PAROLES D’HOSPITALIERS
« Le 15 du mois nous n’avons plus de couverture chauffante, de drap… »
« Le stock de médicament est en rupture. »
« Nous ne serons pas livrés car nous n’avons pas payé la dernière facture »
« L’ascenseur est en panne, nous n’avons plus les moyens d’assurer la maintenance »
« Nous devons reporter votre examen l’appareil est en panne. »
« Tu pourras revenir demain sur ton jour de repos, nous ne sommes pas assez nombreux. »
« Si tu pouvais te dépêcher un peu, il faut enchainer. »
« Je peux vous donner RDV dans 6 mois pour votre prothèse de hanche »
« J’étais attaché à l’hôpital public mais là vu ce que je gagne et le peu de reconnaissance salut !!!! »
« La réalité nous oblige à la fusion, à la mutualisation. »
« Je n’ai pas ‘autre solution que de privatiser le self. »
« Le contrôleur financier ne m’autorise pas à embaucher »
Plus personne ne doit croire que les politiques d’austérité que nous subissons depuis des années à l’hôpital sont sans conséquence sur la prise en charge des patients.
Les centaines de millions d’euros économisées, les 3 milliard à venir dégradent ostensiblement la qualité et la sécurité des soins que nous distribuons à nos concitoyens.
Les 1eres coupes ont consisté à baisser les dépenses dites matérielles. Il s’agissait alors pour les directions de baisser les factures de nos fournisseurs, de diminuer les frais de maintenance, de ne pas remplacer le matériel pourtant vétuste. Mais cela n’a pas suffi.
L’engagement « craché, juré, pas les soignants » n’aura pas duré.
Si dans un 1er temps les coupes dans les effectifs ont touché essentiellement les personnels ouvriers et administratifs, puisque insuffisantes elles s’attaquent aux soignants.
Départ en retraite, mutation non remplacée, suppression de postes, précarisation, sous-traitance, externalisation… le sous-effectif s’installe comme la règle dans nos services.
La boucle ne serait pas bouclée si nous n’abordions pas la question d’augmentation de l’activité. En nous vendant l’idée d’un secteur concurrentiel nos directions nous imposent le rendement, le nombre d’actes, le taux d’occupation des salles, le nombre de lits, la diminution de la durée moyenne de séjour comme les critères d’évaluation de « notre production ».
A ce jeu, déjà suicidaire, s’ajoute le vote déraisonnable de nos parlementaires. Nos députés et sénateurs ont bon dos de pleurer la fermeture de nos hôpitaux de proximité quant à la chambre ils votent des budgets dramatiquement insuffisants. L’incompétence doit avoir une fin, l’hôpital debout sonne le glas.
Des années de disette, de promesses, de « vous verrez » et nous ne voyons rien, les lendemains ne chantent toujours pas …
Aux budgets étriqués succèdent les budgets insuffisants. Étranglé, étouffé, ré-duit chaque jour un peu plus, l’hôpital se meurt. Victime de la sempiternelle baisse des dépenses publiques imposée par le gouvernement qui l’éloigne de ses missions premières, si importantes pour le bien de toutes et tous.
Parce que cette politique mène à notre négation,
Parce que ceux qui la mènent ne nous entendent pas,
Parce que des richesses produites il y en a,
Parce que nous valons mieux que ça,
Nous, hospitaliers-ères, nous rejoignons la nuit debout pouinventer une société juste et émancipatrice, une société où la Santé ne serait plus vécue comme une dépense mais un investissement, un droit accessible à toutes et tous quelques soient ses origines et son lieu de vie.
Si nous touchons ici les missions de l’hôpital, il nous semble important de les réaffirmer tant elles sont mises à mal aujourd’hui.
En réaffirmant aussi notre volonté de prendre soin de nos semblables, de les accompagner dans des moments souvent pénibles de leur existence, nous dénonçons une politique qui fait de nous des faiseurs d’actes et trop souvent de simples variables d’ajustement.
De plus, cette politique ne nous permet plus d’entretenir convenablement nos bâtiments, de gérer la logistique ou les dossiers de l’ensemble des hospitalier-ères …
Nous nous relevons et ainsi nous permettrons à l’hôpital de se tenir debout.
Nous appelons toutes celles et tous ceux victimes, comme nous, de ces politiques à rejoindre le mouvement.
Ensemble nous sommes l’avenir