Clémen­tine Autain: « La révo­lu­tion sociale et écolo­giste ne peut se passer du monde popu­laire et de la jeunesse »

Les résul­tats des élec­tions muni­ci­pales nous engagent un peu plus dans la descente aux enfers de parti­ci­pa­tion. Cette chute libre vient de loin. Si la crise sani­taire et sa gestion par le pouvoir en place ont rendu plus diffi­cile encore la mobi­li­sa­tion élec­to­rale, nous sommes face à une grève du vote désor­mais struc­tu­relle, même pour l’une des élec­tions les plus prisées jusqu’ici par les Français. Dans les quar­tiers popu­laires, certains bureaux ont enre­gis­tré plus de 80% d’abs­ten­tion. La tenue à l’écart de ce scru­tin du monde popu­laire s’ajoute celle de la jeunesse. Seuls 28% des 18–34 ans se sont rendus aux urnes dimanche dernier. Et plus on est éloi­gnés des grandes villes, moins on vote. Il faut prendre toute la mesure de ce constat qui est la première leçon de ce scru­tin. 

Le pouvoir en place a enre­gis­tré une raclée élec­to­rale. Il a par ailleurs montré son vrai visage à travers les alliances nouées dans tout le pays : et de droite, et de droite. La victoire person­nelle d’Édouard Philippe fonc­tionne comme l’arbre qui cache la forêt. C’est aussi une indi­ca­tion possible sur l’ap­pré­cia­tion des élec­teurs qui préfèrent fina­le­ment l’ori­gnal à la copie.

La percée écolo­giste est une donnée impor­tante de dimanche dernier. Elle vient confir­mer le résul­tat du scru­tin euro­péen. C’est dans le cadre de larges alliances, citoyennes et poli­tiques à gauche, que des têtes de liste EELV ont pu créer l’es­poir à Tours, à Marseille, à Stras­bourg… L’im­por­tance accor­dée à la crise clima­tique et aux enjeux écolo­gistes – lutte contre les pollu­tions, déve­lop­pe­ment des trans­ports publics et du vélo, qualité de l’ali­men­ta­tion, sobriété éner­gé­tique, jardins parta­gés… – est une belle nouvelle. Mais nous aurions terri­ble­ment tort de ne pas regar­der en face une réalité problé­ma­tique pour mener à bien la trans­for­ma­tion sociale et écolo­giste, à toutes les échelles. Car sans le monde popu­laire et la jeunesse, la révo­lu­tion néces­saire restera introu­vable. Si l’éco­lo­gie appa­raît comme le combat des habi­tants aisés de centre-urbains, nous irons droit dans le mur. C’est pourquoi l’ar­ti­cu­la­tion entre le social et l’éco­lo­gie est d’une brûlante actua­lité. Pour ce faire, nous avons à dénouer des contra­dic­tions – décrois­sance de certains secteurs/emploi, taxes sur le diesel/réalité du déve­lop­pe­ment terri­to­rial, lutte contre la malbouffe/prix du bio – qui ne sont pas indé­pas­sables mais néces­sitent d’af­fu­ter nos réponses. Nous avons égale­ment à rassem­bler là où le paysage des gauches et des écolo­gistes appa­raît éclaté. Nous ne partons pas de rien mais nous avons encore bien du chemin à parcou­rir…

Clémen­tine Autain

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