Pales­tine-Israël : mettre fin à la course à l’abîme

Pales­tine-Israël : mettre fin à la course à l’abîme

La situa­tion en Pales­tine devient chaque jour plus drama­tique. Depuis le début de l’of­fen­sive israé­lienne, plus de 22.000 Gazaoui·es ont été assas­si­né·es, tandis que se multi­plient les exac­tions israé­liennes en Cisjor­da­nie et à Jéru­sa­lem. Prenons conscience de l’am­pleur du massacre : c’est plus de 1% de la popu­la­tion qui a été tuée, dont une grande part d’en­fants, l’équi­valent de 700 000 personnes rapporté à la France. Et cela sans comp­ter les bles­sé·es en grand nombre qui ne trouvent plus dans les hôpi­taux exsangues les moyens de se faire soigner.

L’at­taque du 7 octobre initiée par le Hamas, un acte terro­riste qui relève du crime de guerre, ne saurait à aucun moment justi­fier l’ex­ter­mi­na­tion des Pales­ti­nien·nes de Gaza. Contrai­re­ment à ce qu’af­firme la propa­gande du gouver­ne­ment d’Is­raël, nous ne sommes pas confron­tés à l’exer­cice d’une quel­conque « légi­time défense » mais bien à un projet de nettoyage ethnique de grande ampleur des Pales­ti­nien·nes de Gaza.

En effet, un projet prend forme qui ne se limite pas au tragique assas­si­nat de masse des Gazaoui·es et à la destruc­tion de quasi­ment toutes les infra­struc­tures de ce terri­toire. De manière de plus en plus précise et expli­cite, les auto­ri­tés israé­liennes expriment leur volonté d’ex­pul­ser les Gazaoui·es de leur terre. Cela a été formulé très clai­re­ment le 2 janvier 2024 par le ministre israé­lien de la Sécu­rité natio­nale, le fasciste Itamar Ben Gvir : « Il est temps de mettre un projet visant à encou­ra­ger les habi­tants de Gaza à émigrer vers d’autres pays du monde. ». Dans le même temps, les acca­pa­re­ments de terres et les meurtres de Pales­ti­nien·nes en faveur des colons se pour­suivent en Cisjor­da­nie.

Cette volonté de nettoyage ethnique est une nouvelle néga­tion du droit du peuple pales­ti­nien à vivre dans son pays. Ce funeste projet, s’il venait à se réali­ser, consti­tue­rait égale­ment une profonde désta­bi­li­sa­tion de toute la région. Or, cette désta­bi­li­sa­tion provoquée par le gouver­ne­ment israé­lien est de plus en plus forte avec, notam­ment, l’éli­mi­na­tion du numéro 2 du Hamas, Saleh el-Arouri, par un assas­si­nat ciblé, au Liban. Une telle action, alors que le Hezbol­lah liba­nais avait déjà prévenu que cela consti­tue­rait pour lui une ligne rouge, fait que le risque d’em­bra­se­ment régio­nal n’a jamais été aussi fort.

C’est bien une course à l’abime qui est enga­gée. Stric­te­ment personne n’en sortira indemne. La « guerre au terro­risme » a échoué partout : en Irak où elle a généré Daech, en Afgha­nis­tan où les Tali­bans sont reve­nus au pouvoir. Tous les fantasmes de nettoyage ethnique des Pales­ti­nien·nes ne les effa­ce­ront pas de la surface de la terre. De cet horrible chaos ne peux résul­ter qu’un déchai­ne­ment de violence plus drama­tique encore.

Tous les parti­sans du « choc des civi­li­sa­tions » qui nient cette évidence ne sont pas seule­ment complices d’un crime contre l’hu­ma­nité qui se déroule sous nos yeux. Ils sont aussi des oppor­tu­nistes poli­tiques irres­pon­sables qui comptent sur cette course à l’abime par tactique poli­ti­cienne. Les gauches sociales et poli­tiques ont une respon­sa­bi­lité première pour affir­mer la primeur du droit sur la loi du Talion et la logique exter­mi­na­trice portée par le gouver­ne­ment israé­lien.

Plus que jamais l’ur­gence immé­diate est un cessez-le-feu total et sans condi­tion, pour ouvrir des négo­cia­tions pour la libé­ra­tion des 4000 prison­nier·es poli­tiques pales­ti­nien·nes et des otages israé­lien·nes. La mobi­li­sa­tion en ce sens doit conti­nuer pour expri­mer notre indi­gna­tion, expliquer la situa­tion face à une désin­for­ma­tion de masse.

Contre la course à l’abîme, il est plus que jamais néces­saire de construire une majo­rité sociale en faveur de sanc­tions, notam­ment écono­miques, impo­sées à l’Etat d’Is­raël, à l’ins­tar de ce qui est fait à la Russie suite à son inter­ven­tion en Ukraine, et un embargo total sur la vente d’arme pour mettre fin à l’op­pres­sion du peuple pales­ti­nien. Sous l’égide des Nations-Unies, il faut convoquer une confé­rence inter­na­tio­nale pour l’ap­pli­ca­tion du droit inter­na­tio­nal et des réso­lu­tions de l’ONU afin de garan­tir le droit au retour des réfu­gié·es, la fin de la colo­ni­sa­tion et de l’oc­cu­pa­tion ainsi que la créa­tion d’un Etat Pales­ti­nien viable terri­to­ria­le­ment et coexis­tant paci­fique­ment avec l’Etat d’Is­raël. C’est à ces condi­tions seule­ment qu’une paix durable peut s’ins­tal­ler dans cette région

Le 4 janvier 2024

Collec­tif d’ani­ma­tion natio­nal de la Gauche écoso­cia­liste

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