Passer au contenu
5 décembre 2025
Reve 86

Reve 86

Le site Reve86 est animé par les militant·e·s de la Vienne de la Gauche Écosocialiste

  • Accueil
  • Contact
  • Qui sommes-nous ?
  • Mentions légales
  • Accueil
  • Contact
  • Qui sommes-nous ?
  • Mentions légales
Antiracisme / Tribune libre

SOS racisme, 4 août, contre le racisme encore et toujours

pascal bpar pascal b26 août 2024

Domi­nique Sopo, président de SOS-Racisme : « Faire l’éco­no­mie de la lutte contre le racisme pour contrer la dyna­mique élec­to­rale du RN est illu­soire et indé­cent »

Tribune

Domi­nique Sopo

Président de SOS Racisme

Le sursaut mani­festé lors des élec­tions légis­la­tives semble lais­ser place aux discours d’évi­te­ment de la ques­tion du racisme et de suivisme des idées du Rassem­ble­ment natio­nal, pour ne pas frois­ser ses élec­teurs, s’inquiète le président de SOS-Racisme dans une tribune au « Monde ».

Publié le 04 août 2024

A l’an­nonce des résul­tats du premier tour des élec­tions légis­la­tives [le 30 juin], l’ac­cès de l’ex­trême droite au pouvoir par les urnes s’est posé pour la première fois dans notre pays comme une hypo­thèse haute­ment probable. Une semaine plus tard et malgré des scores inquié­tants, le Rassem­ble­ment natio­nal (RN) était relé­gué en troi­sième posi­tion grâce à un front répu­bli­cain pour­tant annoncé comme défi­ni­ti­ve­ment mort.

La France a puisé dans son histoire les forces d’un sursaut : celles du refus du racisme et de la xéno­pho­bie. En effet, pendant l’entre-deux tours, les respon­sables poli­tiques et des médias ont semblé se souve­nir que l’ex­trême droite était raciste et xéno­phobe, comme l’at­tes­taient son programme, ses candi­dats ou la haine déclen­chée en paroles et en actes par la pers­pec­tive de sa poten­tielle victoire.

Le retour­ne­ment élec­to­ral que ce discours – massi­ve­ment mobi­lisé – a contri­bué à provoquer montre en creux l’ina­nité des discours – média­tiques, poli­tiques, intel­lec­tuels – tenus de plus en plus bruyam­ment depuis l’ac­ces­sion de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élec­tion prési­den­tielle en 2002 et, bien plus encore, depuis l’ac­cès de Marine Le Pen à la prési­dence du Front natio­nal (FN) en 2011.

Ces discours expliquaient qu’il fallait cesser de dénon­cer le racisme du FN (devenu RN depuis 2018), vu que cela ne permet­tait pas de faire refluer ses scores et que la réalité de ce racisme était ques­tion­nable à mesure que le RN préten­dait opérer sa mue répu­bli­caine.

Contre la logique de bouc émis­saire

A contra­rio, le Graal était censé rési­der dans la critique program­ma­tique du FN/RN, et dans la compré­hen­sion des moti­va­tions d’élec­teurs frap­pés par des problèmes sociaux que la gauche – aveu­glée par un anti­ra­cisme la condui­sant à opérer une substi­tu­tion de la figure de l’ou­vrier par celle de l’im­mi­gré – ne voulait plus résoudre ou ne savait plus iden­ti­fier pour le plus grand profit de l’ex­trême droite.

Dans une version plus pous­sée, l’évi­te­ment est devenu suivisme. C’est ainsi que Gérald Darma­nin a porté une loi « immi­gra­tion » en préten­dant répondre aux inquié­tudes des Français en matière migra­toire.

Pour quel effet ? Selon [l’ins­ti­tut de sondage] Elabe, entre mai et novembre 2023, la part des Français adhé­rant à l’idée selon laquelle il y a trop d’im­mi­grés en France a bondi de 7 points. Ce phéno­mène a vrai­sem­bla­ble­ment nourri la dyna­mique élec­to­rale du RN à l’oc­ca­sion des élec­tions euro­péennes, lors desquelles le parti menait campagne en béné­fi­ciant de la légi­ti­ma­tion de sa logique de l’im­mi­gré-bouc émis­saire par le gouver­ne­ment lui-même.

Fina­le­ment, cette stra­té­gie de l’évi­te­ment et du suivisme a faci­lité le déploie­ment de l’une des grandes œuvres de l’ex­trême droite : convaincre les citoyens que leurs problèmes venaient des immi­grés et de leurs enfants, et que frap­per ces derniers contri­buera à résoudre lesdits problèmes. Résul­tat : alors que Jean-Marie Le Pen réunis­sait 5,5 millions de voix au second tour de l’élec­tion prési­den­tielle en 2002, Marine Le Pen en réunis­sait plus de 13 millions en 2022.

La séquence élec­to­rale que nous venons de traver­ser doit nous amener à tour­ner le dos à cette stra­té­gie de l’évi­te­ment et du suivisme. Lutter contre le RN ne peut en effet se réali­ser si les forces poli­tiques ne luttent pas contre la logique de bouc émis­saire sur laquelle ce parti pros­père – notam­ment au sein des classes popu­laires – et si une autre logique – fondée sur une soli­da­rité réaf­fir­mée – ne lui est pas substi­tuée.

Illu­sion et indé­cence

Car la réalité de l’élec­to­rat RN est connue : un sondage Elabe publié en novembre 2023 montre que 94 % des élec­teurs RN pensent qu’il y a trop d’im­mi­grés en France. D’autres études établissent que cet élec­to­rat adhère aux préju­gés racistes, anti­sé­mites et xéno­phobes dans une propor­tion notoi­re­ment supé­rieure aux autres élec­to­rats.

