Exer­cices de situa­tion de crise dans les centrales nucléaires

Ces exer­cices sont régle­men­tai­re­ment obli­ga­toires. Ils permettent de tester les dispo­si­tifs de secours mis en oeuvre pour faire face à un acci­dent nucléaire. Ils sont donc fonda­men­ta­le­ment néces­saires à la sûreté nucléaire en recherche perma­nente d’amé­lio­ra­tions.

Les spécia­listes du nucléaire, qui sont égale­ment très forts en mathé­ma­tiques, nous assurent que l’ acci­dent est très haute­ment impro­bable ( une « chance » sur un milliard), pour­tant on compte déjà 5 acci­dents majeurs de réac­teurs dans le monde sur les quelque 500 qui ont été fabriqués.

Cela fait 1 cas sur 100, mais on parle là de réalité, pas de statis­tique théo­rique.

Les exer­cices sont-ils suffi­sants pour nous garan­tir que la société est capable de contrô­ler un acci­dent nucléaire ?

  • Si l’ acci­dent reste de faible niveau INES, oui. Les orga­nismes de secours de niveau dépar­te­men­tal semblent effi­caces pour répondre à un acci­dent mineur, dans le cadre du PPI limité admi­nis­tra­ti­ve­ment à 10 km.
  • Si l’ acci­dent attei­gnait le niveau 7, acci­dent majeur, l’ exer­cice du cadre PPI ne serait plus adapté. Il faudrait déclen­cher le « plan natio­nal de réponse à un acci­dent nucléaire ou radio­lo­gique majeur » car l’im­pact dépas­se­rait très rapi­de­ment la limite admi­nis­tra­tive des 10 km des PPI. Mais il n’ est pas prévu d’exer­cices qui mettent en œuvre le plan natio­nal.

Les exer­cices actuels, parce qu’ils sont limi­tés aux 10 km des PPI, ne répondent pas à une situa­tion d’ acci­dent majeur, ils ne présentent donc qu’ un inté­rêt limité. Pire encore, ils laissent de côté une large part de la popu­la­tion française en la main­te­nant dans l’igno­rance des bons compor­te­ment à adop­ter en cas d’ acci­dent majeur, comme si elle était sacri­fiée.

Dans le cas de l’ac­ci­dent majeur ( type Tcher­no­byl ou Fuku­shima), qu’est-il prévu au niveau natio­nal ?

Le minis­tère de la défense natio­nale a édité un plan en février 2014 : le « plan natio­nal de réponse à un acci­dent nucléaire ou radio­lo­gique majeur » . Le minis­tère est donc prêt à affron­ter une crise nucléaire majeure.

Mais les communes de France et leur popu­la­tion sont-elles prêtes ? Sûre­ment pas.

Ce plan est-il inté­gré à tous les PCS de France ? Sûre­ment pas.

Ce plan est-il connu de la popu­la­tion ? Sûre­ment pas.

Ce plan revient à étendre à toute la France les mesure qui sont prises dans les PPI dont les rayons d’ action se limite à 10km autour des sites nucléaires. Mais personne ne semble au courant.

Idem pour le plan ORSEC-iode de janvier 2013 : il concerne la France entière, mais aucune publi­cité n’en a été faite. Dès lors, comment faire appliquer un plan de secours à une popu­la­tion qui en ignore l’exis­tence ?

Pour qu’un exer­cice d’ alerte nucléaire soit véri­ta­ble­ment effi­cace, il faudrait qu’il soit de niveau natio­nal, car les acci­dents nucléaires majeurs sont, eux, de niveau inter­na­tio­nal.

Ces exer­cices ont quand même l’im­mense avan­tage de forcer la société à envi­sa­ger la possi­bi­lité d’un acci­dent nucléaire. La France qui a fait le choix du nucléaire doit main­te­nant aller au bout de cette logique et doit accep­ter le risque qui en résulte.

Le mythe du nucléaire infaillible est mort à Fuku­shima.

Même si un tsunami est peu probable à Civaux, d’autres causes malignes pour­raient abou­tir à une fusion totale d’un cœur de réac­teur et provoquer les mêmes résul­tats. Le nucléaire exerce une menace que nous devons tous prendre en compte, que nous en soyons parti­sans ou adver­saires.

La France devrait se prépa­rer à un acci­dent majeur, ce qui n’est pas le cas avec les exer­cices de PPI.

Les exer­cices de situa­tion de crise, tout comme les FARN qui en font partie, sont des dispo­si­tifs orga­ni­sa­tion­nels à carac­tère cura­tifs. Leur but n’ est pas d’évi­ter l’ac­ci­dent, mais d’y porter remède. Ils tentent de répondre à la ques­tion :

  • Que faire en cas d’ acci­dent ?

Les auto­ri­tés, qui sont mora­le­ment respon­sables de la créa­tion et du fonc­tion­ne­ment du nucléaire, y répondent. Tout est orga­nisé pour trai­ter une situa­tion d’ acci­dent. Partant de là, les auto­ri­tés ne seraient plus coupables de négli­gence en cas d’ acci­dent. Respon­sable mais pas coupa­ble…on a déjà entendu ça !

A titre préven­tif, on pour­rait se deman­der :

  • Que faire pour éviter un acci­dent nucléaire ?

Nous répon­dons : « Sortir du nucléaire » !

car le risque d’ acci­dent majeur ne sera jamais réduit à zero : son occur­rence à 1/100 le démontre trop bien.

Simi Valley (Cali­for­mie en 1959), 6 INES

  • Tcher­no­byl ( 1986), 7 INES
  • Fuku­shima, 3 réac­teurs en 2011, 7 INES

Quant aux acci­dents moins graves, de niveau 5 INES on en connaît 11, et de niveau 4 on en connaît 18, sachant que ni l’ URSS ni l’ Inde ni Israël ne commu­niquent leurs acci­dents.

Jacques Terra­cher, le 28/09/15

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