ment parce qu’elle est un front et non un parti, est intrin­sèque­ment fragile. Tenir un front anti­fas­ciste, en préser­vant sa fragile unité sur la base de prin­cipes parta­gés, et face à d’in­tenses querelles internes, ne sera pas facile.

Ce que vous ferez l’an­née prochaine, ou dans trois ans, est crucial. Et les choses peuvent très mal tour­ner. Regar­dez-nous…

Non, nos pays ne sont pas les mêmes, nous non plus. Néan­moins, comme le disait Jean-Luc Mélen­chon lors d’un meeting élec­to­ral le 5 juillet, « nous ne sommes pas iden­tiques, mais nous sommes semblables » – d’où nos défis face à l’ex­trême droite.

Le premier défi est de distin­guer vos enne­mis et vos adver­saires. Votre ennemi actuel est l’ex­trême droite. Vos adver­saires sont les « libé­raux » et les « prin­temps » [membres du Prin­temps répu­bli­cain – ndlr] qui ont contri­bué à ouvrir la voie à l’ex­trême droite, en adop­tant son discours et souvent ses poli­tiques en matière d’im­mi­gra­tion, de fron­tières et d’iden­tité. Vous n’êtes pas obli­gés d’ac­cep­ter vos adver­saires, ni de leur pardon­ner leurs divers méfaits (que ce soit à cause de la laïcité ou du massacre à Gaza).

Mais l’heure n’est pas à une attaque fron­tale. Surtout, évitez les gestes symbo­liques inutiles ; ceux-ci peuvent être satis­fai­sants, mais ils ont souvent un coût élevé. Vos éner­gies doivent être concen­trées sur vos enne­mis, en l’oc­cur­rence, votre ennemi commun : l’ex­trême droite aux portes du pouvoir. Et oui, je comprends la tenta­tion de foca­li­ser votre colère sur le néoli­bé­ra­lisme et sur ceux qui ont attisé les flammes de l’ex­trême droite avec de fausses affir­ma­tions de symé­trie entre le RN et La France insou­mise (LFI).(…)

Deuxième défi : évitez les gestes auto-glori­fiants. La gauche libé­rale améri­caine s’est ridi­cu­li­sée en se présen­tant comme « la résis­tance », tout en affir­mant que Trump et ses alliés étaient secrè­te­ment alliés à de sinistres forces étran­gères, en parti­cu­lier à la Russie de Poutine : comme si Trump n’était pas un produit parfait de nos pires tradi­tions (racisme, xéno­pho­bie, maccar­thysme, complo­tisme, vulga­rité, etc.). Heureu­se­ment, vous ne savez que trop bien que le Rassem­ble­ment natio­nal repré­sente la France dans ce qu’elle a de pire : la France de Charles Maur­ras et de Le Pen, du colla­bo­ra­tion­nisme et de l’agres­sion colo­niale en Algé­rie.

Procé­dez donc avec vigi­lance, déter­mi­na­tion et une certaine humi­lité : cette dernière est parti­cu­liè­re­ment impor­tante, car beau­coup d’élec­teurs de l’ex­trême droite sont des élec­teurs ordi­naires qui se rebellent contre ce qu’ils vivent comme une déser­tion des « élites » de la capi­tale, contre des libé­raux cosmo­po­lites qui sont plus suscep­tibles de voya­ger à l’étran­ger que dans la France profonde.

Étudiez l’at­trait de l’ex­trême droite, ne suppo­sez pas que vous savez ce que c’est
Troi­sième défi : veillez à ne pas suppo­ser que – aussi impor­tant que soit l’at­trait du secta­risme – le racisme soit une expli­ca­tion univer­selle de l’at­trait pour l’ex­trême droite. Faire comme si c’était le cas ne ferait que durcir la réac­tion des élec­teurs du Rassem­ble­ment natio­nal. Et cela vous aveu­gle­rait sur la possi­bi­lité qu’en raison de leur hosti­lité envers « le système » et de l’ar­ro­gance de Macron et de ses semblables, certains élec­teurs raci­sés puissent mettre de côté leurs inquié­tudes concer­nant le racisme et soute­nir le Rassem­ble­ment natio­nal, tout comme de plus en plus d’élec­teurs noirs et lati­nos (en parti­cu­lier les hommes) soutiennent désor­mais Trump en 2024.Tout cela pour dire – et c’est le quatrième défi : étudiez l’at­trait de l’ex­trême droite, ne suppo­sez pas que vous savez ce que c’est, et surtout n’ima­gi­nez pas que cela puisse s’ex­pliquer par une seule théo­rie.

