Contribution aux débats de l’Assemblée représentative de la France Insoumise (juin 2020)
La crise du Covid-19 a été un révélateur des impasses du capitalisme libéral. En France, nous avons assisté à la faillite du gouvernement Macron à prendre les mesures sociales, sanitaires et économiques qui s’imposaient, bloqués par leur idéologie néolibérale et préférant se contenter de discours creux plutôt que d’actes concrets. Une deuxième phase de la crise arrive, celle d’une accentuation de la crise économique avec à la clé des plans de licenciements massifs, sans évoquer les risques potentiels de rebonds de l’épidémie. Pour masquer son incapacité à répondre à la crise et combler la crise profonde de la macronie, Macron répond par une fuite en avant autoritaire se posant en nouveau champion de la droite. Les mobilisations actuelles dans la police, où l’influence de l’extrême droite s’accentue de manière inquiétante, et l’abandon éclair du gouvernement à y imposer la moindre réforme même symbolique doit nous alerter sur les dangers de la période.
Heureusement, face au projet de Macron allié à la droite et au patronat d’organiser la régression démocratique et sociale, les résistances émergent. Les manifestations mondiales contre les violences et le racisme dans la police, essentiellement portée par la jeunesse, s’inscrivent dans un cycle global comme en témoignent aussi les mobilisations pour le climat . Nous devons soutenir et être partie prenante de toutes les luttes sociales et populaires qui s’annoncent dans les prochains mois : pour la Santé, contre le racisme et les violences policières, contre les plans sociaux, mobilisations féministes ou pour le climat. Certes ces luttes ne convergent pas pour le moment, mais à la sortie du confinement et en butte aux interdictions et à la répression policière, elles sont prometteuses. Le projet de Macron de remettre sur la table la réforme des retraites est tout bonnement scandaleux et nécessitera une réponse à la hauteur des enjeux s’il ose cette provocation. L’une des priorités majeures de la période est de construire un front le plus large possible pour résister et faire barrage à cette régression accélérée et organisée. La multiplication des plans sociaux à la rentrée va poser des problèmes compliqués – comment lier les questions de défense de l’emploi, de remise en cause des productions inutiles, quelle reconversion pour des secteurs industriels (aéronautique, automobile,…), comment traiter des questions de transition écologique, du numérique dans ce contexte, la FI doit être partie prenante de tous ces débats, confrontations avec son programme l’Avenir en Commun qu’il conviendra d’enrichir sur ces questions nouvelles.
Si ces luttes sont cruciales dans la construction d’une alternative politique contre le duopole complice entre Macron et Le Pen, l’alternative n’en émerge pas pour autant automatiquement. C’est de ce point de vue qu’il faut souligner l’événement considérable que constitue la mise en place par le collectif de syndicats et d’associations « Plus jamais ça » d’un programme d’urgence dont la matrice marque la rupture avec le néolibéralisme et le productivisme. Il constitue une base solide pour aborder la situation sociale et politique qui s’annonce et travailler à la construction d’un front social et politique, d’une fédération populaire comme l’avait proposé la FI durant le mouvement des Gilets Jaunes, aux côtés duquel du local au national la FI doit pleinement s’engager pour répondre aux défis posés par la période.
La convergence des forces de gauche anti-libérales et anti-productivistes, rassemblant les forces politiques, syndicales et associatives, sur un programme de transformation en profondeur de la société nous semble nécessaire pour contrer la fuite en avant des néolibéraux et le danger que représente l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National. Nous n’accepterons pas une union de la gauche nouvelle génération où le fond est mis de côté. Il est essentiel de partir du programme pour construire cette convergence qui doit se faire sur un contenu radical seul à même de répondre à l’exaspération sociale et de permettre le rassemblement social nécessaire pour s’imposer en 2022.
C’est pourquoi nous proposons que la FI engage les discussions avec les forces soutenant le programme d’urgence du collectif « Plus jamais ça » afin de construire ce rassemblement « rouge et vert ». Le programme l’Avenir en Commun est bien entendu un outil indispensable et pertinent à proposer et défendre lors de ces échanges.
C’est en s’inspirant notamment de la démarche du collectif Archipel Citoyen aux élections municipales de Toulouse, en l’élargissant si possible à d’autres forces opposées au néolibéralisme et au productivisme que la FI doit aborder les élections régionales. Elle doit prendre l’initiative pour proposer aux forces sociales et de l’écologie un rassemblement portant un projet alternatif pour les régionales, un projet de rupture répondant à l’urgence sociale, écologique et démocratique. Il ne s’agit pas de rassembler uniquement mouvements et forces politiques mais aussi tous ceux et celles parmi nos concitoyen.ne.s qui se battent pour résister aux politiques libérales et souhaitent ouvrir une perspective de rupture avec celles-ci. Une telle perspective suppose bien évidement une démarche pluraliste, sans hégémonie d’une force par rapport aux autres dans les composition des listes et le choix des têtes de liste. Les élections régionales doivent être une première étape dans la construction de ce rassemblement dont l’objectif est de l’emporter aux élections présidentielles et législatives de 2022.