Il représente en négatif l’absence de liberté d’expression publique à Cuba, le parti unique (le PCC) et le culte de la personnalité, la déresponsabilisation politique de la population qui ne peut s’organiser pour faire valoir ses droits et ses idées. Fidel Castro était le chef de la bureaucratie cubaine construite sur le modèle de l’Union soviétique, cette même bureaucratie qui continuera aux premiers postes lors de la convertion du régime soviétique au capitalisme, dans l’ancien bloc soviétique mais aussi en Chine, au Vietnam et, on peut le craindre, bientôt à Cuba.
Mais Fidel incarne aussi, en même temps, le courage de la résistance, y compris – et après avoir exploré au préalable toutes les autres formes – armée. Résistance à la dictature de Batista soutenue par les États Unis, résistance à l’agression de la première puissance mondiale, les mêmes États Unis. Castro incarne la bonne nouvelle de la victoire de David contre le Goliath. Fidel c’est aussi la promesse tenue (une promesse tenue !) de la dignité réalisée de la/du salarié-e et de l’esclave, du noir et de la femme, de l’accès à l’éducation, à la culture et à la santé dans un pays pauvre qui plus est sous embargo étasunien. Fidel c’est la la solidarité internationaliste et l’action collective, mots qui semblent incroyables à notre actualité d’individualisme solitaire, de haine de l’Autre et de replis nationalistes.
C’est ça en fait qui hérisse le poils des idéologues et journalistes de la haine de classe – de leur classe contre la nôtre – bien plus que la liberté d’expression bafouée, ce qui ne gêne absolument pas nos réactionnaires quand il s’agit de la dictature chinoise avec qui ils et elles exploitent en toute bonne conscience la classe ouvrière chinoise.
La population cubaine est dans une situation économique tendue actuellement (ici un excellent article en anglais et en espagnol). Elle se souvient de l’horreur de la « période spéciale » des années 1990 qui a suivi l’écroulement du bloc soviétique qui a signifié faim et privation et qu’a si bien décrites Pedro Juan Gutiérrez dans son roman Trilogie sale de La Havane.
Mais il y a un temps pour tout.
Il faudra prendre le temps de penser à notre nécessité encombrante de personnaliser nos désirs à travers la figure de saint-es ou de héros/héroïnes, qu’ils/elles se nomment (pour notre camp social) Fidel, Che ou Mélenchon (rajoute tes noms, camarades!).
Il faudra prendre le temps d’agir. Un débat sur Cuba est prévu à Poitiers le 30 novembre prochain
Pour le moment, prenons le temps des larmes et des rires.
Et chantons !
Pascal C