Cinquième défi : conti­nuez de lutter contre le racisme, l’in­to­lé­rance, l’ho­mo­pho­bie, l’idéo­lo­gie anti­trans, car ce sont des prin­cipes fonda­men­taux d’une gauche humaine, mais évitez de vous lais­ser entraî­ner dans des postures iden­ti­taires sectaires, car c’est le terrain sur lequel l’ex­trême droite – un mouve­ment iden­ti­taire se faisant passer pour un mouve­ment natio­nal – est le plus à l’aise pour combattre.

Conti­nuez de dénon­cer la guerre meur­trière menée par Israël à Gaza, mais ne tolé­rez pas ceux parmi vous qui flirtent avec les théo­ries du complot sur les juifs. Même si les allé­ga­tions d’an­ti­sé­mi­tisme de gauche sont exagé­rées et haute­ment idéo­lo­giques, vous ne perdez rien – en fait, vous avez seule­ment à gagner – en dénonçant l’an­ti­sé­mi­tisme avec autant de vigueur que vous dénon­ce­riez l’is­la­mo­pho­bie ou le racisme anti-Noirs. Comme le disait Susan Sontag à ses amis de la gauche améri­caine, soyons radi­caux, mais ne soyons pas des enfants.

Surtout, rappe­lez-vous ce que vous avez en commun. Même si Jean-Luc Mélen­chon n’a jamais été ma tasse de thé – son bona­par­tisme et son penchant pour Hugo Chávez m’ont pris à rebrousse-poil –, j’ai été extrê­me­ment ému par son discours du 5 juillet, dans lequel il a déclaré au nom de tous les élec­teurs français, peu importe leur iden­tité, leur race, leurs origines ethniques : « On est chez nous ! » Comme me l’a rappelé un ami, c’était une brillante appro­pria­tion d’un chant systé­ma­tique­ment entonné lors des meetings de Marine Le Pen et d’autres ténors de l’ex­trême droite, trans­for­mant une phrase qui était un appeau pour les racistes en une expres­sion d’af­fir­ma­tion univer­sa­liste. Et pour battre vos enne­mis, il faut parfois les voler.

Adam Shatz

Boîte noire
Essayiste et jour­na­liste, Adam Shatz est le rédac­teur en chef pour les États-Unis de la London Review of Books et colla­bo­ra­teur régu­lier de la New York Review of Books, du New Yorker et du New York Times. Il est égale­ment profes­seur invité au Bard College et à l’uni­ver­sité de New York. Adam Shatz a récem­ment publié Frantz Fanon. Une vie en révo­lu­tions (La Décou­verte, 2024).
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Episode 4

Lisa Fithian : « Nous devons être dans les rues avec toute notre puis­sance »
Légende de l’ac­ti­visme non violent aux États-Unis, la mili­tante Lisa Fithian a accepté de livrer à Media­part ses conseils pour dépas­ser la « peur, le choc et la démo­bi­li­sa­tion » face à l’ex­trême droite. Son maître-mot : s’or­ga­ni­ser.
Média­part Lisa Fithian 10 juillet 2024 à 19h16
Nous sommes nous-mêmes [aux États-Unis] ébran­lés par la marche vers l’au­to­ri­ta­risme. C’est assez stupé­fiant. Même si notre histoire a toujours été ancrée dans un modèle de supré­ma­tie – patriar­cat, racisme, sexisme, etc. – et que les choses vont et viennent, il semble que nous soyons en passe de deve­nir mécon­nais­sables en tant que démo­cra­tie.

