Ukraine. Deux ans de destruc­tions

Triste anni­ver­saire
Décla­ra­tion du comi­té français du RESU [1]

Hugues
Terrible anni­ver­saire que celui de l’in­va­sion impé­ria­liste des troupes de Poutine. Deux ans de bombar­de­ments quoti­diens. Deux ans de destruc­tion des infra­struc­tures du pays. Deux ans de rapts et de dépor­ta­tion d’en­fants. Deux ans de viols comme stra­té­gie de guerre. Deux ans d’un éco­cide rava­geant le plus vaste terri­toire d’Eu­rope. Deux ans de massacres de civils et de mili­taires. Deux ans de crimes de guerre et de crimes contre l’hu­ma­ni­té.

Et pour­tant l’Ukraine tient bon. Appuyée sur la formi­dable résis­tance de tout un peuple, l’ar­mée a pu reprendre des terri­toires autour de Kher­son et sécu­ri­ser le trans­port en mer Noire en obli­geant la flotte russe à se replier.

À la verti­cale auto­cra­tique du pouvoir pouti­nien répondent, en Ukraine, des formes multiples d’auto-orga­ni­sa­tion à la base (mobi­li­sa­tion de volon­taires, asso­cia­tions de défense des droits civils, syndi­cats indé­pen­dants, mouve­ments fémi­nistes, notam­ment) qui témoignent de la capa­ci­té d’ini­tia­tive de la popu­la­tion ukrai­nienne et soudent son unité.

Poutine, pour qui une socié­té démo­cra­tique à ses fron­tières est le pire des dangers, a augmen­té son budget mili­taire de 70% et cherche à satu­rer l’es­pace et la défense ukrai­nienne. Fort du nombre – avec son réser­voir de chair à canon tirée des prisons et puisant dans les mino­ri­tés paupé­ri­sées de son empire – Poutine joue la montre, comp­tant sur l’é­lec­tion de Trump pour que l’aide amé­ri­caine soit défi­ni­ti­ve­ment gelée et ne lési­nant devant aucun moyen pour l’é­pau­ler.

Trop long­temps, les gouver­ne­ments occi­den­taux ont tergi­ver­sé et n’ont pas appor­té à l’Ukraine l’aide dont elle a un besoin vital pour vaincre, ration­nant ici les avions, là les chars et les obus, tels des épi­ciers muni­chois.

Les Ukrai­niennes et les Ukrai­niens ne manquent ni de volon­té, ni d’in­ven­ti­vi­té tech­no­lo­gique, ni bien sûr de courage, pour repous­ser les troupes russes hors de leurs fron­tières. Ils n’ont besoin que des armes qui leur ont été promises.

Sophie
Le Réseau euro­péen de soli­da­ri­té avec l’Ukraine s’est consti­tué au soir de l’in­va­sion et a, depuis, essai­mé sur tous les conti­nents. Son Comi­té français regroupe aujourd’­hui une quaran­taine d’or­ga­ni­sa­tions poli­tiques, syndi­cales ou asso­cia­tives, indé­pen­dantes de tout gouver­ne­ment. Outre le droit à l’au­to­dé­ter­mi­na­tion pour une Ukraine indé­pen­dante et démo­cra­tique, le RESU apporte son soutien à la résis­tance anti-guerre et démo­cra­tique en Russie et au Béla­rus. Il défend aussi celles et ceux qui, enga­gés dans la résis­tance, luttent contre la remise en cause du droit du travail et du droit syndi­cal, des droits des femmes et des étu­diants, qui fragi­lise l’uni­té du peuple ukrai­nien et donc sa capa­ci­té de défense.

Notre charte demande l’an­nu­la­tion de la dette exté­rieure de l’Ukraine. Toute l’aide néces­saire, armes comprises, doit lui être appor­tée sous forme de dons car l’Ukraine ne défend pas seule­ment le droit de choi­sir libre­ment son destin mais éga­le­ment le nôtre, à nous qui sommes aussi dans le colli­ma­teur de Poutine, de sa « guerre de civi­li­sa­tion » et de son entre­prise de dés­ta­bi­li­sa­tion de l’Eu­rope. L’ur­gence est d’ar­mer l’Ukraine plutôt que de faire des affaires avec les dicta­tures et les théo­cra­ties qui sévissent sur tous les conti­nents.

Comme le dit Serhiy Jadan, poète et musi­cien immen­sé­ment popu­laire en Ukraine, allons-nous nous déro­ber aux respon­sa­bi­li­tés qui sont aujourd’­hui les nôtres « au nom d’un mercan­ti­lisme douteux et d’un faux paci­fisme ? ».

Seule la défaite des armées de Poutine et de son régime peut garan­tir la sécu­ri­té collec­tive des peuples d’Eu­rope.

C’est pourquoi, avec le collec­tif Ensemble pour le 24 !, nous appe­lons toutes et tous les inter­na­tio­na­listes, toutes et tous les démo­crates, dans toutes les régions de France, à marcher le 24 février pour la victoire de l’Ukraine.
[1] Confé­rence de presse du 15 février à la Ligue des droits de l’homme.

