Pradeep Indulkar, ingénieur du nucléaire, parce qu’ il souffrait de maladies provoquées par son métier, est devenu militant antinucléaire. Il a réalisé deux documentaires : un sur la centrale de Tarapur et un autre sur le projet de Jaïtapur.
Le film « High Power » nous montre une population qui souffre non seulement d’avoir été déportée brutalement, spoliée, exploitée par l’industrie nucléaire, mais aussi d’avoir été contaminée par des radionucléides échappés de la centrale nucléaire de Tarapur au cours de fuites accidentelles. Des témoins racontent les maladies dont ils souffrent : cancers ( thyroïde et de types inconnus dans la région) , stérilité, fausses couches, crises cardiaques, paralysies, tuberculose, maux de tête, hypertension, problèmes de reins, handicaps moteurs, maladies psychiatriques, mortalité infantile, douleurs articulaires…etc, exactement les mêmes pathologies que celles qui ont été décrites à Tchernobyl. Tous les témoins soupçonnent la centrale d’être la cause de leur maladie et de nombreux décès suspects. Sonia Save, médecin-chef de la clinique de Tarapur, confirme la réalité de ces maladies inhabituelles et leur cause : la radioactivité.
En Inde la loi du silence s’applique à l’industrie nucléaire de manière beaucoup plus stricte que nulle part ailleurs. La vente de radiamètres étant interdite en Inde, les habitants ne peuvent pas vérifier la radioactivité des sols, ni des aliments.
Sur les sites d’ internet très peu d’informations arrivent à filtrer, toujours les mêmes, très sommaires.
L’ AIEA elle même n’est au courant de rien d’important : juste un événement de niveau 1/ INES à Tarapur ! La centrale serait donc la plus fiable du monde selon ce critère.
Pourtant l’ état sanitaire décrit dans « High Power » prouve que la région autour de la centrale de Tarapur est fortement contaminée par la radioactivité.
L’état indien cache cette vérité et la communauté internationale s’ accommode très bien de ce silence.
Tarapur, ville martyr, se vide de ses habitants. Elle meurt avec eux. Des quartiers abandonnés, une population sacrifiée au profit de la centrale nucléaire qui vit dans la précarité la plus totale, sans même l’ eau courante ni l’ électricité !
La nature elle aussi souffre des ondes électromagnétiques émises par les lignes THT : les plantes refusent de se développer normalement et ne portent plus les fruits attendus.
Les ressources halieutiques ont disparues dans la zone de la centrale. Tarapur autrefois port de pêche actif et productif est désert. Les pêcheurs n’ont pas les moyens de payer du fuel pour aller pêcher au large et s’ ils s’approchent trop près de la centrale on leur tire dessus. La pêche de subsistance ne suffit plus à nourrir la population.
Mais cette situation sanitaire et économique désastreuse est connue des indiens qui se mobilisent contre le projet de la centrale la plus grande du monde à Jaïtapur : 6 EPR !
La centrale qui aurait dû être un facteur de progrès social et économique pour la région a provoqué exactement l’inverse : expropriations sans compensations, violences policières, misère, chômage, maladies nucléo-induites, ghettoïsation des populations. La pollution chimique et thermique a ravagé les fonds marins.
Cette centrale a provoqué autour d’ elle une catastrophe écologique, sanitaire et sociale.
Techniquement, pour en savoir plus sur la centrale de Tarapur :
Les réacteurs de Tarapur :
La centrale 1 comprend deux réacteurs à eau bouillante (REB) de 160 MW chacun, qui sont les premiers qui ont été construits en Asie, les travaux ayant débuté en 1964 et la sarajevomise en service en 1969.
La centrale 2 est constituée de deux réacteurs à eau lourde pressurisée (PHWR) de 540 MW chacun. Il s’agit de la centrale la plus importante installée en Inde. Elle a été construite en 6 ans, la mise en service du premier réacteur s’est produite en 2005 et celle du second en 2006.
Les Accidents
D’après Pradeep Indulkar, le gouvernement indien tient secret toute information concernant le nucléaire.L’ AERB (équivalent de l’ ASN en Inde) interrogée n’ a pas donné de réponses.
Bien que la transparence n’existe pas en Inde, on trouve sur internet des rapports d’accidents survenus à Tarapur qui relatent des accidents et des incidents nucléaires survenus dans cette centrale:
http://www.indiastudychannel.com/resources/ViewResource.aspx?resourceId=139114
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_nuclear_power_accidents_by_country
http://www.dailykos.com/story/2011/03/25/960044/-A-commentary-on-nuclear-power-accidents
ANNUAL REPORT 1992–93 GOVERNMENT OF INDIA ATOMIC ENERGY REGULATORY BOARD
- En septembre1973 ; des dysfonctionnements de vannes, de pompes et de barres de contrôle ont provoqué un niveau de radioactivité beaucoup plus élevé que ne le permettent les normes internationales de protection contre les radiations. Une opération avait été menée pour que le poisson contaminé ne soit pas mis sur le marché. Le gouvernement avait indemnisé les pêcheurs. Les pêcheurs contaminés avaient été soignés en secret. La centrale avait été fermée jusqu’ à ce que les problèmes technique ne fussent résolus.
Une fuite majeure aurait eu lieu en 1974 à Tarapur qui aurait même fait envisager à Indira Gandhi (au pouvoir à ce moment-là) de fermer le réacteur en cause ou le site… On n’a jamais su la gravité de l’accident ssarajevour l’échelle INES. Il y a pourtant eu deux morts sur le coup et un troisième, l’ingénieur en chef, au bout de trois ans d’ agonie. - En 1979, une importante fuite d’eau radioactive a exposé 300 travailleurs à des doses très au dessus des normes
- Le 10 septembre 1989 s’est produit une fuite d’iode radioactive, les réparations ont duré une année et coûté environ 78 millions de dollars. La radioactivité retrouvée dans des algues près de la centrale fût 700 fois supérieure au niveau normal.
- Le 13 mai 1992, un réacteur nucléaire de Tarapur a relâché une quantité anormale de radioactivité en raison d’une fuite sur une tuyauterie de condenseur de secours. La fuite a libéré une radioactivité de 12 curies (444 milliards de Bq) dans l’environnement. La réparation a duré deux mois et a coûté 2 milliards de dollars. L’ origine de la défaillance est attribuée à de la corrosarajevosion sous contrainte thermique
Le physicien M.V. Ramana, dans son livre « The power of promise », confirme les nombreux incidents survenus à Tarapur avec fuites de produits radioactifs. Il informe également de l’usage du MOX. La France ( AREVA) fournit du carburant MOX à Tarapur depuis mai 1983. Ce carburant, enrichi au plutonium est beaucoup plus énergétique mais beaucoup plus dangereux au plan de la radio-toxicité.
Conclusion
Les principes d’ assistance à personnes en danger et le sarajevodevoir d’ingérence exigent que la France agisse en faveur des populations qui vivent dans la région de Tarapur :
- Il faudrait faire un constat objectif du niveau de pollution radioactive autour de la centrale. La France possède des organismes aptes a effectuer cette mission. La diplomatie pourrait obtenir les autorisations nécessaires.
- Il faudrait faire un constat officiel de l’impact de cet environnement sur la santé des populations.
- Il faudrait offrir des soins aux malades, comme à Tchernobyl.Jacques Terracher, le 08/01/15