La seule réponse que j’ai à appor­ter au triple fléau du fascisme, de l’ef­fon­dre­ment du climat et des guerres et géno­cides à travers le monde est de s’or­ga­ni­ser.

Trou­vez des gens de confiance, impliquez vos voisins, mettez en place des systèmes d’en­traide, de défense de la commu­nauté et de prépa­ra­tion aux catas­trophes. Tous ces éléments sont liés. Pensez en termes de réseaux et non d’or­ga­ni­sa­tion. Nous devons être dyna­miques, flexibles et actifs. Cela pour­rait impliquer de carto­gra­phier vos quar­tiers, de savoir qui est où, qui possède quelles compé­tences, qui est le plus vulné­rable ([par son] âge, [son] iden­ti­té…). Cela implique égale­ment de trou­ver la manière de rassem­bler les ressources, les espaces, comment conti­nuer de s’or­ga­ni­ser et de résis­ter.

La France nous enseigne plusieurs siècles de révo­lu­tion et de résis­tance. Vous savez ce qui fonc­tionne pour vous. Plus récem­ment, le mouve­ment des « gilets jaunes » et le mouve­ment Nuit debout ont forcé le gouver­ne­ment à réagir.

Beau­coup d’entre nous sommes confron­tés à la peur, au choc, à la démo­bi­li­sa­tion, à la panique ou à la para­ly­sie. Nous devons nous acti­ver et construire des réseaux, la plupart en surface, mais aussi souter­rains.

Il y a eu telle­ment d’oc­ca­sions où l’on a appelé à se soule­ver mais où les gens sont restés cachés et distraits par leurs réseaux sociaux.

Comme dans l’Al­le­magne nazie, à quel moment est-il trop tard pour partir ? Comment faire sortir les gens [du pays] ? Aurons-nous besoin d’un nouveau chemin de fer clan­des­tin, et où les gens pour­raient-ils aller ? Ce sont autant de ques­tions qu’il faut se poser et prendre en compte.

(….)Nous ne pouvons pas rester silen­cieux car si nous le faisons, nous risquons d’y lais­ser notre vie.(…)

Lisa Fithian

Boîte noire
Lisa Fithian est mili­tante et forma­trice en action directe non violente depuis les années 1970 aux États-Unis. Parmi ses enga­ge­ments les plus emblé­ma­tiques : les contre-sommets alter­mon­dia­listes, les mobi­li­sa­tions contre la guerre des États-Unis en Irak, les mouve­ments Occupy Wall Street et Extinc­tion Rebel­lion, ou, plus récem­ment, le soutien aux étudiant·es améri­cain·es enga­gé·es contre la guerre d’Is­raël à Gaza. Elle est l’au­trice de Shut It Down. Stories from a Fierce, Loving Resis­tance, Green Publi­shing, Vermont, 2019 (non traduit).
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Episode 5

Wojciech Cieśla : « Vous devez être conscients du scéna­rio qui se profile »
Person­nel­le­ment ciblé lors des huit années de gouver­ne­ment d’ex­trême droite dans son pays, le jour­na­liste polo­nais Wojciech Cieśla retrace avec une préci­sion clinique le lent déman­tè­le­ment des contre-pouvoirs en Pologne, et livre quelques pistes pour y résis­ter.
Wojciech Cieśla 11 juillet 2024 à 16h39
Lais­sez-moi vous expliquer comment cela s’est passé pour nous en Pologne. Vous devez être conscients du scéna­rio qui se profile si l’ex­trême droite prend le pouvoir en France dans les mois ou les années à venir. Les auto­crates natio­na­listes se distinguent par leur sexe, leur âge, leur natio­na­lité, mais pas par leur façon d’agir.