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Réseau syndi­cal inter­na­tio­nal de soli­da­ri­té et de luttes

Depuis l’in­va­sion du terri­toire ukrai­nien par l’ar­mée russe, le Réseau syndi­cal inter­na­tio­nal de soli­da­ri­té et de luttes est impliqué dans plusieurs initia­tives de soli­da­ri­té avec la résis­tance popu­laire ukrai­nienne. Trois convois syndi­caux du Réseau ont été orga­ni­sés, en 2022 et 2023, pour amener du maté­riel et rencon­trer des syndi­ca­listes sur place. Nous avons aussi mis en place une tour­née en Europe d’un syndi­ca­liste ukrai­nien, en 2023, et pris en charge la venue de deux syndi­ca­listes à la 5e rencontre inter­na­tio­nale du Réseau, en septembre 2023. Syndi­ca­listes, nous avons voulu, dès mars 2022, connaître l’avis, et la vie, des travailleurs et des travailleuses en Ukraine, confron­té∙es à la guerre déclen­chée pat l’im­pé­ria­lisme russe. Depuis, nous entre­te­nons ces contacts, notam­ment avec des mili­tants et mili­tants de la métal­lur­gie, de l’é­du­ca­tion, des chemins de fer, de la santé, des étu­diants et étu­dian­tes… Nous ne cessons de relayer leurs propos et de faire connaître leurs actions : ils et elles sont parties prenantes de la résis­tance popu­laire à l’in­va­sion de l’ar­mée russe; mais ils et elles sont aussi forte­ment impliqué∙es dans la défense des droits des travailleurs et des travailleuses, grave­ment remis en cause par le patro­nat et le gouver­ne­ment ukrai­nien. Notre site reprend régu­liè­re­ment des infor­ma­tions trans­mises par nos cama­rades d’Ukraine. Notre parti­ci­pa­tion aux Brigades édi­to­riales de soli­da­ri­té s’ins­crit dans cette soli­da­ri­té ouvrière inter­na­tio­na­liste. Faire circu­ler l’in­for­ma­tion est essen­tiel. Soutien à l’Ukraine résis­tante est un outil très utile pour cela. Conti­nuons à faire connaître les paroles et les actes de toutes celles et tous ceux qui résistent en Ukraine !

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Dan La Botz et Steve Shalom [1]

Pendant deux longues années, l’Ukraine s’est battue pour se défendre contre une inva­sion russe totale. Bien que confron­té à un ennemi beau­coup plus puis­sant, le peuple ukrai­nien a su, grâce à son esprit et à sa déter­mi­na­tion, repous­ser l’agres­sion russe. Mais l’Ukraine aurait eu du mal à survivre sans l’ap­port d’armes de l’ex­té­rieur. Quiconque croit que les petites nations ont le droit de se défendre contre leurs voisins plus impor­tants devrait soute­nir le droit de l’Ukraine d’ac­qué­rir des armes là où elle peut se les procu­rer, c’est-à-dire aux États-Unis et dans les pays membres de l’OTAN. Cela est vrai même si nous nous méfions des puis­sances occi­den­tales. Tout en soute­nant l’Ukraine, comme la gauche ukrai­nienne, nous restons critiques à l’é­gard du gouver­ne­ment de Volo­dy­myr Zelensky : ses poli­tiques éco­no­miques néo­li­bé­rales et anti­syn­di­cales, ainsi que sa répres­sion des liber­tés civiles.

De nombreux pays qui ont fourni des armes à l’Ukraine – et en parti­cu­lier les États-Unis – envi­sagent de réduire leur aide. Nous pensons que la déci­sion de conti­nuer à résis­ter à l’agres­sion russe revient aux Ukrai­niens : ce sont eux qui, de loin, supportent les coûts terribles de la mort et de la destruc­tion causées par la guerre et de l’op­pres­sion causée par l’oc­cu­pa­tion étran­gère. Quelle que soit leur déci­sion, ils ne devraient pas avoir les mains forcées par une coupure d’armes.

Nous appré­cions le fait d’avoir fait partie du consor­tium de revues et d’autres publi­ca­tions qui partagent ces points de vue. Nous avons notam­ment appré­cié le déve­lop­pe­ment d’une rela­tion plus étroite avec la

revue ukrai­nienne Commons et avec la gauche socia­liste démo­cra­tique orga­ni­sée au sein de Sotsial­nyi Rukh. Nous avons ainsi appris à connaître et à discu­ter avec des socia­listes ukrai­niens qui luttent à la fois contre la Russie et contre les poli­ti­ciens du gouver­ne­ment Zelensky. Nous sommes fiers d’avoir publié leurs articles et leurs inter­views, et d’avoir écrit nos propres articles pour soute­nir la lutte de l’Ukraine pour l’in­dé­pen­dance, la démo­cra­tie et la justice sociale. Nous avons éga­le­ment appris à connaître des dissi­dents russes, comme ceux de la revue Posle, qui s’op­posent à la guerre de leur pays contre l’Ukraine et réclament la démo­cra­tie dans leur patrie. Le réseau de soli­da­ri­té avec l’Ukraine des États-Unis a égale- ment appré­cié le travail du réseau de soli­da­ri­té avec l’Ukraine en Europe (ENSU/RESU).

