8 décembre 2025

ONU; Soudan. Soudan : les crimes de guerres se pour­suivent sur fond d’ef­fon­dre­ment huma­ni­taire


Soudan : les crimes de guerres se pour­suivent sur fond d’ef­fon­dre­ment huma­ni­taire

Alors que plus de 90 000 personnes ont fui les massacres dans la ville d’El Fasher, au Soudan, au cours des deux dernières semaines, l’ONU déplore le manque de finan­ce­ment de la réponse huma­ni­taire pour le pays, limité à 8% des besoins. 

Mercredi, depuis la capi­tale souda­naise, Khar­toum, la direc­trice géné­rale de l’Or­ga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale pour les migra­tions (OIM), Amy Pope, a décrit une situa­tion catas­tro­phique dans un pays ravagé par plus de deux ans de conflit.

Selon elle, la prise d’El Fasher, capi­tale du Darfour du Nord, le 27 octobre, par les Forces de soutien rapide (FSR), a provoqué un exode massif. Après plus de 500 jours de siège, la milice para­mi­li­taire s’est empa­rée de la dernière grande ville encore tenue par l’ar­mée souda­naise dans cette région de l’ouest du pays. Plus à l’est, dans l’État du Kordo­fan, envi­ron 50 000 personnes ont égale­ment été dépla­cées au cours de la même période.

Crimes de guerres et violences sexuelles
Depuis la prise d’El Fasher, des témoi­gnages se multi­plient sur des « violences géné­ra­li­sées, abus sexuels, et civils qui sont parfois abat­tus sur place » par les FSR, selon Mme Pope.

Des viols collec­tifs, exécu­tions arbi­traires et la prise pour cible du person­nel huma­ni­taire ont égale­ment été signa­lés dans la région, alors qu’un grand nombre d’ha­bi­tants tentent de se réfu­gier dans la ville de Tawila, à 70 km d’El Fasher. Forte de plus de 600 000 dépla­cés, Tawila est deve­nue l’épi­centre de la crise huma­ni­taire au Darfour.

La semaine dernière un rapport du labo­ra­toire d’ob­ser­va­tion des droits humains de l’uni­ver­sité de Yale a pu montrer les traces des massacres de masse dans la ville assié­gée, via des images satel­lites.

La Cour pénale inter­na­tio­nale a de son côté exprimé sa préoc­cu­pa­tion face à un possible géno­cide à El Fasher, où les FSR sont soupçon­nées de cibler les civils en raison de leur appar­te­nance ethnique et d’at­taquer majo­ri­tai­re­ment des popu­la­tions non-arabes.
Des finan­ce­ments d’ur­gence lacu­naires
Alors que la situa­tion au Soudan consti­tue la plus grande crise de dépla­ce­ment au monde, avec un total de 10 millions de dépla­cés à l’in­té­rieur et à l’ex­té­rieur du pays depuis le début de la guerre civile en avril 2023, l’aide huma­ni­taire reste large­ment sous-finan­cée. 

Malgré la média­ti­sa­tion crois­sante de la crise et l’in­té­rêt des bailleurs de fonds privés, « le finan­ce­ment de la réponse [huma­ni­taire] n’est que de 8%, […] soit bien en deçà des besoins critiques », selon Mme. Pope.

Les huma­ni­taires sur place
Concrè­te­ment, ce sous-finan­ce­ment se réper­cute sur l’as­sis­tance maté­rielle, médi­cale, alimen­taire et psycho­so­ciale que les équipes huma­ni­taires proposent sur place :

« À Port-Soudan, nous dispo­sons de moins de 5 000 kits d’aide pour les popu­la­tions. Les 35 dernières tentes que nous avions en stock ont été distri­buées. Nous atten­dons actuel­le­ment envi­ron 2 000 tentes qui sont encore bloquées à la douane, mais comme vous pouvez l’ima­gi­ner, compte tenu de l’am­pleur des dépla­ce­ments de popu­la­tion que j’ai décrits, 20 tentes ne suffi­ront pas », déplore la direc­trice géné­rale.

(…)

L’ac­cès aux zones critiques est l’un des plus grands obstacles auxquels les agences huma­ni­taires sont confron­tées sur place au vu des moyens finan­ciers dont elles disposent.

https://news.un.org/fr/story/2025/11/1157866

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