Ils commen­ce­ront par répri­mer les médias, puis le Conseil consti­tu­tion­nel, puis les tribu­naux et les procu­reurs. Ils déman­tè­le­ront les contre-pouvoirs, les fusibles de la démo­cra­tie. Ils savent qu’une fois qu’ils les auront « paci­fiés », l’Union euro­péenne (UE) ne fera rien. Les droites auto­ri­taires savent aussi que l’État peut être géré par des paniques morales, comme le fait Viktor Orbán [en Hongrie], ou comme l’a fait Jarosław Kaczyński en Pologne.

(…)Pour les gouver­ne­ments auto­ri­taires de droite, la propa­gande est comme une drogue, et les médias sont là pour en four­nir en grande quan­tité.

En Pologne, pendant les huit années de règne du parti au nom trom­peur de « Droit et justice » (PiS), la télé­vi­sion (vingt-deux chaînes) et la radio (vingt-sept chaînes) publiques ont été conçues pour un seul télé­spec­ta­teur : le chef du parti, Jarosław Kaczyński. (…) L’élec­to­rat était rassuré 24 heures sur 24 sur le bien-fondé des poli­tiques du parti.

Lorsque le PiS a remporté la victoire en Pologne en 2015, il a procédé à une purge dans les médias publics en l’es­pace de trois ou quatre mois. (….) Viktor Orbán et Jarosław Kaczyński consi­dèrent tous deux les jour­na­listes, ou plus large­ment les médias, comme des enne­mis. Ils ont gagné en octobre et en décembre, tout était terminé. Nous n’avons rien pu faire.

(…) Le gouver­ne­ment a obtenu le mono­pole de l’in­for­ma­tion dans les médias publics. J(…)

Que peut-on faire dans cette situa­tion ? Protes­ter. Descendre dans la rue – plusieurs sites web ont docu­menté les dizaines de mani­fes­ta­tions orga­ni­sées en Pologne après 2015. Défendre les tribu­naux, défendre la démo­cra­tie, protes­ter lorsque la loi est violée. Tirer l’alarme, montrer qu’il y a une résis­tance publique. Soute­nir les médias indé­pen­dants du gouver­ne­ment. Rendre compte des abus de pouvoir.

Nous devons, en tant que jour­na­listes, surveiller de près les auto­ri­tés et infor­mer les citoyens de leurs abus – même si les poli­ti­ciens du parti au pouvoir nous noient sous les procé­dures-bâillons et envoient la police frap­per à nos portes, effrayant nos enfants – je l’ai vécu. Sans notre pers­pi­ca­cité, tout serait encore plus facile pour eux.

Les auto­crates natio­na­listes cherchent toujours à exer­cer un contrôle total et à centra­li­ser.

Soyez aussi prépa­rés à ceci : selon leur théo­rie de la « coopé­ra­tion natio­nale » [nom donné par Viktor Orbán au système poli­tique qu’il a mis en place à partir de 2010, et repris en Pologne], quiconque ne soutient pas le gouver­ne­ment n’est pas un patriote. (…)Ceux qui ne soutiennent pas le gouver­ne­ment ne font pas partie de notre nation, c’est aussi simple que cela.

Ensuite, ils démo­li­ront l’État de droit. (…)

Puis ils s’at­taque­ront aux orga­ni­sa­tions non gouver­ne­men­tales. C’est un secteur qu’ils ne peuvent pas vrai­ment contrô­ler, alors ils vont le discré­di­ter. Ils jette­ront des torrents de boue sur les mili­tants et n’écou­te­ront pas ces derniers quand ils cher­che­ront à se blan­chir. C’est le style russe – ces gens ont beau­coup appris de Poutine. C’est la raison pour laquelle ils s’at­taque­ront aussi aux droits des personnes LGBTQ, j’en suis presque certain.

Ils trou­ve­ront des « dangers » et feront croire qu’ils sont écra­sants. Ils atti­se­ront la xéno­pho­bie et le racisme. Ils simpli­fie­ront, en rédui­sant toute la complexité du monde à une simple oppo­si­tion entre « le bien et le mal », « l’ami et l’en­nemi ». Ils mani­pu­le­ront les valeurs parta­gées par le plus grand nombre pour les utili­ser à leurs propres fins. Ils présen­te­ront leur propre point de vue comme s’il s’agis­sait de la posi­tion unani­me­ment accep­tée par toutes les personnes saines d’es­prit.

