Gauche écoso­cia­liste: la gauche existe en Israël. « la chose la plus simple est la plus diffi­cile à atteindre »

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31 juillet 2022

Uri Welt­mann est l’or­ga­ni­sa­teur natio­nal de terrain pour Omdim be’Ya­chad-Naqef Ma’an (Stan­ding Toge­ther) et un membre de sa direc­tion natio­nale. Stan­ding Toge­ther est un mouve­ment social judéo-arabe actif en Israël, qui s’or­ga­nise contre le racisme et l’oc­cu­pa­tion, et pour l’éga­lité et la justice sociale.

Daniel Randall est un syndi­ca­liste et socia­liste basé à Londres. Il est l’au­teur de Confron­ting Anti­se­mi­tism on the Left: Argu­ments for Socia­lists .

Ensemble ils discutent de la situa­tion poli­tique en Israël et des pers­pec­tives de la gauche.

Cet article a été publié en anglais sur le site améri­cain New Poli­tics.

DR : Peux-tu donner un aperçu de la situa­tion poli­tique en Israël, à l’ap­proche de nouvelles élec­tions ?

UW : Israël tien­dra bien­tôt ses cinquièmes élec­tions légis­la­tives en quatre ans, ce qui exprime la crise poli­tique traver­sée par l’es­ta­blish­ment israé­lien et les partis en place, inca­pables de former un gouver­ne­ment stable Une crise qui doit être ratta­chée à et est aggra­vée par les diffé­rentes crises sociales et écono­miques qui ont suivi la pandé­mie de Covid.

Après 30 ans d’aus­té­rité néoli­bé­rale, la protec­tion sociale et les services publics n’ont pas été en mesure de répondre aux besoins de la pandé­mie. Les soins de santé ont été lente­ment priva­ti­sés depuis le milieu des années 1980, les services sociaux sont faibles. Il y a eu une grève impor­tante du syndi­cat des travailleurs sociaux, envi­ron trois mois après le début de la pandé­mie. Le système éduca­tif a été partiel­le­ment priva­tisé. Les écoles sont sous-finan­cées, les salles de classe sont surpeu­plées. L’an­cien Premier ministre Neta­nyahu a dû gérer une crise sociale et écono­mique. Le chômage est passé à 1,4 million, un chiffre qui comprend celles et ceux qui ont perdu leur emploi en raison des coupes budgé­taires et des ferme­tures pendant la pandé­mie, et les personnes en congé de longue durée, qui, bien qu’elles ne soient pas offi­ciel­le­ment au chômage, étaient effec­ti­ve­ment sans emploi.

Par rapport à d’autres pays dans le monde, y compris ceux qui ont des gouver­ne­ments de droite, comme le Royaume-Uni de Boris John­son, le gouver­ne­ment Neta­nyahu a accordé très peu d’avan­tages aux travailleurs ou aux petites entre­prises pendant la pandé­mie. Nous avons assisté à des vagues de grèves – de méde­cins, d’en­sei­gnants et d’autres secteurs d’ac­ti­vi­tés- et à une agita­tion sociale crois­sante. Cette situa­tion a trouvé une sorte d’ex­pres­sion poli­tique dans les mani­fes­ta­tions anti-corrup­tion contre Neta­nyahu, qui ont consti­tué la toile de fond poli­tique dans laquelle se sont dérou­lées les élec­tions de l’an­née dernière, au cours desquelles Neta­nyahu n’a pas pu former de gouver­ne­ment et a fina­le­ment été contraint de quit­ter ses fonc­tions.

Le gouver­ne­ment qui a émergé était très contra­dic­toire. Il compre­nait la droite anti-Neta­nyahu, y compris Avig­dor Lieber­man, les partis centristes, et les deux partis tradi­tion­nels de la gauche – le parti travailliste, un parti social-démo­crate tradi­tion­nel, désor­mais très à droite même si on la compare à social-démo­cra­tie domi­nante, et le Meretz , qui occupe une posi­tion simi­laire aux Verts dans de nombreux pays euro­péens, avec une base prin­ci­pa­le­ment parmi la classe moyenne libé­rale et les étudiants, avec un accent sur le fémi­nisme, les droits des personnes LGBT et l’en­vi­ron­ne­ment. Pour la première fois, un parti arabo-pales­ti­nien parti­ci­pait à un gouver­ne­ment de coali­tion – la Liste arabe unie (UAL), liée au Mouve­ment isla­mique.

