Soli­da­rité avec le mouve­ment de contes­ta­tion en Iran !

https://fourth.inter­na­tio­nal/fr/566/moyen-orient/475

Depuis le 16 septembre, l’Iran est plongé dans la tour­mente par des protes­ta­tions géné­ra­li­sées contre la poli­tique de la clique au pouvoir. Elles ont été déclen­chées par le meurtre brutal d’une jeune femme, Jîna (Mahsa) Amini, qui a été battue à mort par la « police des mœurs ». La durée et l’ex­ten­sion des mani­fes­ta­tions à toutes les régions du pays et à presque toutes les couches de la popu­la­tion témoignent d’un mécon­ten­te­ment et d’une colère profonds qui vont au-delà du rejet du code vesti­men­taire profon­dé­ment restric­tif du régime pour les femmes. Les causes résident égale­ment dans une situa­tion sociale qui s’ag­grave depuis des années pour de larges pans de la popu­la­tion et dans une répres­sion massive.

Contrai­re­ment aux troubles précé­dents, comme la rébel­lion contre la fraude élec­to­rale (2009) ou les protes­ta­tions contre la hausse des prix du carbu­rant (2019), le cri de rallie­ment au premier rang est  » A bas la Répu­blique isla­mique !  » Après un mois de protes­ta­tions, le mouve­ment est toujours aussi fort et s’étend.
Par rapport aux décen­nies passées, la misère sociale de la popu­la­tion est encore plus grande aujourd’­hui. Plus de la moitié de la popu­la­tion vit en dessous du seuil de subsis­tance et ne peut survivre qu’a­vec beau­coup de diffi­cul­tés. Les soins de santé sont deve­nus encore plus insuf­fi­sants qu’ils ne l’étaient déjà. Les dommages écolo­giques sont énormes, avec de graves pénu­ries d’eau, la déser­ti­fi­ca­tion et la défo­res­ta­tion affec­tant parti­cu­liè­re­ment la popu­la­tion rurale, et des niveaux élevés de pollu­tion de l’air et de l’eau dans les villes.

Ce qui est frap­pant et enthou­sias­mant, c’est que le mouve­ment est dirigé par des jeunes femmes, y compris des écolières. Ce qui est alimenté par l’his­toire des luttes et des mouve­ments de femmes en Iran depuis avant l’époque de la révo­lu­tion de 1979. Le soutien popu­laire repose sur une haine désor­mais large­ment parta­gée du régime et de la clique théo­cra­tique corrom­pue qui domine et exploite le pays, s’en­ri­chis­sant au point de deve­nir milliar­daires en dollars.

Le fait que le mouve­ment ait duré si long­temps et à une si grande échelle, malgré la dure répres­sion, ne peut s’ex­pliquer que par la colère ressen­tie surtout par les jeunes géné­ra­tions. De larges pans d’étu­diants et d’élèves qui résistent à leur confi­ne­ment et descendent dans la rue pour une vie diffé­rente.

La deuxième spéci­fi­cité de la vague de contes­ta­tion d’aujourd’­hui est qu’elle s’est propa­gée de la ville natale de Jîna (Mahsa) Amini au Kurdis­tan à tout le pays. C’est pourquoi le slogan kurde « Jin Jiyan Azadi » traduit en persan par « Zan Zendegi Azadi » est devenu le prin­ci­pal slogan du mouve­ment aujourd’­hui. Au Kurdis­tan, le rejet du régime théo­cra­tique et la lutte pour l’au­to­dé­ter­mi­na­tion ont une longue tradi­tion et s’ex­priment avec force. Ce qui est nouveau, c’est l’am­pleur des mani­fes­ta­tions au Balout­chis­tan, où l’op­pres­sion sociale et la pauvreté massive sont les pires du pays. La répres­sion s’y est mani­fes­tée, par exemple, le 7 octobre lorsque plus de 100 personnes ont été abat­tues lors d’une mani­fes­ta­tion dans la capi­tale provin­ciale Zahe­dan.

Et un troi­sième fait saillant ne doit pas être négligé : depuis une semaine, les appels à la grève poli­tique se multi­plient, ce qui ne s’était pas produit depuis plus de 35 ans, depuis l’écra­se­ment des conseils ouvriers et des orga­ni­sa­tions de gauche. Un premier secteur de l’in­dus­trie pétro­lière de la province méri­dio­nale du Khou­zis­tan est en grève depuis une semaine, évoquant des souve­nirs de 1979, lorsque la grève des ouvriers du pétrole fut le prélude à une grève géné­rale natio­nale. Cepen­dant, les direc­tions des prin­ci­paux syndi­cats indé­pen­dants sont presque sans excep­tion en prison.

Il appar­tient au seul peuple iranien de déter­mi­ner son propre destin, avec tous les droits démo­cra­tiques et l’éga­lité des sexes, avec la liberté reli­gieuse et la laïcité, en défen­dant les droits de toutes les mino­ri­tés et en œuvrant pour la justice sociale et écono­mique.

Nous appe­lons donc à :

– Élar­gir le soutien inter­na­tio­nal de toutes les forces progres­sistes et de gauche au mouve­ment de protes­ta­tion et de révolte en Iran contre la dicta­ture reli­gieuse, pour la défense des liber­tés démo­cra­tiques, et pour le déman­tè­le­ment de la police et des milices qui répriment les liber­tés indi­vi­duelles notam­ment des femmes.

– Des expres­sions de soli­da­rité inter­na­tio­na­liste telles que des messages de mouve­ments de femmes, de syndi­cats, d’as­so­cia­tions étudiantes, etc. pour appor­ter un soutien poli­tique et moral au mouve­ment. Nous encou­ra­geons les syndi­cats à discu­ter avec leurs homo­logues des formes concrètes de soli­da­rité ; les univer­si­tés à deman­der à leurs collègues de proté­ger la vie et la liberté de leurs étudiants ; les mouve­ments de femmes et d’étu­diants à nouer des liens avec des mouve­ments en Iran.

– Le soutien aux mani­fes­ta­tions publiques de soli­da­rité avec le mouve­ment à l’ap­pel des forces progres­sistes dans les commu­nau­tés iraniennes en exil, c’est crucial.

– La fin de toute répres­sion en Iran et pour que les orga­ni­sa­tions de défense des droits de l’homme contrôlent les crimes commis par l’État dans la répres­sion de la popu­la­tion.

– Pour le droit aux visas huma­ni­taires prin­ci­pa­le­ment pour les femmes, les filles et les personnes LGBTIQ persé­cu­tées, fuyant la répres­sion en Iran.

Femme, vie, liberté !

Zan, Zende­gui, Azadi

Jin, Jiyan, Azadi

18 octobre 2022, le Bureau Exécu­tif de la Quatrième inter­na­tio­nale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.