Voici un courrier précis et argumenté reçu de Jacques Terracher, militant antinucléaire de la Vienne.
L’ Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ouvert une consultation publique, sur son site, au sujet de l’avis qu’ elle a donné concernant la cuve du réacteur de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche)-, Réacteur pressurisé européen – EPR.
Le Réseau Sortir du nucléaire (SDN) a monté un dossier pour vous documenter si vous souhaitez participer à cette consultation ouverte jusqu’ au 12 sept 17.
Cliquer sur: http://www.sortirdunucleaire.org/Consultation-publique-de-l-ASN-sur-son-projet-d
En pièce jointe, je vous propose une synthèse des reproches qu’on peut faire à cette cuve, pour vous aider à rédiger votre propre commentaire.
Aujourd’hui, 07/08/17, plus de 5 000 commentaires ont déjà été déposés sur le site ASN, quasiment tous anti-cuve. La consultation tourne à la pétition, en plus de celle qui est en cours sur le site RSDN.
La pression populaire saura-t-elle contrer les pressions exercées par le lobby nucléaire sur ASN ?
N’hésitez pas à vous exprimer dans le cadre de cette consultation, et aussi sur la pétition du Réseau SDN.
Jacques Terracher
Projet d’ avis de l’ Autorité de sûreté nucléaire sur la cuve EPR :
L’ ASN doit changer d’ avis
L’ ASN vient de rendre public son avis sur la cuve de l’ EPR : « apte sous réserve de changer le couvercle et de procéder à des contrôles supplémentaires… »
Les militants anti-nucléaires, après avoir pris connaissance du dossier contestent cet avis et espèrent qu’ il ne se transformera pas en décision finale.
Considérant que l’ avis de l’ ASN présente des contradictions, des erreurs, des imprécisions et des omissions, qui sont examinées en dessous, nous demandons à ASN d’ examiner à nouveau le dossier ;
Considérant que ASN déclare d’ une part que le risque d’ hétérogénéité des défauts de l’ acier « a été mal apprécié et ses conséquences mal quantifiées par AREVA NP » et d’ autre part que « les caractéristiques mécaniques sont suffisantes pour exclure le risque de rupture… », la contradiction est telle que la cuve devrait être refusée ;
Considérant que l’ acier qui a été fourni pour le couvercle et le fond de la cuve de l’ EPR n’ est pas celui qui avait été commandé, et qu’ il contient une teneur moyenne en carbone nettement supérieure à celle du 16MND5, la cuve devrait être refusée ;
Considérant que, de fortes ségrégations sont présentes dans cet acier déjà trop riche en carbone, que ces ségrégations concernent en plus du carbone tous les composants de l’ acier avec les impuretés, et que ces défauts ont pour conséquences certaines et non hypothétiques d’ en réduire tout particulièrement les qualités de résilience, de ténacité et de soudabilité, la cuve devrait être refusée ;
Considérant que la ténacité amoindrie reste acceptable mais que la résilience (résistance aux chocs mécaniques et thermiques) est inacceptable, la cuve devrait être refusée ;
Considérant que la teneur en carbone atteint par endroits le double de ce qu’ il devrait être (0,32% au lieu de 0,16%) la cuve devrait être refusée ;
Considérant que la dégradation des qualités mécaniques a pour conséquence la diminutions des marges de sécurité même si elles restent dans la limite réglementaire, la cuve devrait être refusée ;
Considérant que la mauvaise qualité des aciers fournis par Creusot Forge était connue avant même la fabrication des deux pièces défectueuses, mais qu’ AREVA n’en n’a pas tenu compte et nous met devant le fait accompli, la cuve devrait être refusée ;
Considérant que les pièces sacrificielles sur lesquelles les essais ont été pratiqués ne sont pas exactement identiques à celles de l’ EPR (dates de fabrication éloignées et températures de transitions très différentes) la cuve devrait être refusée ;
Considérant que les essais et calculs effectués comportent une marge d’ incertitude importante qui laisse place à un doute (cf fiche pédagogique IRSN), la cuve devrait être refusée ;
Considérant que l’ arrêté de 2015, qui ouvre la voie à une procédure de dérogation a été pris spécifiquement pour faire accepter l’ acier loupé, ne saurait en restaurer les qualités mécaniques pourtant requises par les décrets antérieurs, la cuve devrait être refusée ;
Considérant que le couvercle doit être remplacé dans les meilleurs délais (7 ans), parce que l’ acier n’est pas aux normes, mais que les contrôles de surveillance ne sont pas possibles à cause de l’ extrême encombrement des tubes qui le traversent, la cuve devrait être refusée.
Considérant que le fond de cuve est constitué du même acier que le couvercle, la cuve devrait être refusée ;
Considérant que l’ apparition de fissures dans l’ acier d’ une pièce soumises à de fortes contraintes mécaniques de pressions, températures, irradiations, vibrations…est un phénomène aléatoire, imprévisible et incalculable à l’ avance, fissures pouvant conduire à une rupture brutale, la cuve devrait être refusée ;
Toutes ces raisons pourraient se résumer à l’ application du principe de précaution pour refuser d’ homologuer une cuve douteuse :
– Le couvercle défaillant tiendra-t-il 6 ans avant son remplacement ?
– Comment se comporterait-il en cas de situation d’ éjection de grappe ?
Affirmer qu’ il ne subira pas de fissures, alors que son contrôle complet est impossible, relève du pari alors qu’ il nous faudrait des certitudes, des preuves qui ne sont pas fournies.
Par ailleurs, les textes récents de 2015, s’ ils permettent de donner à l’ acier de la cuve EPR un caractère « réglementaire » avec effet rétroactif, n’ en modifient pas pour autant les caractéristiques mécaniques dégradées qui le rendent dangereux, donc inacceptable.
Jacques Terracher.
En complément, voici la contribution de Jean-François Victor, militant antinucléaire, ancien dirigeant de l’atelier d’usinage du Creusot, à la consultation ASN sur la cuve EPR. Contribution recommandée par Jacques Terracher.