Le seul ciment de la coali­tion était son oppo­si­tion à Neta­nyahu. Ses contra­dic­tions ont fina­le­ment conduit à sa chute. Tous les partis qui la compose, à l’ex­cep­tion de l’UAL, tirent leur prin­ci­pal soutien élec­to­ral des couches de la classe moyenne supé­rieure. Les classes popu­laires de la société judéo-israé­lienne, la classe moyenne infé­rieure et la classe ouvrière votent large­ment pour les partis de droite, y compris la droite reli­gieuse. Le seul parti non droi­tier de l’op­po­si­tion à s’orien­ter vers les couches popu­laires et à recueillir quelques voix dans leurs rangs est la Liste arabe unie, une coali­tion de partis arabo-pales­ti­niens qui comprend et est diri­gée par le front élec­to­ral du Parti commu­niste, histo­rique­ment un parti bina­tio­nal. La Liste arabe unie est restée dans l’op­po­si­tion.

Selon les sondages en prévi­sion des prochaines élec­tions, la droite et l’ex­trême droite, le Likud et les partis reli­gieux sionistes, se portent bien. Le parti centriste Yesh Atid, dirigé par Yair Lapid, qui sera Premier ministre jusqu’aux élec­tions, progresse égale­ment, mais en récu­pé­rant les voix de la gauche plutôt que celles de la droite.

Que peux-tu dire de la parti­ci­pa­tion des citoyens arabo-pales­ti­niens d’Is­raël à la poli­tique offi­cielle du pays ?

Le taux d’abs­ten­tion parmi les Arabo-Pales­ti­niens devrait être élevé. On a de plus en plus le senti­ment que, après avoir fait l’ex­pé­rience de l’en­trée d’un parti arabe dans un gouver­ne­ment de coali­tion, les Pales­ti­niens ne sont pas en mesure d’in­fluen­cer la poli­tique israé­lienne..

Les citoyens arabo-pales­ti­niens sont repré­sen­tés à la Knes­set depuis la forma­tion de l’État d’Is­raël. En gros, il y a eu trois courants poli­tiques prin­ci­paux : un courant isla­mique, un courant arabo-natio­na­liste et un courant repré­senté par le Parti commu­niste (PC), qui se défi­nit tradi­tion­nel­le­ment comme bina­tio­nal, juif et arabe. L’in­fluence du PC parmi les Israé­liens juifs a dimi­nué, et la majo­rité de sa base élec­to­rale et de ses membres est désor­mais issue de la mino­rité arabo-pales­ti­nienne.

Avant les élec­tions de 2015, le seuil élec­to­ral requis pour que les partis soient repré­sen­tés à la Knes­set était passé de 2 % à 3,25 %. En réponse, quatre partis exis­tants repré­sen­tant les Pales­ti­niens se sont unis dans la Liste commune. Cela a été vu avec un certain opti­misme par de nombreux citoyens arabo-pales­ti­niens d’Is­raël, car, pour la première fois, les trois prin­ci­paux courants poli­tiques ont été réunis en une seule coali­tion élec­to­rale. Après les élec­tions de 2015, la Liste arabe unie était le troi­sième plus grand bloc à la Knes­set. Aux élec­tions de mars 2020, il a remporté un record de 15 sièges, sur un total de 120.

Sous la direc­tion du socia­liste pales­ti­nien Ayman Odeh, qui est membre du PC, la Liste arabe unie était consi­dé­rée comme un véri­table acteur de la poli­tique israé­lienne car Odeh s’est montré prêt à soute­nir un bloc anti-Neta­nyahu à la Knes­set qui pour­rait écar­ter Neta­nyahu du pouvoir. Cela a trouvé un écho auprès des membres de la commu­nauté arabo-pales­ti­nienne qui voulaient influen­cer la poli­tique israé­lienne et faire partie de la vie poli­tique en Israël. La Liste arabe unie a recom­mandé que Benny Gantz, alors chef du bloc centriste, forme un gouver­ne­ment. Mais le centre a laissé tomber la mino­rité arabo-pales­ti­nienne, certains de ses dépu­tés refu­sant de faire partie d’un gouver­ne­ment qui dépen­dait de la Liste arabe unie, si bien que Neta­nyahu est resté au pouvoir à ce moment-là.

Début 2021, la Liste commune s’est scin­dée, l’UAL se sépa­rant. Il existe des diffé­rences majeures entre l’UAL et les autres partis de la Liste commune. L’UAL est un parti conser­va­teur-isla­miste et se concentre unique­ment sur les Pales­ti­niens musul­mans, igno­rant l’im­por­tante mino­rité chré­tienne ainsi que la commu­nauté druze. La Liste arabe unie est éclec­tique, conte­nant des éléments conser­va­teurs mais aussi plus libé­raux et progres­sistes. Une dépu­tée de la Liste arabe unie, Aida Touma-Sulei­man, du PC, dirige la commis­sion pour l’éga­lité des sexes de la Knes­set.

