La GES et l’at­ten­tat contre les Kurdes à Paris

24 décembre 2022

Vendredi 23 décembre, la commu­nauté kurde de Paris a été la victime d’un nouvel atten­tat raciste. Dix ans après l’as­sas­si­nat de trois mili­tantes à Paris, par un agent des services secrets turcs. Trois respon­sables du Centre cultu­rel kurde de Paris sont morts, dont Emine Kara, respon­sable en France du mouve­ment des femmes kurdes, qui avait combattu Daesh les armes à la main. Les autres victimes sont le musi­cien Mîr Perwer et le citoyen Abdul­lah Kizil. Trois autres personnes ont été grave­ment bles­sées. La Gauche Ecoso­cia­liste apporte toute sa soli­da­rité à la commu­nauté kurde.

Cette attaque est tout à la fois un atten­tat terro­riste et un acte raciste. Elle a visé, déli­bé­ré­ment, des acti­vistes du centre cultu­rel portant ainsi la mort en plein centre de Paris, comme les régimes iraniens, irakiens et turcs portent la mort dans les camps de réfu­giés et dans les orga­ni­sa­tions kurdes du Proche-Orient. Elle inter­vient dix ans après le triple meurtre qui a frappé le même Centre et a causé la mort de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söyle­mez. Même si l’au­teur de ce meurtre d’il y a 10 ans a été arrêté et décédé en déten­tion, toute la lumière est loin d’être faite et le dossier est toujours placé sous secret-défense ce qui provoque une défiance et un ressen­ti­ment bien compré­hen­sibles au sein de l’im­mi­gra­tion kurde.

L’au­teur de l’at­ten­tat du 23 décembre 2022 avait déjà attaqué au sabre des migrants souda­nais et a déclaré lors de son arres­ta­tion, qu’il avait agi « pour des motifs racistes ». Cela s’ins­crit dans la montée des actes racistes et des provo­ca­tions violentes des groupes d’ex­trême-droite de ces dernières semaines. Il ne suffit pas de dire, comme Gérald Darma­nin, que le tireur n’était « pas fiché S », ni qu’il n’était pas « membre des groupes de l’ul­tra-droite récem­ment dissous », pour exoné­rer l’ex­trême droite de toute respon­sa­bi­lité. Quand Eric Zemmour, et Reconquête, déve­loppent en toute impu­nité, un argu­men­taire xéno­phobe et isla­mo­phobe autour du thème du « Grand Rempla­ce­ment », quand des dépu­tés du Rassem­ble­ment Natio­nal tiennent en pleine Assem­blée Natio­nale des propos racistes, quand, à l’oc­ca­sion du débat sur une nouvelle loi anti-immi­gra­tion, la droite d’Éric Ciotti tient des discours qui riva­lisent avec ceux du RN dans la stig­ma­ti­sa­tion des étran­gers, quand, enfin, Gérald Darma­nin juge bon de se réfé­rer à l’his­to­rien d’Ac­tion Française, Jacques Bain­ville, on ne saurait s’éton­ner des passages à l’acte violents géné­rés par ce climat nauséa­bond.

La moti­va­tion indé­nia­ble­ment raciste de cet atten­tat n’épuise pas toute la ques­tion. En effet, les éléments révé­lés par L’Hu­ma­nité ne peuvent que susci­ter de fortes suspi­cions : comment se fait-il que cet indi­vidu ait prévu son acte à l’heure où une réunion d’une soixan­taine de mili­tantes kurdes étaient prévue (et qui a été, heureu­se­ment, déca­lée d’une heure) ?
Comment peut on inter­pré­ter sa sortie de déten­tion et son passage à l’acte aussi rapide et ciblé ?

Au rassem­ble­ment qui s’est tenu le 24 décembre à Paris, le député macro­niste Sylvain Maillard a affirmé que toute la lumière serait faite. Mais quelle crédi­bi­lité peut-il avoir alors que le gouver­ne­ment ne lève toujours pas le secret-défense sur le triple meurtre d’il y a 10 ans ? La veille, devant le Centre cultu­rel, le ministre de l’In­té­rieur avait affirmé que les services « ne connais­saient pas » l’au­teur de l’at­ten­tat alors que celui-ci avait été attaqué (et blessé) des migrants souda­nais au sabre, en voulant émettre l’hy­po­thèse bien commode d’un indi­vidu « dérangé » et isolé… tout cela après avoir refusé de rencon­trer les respon­sables asso­cia­tifs kurdes. Ce discours mélan­geant incom­pé­tence, déni et couver­ture de l’ex­trême-droite ainsi que des provo­ca­tions poli­cières envers une popu­la­tion ayant vécu une attaque meur­trière quelques heures aupa­ra­vant a provoqué la révolte de nombreux jeunes kurdes présents. L’in­com­pé­tent (et d’au­tant plus raciste) G.Darma­nin n’a, comme d’ha­bi­tude, trouvé rien de mieux que la répres­sion poli­cière aveugle comme réponse le 23 décembre que cela soit à Paris mais aussi à Marseille… tout comme le lende­main lors du rassem­ble­ment unitaire orga­nisé à Paris, place de la Répu­blique.

Deux choses sont néces­saires :

  1. Face à la gravité des actes racistes et violents de l’ex­trême-droite, il est plus que jamais temps d’exi­ger la mise hors d’état de nuire des groupes qui les commettent, les favo­risent ou les reven­diquent sur les réseaux sociaux. La Gauche Ecoso­cia­liste sera partie prenante des mobi­li­sa­tions unitaires et aux initia­tives de riposte à la montée du racisme et de l’ex­trême-droite.
  2. L’élu­ci­da­tion de la raison pour laquelle le Centre cultu­rel kurde a été visé et l’éclair­cis­se­ment de l’im­pli­ca­tion éven­tuelle des services du régime turc. Le nom de celui qui tenait l’arme ne suffit pas que cela soit aujourd’­hui ou il y a 10 ans. La promesse d’une lumière totale sur cet événe­ment ne sera crédible que si le secret défense est levé sur le triple meurtre de Leyla, Sakine et Fidan.

Secré­ta­riat de la Gauche Écoso­cia­liste

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