Ces derniers mois, la guerre en Ukraine a été éclip­sée par les horreurs de Gaza, où la réponse mili­taire israé­lienne aux crimes du Hamas le 7 octobre a conduit au plus grand massacre concen­tré de civils de ce siècle. Le soutien à la cause pales­ti­nienne ne doit cepen­dant pas faire oublier la néces­si­té de soute­nir l’Ukraine. Dans les deux cas, une puis­sance mili­taire plus forte tente d’oc­cu­per et de refu­ser l’au­to­dé­ter­mi­na­tion à un peuple oppri­mé.

Nous sommes conscients des défis auxquels vous êtes confron­tés, vous, le peuple ukrai­nien, à la fois pour mobi­li­ser les forces et pour main­te­nir le moral face à la guerre barbare de la Russie qui a tué des milliers de civils et de soldats ukrai­niens, dépla­cé des millions de personnes et vu l’en­lè­ve­ment de 20 000 enfants. Depuis le début, nous admi­rons votre courage. Votre ferme­té nous inspire, ainsi que beau­coup d’autres personnes dans le monde qui voient en vous un rempart contre l’im­pé­ria­lisme et l’au­to­ri­ta­risme. Et nous sommes à vos côtés aussi long­temps que vous souhai­te­rez conti­nuer à vous battre.
[1] Dan La Botz et Steve Shalom sont membres du comi­té de rédac­tion de New Poli­tics et de l’Ukrai­nian Soli­da­rity Network of the United States et membres des Brigades édi­to­riales de soli­da­ri­té.

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Comi­té édi­to­rial Les utopiques

« Cahier de réflexions », Les Utopiques ne sont pas un outil syndi­cal d’in­ter­ven­tion directe sur l’ac­tua­li­té, comme peuvent l’être tracts, bulle­tins, appels à l’ac­tion, etc. Pour autant, nos réflexions syndi­cales ne sont pas décon­nec­tées du réel; et la dimen­sion inter­na­tio­nale fait partie du monde réel. En 2022, le dossier de notre numéro 21 s’in­ti­tu­lait « Guerres, paix, impé­ria­lis­mes… des ques­tions syndi­cales ». Autant dire que la guerre en Ukraine, la résis­tance popu­laire ukrai­nienne, la soli­da­ri­té syndi­cale inter­na­tio­nale, y tenait une bonne place… aux côtés de nombreux dessins de Katia Grit­seva, étu­diante syndi­ca­liste et fémi­niste ukrai­nienne. L’Ukraine est aussi appa­rue dans quelques articles d’autres numé­ros des Utopiques.

Prolon­geant bien d’autres enga­ge­ments inter­na­tio­na­listes de l’Union syndi­cale Soli­daires, en Ukraine et dans d’autres régions du monde, nous avons répondu posi­ti­ve­ment à l’ap­pel à rejoindre les Brigades édi­to­riales de soli­da­ri­té. Nous mettons à dispo­si­tion, sur le site Les Utopiques comme sur celui de Soli­daires, les Soutien à la résis­tance ukrai­nienne. Ce sont des docu­ments néces­saires pour notre réflexion, pour nos actions, pour la soli­da­ri­té concrète.

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Michel Lanson [1]

Depuis deux ans, depuis l’in­va­sion russe du 24 février 2022 repous­sée unique­ment par la mobi­li­sa­tion et le courage de l’ar­mée et du peuple, 6,3 millions d’Ukrai­niens ont quit­té le pays et 3,7 millions ont été dépla­cés à l’in­té­rieur du pays. Si évi­dem­ment les chiffres réels sont tenus secrets, les esti­ma­tions des experts fixent à plus de 70 000 les morts ukrai­niennes et à plus de 130 000 les bles­sés. C’est le peuple ukrai­nien qui subit de plein fouet les horreurs, les priva­tions et les contraintes de la guerre.

Cette guerre enclen­chée dès 2014 par la Russie entre dans un plan plus large de « reconquête » de ce que Poutine appelle, dans son révi­sion­nisme histo­rique et idéo­lo­gique, « la Grande Russie ». Elle parti­cipe du boule­ver­se­ment poli­tique post­mon­dia­li­sa­tion. Les conséquences géo­po­li­tiques, éco­lo­giques, éco­no­miques et humaines sont innom­brables.

Cette guerre est au cœur des enjeux poli­tiques des grandes puis­sances et dépend en grande partie de la volon­té des États-Unis et de la majo­ri­té des pays euro­péens d’ai­der véri­ta­ble­ment l’Ukraine dans sa lutte de libé­ra­tion. Elle dépend aussi du soutien des Brics et des régimes auto­ri­taires à la Russie sous l’œil atten­tif de la Chine.