L’UAL a abordé les dernières élec­tions en disant qu’elle joue­rait le jeu poli­tique et qu’elle était prête à rejoindre un gouver­ne­ment de coali­tion, même dirigé par Neta­nyahu. La Liste arabe unie a refusé de parti­ci­per à l’exé­cu­tif, mais dit qu’elle pour­rait soute­nir un gouver­ne­ment de centre-gauche anti-Neta­nyahu sur une base de confiance et d’ap­pro­vi­sion­ne­ment.

Que pensez-vous de la parti­ci­pa­tion des partis de gauche à la coali­tion ?

Les travaillistes et le Meretz étaient depuis long­temps hors du pouvoir. Les travaillistes n’avaient pas parti­cipé à un gouver­ne­ment depuis 2011 ; pour le Meretz, c’était en 2000. Ces partis ont donc vu dans l’adhé­sion à la coali­tion une oppor­tu­nité de se recons­truire après une longue période de margi­na­li­sa­tion.

Cepen­dant, il est devenu clair très rapi­de­ment que la gauche avait peu de pouvoir au sein de la coali­tion et, plutôt que d’im­po­ser sa poli­tique à la droite, on lui dictait ses posi­tions. Les défis poli­tiques se termi­naient toujours par la capi­tu­la­tion des partis de gauche face à la droite. Cela a été illus­tré par le vote pour renou­ve­ler la loi sur la citoyen­neté, qui contient une clause inter­di­sant aux citoyens pales­ti­niens d’Is­raël qui épousent des Pales­ti­niens des terri­toires occu­pés de faire venir leur conjoint pour vivre avec eux. C’est une loi raciste qui déchire les familles pales­ti­niennes. La légis­la­tion était à renou­ve­ler et, malgré une oppo­si­tion de longue date à la loi, les partis de gauche acce­ptèrent la disci­pline de la coali­tion et votèrent sa recon­duc­tion, afin de préser­ver la coali­tion.

La gauche a égale­ment capi­tulé en ce qui concerne la construc­tion de colo­nies. Sous le gouver­ne­ment de coali­tion, plusieurs nouvelles colo­nies illé­gales même du point de vue de défi­ni­tion que l’État israé­lien donne de lui-même ont été construites, comme Evya­tar. Le gouver­ne­ment était confronté à une ques­tion claire : allait-il prendre des mesures contre ces colo­nies, qui sont clai­re­ment crimi­nelles selon la loi israé­lienne ? Bien que certains dépu­tés des partis de gauche avaient parti­cipé à des mani­fes­ta­tions contre Evya­tar, lancées par des orga­ni­sa­tions paci­fistes, les deux partis de gauche de la coali­tion ont néan­moins accepté à la poli­tique du gouver­ne­ment consis­tant à « léga­li­ser » la colo­nie plutôt que de démo­lir ses bâti­ments.

La poli­tique écono­mique de la coali­tion a été celle de l’aus­té­rité néoli­bé­rale, sous la direc­tion de l’ex­trême droite Avig­dor Lieber­man en tant que ministre des Finances. Il a suspendu les paie­ments de congé, a tenté de réduire le paie­ment des heures supplé­men­taires et a relevé l’âge de la retraite pour les travailleuses. Aucune poli­tique de gauche favo­rable à la classe ouvrière n’a été adop­tée. La diri­geante travailliste Merav Michaeli a été ministre des Tran­sports, mais son mandat a été marqué par une campagne d’ac­tions reven­di­ca­tives des travailleurs des bus sur les salaires et les condi­tions de travail, y compris les ques­tions de sécu­rité, auxquelles elle a été tota­le­ment indif­fé­rente. En fait, elle a accusé leurs grèves d’être “poli­tique­ment moti­vées” pour les décré­di­bi­li­ser leurs reven­di­ca­tions.

De même, le chef du Meretz, Nitan Horo­witz, a été ministre de la Santé dans la coali­tion. Son mandat a vu des grèves de méde­cins et d’autres travailleurs de la santé, y compris la pour­suite d’une campagne de jeunes méde­cins pour une réduc­tion des heures de travail qui a commencé sous le gouver­ne­ment précé­dent. Il était d’abord complè­te­ment indif­fé­rent, ne voulant même pas rencon­trer le syndi­cat des jeunes méde­cins, qui a mani­festé devant sa rési­dence de Tel-Aviv. Mais après des mobi­li­sa­tions et des actions syndi­cales conti­nuelles, une réunion a eu lieu. Il a ensuite changé de posi­tion, affir­mant que le problème venait du minis­tère des Finances. Le syndi­cat n’a pas été impres­sionné et a conti­nué à orga­ni­ser des mani­fes­ta­tions contre lui.

