Le 23 avril, Amiens,
http://www.francoisruffin.fr/et-maintenant-que-cent-bastiens-s-epanouissent
« 19,5 %, c’est excellent. Hourra au candidat. Bravo à son équipe. Désormais, nous sommes la gauche !
« Pas « la gauche de la gauche », pas « la gauche radicale », encore moins « l’extrême gauche », « la gauche » tout court, toute simple, simplement parce que nous n’avons pas dérivé sur le radeau des naufragés de la pensée, entraîné par les seuls courants du marché, de la mondialisation, du conformisme.
« Je l’écrivais par avance, la semaine dernière :
« Notre gauche à 15, 16, 17 %, c’est déjà énorme. C’est déjà plus que, avouons-le, je ne croyais, je n’espérais. Quoi qu’il advienne, second tour ou pas, troisième place ou pas, Jean-Luc Mélenchon a remis notre gauche debout, sur les rails, prête à affronter les puissances d’argent, l’Europe des marchands, plaçant en son cœur l’environnement. Et nous voilà maintenant, grâce à lui, qui pouvons causer d’égal à égal, sans baisser les yeux, sans honte de notre assise, de notre légitimité, qui pouvons parler d’égal à égal avec l’extrême droite de Madame Le Pen, avec la droite extrême de Monsieur Fillon, avec la droite souriante de Monsieur Macron, et même toiser un peu (pas trop, pas de péché d’orgueil) la gauche socialiste de Benoît Hamon.
Quelle remontada, comme on dit au Barça ! »
Maintenant, il ne faut pas s’arrêter là.
Jean-Luc Mélenchon n’a cessé de le répéter : « Je fais ma part du travail, faites la vôtre ! »
Alors, dès demain matin, sur le métier il faut remettre notre ouvrage.
Au boulot !, nous devons entretenir l’élan.
Ce résultat doit nous servir de tremplin.
Il suffit que nous donnions aux nôtres envie de voter, il suffit que nous les mettions en appétit avec un avant-goût d’espérance, et mathématiquement, abstention aidant, nos scores grimperont aux législatives. Nous pouvons, dès juin, remporter un paquet de victoires. Et peut-être même peser, pour de bon, dans la future assemblée…
Mais pour ça, il faut que, dès maintenant, dès ce soir, on en soit convaincu : 19,5 %, c’est vraiment excellent. Des sourires, et pas de larmes !
Evidemment, on aurait préféré qu’apparaissent sur l’écran d’autres tronches que Macron et Le Pen, avec l’ex-banquier d’affaires comme probable président. Mais 19,5 %, ça reste excellent.
C’est un tremplin, à nous de sauter. Sauter de joie, d’abord. Faut qu’on rie, faut qu’on danse, parce qu’on n’entraînera pas le peuple derrière nous avec des mines sinistres d’éternels vaincus, avec la liste de toutes les calamités à venir.
*
(…) mon sentiment quant à la conquête, directement, du pouvoir suprême, alors que nous ne disposons quasiment d’aucun « bastion » : pourrait-on vraiment « diriger » ? Je renverrais, là, à mon entretien avec Antonio Gramsci : (…) »
Suit un entretien imaginaire avec le révolutionnaire et théoricien italien, Gramsci, mort dans geôles de Mussolini; puis les propositions de Ruffin quant à la place actuelle de intellectuels.