Il faut ajou­ter que la prochaine élec­tion amé­ri­caine peut chan­ger la donne et qu’un tour­nant dans le dérou­lé de la guerre et des autres conflits en cours aussi. Quant aux enga­ge­ments occi­den­taux, ils sont extrê­me­ment mesu­rés, à l’image de celui du pré­sident français qui clame que la Russie ne doit pas gagner la guerre mais qui, à aucun moment, n’a souhai­té expli­ci­te­ment la victoire de l’Ukraine.

Les respon­sa­bi­li­tés qui pèsent sur le peuple ukrai­nien sont donc immenses. Notre soutien à sa résis­tance doit être sans faille et ne doit pas dépendre de combi­nai­sons géo­po­li­tiques.

Les pres­sions pous­sant l’Ukraine à des conces­sions sont d’au­tant plus fortes que la guerre dure. Le passage de la Russie à l’é­co­no­mie de guerre a déclen­ché un plan de réar­me­ment euro­péen. Encore faut-il que celui-ci serve effec­ti­ve­ment à l’Ukraine pour gagner sa guerre contre l’en­va­his­seur. Malgré leurs déné­ga­tions, les diri­geants euro­péens aime­raient désor­mais se concen­trer sur leurs propres problèmes de défense. De plus, dans une situa­tion éco­no­mique et poli­tique inflam­mable, l’in­té­gra­tion de l’Ukraine à l’Eu­rope et à l’OTAN pose­rait des problèmes aujourd’­hui inso­lubles.

Les Ukrai­niens résistent toujours mais se trouvent face à des problèmes sociaux et poli­tiques capi­taux. La conscrip­tion néces­saire pour rele­ver les soldats se doit d’être équi­table et effi­cace. Les droits sociaux, poli­tiques et socié­taux doivent être défen­dus alors même que le gouver­ne­ment en diffi­cul­té est tenté par l’au­to­ri­ta­risme.

Le peuple ukrai­nien défend dans son combat contre la Russie dicta­to­riale son indé­pen­dance et sa démo­cra­tie, ses droits sociaux et ses espoirs d’é­man­ci­pa­tion. Notre soutien doit être lucide et à la hauteur de son courage.
[1] Michel Lanson est membre du comi­té français du RESU et du groupe Bastille.

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Fran­cis Sitel [1]

L’im­pré­vi­si­bi­li­té est la marque des évé­ne­ments histo­riques les plus déci­sifs. Ceux qui déroutent les grilles de lecture éta­blies et boule­versent les para­digmes poli­tiques les mieux instal­lés.

La guerre d’agres­sion dont l’Ukraine est victime de la part de Poutine en est une démons­tra­tion confir­mée.

L’of­fen­sive de l’ar­mée russe le 24 février 2022 a surpris. Malgré une guerre enga­gée par le Krem­lin depuis 2014 pour déta­cher le Donbass et la Crimée de l’Ukraine. Et aussi en dépit de l’é­vi­dence que la poli­tique de Poutine affiche un brutal projet impé­ria­liste, dite comme telle et confir­mée en actes en Tchét­ché­nie, en Géor­gie, en Syrie…

Surprise aussi de décou­vrir, face à une armée pré­sen­tée comme surpuis­sante, une résis­tance ukrai­nienne capable de refou­ler celle-ci.

Surprise à nouveau de voir combien la Russie se montre capable de mobi­li­ser ses ressources humaines et maté­rielles pour instal­ler la guerre dans la durée, et enrayer la contre-offen­sive ukrai­nienne l’em­pê­chant de percer le système défen­sif et de reconqué­rir les terri­toires occu­pés.

Surprise enfin, mais moindre, de consta­ter que les États-Unis et l’Union euro­péenne peinent à mettre les actes à la hauteur de leurs promesses et enga­ge­ments: four­ni­ture d’ar­me­ments au compte-gouttes et avec retard, faiblesses d’une indus­trie d’ar­me­ment qui ne peut répondre aux besoins en muni­tions…

Si bien qu’on s’in­ter­roge sur les déve­lop­pe­ments de la guerre et sa possible issue.

La socié­té ukrai­nienne confirme sa résis­tance, mais dans des diffi­cul­tés de plus en plus grandes. L’ar­mée ukrai­nienne marque des points (parti­cu­liè­re­ment en mer Noire et en Crimée, et avec ses frappes en Russie…), mais pourra-t-elle main­te­nir un effort aussi exigeant face aux atouts de la Russie ?

D’où la ques­tion de véri­té : jusqu’où le peuple ukrai­nien peut-il comp­ter sur le soutien des pays qui l’as­surent de leur soli­da­ri­té, en parti­cu­lier ceux de l’Union euro­péenne et la France ?

On voit la lassi­tude gagner les opinions publiques, la menace trum­piste planer sur la poli­tique amé­ri­caine, les doutes et hési­ta­tions miner la déter­mi­na­tion affi­chée par nombre de gouver­ne­ments euro­péens.