La gauche a donc été inca­pable d’avoir un impact sur la poli­tique dans le cadre de la coali­tion – ni sur les ques­tions de racisme et d’oc­cu­pa­tion, ni sur les ques­tions socio-écono­miques. Cela a été une expé­rience très néga­tive. Malgré leur affi­nité formelle avec la social-démo­cra­tie, dans la pratique, le Labour et le Meretz pour­suivent des poli­tiques néoli­bé­rales. Les recherches suggèrent qu’ils tirent leur soutien élec­to­ral des 30% supé­rieurs de la société israé­lienne. Ils ne subissent aucune pres­sion de leur base pour pour­suivre des poli­tiques favo­rables à la classe ouvrière.

De toute évidence, la situa­tion au niveau de la gauche élec­to­rale est sombre. Qu’en est-il de la gauche extra­par­le­men­taire ?

Je suis un mili­tant de Stan­ding Toge­ther. Je consi­dère notre travail comme la prin­ci­pale source d’op­ti­misme sur la scène poli­tique israé­lienne.

Nous sommes un mouve­ment rela­ti­ve­ment jeune, formé il y a envi­ron sept ans. Nous avons beau­coup grandi ces trois dernières années. Avant les cycles élec­to­raux consé­cu­tifs de 2019, nous comp­tions 600 membres. Aujourd’­hui, nous en avons envi­ron 3 300. Nous orga­ni­sons les citoyens juifs et arabo-pales­ti­niens d’Is­raël – contre l’oc­cu­pa­tion et pour la paix, contre le racisme et pour l’éga­lité, et pour les droits des travailleurs et la justice sociale et envi­ron­ne­men­tale. Nous avons mené un certain nombre de campagnes dans cette pers­pec­tive de classe.

Notre plus récente campagne, qui a eu un certain succès, a été d’aug­men­ter le salaire mini­mum. Israël a un pour­cen­tage parti­cu­liè­re­ment élevé de travailleurs faible­ment rému­né­rés par rapport aux autres pays de l’OCDE. Le salaire mini­mum n’a pas augmenté depuis 2017 et s’élève actuel­le­ment à 29,12 NIS de l’heure, soit envi­ron 5 300 Shekels (envi­ron 1580 € ) par mois. C’est insuf­fi­sant pour faire face à des loyers très élevés et à une hausse du coût de la vie. Au cours de la dernière année, les prix des denrées alimen­taires ont augmenté de près de 20 % et les coûts du loge­ment ont augmenté de plus de 15 %. Près de la moitié de la main-d’œuvre sala­riée en Israël est payée moins de 40 Shekels de l’heure.

En août 2021, nous avons lancé une campagne inti­tu­lée “Mini­mum 40”, autour de la simple reven­di­ca­tion d’aug­men­ter le salaire mini­mum à 40 Shekels (13 €) de l’heure. La demande a résonné dans diverses couches de la classe ouvrière en Israël. On a vu des actions de terrain menées dans le cadre de cette campagne dans les grands centres urbains comme Tel-Aviv, mais aussi en péri­phé­rie, dans les petites villes du nord d’Is­raël, voire dans des villes ultra-ortho­doxes comme Bnei Brak. Cela était parti­cu­liè­re­ment impor­tant parce que la vie poli­tique formelle dans ces villes est domi­née par la droite.

La campagne a pu faire quelque chose que nous pensons être la clé pour trans­for­mer la société israé­lienne, soit rassem­bler des gens de diffé­rentes commu­nau­tés pour lutter autour d’un inté­rêt de classe commun. Suite à cette campagne, des personnes ultra-ortho­doxes se sont jointes à Stan­ding Toge­ther. Nous avons-nous sommes d’abord entre­te­nus avec eux et les avons mobi­li­sés autour de la ques­tion du salaire mini­mum, mais nous avons réussi à convaincre certains d’entre eux de nos pers­pec­tives plus larges et ils ont main­te­nant rejoint le mouve­ment. De même, nous avons de jeunes Arabo-Pales­ti­niens, aupa­ra­vant anti-poli­tiques, deve­nus poli­ti­sés à travers la campagne et rejoi­gnant le mouve­ment. Ce sont des gens qui ne sont pas de la gauche tradi­tion­nelle. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que tous ceux qui se sont enga­gés dans la campagne sont deve­nus socia­listes

Pour trans­for­mer Israël, y compris dans sa rela­tion avec les Pales­ti­niens, nous avons besoin d’une gauche hété­ro­gène et capable de mobi­li­ser les travailleurs de diverses commu­nau­tés au sein d’Is­raël, à la fois dans la société juive israé­lienne et parmi les citoyens arabo-pales­ti­niens. Cela signi­fie construire une gauche capable de se mobi­li­ser dans les commu­nau­tés ultra-ortho­doxes, par exemple.