(…) Les auto­crates natio­na­listes, pour l’ins­tant, n’ont plus leur mot à dire dans mon pays.

Wojciech Cieśla

Boîte noire
Wojciech Cieśla vit et travaille à Varso­vie. Jour­na­liste reconnu en Pologne, il a travaillé pour les quoti­diens Gazeta Wyborcza, Rzecz­pos­po­lita, au service enquêtes du jour­nal Dzien­nik et pour la version polo­naise du maga­zine News­week. Il fait partie du consor­tium Inves­ti­gate Europe, dont plusieurs enquêtes ont été publiées dans Media­part.

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Episode 6

Faire face à l’ex­trême droite, par celles et ceux qui la subissent déjà
Une dizaine de mili­tants, auteurs et jour­na­listes vivant – ou ayant vécu ces dernières années – dans des pays diri­gés par l’ex­trême droite partagent leurs conseils pratiques pour y faire face et aver­tissent les Français : tout se joue main­te­nant.
Média­part Justine Brabant 12 juillet 2024 à 16h17

(….)Et main­te­nant ? Chacun sent bien que la conclu­sion plutôt heureuse de ce second tour des élec­tions légis­la­tives voulues par Emma­nuel Macron n’est qu’un répit. Le Rassem­ble­ment natio­nal (RN) conti­nue de progres­ser dans les urnes et les esprits. Comment grip­per cette machine infer­nale ? À quoi pour­rait ressem­bler le futur, et comment s’y prépa­rer ?

Ces dernières années, des gouver­ne­ments auto­ri­taires natio­na­listes, post­fas­cistes ou popu­listes de droite ont pris le pouvoir à travers le monde. Les États-Unis ont eu à subir quatre années de prési­dence Trump, entre 2017 et 2021, avant un possible retour fin 2024. Le Brésil a vécu de 2019 à 2022 sous la direc­tion du mili­taire d’ex­trême droite Jair Bolso­naro. En Argen­tine, Javier Milei mène depuis son acces­sion à la prési­dence en novembre 2023 une contre-révo­lu­tion liber­ta­rienne.

(…)
Face à la menace d’une acces­sion au pouvoir du RN rapide, que faire ? Pour les partis et mili­tants de gauche : ne pas se déchi­rer, apprendre à distin­guer ses enne­mis de ses adver­saires poli­tiques, afin de concen­trer ses forces sur les premiers, énumère Shatz. Pour la société dans son ensemble : ne pas tenter de refer­mer la cocotte-minute qui fume furieu­se­ment, ajoute Saviano, pour lequel il ne faut pas « stéri­li­ser les pulsions extré­mistes » mais plutôt essayer d’y « trou­ver les anti­corps ».

Ils commen­ce­ront par répri­mer les médias, puis le Conseil consti­tu­tion­nel, puis les tribu­naux et les procu­reurs.

(…)Proté­ger la presse indé­pen­dante est une tâche vitale, soulignent celles et ceux qui ont eu affaire au natio­na­lisme auto­ri­taire dans leurs pays. Il a suffi de quelques mois au PiS pour ache­ver sa « purge » des médias publics, rappelle le jour­na­liste Wojciech Cieśla. Sans l’exis­tence d’une presse indé­pen­dante finan­cée par ses lecteurs et lectrices, les abus de pouvoir auraient été « encore plus faciles », juge-t-il.

Le repor­teur invite à « être conscients du scéna­rio qui se profile si l’ex­trême droite prend le pouvoir en France » : « Ils commen­ce­ront par répri­mer les médias, puis le Conseil consti­tu­tion­nel, puis les tribu­naux et les procu­reurs. Ils déman­tè­le­ront les contre-pouvoirs, les fusibles de la démo­cra­tie. Ils savent qu’une fois qu’ils les auront “paci­fiés”, l’Union euro­péenne ne fera rien. »

Des Pays-Bas, où l’ex­trême droite a remporté les dernières élec­tions légis­la­tives, le mili­tant anti­ra­ciste Abdou Menebhi approuve. « Allez mani­fes­ter ou en tout cas cher­chez des liens, que ce soit dans des comi­tés de quar­tier ou dans d’autres actions paci­fistes » ; « essayez d’im­pliquer les gens autour de vous », conseille-t-il, même à celles et ceux qui n’ont pas d’en­ga­ge­ment poli­tique ou asso­cia­tif.