L’ac­cep­ta­tion de la candi­da­ture de l’Ukraine à inté­grer l’Union euro­péenne est un enga­ge­ment poli­tique fort et bien­venu. Mais, signe de mauvais augure, on voit déjà en France, y compris au sein de la gauche, une levée de boucliers contre cette déci­sion. On bran­dit les conséquences éco­no­miques et sociales d’une telle inté­gra­tion, au demeu­rant non pas pour la socié­té ukrai­nienne mais pour nos éco­no­mies (du fait de la grave menace des céréales et des poulets ukrai­niens !). Alibi hypo­crite puisqu’une inté­gra­tion effec­tive ne pourra résul­ter que d’un long et complexe proces­sus. Alors que l’ac­cep­ta­tion de la candi­da­ture a valeur de recon­nais­sance que l’Ukraine a sa place au sein de la famille euro­péenne, donc que la guerre dont elle est victime est une agres­sion contre l’Union elle-même, avec les conséquences devant en résul­ter. Y compris la néces­si­té pour celle-ci de redé­fi­nir ses prio­ri­tés.

Ces rappels montrent que ces deux années de guerre ont boule­ver­sé, et cela en perma­nence, nos cadres de pensée et d’ac­tions. D’où le défi d’une mise à jour en continu et de fond.

Ce pourquoi le travail des Brigades édi­to­riales de soli­da­ri­té avec l’Ukraine résis­tante est si indis­pen­sable, néces­si­tant appro­ba­tion et soutien.
[1] Fran­cis Sitel est membre du comi­té de rédac­tion de Contre­temps.

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Bernard Dréano [1]

La guerre mobi­lise les moyens consi­dé­rables de la Russie auquel l’Ukraine résiste grâce à ceux de ses alliés. Les arme­ments les plus oné­reux, avions de chasse de dernière géné­ra­tion, missiles sophis­tiqués (hyper­so­niques, etc.), forces navales, ne jouent pas un rôle majeur, par rapport aux drones, à l’ar­tille­rie, aux mines et muni­tions rustiques et à la « chair à canon » des fantas­sins.

Face à l’in­va­sion les États-Unis avaient d’em­blée renon­cé à toute dissua­sion, annonçant qu’ils limi­te­raient leur action, puis « bridant » l’aide mili­taire. Le régime russe a pu y voir un succès de sa propre dissua­sion, celle de la menace nucléaire (qui suscite la peur dans les opinions publiques occi­den­tales). Quoique trop tardi­ve­ment, les limi­ta­tions quali­ta­tives de l’ar­me­ment de l’Ukraine ont été levées – mais les quan­ti­tés restent insuf­fi­santes.

Après l’é­chec de la Blitz­krieg russe, puis de la contre-offen­sive ukrai­nienne, c’est la guerre d’usure. Poutine espère que le temps joue pour lui, escomp­tant un affai­blis­se­ment du soutien occi­den­tal, la fatigue du peuple ukrai­nien, l’ab­sence de contes­ta­tion à l’in­té­rieur de la Russie. Tout ne se joue donc pas sur le Front, mais à l’ar­rière.

Beau­coup ont été surpris par la force de la mobi­li­sa­tion ukrai­nienne. Une résis­tance popu­laire qui fait Nation. Où, malgré la loi martiale et des condi­tions atroces de la guerre, la socié­té est vivante, souvent auto-orga­ni­sée, Toute­fois la corrup­tion reste pré­sente, la cohé­sion sociale est mena­cée avec les mesures néo­li­bé­rales prô­nées par les droites ukrai­niennes et leurs conseillers conser­va­teurs britan­niques, les tensions au sommet de l’É­tat et les risques de dérives auto­ri­taires exis­tent…

Beau­coup ont été déçus par la faiblesse de la mobi­li­sa­tion anti-guerre en Russie. Réelle au début, elle n’est plus très visible. Ceci sous l’ef­fet de la propa­gande stalino-tsariste, d’une répres­sion consi­dé­rable et d’un achat de la paix sociale. Cepen­dant cette guerre coûte très très cher, finan­ciè­re­ment et humai­ne­ment, et la stabi­li­té du « front inté­rieur russe » n’est pas garan­tie.