Mini­mum 40 avait égale­ment un aspect parle­men­taire, et un projet de loi a été rédigé et copar­rainé par 47 dépu­tés, de tout l’éven­tail poli­tique, y compris des dépu­tés juifs et pales­ti­niens. C’est un nombre très élevé compte tenu du niveau de pola­ri­sa­tion de la Knes­set actuelle. Le 8 juin, nous avons réussi à impo­ser un vote préli­mi­naire et le projet de loi a été adopté. Trois factions de la coali­tion ont défié la disci­pline gouver­ne­men­tale lors de ce vote – deux en refu­sant de voter contre le projet de loi et une en votant pour. Nous avons vu cela comme une grande victoire après 10 mois de campagne – démar­chage, péti­tion, tracts – dans tout le pays. Nous avons traduit cette éner­gie de campagne en pres­sion sur l’es­ta­blish­ment poli­tique. Le résul­tat final est qu’un projet de loi a été adopté qu’ils ne voulaient tout simple­ment pas voir adopté.

Le gouver­ne­ment a main­te­nant démis­sionné avant que nous puis­sions donner suite à ce succès et procé­der à la promul­ga­tion du projet de loi. Dans les derniers jours avant la rupture, des pour­par­lers indi­rects ont eu lieu entre des respon­sables du minis­tère des Finances et des repré­sen­tants de Stan­ding Toge­ther, pour discu­ter de la rédac­tion d’une légis­la­tion visant à augmen­ter le salaire mini­mum. Le parti travailliste a agi en tant que média­teur ici, cher­chant vrai­sem­bla­ble­ment à gagner du pres­tige poli­tique pour lui-même si le salaire mini­mum était fina­le­ment augmenté. Le ministre des Finances Lieber­man a fina­le­ment bloqué cela, ne voulant pas voir une légis­la­tion popu­laire adop­tée dans les derniers jours du gouver­ne­ment. Malgré cela, nous consi­dé­rons cette campagne comme une formi­dable victoire et une vali­da­tion de notre approche. Cela a montré aux gens que si vous vous orga­ni­sez et luttez, vous pouvez gagner.

La pensée domi­nante d’une grande partie de l’ex­trême gauche à propos d’Is­raël est qu’il s’agit simple­ment d’une société de colons, une implan­ta­tion réac­tion­naire et illé­gi­time dans la région. Certains peuvent même consi­dé­rer les succès des luttes écono­miques en Israël comme réac­tion­naires, car ils renforcent le privi­lège des travailleurs juifs israé­liens sur les Pales­ti­niens occu­pés. De nombreux mili­tants de gauche inter­na­tio­naux soutiennent que l’ac­cent devrait unique­ment être mis sur le soutien de la lutte pales­ti­nienne contre Israël, et que toute concen­tra­tion sur la lutte à l’in­té­rieur même d’Is­raël est, au mieux, une distrac­tion. Comment réagis­sez-vous à ces points de vue ?

En regar­dant la société israé­lienne de l’ex­té­rieur, elle peut sembler être un bloc homo­gène et réac­tion­naire. Mais un examen plus appro­fondi révèle une réalité plus nuan­cée. Comme toute société, Israël a ses progres­sistes et ses réac­tion­naires. Et, plus fonda­men­ta­le­ment, c’est une société de classes : il y a une classe de gens qui vit en vendant sa force de travail, et une autre qui vit prin­ci­pa­le­ment en exploi­tant cette force de travail. Igno­rer ces tensions et contra­dic­tions, et les consi­dé­rer comme des lieux poten­tiels de lutte trans­for­ma­trice, conduit à des conclu­sions poli­tiques erro­nées.

Israël est un pays riche avec des pauvres. Il y a d’énormes quan­ti­tés de richesses dans l’in­dus­trie tech­no­lo­gique israé­lienne, dans son indus­trie biomé­di­cale. Pourquoi alors une telle inéga­lité, une telle pauvreté, un tel écart entre riches et pauvres ? Une des réponses que je donne­rais est : l’oc­cu­pa­tion. Une grande partie du budget de l’État israé­lien est consa­crée au main­tien de l’ap­pa­reil d’oc­cu­pa­tion – ache­ter des sous-marins nucléaires à l’Al­le­magne plutôt que de finan­cer des hôpi­taux, ache­ter des bombes aux États-Unis plutôt que de finan­cer des écoles.

Le finan­ce­ment pour main­te­nir une occu­pa­tion mili­taire sur la Pales­tine, le finan­ce­ment d’une guerre rituelle contre Gaza tous les deux ans, le finan­ce­ment pour renfor­cer la capa­cité mili­taire pour une future guerre poten­tielle avec la Syrie ou l’Iran, le finan­ce­ment du projet de colo­ni­sa­tion en Cisjor­da­nie et à Jéru­sa­lem-Est – tout cela est direc­te­ment lié aux raisons qui font que les classes popu­laires israé­liennes, tant les Israé­liens juifs que les Arabes-Pales­ti­niens, se retrouvent à vivre dans la pauvreté.

