Nous mettons en ligne le « Petit guide contre les bobards de la réforme des retraites » sorti par ATTAC. Un instrument pour démonter l’intox du gouvernement.
Le document fait 24 pages.
Nous en avons extrait le « bobard n°3 » sur l’inéggaité femmes/hommes
Bobard n°3 : Le nouveau système de retraite permettra de réduire les inégalités entre les hommes et les femmes
Dans le rapport Delevoye de juillet 2019, il est écrit que le système universel de retraite conduira à « réduire les écarts entre les femmes et les hommes » 16.
Le système actuel de retraites amplifie déjà les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes. Ainsi, en 2014, alors que le salaire moyen des femmes représente 74,3 % de celui des hommes, la pension moyenne de droit direct17 des femmes ne représente que 61 % de celle des hommes (2016). La réduction des inégalités, qui résultait de l’amélioration de la qualification et de l’activité des femmes, a été freinée par les réformes des retraites depuis les années 1990, alors que les pensions sont devenues de plus en plus contributives (somme des pensions perçues se rapprochant de celle des cotisations versées).
Dans le nouveau système, le calcul de la retraite porte sur les points cumulés sur toute la carrière. Il pénalise particulièrement les femmes
et les précaires aux carrières morcelées 18. L’exemple des régimes par points Arrco et Agirc est éclairant : les pensions des femmes ne représentent que 60 % de celles des hommes pour l’Arrco et 41 % pour l’Agirc, contre 75 % sur l’ensemble des régimes.
La part de solidarité dans les dépenses retraite devrait rester stable (25 %), mais elle sera financée par l’impôt. Gare à l’austérité budgétaire ! Pour les femmes, principales bénéficiaires des mécanismes de solidarité, des régressions sont à attendre.
Tout d’abord, la majoration de pension de 5 % dès le premier enfant (attribué à l’un ou l’autre des parents ou par moitié) est présentée comme une avancée majeure. Mais elle remplace à la fois la MDA (majoration de durée d’assurance, accordée dès le 1er enfant 19) et la majoration de 10 % pour 3 enfants et plus. Si l’on prend l’exemple d’une mère de 3 enfants née en 1946, à carrière moyenne, elle n’aurait que 15 % de majoration de pension dans le nouveau système contre 23 % dans le système actuel (13% de MDA, 10 % de majoration pour 3 enfants) 20.
Ensuite, les conditions actuelles des pensions de réversion varient selon les régimes (âge d’ouverture du droit 21, remariage, condition de ressources) pour des taux de pension de 50 % à 60 % de la pension de l’assuré décédé. Si la suppression de la condition de ressources est une avancée, le nouveau système contient de nombreux reculs (ouverture des droits à 62 ans, perte des droits pour divorce ou remariage). Le versement de 70 % des droits à pensions cumulés du couple semble séduisant mais ce ne sera pas si favorable, même avec des pensions modestes 22 !
16 Rapport Delevoye, juillet 2019.
17 La pension de droit direct inclut les majorations pour enfants, mais pas la réversion.
18 Christiane Marty, « Retraite des femmes, enjeu décisif », http://www.fondation-copernic.org/index.php/2018/07/25/retraites-des-femmes-un-enjeu-decisif-pour-toute-reforme
19 MDA (majoration de durée d’assurance). La majoration maternité est de 4 trimestres. Elle est attribuée à la mère, dès le premier enfant, pour chaque enfant (y compris pour un enfant mort-né) au titre de l’incidence de la maternité sur sa vie professionnelle, notamment la grossesse et l’accouchement. La mère doit être assurée sociale.
20 Sans choix exprimé, la majoration est attribuée par défaut à la mère.
21 Age d’ouverture du droit : Ircantec : 50 ans, régime général : 55 ans, fonction publique : pas de seuil d’âge-
22 Christiane Marty, « Réforme Delevoye : un projet régressif », juillet 2019, http://www.fondation-copernic.org/index.php/2019/08/04/retraites-un-projet-regressif/