La logique de « camps » arrange Poutine. Il est natu­rel que l’Ukraine consi­dère que sa résis­tance est celle de la démo­cra­tie contre la dicta­ture. S’agit-il pour­tant de la lutte du camp du bien (les démo­cra­ties) contre celui du mal (les auto­cra­ties) ? La majo­ri­té des opinions publiques du monde ignore ce que sont l’Ukraine ou la Russie d’aujourd’­hui, mais a plus que des doutes sur les procla­ma­tions de vertu des Occi­den­taux, le « deux poids deux mesures » de leurs pratiques. Le soutien des Amé­ri­cains et Euro­péens à la poli­tique de puri­fi­ca­tion ethnique israé­lienne (et risque de géno­cide) est tota­le­ment contra­dic­toire avec la condam­na­tion, au combien justi­fiée, des mêmes poli­tiques, quand elles sont russes. Une formi­dable oppor­tu­ni­té de contre-discours pour Pouti­ne…

La soli­da­ri­té avec la résis­tance armée et non-armée ukrai­nienne doit, pour des inter­na­tio­na­listes, être complé­tée par le soutien aux forces progres­sistes, notam­ment fémi­nistes et syndi­cales en Ukraine. Et dans la soli­da­ri­té avec les forces anti-guerres en Russie et au Béla­rus. Or toute une partie de la gauche, qui devrait natu­rel­le­ment être active à ce sujet, demeure absente, rétive, voire hostile, à des actions soli­daires. Une invi­si­bi­li­té qui risque de peser très lourd, pratique­ment et idéo­lo­gique­ment demain.
[1] Membre de l’As­sem­blée euro­péenne des citoyens AEC, pré­sident du Centre d’é­tudes et d’ini­tia­tives de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale (CEDETIM) et du comi­té français du RESU.

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Roberto Massari et Michele Nobili [1]

L’af­fir­ma­tion selon laquelle Poutine est en train de gagner sa guerre d’in­va­sion appa­raît souvent dans la presse inter­na­tio­nale. Ce n’est pas vrai : Poutine a perdu poli­tique­ment dès les premiers mois de la guerre, car son objec­tif était d’at­teindre Kyiv et de renver­ser le gouver­ne­ment en place pour le rempla­cer par un gouver­ne­ment pro-russe. Il n’y est pas parvenu et a dû s’ar­rê­ter dans les terri­toires fron­ta­liers déjà occu­pés avant l’in­va­sion. À partir de là, il ne peut plus avan­cer, mais l’ar­mée ukrai­nienne ne peut pas non plus les reprendre.

Là où la défaite de Poutine est la plus évi­dente, c’est dans le renfor­ce­ment de l’OTAN, qui n’au­rait pas eu lieu sans l’agres­sion.

L’uni­té avec laquelle l’UE a réagi marque éga­le­ment un troi­sième niveau de la défaite de Poutine. L’uni­fi­ca­tion euro­péenne (fait posi­tif dans la mesure où elle a surmon­té des natio­na­lismes sécu­laires) a progres­sé à pas de géant grâce à Poutine. Le récent vote du gouver­ne­ment hongrois en faveur du finan­ce­ment de l’Ukraine le prouve éga­le­ment.

D’autre part, en faveur de Poutine, il y a un proces­sus qui se dessine lente­ment à l’é­chelle inter­na­tio­nale, à savoir la conver­gence sur le terrain réac­tion­naire de l’anti-amé­ri­ca­nisme des prin­ci­pales dicta­tures du monde: Russie, Chine, Corée du Nord, Iran, certains pays arabes, certains pays d’Amé­rique latine, avec des atti­tudes ambi­guës de la part des Brics. Ce scé­na­rio inter­na­tio­nal va au-delà de la guerre en Ukraine et consti­tue une menace sérieuse pour l’hu­ma­ni­té: l’ave­nir pour­rait voir un élar­gis­se­ment du conflit entre un front de pays capi­ta­listes impar­fai­te­ment démo­cra­tiques et un front de pays capi­ta­listes dicta­to­riaux, qui restent souvent liés à des idéo­lo­gies médié­vales, comme dans le cas de l’Iran. Le régime iranien est une honte pour l’hu­ma­ni­té, mais il en va de même pour la Corée du Nord, vété­ran du stali­nisme.

Face à cette situa­tion dange­reuse qui pour­rait débou­cher sur un conflit mondial, force est de consta­ter l’im­puis­sance des classes popu­laires (pays par pays) et l’ab­sence de forces de gauche dignes de ce nom, capables de chan­ger le cours de l’his­toire.

La campagne de soli­da­ri­té avec l’Ukraine a montré le peu qu’il reste de la gauche dans les prin­ci­paux pays capi­ta­listes, mais aussi le vide qui se cache derrière les mouve­ments pré­ten­du­ment paci­fistes. Ceux-ci ont appe­lé à la reddi­tion de l’Ukraine, en la camou­flant sous le mot « paix », sans faire de distinc­tion entre les attaqués et les agres­seurs.

Il en a été de même pour le pogrom du Hamas contre les kibbout­zim israé­liens : un évé­ne­ment qui ne peut être consi­dé­ré comme distinct de la guerre en Ukraine. Dans l’an­cienne gauche, rares sont ceux qui condamnent le Hamas pour avoir décla­ré la guerre à Israël, pour son refus de livrer des otages et pour le cynisme avec lequel il sacri­fie les masses pales­ti­niennes à Gaza.

En Italie, les mani­fes­ta­tions anti-israé­liennes ont pris une tour­nure de « gauche » clai­re­ment anti­sé­mite. Et la montée de l’an­ti­sé­mi­tisme dans l’an­cienne gauche est certai­ne­ment un triste signe des temps que nous vivons. En Italie, l’an­ti­sé­mi­tisme et l’ant-iukrai­nisme se côtoient quoti­dien­ne­ment.