Les travailleurs israé­liens ont donc un inté­rêt direct et maté­riel à mettre fin à l’oc­cu­pa­tion. La situa­tion actuelle compro­met consi­dé­ra­ble­ment le bien-être et la sécu­rité des Israé­liens juifs. Donc pour moi, en tant que juif israé­lien, en tant que père de deux jeunes enfants, il serait très avan­ta­geux pour moi et ma famille de mettre fin à l’oc­cu­pa­tion, de déman­te­ler le projet de colo­ni­sa­tion, d’em­pê­cher de futures guerres. Il est dans notre inté­rêt de chan­ger cet état de fait. Cela ne veut pas dire que la lutte des classes en Israël ne devrait être consi­dé­rée que de manière instru­men­tale, en termes de rela­tion avec l’oc­cu­pa­tion. Les victoires du travail sur le capi­tal sont de bonnes choses en elles-mêmes. Mais dans le contexte israé­lien, il y a aussi un lien avec la ques­tion de la poli­tique d’Is­raël envers les Pales­ti­niens.

Il y a 15 ans, lorsque le Royaume-Uni était une force d’oc­cu­pa­tion en Irak, j’au­rais pu dire à un gauchiste britan­nique : “Pourquoi devrions-nous prendre la peine de parler d’une lutte pour sauver le NHS, ou de la lutte des travailleurs du métro à Londres, alors que le Royaume-Uni pour­suit des poli­tiques impé­ria­listes et occupe un autre pays ? Cette personne aurait pu raison­na­ble­ment me consi­dé­rer comme plutôt étroit d’es­prit pour avoir refusé de regar­der comment la dyna­mique et les contra­dic­tions au sein de la société britan­nique pour­raient être liées à une lutte pour mettre fin à l’oc­cu­pa­tion de l’Irak.

Regar­dez les États-Unis : les États-Unis sont la plus grande puis­sance mili­taire du monde. Cela signi­fie-t-il que nous, en tant que socia­listes, sommes indif­fé­rents aux luttes des travailleurs améri­cains et aux luttes de la société améri­caine sur des ques­tions telles que la liberté repro­duc­tive ? Toutes ces luttes sont des écoles qui enseignent aux travailleurs améri­cains comment se battre et gagner, comment construire le pouvoir, comment faire la diffé­rence entre leurs inté­rêts et les inté­rêts de la classe diri­geante.

Les luttes sociales sont des écoles de conscience de classe. Elles nous font réali­ser que nous ne sommes pas dans le même bateau que nos diri­geants. Les travailleurs israé­liens qui luttent pour augmen­ter le salaire mini­mum aident, et n’en­travent pas, les efforts pour construire un mouve­ment contre l’oc­cu­pa­tion, en aigui­sant les contra­dic­tions de classe au sein d’Is­raël. Bien sûr, ce n’est pas un proces­sus auto­ma­tique ou méca­nique. Augmen­ter le salaire mini­mum en Israël ne conduira pas à l’éva­cua­tion des colo­nies. Établir ces liens néces­site l’in­ter­ven­tion active des socia­listes dans ces luttes pour établir ces liens et persua­der les travailleurs d’une pers­pec­tive qui relie la lutte pour la trans­for­ma­tion sociale en Israël avec la lutte pales­ti­nienne pour l’in­dé­pen­dance et l’éga­lité.

Comment Stan­ding Toge­ther tente-t-il de faire cela ?

Fin mars/début avril, il y a eu une vague d’at­ten­tats mortels à l’in­té­rieur d’Is­raël. Cela a commencé à Beer Sheva, où un terro­riste inspiré par Daech a attaqué des passants juifs dans la rue. Cela a provoqué des ondes de choc au sein de la société israé­lienne, car c’était la première fois qu’il y avait une attaque inspi­rée par Daech en Israël. Cela a conduit à une augmen­ta­tion des tensions, les poli­ti­ciens de droite tentant de dépeindre tous les Pales­ti­niens comme des terro­ristes poten­tiels de l’EI.

D’autres attaques ont eu lieu dans les jours et les semaines qui ont suivi. Cela a créé une atmo­sphère de peur et de terreur et une augmen­ta­tion du racisme contre les citoyens arabo-pales­ti­niens d’Is­raël. Dans le cadre de la campagne Mini­mum 40, nous avons estimé que si la campagne conti­nuait simple­ment avec ses messages de base sans aucune réfé­rence à l’état d’es­prit qui régnait dans le pays, elle serait décon­nec­tée de la réalité sociale.

