« Irra­tio­na­lité et para­noïa de masse enva­hissent nos socié­tés »

Voulues par l’In­ter­na­tio­nale brune de Poutine, Trump et leurs amis d’ex­trême droite

 

Irra­tio­na­lité et para­noïa de masse enva­hissent nos socié­tés

« Mais, pourquoi ils nous agressent ? Qu’est-ce qu’on leur a fait pour qu’ils nous haïssent et nous bombardent comme ça ? ». Ces ques­tions surprennent et ont de quoi nous faire réflé­chir car elles sont le fait des citoyens Russes ordi­naires de la région de Koursk inter­ro­gés par des repor­ters envoyés sur place pour couvrir l’avan­cée des troupes ukrai­niens dans ce terri­toire russe. Et elles surprennent d’au­tant plus que ces citoyens Russes n’ha­bitent pas à Vladi­vos­tok ou en Sibé­rie, mais pratique­ment à cheval sur la fron­tière russe avec l’Ukraine, à seule­ment quelques dizaines de kilo­mètres des champs de bataille de la guerre déclen­chée par l’in­va­sion de ce pays par l’ar­mée russe le 24 février 2022…

Simple naïveté ou bour­rage des crânes, condi­tion­ne­ment du peuple par une propa­gande de l’État russe asphyxiante et omni­pré­sente ? Oui sans aucun doute, mais sûre­ment plus que ça. Ce qui rend ces inter­ro­ga­tions des citoyens de la région de Koursk emblé­ma­tiques d‘un état d’es­prit plus géné­ral de notre époque, c’est qu’elles sont en même temps le fait aussi des citoyens… Israé­liens qui se posent systé­ma­tique­ment des ques­tions du genre « qu’est ce qu’on leur a fait pour que les Pales­ti­niens ou les Arabes nous haïssent telle­ment et veulent nous faire du mal ?  ». Des citoyens israé­liens qui sont d’ailleurs souvent des témoins oculaires sinon des acteurs des actes de racisme, d’op­pres­sion, des bombar­de­ments et des massacres perpé­trés contre leurs voisins Pales­ti­niens par une armée israé­lienne compo­sée par des citoyens ordi­naires, c’est-à-dire… d’eux-mêmes !

Évidem­ment, on ne peut pas compa­rer la passi­vité teinté de fata­lisme de la majo­rité des citoyens russes atomi­sés et repliés sur eux-mêmes, à l’ac­tuel fana­tisme raciste et va-t-en guerre de l’écra­sante majo­rité des citoyens israé­liens. Cepen­dant, au-delà de leurs diffé­rences et des raisons qui font que les socié­tés russe et israé­lienne paraissent aujourd’­hui aveu­glées par le chau­vi­nisme et soudées derrière leur gouver­nants archi-auto­ri­taires (pour le cas israé­lien voir notre article Essayant de comprendre la dérive géno­ci­daire de la société israé­lienne !), ce qui carac­té­rise actuel­le­ment toutes les deux est leur bascu­le­ment vers l’ir­ra­tio­na­lité. Ce qui fait qu’elles soient balayées par une vague de ce qui est la défi­ni­tion même de la para­noïa de masse : «  Psychose carac­té­ri­sée par un orgueil déme­suré et une tendance au délire de persé­cu­tion  ». En somme, la folie des gran­deurs (Le Grand Israël des uns ou l’Em­pire Russe promis par Dieu des autres…) mêlée à la suspi­cion patho­lo­gique qu’ils sont entou­rés par des enne­mis qui ne veulent que leur destruc­tion…

A vrai dire, si la para­noïa de masse reste pour l’ins­tant l’apa­nage des socié­tés russe et israé­lienne, par contre le bascu­le­ment vers l’ir­ra­tio­na­lité de masse concerne pratique­ment tout le monde actuel et consti­tue un phéno­mène de nos temps ! En effet, quelle société de par le monde peut prétendre ne pas connaître et ne pas subir cette irra­tio­na­lité de masse des temps modernes, qui n’est rien d’autre que ce mélange d’obs­cu­ran­tisme et de mysti­cisme, de complo­tisme et de concep­tion poli­cière de l’his­toire, à la recherche perma­nente des boucs émis­saires pour « expliquer » tout ce qui préoc­cupe l’hu­ma­nité, comme par exemple la catas­trophe clima­tique ou les pandé­mies ?

