La LDH et les Obser­va­toires répondent aux réac­tions offi­cielles à la publi­ca­tion de leur rapport sur Sainte-Soline

https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/07/22/reac­tions-offi­cielles-a-la-publi­ca­tion-du-rapport-sur-sainte-soline/

Depuis la publi­ca­tion du rapport Empê­cher l’ac­cès à la bassine quel qu’en soit le coût humain, la plupart des réac­tions offi­cielles ont consisté à tenter d’en disqua­li­fier les conclu­sions en passant par des remises en cause gros­sières des condi­tions de produc­tion de ce travail.

Notam­ment, les nombreuses attaques infon­dées concer­nant le statut des obser­va­toires [1], n’ont servi que de prétextes aux pouvoirs publics afin d’élu­der la produc­tion de véri­tables réponses quant aux conclu­sions de fond établies par ce travail minu­tieux.

Le jour de la sortie du rapport, la préfète des Deux-Sèvres publiait un commu­niqué visant unique­ment à réfu­ter l’en­trave aux secours, sans mobi­li­ser d’autre argu­ment que le « contexte compliqué par l’ab­sence déli­bé­rée d’échanges de la part des orga­ni­sa­teurs de ce rassem­ble­ment inter­dit  ».

  • Sur ce point, le rapport mentionne que des échanges infor­mels ont eu lieu à l’ini­tia­tive de la Confé­dé­ra­tion paysanne et montre au demeu­rant que l’ab­sence de contacts avec les orga­ni­sa­teur-ice-s ne lève pas la respon­sa­bi­lité de l’Etat vis-à-vis des personnes bles­sées. L’obli­ga­tion de porter secours en cas de détresse vitale prévaut dans tous les cas.
  • De plus, sur les heurts violents qui auraient justi­fié de retar­der l’in­ter­ven­tion des secours, il est démon­tré dans le rapport que la zone où se trou­vait notam­ment Serge D. était entiè­re­ment calme depuis 14h08.
  • Enfin, il convient de rappe­ler à nouveau que contrai­re­ment à ce qu’af­firme la préfète des Deux-Sèvres, la parti­ci­pa­tion à une mani­fes­ta­tion inter­dite n’est pas un délit, mais une infrac­tion corres­pon­dant à une contra­ven­tion de la 4ème classe [2].

Puis, le 12 juillet, lorsque le chef de l’IGGN fait le choix de s’ex­pri­mer devant l’As­sem­blée natio­nale sur les enquêtes en cours, notam­ment celle concer­nant des faits de non-assis­tance à personne en danger, il indique ne pas avoir vu d’image de gendarmes bloquant une ambu­lance.

  • Éton­née·s, nous le renvoyons aux données du rapport, que ce soit les décla­ra­tions des méde­cins régu­la­teurs indiquant attendre l’au­to­ri­sa­tion de l’équipe de comman­de­ment pour s’ap­pro­cher des lieux, ou les photo­gra­phies attes­tant la levée à 15h15 d’un barrage de gendarmes posi­tionné devant les pompiers.
  • De plus, nous avons constaté que, si de nombreuses personnes bles­sées ont bien été dépla­cées (contre toute pres­crip­tion médi­cale) pendant la mani­fes­ta­tion, c’est notam­ment à cause des tirs de grenades qu’elles subis­saient : c’est le cas de Serge D., déplacé à 13h54 à cause de tirs de grenades réalisé par le PM2I (en dépit du signa­le­ment de sa situa­tion à 13h48).

Ces fausses asser­tions réité­rées par les pouvoirs publics sont parti­cu­liè­re­ment domma­geables, puisqu’elles prolongent l’ex­pres­sion d’une volonté de mani­pu­ler l’in­for­ma­tion du public, une pratique deve­nue courante, qui est juste­ment analy­sée dans le rapport.

Ainsi, nous déplo­rons donc le main­tien de cette version offi­cielle, qui plus est en s’ap­puyant une nouvelle fois sur des éléments factuel­le­ment faux, malgré les preuves concrètes qu’ap­porte le rapport établi par l’in­ter-obser­va­toires.

Aucune réponse de fond n’a été appor­tée à ce rapport. Nous renou­ve­lons donc notre demande que la lumière soit faite sur la stra­té­gie de main­tien de l’ordre rete­nue par les auto­ri­tés, qui a consisté :

  • À mettre en place une commu­ni­ca­tion crimi­na­li­sante, avant et après cette mani­fes­ta­tion, pour disqua­li­fier l’objet de la mobi­li­sa­tion et tenter de justi­fier l’ar­se­nal répres­sif déployé à l’en­contre des mani­fes­tan­te·s.
  • À faire un usage des armes massif, indis­cri­miné et dispro­por­tionné, entraî­nant de très nombreuses personnes bles­sées.
  • À entra­ver les secours dans un cas de personne bles­sée en situa­tion de détresse vitale.

[1] Pour en savoir plus sur le statut des obser­va­teur.trice.s : cfOBSERVER L’ACTION DE MAINTIEN DE L’ORDRE EST UN DROIT | LE CLUB (MEDIAPART.FR)
[2] Article R.644–4 du Code Pénal

Paris, le 19 juillet 2023
https://www.ldh-france.org/reac­tions-offi­cielles-a-la-publi­ca­tion-du-rapport-sur-sainte-soline/

Rappel :
Empê­cher l’ac­cès à la bassine quel qu’en soit le coût humain
Commu­niqué et rapport des obser­va­toires des liber­tés publiques et des pratiques poli­cières sur la mobi­li­sa­tion contre le projet de méga-bassine à Sainte-Soline (24–26 mars 2023)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/07/12/empe­cher-lacces-a-la-bassine-quel-quen-soit-le-cout-humain/


Retour sur les propos de Gérald Darma­nin au sujet de l’ob­ser­va­tion de la LDH à Sainte-Soline (audi­tion à l’As­sem­blée natio­nale du 5 avril 2023)
Rappel : Le rôle des obser­va­toires des pratiques poli­cières et des liber­tés publiques
Attaquer la LDH, c’est bascu­ler dans une dyna­mique illi­bé­rale
La ligue des Droits de l’Homme appelle au combat pour les liber­tés et la démo­cra­tie
Réso­lu­tion de la gouver­nance inter­na­tio­nale de la FIDH en soutien à la LDH


Face aux attaques du ministre contre les asso­cia­tions… « Nous conti­nue­rons »
Violences poli­cières : « J’ai montré ma carte de presse, ça n’a rien changé »
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/04/09/retour-sur-les-propos-de-gerald-darma­nin-au-sujet-de-lobser­va­tion-de-la-ldh-a-sainte-soline-audi­tion-a-lassem­blee-natio­nale-du-5-avril-2023/

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