Psychia­trie, EHPAD; à Rouen et ailleurs: le vent de la colère .

La situa­tion dans le domaine du soin et de la santé se dété­riore de façon alar­mante. C’est l’aus­té­rité avec la baisse du budget de la Sécu­rité sociale et de celui des hôpi­taux. C’est la dimi­nu­tion du person­nel toutes caté­go­ries, l ‘explo­sion du nombre des contrac­tuels, la multi­pli­ca­tion des déserts médi­caux. C’est au nom des parte­na­riats public-privé, de la gouver­nance qui est impo­sée au public au nom de cette logique, une priva­ti­sa­tion du système de santé. C’est encore la dispa­ri­tion program­mée de la Sécu­rité Sociale au profit des complé­men­taires et des assu­rances privées.
souf­france au travail, de burn-out, voire de morts (suicide d’in­fir­miers et de méde­cins).

Cette poli­tique a un coût humain que l’aris­to­cra­tie arro­gante qui nous gouverne ignore : la souf­france au quoti­dien que subissent profes­sion­nels, les patients et leurs familles.

En psychia­trie, comme l’avait souli­gné le député FI Ruffin, la baisse du budget de la psychia­trie est encore plus accé­lé­rée qu’à l’hô­pi­tal public. C’est une désor­ga­ni­sa­tion et une déshu­ma­ni­sa­tion du soin qui y est vécue ; sans oublier l’ utili­sa­tion des services à des fins sécu­ri­taires voulue par Sarkozy qui perdure.

Dans ce contexte, ce qui s’est passé à hôpi­tal du Rouvray est une bouf­fée d’air frais. Il a fallu deux mois et demi de mobi­li­sa­tion et surtout quinze jours de grève de la faim menés par sept sala­riés pour obte­nir la créa­tion de 30 postes, le 8 juin.Cette grève de la faim a été faite comme ultime inter­pel­la­tion face au mépris de la direc­tion de l’hô­pi­tal et de la repré­sen­tante du gouver­ne­ment( l’Agence régio­nale de santé)
Cette grève fut menée par les quatre syndi­cats CGT, CFDT, CFTC, SUD. Il y eut 1 100 personnes dans les rues de Rouen en soutien aux grévistes puis une mani­fes­ta­tion mêlant soignants et chemi­nots. Cette mobi­li­sa­tion fut unitaire et inter­pro­fes­sion­nelle.

Les soutiens furent assez rares mais précieux : Caro­line Fiat dépu­tée FI et membre de la commis­sion des affaires sociales du Parle­ment, des person­na­li­tés poli­tiques comme Benoit Hamon, Philippe Poutou, François Ruffin, le conseiller régio­nal Gilles Houdouin (Ensemble) très présent et dont le blog est une des mémoires du mouve­ment. Et les syndi­cats Soli­daires, FSU et USP.

Leur lutte fut l’oc­ca­sion pour les grévistes de la faim et pour leurs collègues de témoi­gner de la maltrai­tance dont ils font l’objet, eux aussi (cf l’émis­sion Les pieds sur terre de France culture sur les lieux). Maltrai­tance des person­nels et des patients.

Leur déter­mi­na­tion a ainsi fait recu­ler le gouver­ne­ment, repré­senté par l’or­ga­nisme de tutelle, l’ARS.

A force d’éco­no­mies dras­tiques et de mana­ge­ment destruc­teur, les condi­tions de travail des soignants comme les condi­tions d’ac­cueil des patients sont deve­nues souvent indignes.

On peut parler de maltrai­tance insti­tu­tion­na­li­sée, dans les hôpi­taux psychia­triques comme dans les EHPAD.
Au début de l’an­née une action dans les EHPAD a eu lieu de façon très inha­bi­tuelle une lutte à l’ap­pel des syndi­cats de sala­rié-es (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, SUD, UNSA) de la santé et du social, soute­nus par les orga­ni­sa­tions de retrai­tés et les familles. Là aussi ce c’était à la fois pour les condi­tions de travail des sala­riés des EHPAD et la qualité de vie des rési­dents.

Comme en psychia­trie, perte de sens et souf­france au travail sont à tous les niveaux. Ici et là c’est le mépris de l’État néoli­bé­ral et sa destruc­ti­vité.


 Les pers­pec­tives existent, comme elles furent déve­lop­pées ce 23 juin lors du rassem­ble­ment à Paris en défense des services public et en parti­cu­lier en défense des hôpi­taux : un maillage terri­to­rial en struc­tures hospi­ta­lières de proxi­mité ; tendre à la prise en charge à 100% de la préven­tion, des soins et de la perte d’au­to­no­mie

Et pour commen­cer, l’ur­gence est de mettre un coup d’ar­rêt à cette poli­tique destruc­trice. L’éner­gie pour le faire existe comme ce fut démon­trée à Rouvray, comme nous le voyons dans des dizaines de foyers de lutte.

 

Pascal Bois­sel, 24–6–2018

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