Mais alors, qui sont les respon­sables de cette dérive si inquié­tante et si dange­reuse ? La réponse saute aux yeux : ce sont les gouver­nants et les élites poli­tiques et autres de nos pays. Tous ceux qui par leurs actes et même par leur exemple person­nel, distil­lent métho­dique­ment le poison de cette méfiance patho­lo­gique envers les « autres » (qui peuvent être les migrants, les mino­ri­tés ethniques, sexuelles, reli­gieuses, etc) mêlé à la folie des gran­deurs fondée sur la croyance qu’on est le peuple élu de Dieu dont les « autres » ne peuvent qu’en être jaloux…

Force est de consta­ter que ce poison, les gouver­nants et leurs acolytes l’ont distillé à leurs sujets pratique­ment depuis le fond des temps, et surtout durant ce XXe siècle de toutes les barba­ries. Mais, force est aussi de consta­ter que jamais autant qu’aujourd’­hui ils ne l’ont fait aussi systé­ma­tique­ment, métho­dique­ment et à l’échelle plané­taire allant même jusqu’à se coor­don­ner entre eux ! Le résul­tat est que les poli­tiques et les atti­tudes tendant à impo­ser et à géné­ra­li­ser cette irra­tio­na­lité, qu’on consi­dé­rait jadis être des excep­tions à la règle, tendent aujourd’­hui à deve­nir… la règle. Et ce n’est pas évidem­ment un hasard que leurs meilleurs repré­sen­tants sont actuel­le­ment tous ces poli­ti­ciens au pouvoir ou aux portes du pouvoir cata­lo­gués à l’ex­trême droite et au néofas­cisme : du russe Poutine à l’amé­ri­cain Trump, de l’in­dien Modi à hongrois Orban, du brési­lien Bolso­naro à l’ar­gen­tin Milei. sans oublier les centaines de leurs émules de par le monde, et évidem­ment l’is­raé­lien Neta­nya­hou et ses ministres mystiques et fascistes, ainsi que les ultra-riches comme Elon Musk qui ne cachent plus leur ambi­tion de gouver­ner le monde cauche­mar­desque de leurs rêves.

Toute­fois, le fait qu’ils sont unis dans leur volonté de s’en­trai­der et de se coor­don­ner dans un réseau inter­na­tio­nale ultra-réac­tion­naire, anti-ouvrier, raciste, miso­gyne, homo­phobe et liber­ti­cide ressem­blant de plus en plus à une Inter­na­tio­nale Brune, ne signi­fie pas qu’ils sont pareils. Par exemple, Trump n’est pas Poutine, et ses compor­te­ments ubuesques faits de délires égocen­triques, des promesses messia­niques, des mensonges éhon­tés profé­rés par rafales, et des appels au meurtre font déjà des émules dont le plus illustre est l’ar­gen­tin Milei, « le président à la tronçon­neuse ». Les catas­trophes sociales sans précé­dents causées déjà par ce clone argen­tin de Trump, devraient faire réflé­chir tous ceux qui ont tendance à penser que dans la nuit de leur raison­ne­ments, tous les néoli­bé­raux, tous les liber­ta­riens et tous les réac­tion­naires sont gris, donc pareils. En réalité, toute cette pègre néofas­ciste cultive et nour­rit l’ir­ra­tio­na­lité et la para­noïa de masse dont souffre nos socié­tés pour une raison très simple : parce que cette irra­tio­na­lité et cette para­noïa font partie inté­grante et servent leur projet néofas­cis­te…

Alors, c’est tout à fait « normal » que tout ce beau monde se recon­naît, se regroupe et serre les rangs derrière ceux qu’il consi­dère, d’ailleurs à juste titre, comme ses idoles, ses chefs et ses incon­tes­tables exemples à suivre : Poutine et Neta­nya­hou ! Pourquoi eux et pas d’autres ? Mais, parce que ces deux-là font preuve de la plus grande bruta­lité et barba­rie et d’une absence totale de scru­pules, n’hé­si­tant pas à commettre toute la gamme des crimes punis par le droit inter­na­tio­nal (crimes de guerre, crimes contre l’hu­ma­nité, géno­ci­des…) afin de démon­trer leur déter­mi­na­tion d’al­ler jusqu’au bout de leur projet raciste, obscu­ran­tiste, anti­dé­mo­cra­tique et liber­ti­cide.

Voici donc pourquoi le sort de l’hu­ma­nité est en train de se jouer dans une large mesure en Pales­tine et en Ukraine, partout où des hommes et des femmes se battent, souvent les armes à la main, contre Neta­nya­hou et Poutine, ces deux têtes pensantes de cette Inter­na­tio­nale Brune en forma­tion. Plus que jamais, leur combat est notre combat, le combat de ceux et celles qui défendent bec et ongles, le peu qui reste de nos droits et liber­tés démo­cra­tiques, contre les amis et clones de Poutine et de Neta­nya­hou dans nos propres pays. D’ailleurs, n’est il pas le bras droit de Poutine, son éter­nel ministre des Affaires étran­gères Sergueï Lavrov qui déclare que « Israël pour­suit des objec­tifs simi­laires à ceux de la Russie », avant de préci­ser que… « la destruc­tion complète du mouve­ment Hamas » et « l’éli­mi­na­tion de tout extré­misme à Gaza  » sont simi­laires à la «  démi­li­ta­ri­sa­tion » et la « déna­zi­fi­ca­tion » que Moscou pour­suit en Ukraine ?

Yorgos Mitra­lias

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