Nous, à Utopia rossa, qui avons été à l’avant-garde de la soli­da­ri­té avec l’Ukraine dès le premier instant, devons honnê­te­ment admettre que nous n’avons pas réussi à créer un courant de soli­da­ri­té au sein de la gauche. Nous avons cepen­dant publié trois livres qui nous permettent d’opé­rer au moins sur le terrain de la propa­gande : Michele Nobile, Inva­sioni russe. Polo­nia 1939/ Ucraina 2022 (2022) et Brigate edito­riali di soli­da­rie­tà, Ucraina dalla A alla Z, (2023); et pour comprendre les origines du régime russe actyuel, Roberto Massari, Se questi sono uomi­ni… Dalla Čeka a Kronš­tadt al Gulag (2024).
[1] Roberto Massari et Michele Nobil sont membres d’Uto­pia Rossa et des Brigades édi­to­riales de soli­da­ri­té.

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Vincent Pré­su­mey [1]

Deux années de soli­da­ri­té inter­na­tio­na­liste orga­ni­sée – entre des mili­tants et des courants qui, dès 2014, défen­daient le peuple ukrai­nien : nous avons au moins cet acquis et il est pré­cieux.

Oserais-je dire que nos préoc­cu­pa­tions ont rejoint, à chaque étape, celles du peuple et de nos cama­rades ukrai­niens ?

Février-mars 2022 :  stop­per l’in­va­sion. Au choc et à la peur s’est joint, rapi­de­ment, l’en­thou­siasme, car, comme nous l’es­pé­rions, une formi­dable résis­tance « armée et non armée » était en train de faire échouer la pire agres­sion impé­ria­liste du 21e siècle à ce jour.

Mars-juin 2022 : pendant la bataille du Donbass et le siège et la destruc­tion de Mariou­pol, la fier­té de la libé­ra­tion de régions entières se conjugue à l’hor­reur de ce qu’on y découvre, expri­mée dans un beau texte de notre cama­rade Maksym Butke­vych qui sera pris par l’en­nemi fin juin…

Eté-automne 2022 : la déban­dade russe à l’Est de Khar­kiv puis la libé­ra­tion de Kher­son font espé­rer que la guerre attise la crise et la révo­lu­tion dans la socié­té et dans l’ar­mée russes. Mais le régime a jusqu’à présent colma­té ses brèches à chaque fois.

Alors les choses se figent, avec la bataille de Bakh­mut en abcès de fixa­tion, cette nouvelle bataille de l’Èbre. La guerre semble alors se réduire à ce qu’elle est: une chose mili­taire. Les réformes anti-sociales du gouver­ne­ment ukrai­nien et la corrup­tion struc­tu­relle y contri­buent. Pour desser­rer l’é­tau puis gagner, il faut que le peuple ait plus de pouvoir, et il faut des armes. La victoire, c’est l’auto-orga­ni­sa­tion plus les F16 !

6 juin 2023 : l’é­co­cide du barrage sur le Dnipro, l’an­nonce que la « contre-offen­sive » a commen­cé, et la crise mafieuse de l’É­tat russe (Prigojine) remettent tout en suspens : la percée vient-elle ? Elle ne vien­dra pas, malgré Robo­tyne, et pour les mêmes raisons : le peuple n’est pas au pouvoir et il n’a pas les F16.

Plus que jamais, la lutte contre l’im­pé­ria­lisme russe et la lutte contre le capi­ta­lisme mondial devraient être communes : les mêmes forces qui endettent l’Ukraine, y pré­ca­risent et exploitent les prolé­taires, lui ont impo­sé une contre-offen­sive façon 14–18 sans avia­tion face au plus grand champ de mines du monde ! Le RESU-France a alors accen­tué ses thèmes sur ce double axe : soutien au front social en Ukraine ! Des armes modernes, vite : les armes ne doivent pas être des marchan­dises !

C’est alors que le   octobre 2023 du Hamas suivi de la destruc­tion israé­lienne de Gaza ont dépla­cé la situa­tion mondiale vers le pire. Dans ce cadre la guerre en Ukraine a faus­se­ment paru passer au second plan. Mais ces deux guerres et les prochaines forment au fond un tout, contre l’é­man­ci­pa­tion humaine.

C’est pour nous le moment le plus diffi­cile. Il ne s’agit pas de « tenir », mais de contre-attaquer. Et le terrain pour nous, ce sont les mouve­ments sociaux, la gauche et les syndi­cats. Nous avons un grand résul­tat: la posi­tion commune, réa­li­sée au moment de l’uni­té contre Macron pour les retraites, des centrales syndi­cales en soutien au peuple ukrai­nien, renou­ve­lée pour le 24 février 2024. Avec deux grandes limites : leur silence sur le besoin en armes, et l’im­mense conser­va­tisme des milieux mili­tants sur les sujets inter­na­tio­naux, se tradui­sant en pure et simple igno­rance.