En réponse, nous avons donc produit des supports de campagne qui ont mis en avant diverses voix, en parti­cu­lier celles des travailleurs arabo-pales­ti­niens. Nous avons produit des vidéos avec des travailleurs arabo-pales­ti­niens discu­tant de la peur qu’ils ressen­taient – la peur des attaques racistes de la part des Israé­liens juifs, mais aussi leurs propres craintes concer­nant la crois­sance des idéo­lo­gies de type Daech, qui consti­tuent égale­ment une menace claire pour la société pales­ti­nienne. Nous avons mis en avant des voix et des histoires de sala­riés au salaire mini­mum qui reflé­taient la diver­sité de la campagne : un ouvrier ultra-ortho­doxe de Bnei Brak, un ouvrier pales­ti­nien de Jéru­sa­lem, un travailleur scolaire juif israé­lien de Haïfa. Tous ont parlé des peurs qu’ils ressen­taient et de leur désir de sécu­rité, c’est-à-dire de se sentir en sécu­rité pour marcher dans les rues, mais aussi de sécu­rité écono­mique, sachant qu’ils pour­raient joindre les deux bouts.

En mettant l’ac­cent sur le désir de sûreté et de sécu­rité ressenti dans toutes les commu­nau­tés, nous avons pu contrer les récits racistes de la droite. En concen­trant les voix des travailleurs juifs et pales­ti­niens qui s’or­ga­ni­saient autour d’un inté­rêt de classe partagé, nous nous sommes frayé un chemin et avons été en mesure de diffu­ser un message anti­ra­ciste qui pouvait être compris par des personnes qui se sentaient tendues et effrayées. Bien sûr, ce n’est pas facile et les réponses ne sont pas toujours toutes faites, mais je pense que cela montre comment notre approche d’or­ga­ni­sa­tion autour d’in­té­rêts de classe communs peut créer un cadre pour promou­voir une poli­tique d’an­ti­ra­cisme et d’éga­lité, même en période de tension.

Lorsque je parle avec des mili­tants de l’étran­ger de la soli­da­rité avec la Pales­tine je fais la distinc­tion entre mes respon­sa­bi­li­tés immé­diates et les leurs. Je ne suis pas lié à la société israé­lienne de l’ex­té­rieur. J’en fais partie. La majo­rité des personnes avec lesquelles j’in­te­ra­gis quoti­dien­ne­ment sont des Israé­liens juifs. J’ai la respon­sa­bi­lité d’in­ter­ve­nir dans cette société et d’es­sayer de chan­ger la façon de penser de mes compa­triotes juifs israé­liens, de deman­der : « L’in­dé­pen­dance pales­ti­nienne nous menace-t-elle ou pour­rait-elle nous être béné­fique ? La construc­tion de colo­nies nous profite-t-elle ou nous menace-t-elle ?

Stan­ding Toge­ther veut construire une nouvelle majo­rité dans notre société. Notre objec­tif est de trans­for­mer la société dans laquelle nous vivons, et nous pensons que notre vision, basée sur les classes et enra­ci­née dans le socia­lisme, peut four­nir la base pour y parve­nir.

Que peuvent faire les socia­listes au niveau inter­na­tio­nal pour soute­nir Stan­ding Toge­ther et son travail ?

Pour moi, le mouve­ment inter­na­tio­nal de soli­da­rité avec le peuple pales­ti­nien et pour une paix juste au Moyen-Orient n’est pas acquis. En parlant avec des mili­tants paci­fistes chevron­nés en Israël, qui se souviennent de l’at­mo­sphère poli­tique locale et inter­na­tio­nale après la guerre de 1967, j’en­tends des histoires sur la façon dont il était consi­déré comme faisant partie du sens commun qu’Is­raël était un libé­ra­teur, luttant pour sa légi­time défense, et non un agres­seur. Et j’ai écouté des leçons dure­ment apprises sur la façon dont les Israé­liens juifs anti-occu­pa­tion et les Arabes-Pales­ti­niens ont dû nager à contre-courant pour faire de « la ques­tion pales­ti­nienne » un problème pour la gauche inter­na­tio­nale.

Ainsi, le fait que main­te­nant, en Europe, en Amérique du Nord et ailleurs, il y ait tant de parte­naires qui soutiennent la cause de la fin de l’oc­cu­pa­tion et de l’in­dé­pen­dance et de la justice pour le peuple pales­ti­nien est quelque chose qui réchauffe le cœur.

