5 décembre 2025

Violences sexuelles liées à la guerre : l’ONU dénonce une forte hausse et ajoute le Hamas à sa liste noire

Violences sexuelles liées à la guerre : l’ONU dénonce une forte hausse et ajoute le Hamas à sa liste noire

Ils sont plus de 4 600 survi­vants dans le monde – femmes, hommes, enfants – à avoir subi des violences sexuelles à des fins guer­rières en 2024. Une augmen­ta­tion de 25% par rapport à l’an­née précé­dente, selon un rapport de l’ONU publié jeudi, qui cite pour la première fois le Hamas parmi les auteurs de ces crimes.

La Répu­blique centra­fri­caine, la Répu­blique démo­cra­tique du Congo, Haïti, la Soma­lie et le Soudan du Sud figurent en tête des 21 États pour lesquels l’ONU dispose d’in­for­ma­tions véri­fiées. Les personnes touchées ont entre un et 75 ans et sont issues de toutes les caté­go­ries sociales, y compris des mino­ri­tés ethniques ou sexuelles et des personnes handi­ca­pées. Plus de neuf survi­vants sur dix sont des femmes.

Des violences d’une extrême bruta­lité
Arme de guerre, instru­ment de torture, outil de répres­sion poli­tique ou de domi­na­tion terri­to­riale, les agres­sions sexuelles décrites dans le rapport sont souvent accom­pa­gnées de violences physiques graves, allant jusqu’aux exécu­tions sommaires après le viol.

Dans de nombreux cas, les enfants nés de ces crimes vivent, avec leurs mères, dans la stig­ma­ti­sa­tion et l’ex­clu­sion sociale. Une tendance marquante rele­vée dans le rapport concerne les violences sexuelles commises dans les lieux de déten­tion – offi­ciels ou clan­des­tins. Utili­sées pour humi­lier ou extorquer des infor­ma­tions, ces dernières sont en augmen­ta­tion et visent prin­ci­pa­le­ment des hommes et des garçons.

La proli­fé­ra­tion des armes légères, les dépla­ce­ments massifs et l’in­sé­cu­rité alimen­taire accroissent les risques. Des groupes armés recourent au viol pour conso­li­der leur contrôle sur des terri­toires, exploi­ter des ressources ou impo­ser une idéo­lo­gie. La traite à des fins d’es­cla­vage sexuel, y compris par des groupes terro­ristes visés par des sanc­tions de l’ONU, est égale­ment une réalité.

Des soins vitaux hors de portée
Malgré l’aug­men­ta­tion des besoins, l’ac­cès à l’aide reste limité, voire bloqué. « L’am­pleur inédite de la destruc­tion des établis­se­ments de santé, ainsi que les attaques, le harcè­le­ment et les menaces visant les pres­ta­taires sur le terrain, ont grave­ment entravé l’ac­cès à une assis­tance vitale pour les survi­vantes dans les zones de conflit », constate Pramila Patten, la Repré­sen­tante spéciale char­gée des violences sexuelles commises en période de conflit, dans un commu­niqué de presse accom­pa­gnant la publi­ca­tion du rapport. « Les services sont le moins dispo­nibles préci­sé­ment au moment où les survi­vants en ont le plus besoin ».

Après un viol, les survi­vantes doivent rece­voir des soins médi­caux dans un délai de 72 heures pour préve­nir certaines infec­tions, trai­ter les bles­sures ou éviter la trans­mis­sion du VIH. Mais la plupart d’entre elles n’ont malheu­reu­se­ment pas accès à de telles inter­ven­tions, qui figurent parmi les moins finan­cées dans les plans de réponse huma­ni­taire. 

Le docu­ment appelle à renfor­cer le Fonds commun pluri-parte­naire de l’ONU et à déployer davan­tage de conseillers pour la protec­tion des femmes.

Sanc­tion­ner les respon­sables
Ce seizième rapport annuel four­nit une liste de 63 acteurs étatiques et non étatiques soupçon­nés de violences sexuelles dans des conflits figu­rant à l’ordre du jour du Conseil de sécu­rité. L’ONU recom­mande à ce dernier de recou­rir davan­tage à des sanc­tions ciblées contre les auteurs récur­rents.

C’est déjà le cas pour certains groupes terro­ristes, notam­ment Daech et Al-Qaida, qui peuvent faire l’objet de sanc­tions spéci­fiques pour des violences sexuelles et sexistes.’

Le Hamas épin­glé Israël et la Russie sur la sellette
De nouveaux acteurs font leur entrée dans la liste : le groupe RED-Tabara, une faction armée burun­daise active dans l’est de la Répu­blique démo­cra­tique du Congo et impliquée dans un viol de masse en 2024 ; l’Agence de dissua­sion pour la lutte contre le crime orga­nisé et le terro­risme (DACOT) et le Dépar­te­ment de lutte contre la migra­tion illé­gale (DCIM), deux enti­tés gouver­ne­men­tales libyennes accu­sées de violences sexuelles en déten­tion ; et, de manière notable, le Hamas, pour des faits surve­nus en Israël lors de l’at­taque du 7 octobre 2023 et à l’en­contre des otages rete­nus depuis par le groupe à Gaza.

« Il existe des motifs raison­nables de penser que certains otages emme­nés à Gaza ont subi diverses formes de violences sexuelles durant leur capti­vité, ainsi que des preuves claires et convain­cantes que de telles violences ont égale­ment eu lieu lors des attaques du 7 octobre 2023, dans au moins six loca­li­tés », note le commu­niqué de presse.

Une annexe préli­mi­naire prévient aussi certaines forces armées – israé­liennes et russes – d’une possible inscrip­tion dans le prochain rapport, en raison de soupçons de violences sexuelles commises en déten­tion.

Devoir envers les survi­vantes
Le Secré­taire géné­ral de l’ONU, qui comman­dite chaque année le rapport, exhorte dans ce dernier toutes les parties à mettre en place des mesures précises : ordres formels inter­di­sant les crimes sexuels en temps de guerre, pour­suites judi­ciaires et accès sans entrave aux équipes de l’ONU.

Et Pramila Patten d’ajou­ter : « Nous devons aux survi­vants bien plus que notre soli­da­rité. Nous leur devons une vie dans la dignité, et des actions effi­caces et déci­sives pour préve­nir et éradiquer ces crimes ».

https://news.un.org/fr/story/2025/08/1157294

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