Portons le fer sur ces deux butoirs. Et faisons-le en suivant de près le débat en Ukraine sur la conscrip­tion : cette ques­tion remet au premier plan le fait que la guerre ne peut être gagnée que par le peuple, avec les méthodes de la démo­cra­tie. La jeunesse ukrai­nienne, garçons et filles, n’é­tait mobi­li­sable qu’a­près 27 ans, mais elle s’est portée au combat et à la résis­tance le 24 février 2022. Elle ne le refera pas par la contrainte, mais par la liber­té. « Pour notre liber­té et la vôtre » !

Quant au RESU-France, disons-le : nous savons sans avoir eu à le dire que les liens poli­tiques et humains tissés conti­nue­ront et fruc­ti­fie­ront, alors disons-le.
[1] Vincent Pré­su­mey est membre d’Aplut­soc et du RESU-France.

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Après les Gilets jaunes, la pandé­mie du Covid, la Colom­bie et la Birma­nie, les édi­tions Syllepse pour­suivent la publi­ca­tion d’ou­vrages acces­sibles à tous et toutes qui éclairent sur les enjeux des convul­sions d’un monde qui n’en finit pas de semer la misère, la souf­france et la guerre. Les édi­tions Syllepse se sont asso­ciées pour cette série sur l’agres­sion de la Russie pouti­nienne contre l’Ukraine aux édi­tions Page 2 (Lausanne), M. Édi­teur (Montréal) et Massari Edotori (Italie) , aux revues New Poli­tics (New York), Les Utopiques (Paris) et ContreTemps (Paris), aux sites À l’en­contre (Lausanne) et Europe soli­daire sans fron­tières, ainsi qu’au blog Entre les lignes entre les mots (Paris) et Utopia Rossa, au Centre Tricon­ti­nen­tal (Louvain-la-Neuve) et au Réseau syndi­cal inter­na­tio­nal de soli­da­ri­té et de luttes.

À l’en­contre : https://alen­contre.org/
Centre Tricon­ti­nen­tal : www.cetri.be/
ContreTemps : http://lesdos­siers-contre­temps.org
Édi­tions Page 2 : https://alen­contre.org/
Édi­tions Spar­ta­cus : www.editions-spar­ta­cus.fr
Édi­tions Syllepse : www.syllepse.net
Massari Editori :
www.massa­rie­di­tore.it
Entre les lignes, entre les mots : https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.blog/
Europe soli­daire sans fron­tières : www.europe-soli­daire.org
Les Utopiques : https://www.lesu­to­piques.org
M Édi­teur : https://m-editeur.info/
New Poli­tics : https://newpol.org
Réseau syndi­cal inter­na­tio­nal de soli­da­ri­té et de luttes : http://labour­so­li­da­rity.org
Utopia Rossa :
http://utopia­rossa.blog­spot.com

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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 26)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/12/18/zelensky-nest-pas-notre-ami-et-alors/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 25)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/11/09/garder-le-cap/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 24)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/10/04/la-guerre-va-durer-la-soli­da­rite-aussi/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 23)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/09/06/rendre-lukraine-plus-proche/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 22)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 21)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/07/05/les-cahiers-de-lanti­dote-soutien-a-lukraine-resis­tante-volume-21/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 20)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 19)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2023/05/02/les-cahiers-de-lanti­dote-soutien-a-lukraine-resis­tante-volume-19/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 18)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 17)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 16)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 15)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 14)
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Les cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 13)
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Les cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 12)
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Les cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 11)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 8)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 7)
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Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 6)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2022/05/09/les-cahiers-de-lanti­dote-soutien-a-lukraine-resis­tante-volume-6/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 5)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.word­press.com/2022/04/23/32-soli­da­rite-avec-la-resis­tance-des-ukrai­nien·nes-retrait-imme­diat-et-sans-condi­tion-des-troupes-russes-32/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Soutien à l’Ukraine résis­tante (Volume 4)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.blog/2022/04/09/27-soli­da­rite-avec-la-resis­tance-des-ukrai­nien·nes-retrait-imme­diat-et-sans-condi­tion-des-troupes-russes-27/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Liberté et démo­cra­tie pour les peuples d’Ukraine (Volume 3)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.blog/2022/03/25/liberte-et-demo­cra­tie-pour-les-peuples-dukraine-3-soutien-a-lukraine-resis­tante/
Les Cahiers de l’an­ti­dote : Liberté et démo­cra­tie pour les peuples d’Ukraine (Volume 2)
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.blog/2022/03/11/pour-le-droit-a-lauto­de­fense-par-tous-les-moyens-neces­saires/
Les Cahiers de l’an­ti­dote n°1 « Spécial Ukraine » : Liberté et démo­cra­tie pour les peuples d’Ukraine !
https://entre­les­li­gne­sen­tre­les­mots.blog/2022/03/03/ukraine-russie-7/

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