Abdou Menebhi est rela­ti­ve­ment opti­miste sur le futur de son pays. Le gouver­ne­ment d’ex­trême droite « ne va pas durer », espère-t-il. Hélas, plusieurs voix latino-améri­caines nous rappellent aussi qu’une fois au pouvoir, l’ex­trême droite diffuse une violence et des idées qui peuvent conti­nuer d’em­poi­son­ner la société pendant des années, voire des décen­nies.

« Des choses perdues à jamais »

« Le travail de recons­truc­tion symbo­lique et éthique d’un pays est bien plus dur à mener que sa destruc­tion par l’igno­rance et le mensonge. Cela prend beau­coup plus de temps », confie l’ac­teur et metteur en scène brési­lien Marcio Abreu.L’his­to­rienne Marina Franco, cher­cheuse au Conseil natio­nal de la recherche scien­ti­fique et tech­nique argen­tin (Coni­cet), le constate déjà dans l’Ar­gen­tine de Milei. « Je sais que le gouver­ne­ment de Javier Milei a un temps limité – le temps de son mandat. Mais les chan­ge­ments socié­taux et poli­tiques qui l’ont amené au pouvoir et ceux que le gouver­ne­ment est en train de mettre en place reste­ront pour long­temps », prédit l’his­to­rienne, qui dit son « angoisse profonde » face aux menaces contre « les droits des femmes, la science, l’État » ou encore « le droit des plus pauvres à exis­ter ».

« Des choses sont perdues à jamais, pour­suit Marcio Abreu. Des vies, par exemple. Ne soyez pas dupes. Un gouver­ne­ment fasciste comme celui que nous avons eu récem­ment au Brésil ne tue pas seule­ment les rêves – ce qui serait assez grave : il tue aussi les gens. »

Le metteur en scène a vécu cette violence person­nel­le­ment, en tant qu’homme gay. « J’ai toujours été la cible de préju­gés et de violences. Mais dans ce contexte, cette violence était plus forte et plus évidente, pratique­ment inévi­table. Les trau­ma­tismes, les bles­sures et la ruine provoqués par cette période sombre mettront du temps à passer », pour­suit l’ar­tiste, pour lequel il n’y a qu’une seule solu­tion : ne jamais aban­don­ner. « Ce qui nous a fait chan­ger le cours probable de l’his­toire et nous débar­ras­ser de ce gouver­ne­ment, c’est la conscience que chacun de nos gestes fait la diffé­rence. Chaque jour est une jour­née pour lutter contre la tragé­die. »

De Rio de Janeiro, une voix partage cette douleur et cette obsti­na­tion. Mari­nete Da Silva est la mère de Marielle Franco, mili­tante des droits humains et conseillère muni­ci­pale assas­si­née en 2018. « Nous sommes, durant [l]es années [Bolso­naro], tombés dans les pires erre­ments qu’un pays peut connaître. L’ex­pé­rience de l’ex­trême droite est la pire de toutes. Grâce à Dieu, nous avons eu la force de lutter. À tous ceux qui luttent, j’envoie ma soli­da­rité. »

Justine Brabant

Boîte noire
Tous les propos cités ont été recueillis entre le 2 et le 10 juillet. Zeina Kovacs, jour­na­liste chez Media­part, a réalisé l’en­tre­tien avec Abdou Menebhi. Roma­ric Godin, jour­na­liste chez Media­part, a traduit le texte trans­mis par Roberto Saviano. La rédac­tion remer­cie Maud Chirio, qui a faci­lité les échanges avec Marcio Abreu et Marina Franco.

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