Or, tant que des citoyens pense­ront que les Noirs et les Arabes sont la source de leurs maux (et qu’ils consta­te­ront que cette pensée leur apporte de la commi­sé­ra­tion), ils reste­ront sourds aux propo­si­tions de tel ou tel parti, aussi « sociales » soient-elles. Bref, il est illu­soire de vouloir sépa­rer la lutte contre le racisme de la réponse aux problé­ma­tiques des élec­teurs du RN frap­pés par les diffi­cul­tés sociales.

Mais penser que l’on peut faire l’éco­no­mie de la lutte contre le racisme pour contrer la dyna­mique élec­to­rale du RN n’est pas seule­ment illu­soire. C’est égale­ment indé­cent : on n’aban­donne pas la lutte pour un prin­cipe aussi struc­tu­rant que l’éga­lité, sous prétexte qu’elle ne serait pas élec­to­ra­le­ment profi­table.

A cet égard, le champ de l’an­ti­ra­cisme souffre de réflexions que l’on s’in­ter­di­rait à l’en­droit d’autres champs de lutte. Il n’est pas rare de tomber sur des réflexions publique­ment expri­mées igno­rant les consé­quences du racisme (insultes, coups, discri­mi­na­tions…) pour se concen­trer sur la misère sociale (préca­rité, « insé­cu­rité cultu­relle », senti­ment de déclas­se­ment…) rencon­trée par les racistes.

Aucune inter­ro­ga­tion majeure

Imagi­nez ce que l’on dirait si une personne affir­mait que les violences conju­gales ne doivent pas mener à s’at­tar­der sur les femmes qui en sont victimes, mais à récon­for­ter les hommes qui les ont frap­pées et à répondre à leur misère exis­ten­tielle, voire à trou­ver quelque légi­ti­mité à leur geste.

Cette singu­la­rité du rapport à l’an­ti­ra­cisme explique peut-être que, depuis le 7 juillet au soir, on sent que la stra­té­gie de l’évi­te­ment et du suivisme a de beaux jours devant elle. La ques­tion du racisme semble s’être à nouveau évanouie, en dehors des échos de la campagne élec­to­rale et de ques­tion­ne­ments sur la hausse du racisme qu’elle a occa­sion­nés.

Aucune inter­ro­ga­tion majeure sur l’évi­te­ment et le suivisme qui ont pour­tant contri­bué à nous mener au bord du gouffre. Aucune réflexion média­tique­ment centrale sur le racisme anti-Noirs, anti-Arabes ou anti­mu­sul­mans. Aucune néces­sité ressen­tie chez les poli­tiques de reprendre avec force la lutte contre le racisme, que même le programme du Nouveau Front popu­laire a abor­dée avec trop de flou pour qu’elle puisse ne pas être sacri­fiée.

Bref, la lutte s’an­nonce ardue, dans un pays qui refuse le racisme mais qui semble refu­ser de le combattre.

Domi­nique Sopo (Président de SOS Racisme

Partager :

  • Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) X
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Facebook
  • Cliquez pour partager sur WhatsApp(ouvre dans une nouvelle fenêtre) WhatsApp
  • Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) E-mail
  • Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Imprimer

Navigation de l’article

Publication précédente Publication précédente :
France Info. Nouvelle Calé­do­nie: la gendar­me­rie conti­nue à tuer.
Publication suivante Publication suivante :
Les 80 ans du débarque­ment de Provence, une distor­sion infi­dèle à l’his­toire

pascal b

Voir tous les articles de pascal b →

Vous pourriez aussi aimer

Après les légis­la­tives, faire vivre notre projet poli­tique à l’échelle locale

8 juillet 20249 juillet 2024

Lettre aux amis et amies de l’ex­té­rieur

24 juillet 202024 juillet 2020

Alexis Corbière. L’Après. « Le cap sombre de Raphaël Glücks­mann »

29 mai 2025

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Vérifiez votre boite de réception ou votre répertoire d’indésirables pour confirmer votre abonnement.

Articles récents

Il faut sauver les enfants d’ Ukraine

26 novembre 2025

ONU; Soudan. Soudan : les crimes de guerres se pour­suivent sur fond d’ef­fon­dre­ment huma­ni­taire

26 novembre 2025

Human rights watch. 20 novembre. Cisjor­da­nie: En vidant des camps de réfu­giés, Israël a commis un crime contre l’hu­ma­nité

26 novembre 2025

Le Monde. 21 novembre. Luc Bron­ner. Israël multi­plie les opéra­tions mili­taires au Liban, dans la bande de Gaza et en Cisjor­da­nie

26 novembre 2025

Derniers commentaires

  1. contribution à une revue de presse sur Sainte Soline depuis mars 2023. – Reve 86 sur Media­part. Blocage des secours à Sainte-Soline : un enre­gis­tre­ment enfonce les auto­ri­tés. Retour sur une chro­no­lo­gie des non secours à S.
  2. contribution à une revue de presse sur Sainte Soline depuis mars 2023. – Reve 86 sur Serge D. Media­part docu­mente le « récit d’une faillite des auto­ri­tés »à Sainte Soline.
  3. contribution à une revue de presse sur Sainte Soline depuis mars 2023. – Reve 86 sur « Sainte Soline, autop­sie d’un carnage »
  4. pascal b sur AFPS: Géno­cide du peuple pales­ti­nien : après Gaza, la Cisjor­da­nie
Copyright © 2025 Reve 86. Alimenté par WordPress et Bam.