Pour la première fois, des nanotubes de carbone, issus de la pollution atmosphérique, ont été retrouvés dans des poumons humains, selon une étude franco-américaine publiée dans la revue eBioMedicine.
De l’atmosphère aux poumons
Une équipe de l’hôpital Trousseau (Paris) a travaillé sur l’exposition chronique à la pollution urbaine. Des échantillons broncho-alvéolaires de jeunes asthmatiques ont été analysés dans plusieurs services de pneumo-allergologie. Résultat de ces analyses : des nanotubes de carbone ont été identifiés à l’intérieur de cellules pulmonaires.
De quoi s’agit-il ?
Observés pour la première fois en 1991, les nanotubes se présentent comme des tubes creux concentriques , avec un diamètre interne de l’ordre du nanomètre (un milliardième de mètre) et une longueur de l’ordre de quelques micromètres. Ces structures sont composées uniquement de carbone, comme le graphite et le diamant. Mais leur disposition moléculaire particulière leur confère des propriétés étonnantes (très grande résistance notamment). Propriétés qui attisent bien des convoitises industrielles.
D’où viennent ces nanotubes ?
Ce sont des composants des pots catalytiques qui se retrouvent dans les poumons humains sans presqu’aucune altération ! Ils correspondent à des particules fines, issues de la pollution, et qui se trouvent en suspension dans l’atmosphère. Ne pouvant sédimenter car trop petites, ces particules s’agrègent, formant des aérosols, pouvant pénétrer profondément dans les poumons. Ce qui vient d’être démontré.
L’impact sanitaire
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air a tué 7 millions de personnes en 2012.
Les économies européennes sont plombées de plus de 1 400 milliards d’euros, liées aux quelques 600 000 décès prématurés et autres pathologies engendrés par la pollution de l’air. Il s’agit là de la conclusion édifiante d’une évaluation publiée mardi 28 avril par l’OMS et l’OCDE, portant sur 53 pays européen.
La fuite en avant techno-scientiste
Découverts en 1991, les nanotubes de carbone sont le fer de lance de la nanotechnologie. 100 000 fois plus fin qu’un cheveu, un nanotube de carbone est 100 fois plus résistant et 6 fois plus léger que l’acier.
On en trouve déjà dans les raquettes de tennis, les clubs de golf, les cadres de vélo, ou les carrosseries de formule 1.
D’autres nanomatériaux sont présents dans certains cosmétiques, des emballages alimentaires ou encore dans des produits phytosanitaires. Leurs espoirs thérapeutiques servent aussi de cheval de Troie, pour pénétrer le secteur de la santé.
Tous ces produits mis sur le marché sans aucune étude sanitaire ou environnementale préalable sont une « bombe à retardement » pour la santé des humains.
Décidément, le productivisme come la fuite en avant technoscientiste ne sont compatibles avec une société d’émancipation.
Bruno Riondet, « Sur sa trace », éd. Amalthée, 2010. Ce roman met en scène les nanotechnologies et leurs impacts possibles sur la santé.