Cepen­dant, la lutte parti­cu­lière dans laquelle je suis impliqué – faire évoluer l’opi­nion publique au sein de la société israé­lienne elle-même, construire une nouvelle majo­rité en Israël qui soutien­drait une paix israélo-pales­ti­nienne, mettre fin à l’oc­cu­pa­tion et progres­ser vers l’éga­lité et la justice sociale – est souvent négli­gée lorsque l’on parle de la région, même parmi les publics de gauche et les médias de gauche. En effet, la ques­tion de savoir si un sujet poli­tique pouvant faire partie d’une trans­for­ma­tion progres­sive dans la région existe même au sein de la société israé­lienne est contes­tée dans les cercles de gauche à l’échelle inter­na­tio­nale. Je réponds à cette ques­tion par un « oui » reten­tis­sant. Par consé­quent, je demande à mes collègues socia­listes à l’étran­ger d’in­tro­duire dans leurs pers­pec­tives poli­tiques les leçons de la façon dont nous nous mobi­li­sons, orga­ni­sons et luttons à l’in­té­rieur d’Is­raël autour des valeurs que nous parta­geons tous.

En ampli­fiant, dans les cercles de gauche, ainsi que dans les grands médias et le débat public dans vos pays respec­tifs, les infor­ma­tions et les analyses sur les luttes pour la paix et la justice menées au sein de la société israé­lienne, vous ne faites pas que tendre la main à ceux qui luttent ici, vous contrez égale­ment le faux récit, qui s’est malheu­reu­se­ment renforcé ces dernières années, selon lequel critiquer la poli­tique du gouver­ne­ment israé­lien est auto­ma­tique­ment illé­gi­time ou sectaire. Nous, citoyens juifs et pales­ti­niens d’Is­raël, nous nous orga­ni­sons sur le terrain contre la poli­tique de notre propre gouver­ne­ment, tout comme les socia­listes aux États-Unis ou au Royaume-Uni le font contre la leur.

Ampli­fier les voix de ceux qui luttent pour la justice ici et éduquer le grand public sur les luttes menées peut être une contri­bu­tion substan­tielle à notre cause commune de mettre fin à l’oc­cu­pa­tion et de parve­nir à la paix, à la justice et à la liberté pour tous ceux qui vivent dans ce pays.

De nombreux commen­ta­teurs affirment désor­mais que « la solu­tion à deux États est morte », ce qui implique que cela ouvre des possi­bi­li­tés de lutter pour un règle­ment à État unique quel­conque. Mon point de vue est que les mêmes tendances qui rendent actuel­le­ment impro­bable un cadre à deux États rendent égale­ment tout cadre à État unique véri­ta­ble­ment égali­taire encore moins probable, et que la créa­tion d’un État pales­ti­nien indé­pen­dant, aux côtés d’Is­raël et avec les mêmes droits qu’Is­raël, demeure la « prochaine étape » évidem­ment impli­cite en termes de réso­lu­tion de l’iné­ga­lité des droits natio­naux entre les deux peuples. Quel est votre point de vue sur cette ques­tion, et Stan­ding Toge­ther a-t-il une poli­tique formelle sur cette ques­tion ?

Les sondages d’opi­nion publique conti­nuent de montrer que la créa­tion d’un État pales­ti­nien indé­pen­dant aux côtés d’Is­raël est la solu­tion préfé­rée des Pales­ti­niens et des Israé­liens, bien qu’une majo­rité d’entre eux restent pessi­mistes quant à la possi­bi­lité d’y parve­nir. Le fait que le racisme anti-pales­ti­nien soit endé­mique au sein de la société israé­lienne, que les partis belli­cistes et pro-implan­ta­tion restent puis­sants au sein du système poli­tique israé­lien et que l’ad­mi­nis­tra­tion améri­caine soutienne plei­ne­ment la pour­suite de l’oc­cu­pa­tion des terri­toires pales­ti­niens – tout cela est donné comme raisons pour lesquelles le statu quo est censé rester en place, et qu’au­cun progrès réel n’est suscep­tible d’être fait pour abou­tir à la la fin de l’oc­cu­pa­tion et à une paix israélo-pales­ti­nienne.

Cela signi­fie que l’un de nos prin­ci­paux défis est de lutter contre le déses­poir et de montrer aux gens que lorsque nous nous orga­ni­sons et nous battons, nous pouvons aussi gagner. C’est vrai en ce qui concerne les ques­tions sociales, envi­ron­ne­men­tales et démo­cra­tiques au sein de la société israé­lienne, mais cela peut aussi être vrai vis-à-vis de la ques­tion des terri­toires pales­ti­niens occu­pés.

La ques­tion « un État contre deux États » pour­rait être consi­dé­rée comme une ques­tion digne de discus­sion dans un campus quelque part en Europe ou en Amérique du Nord, mais ici en Israël et en Pales­tine, elle est entiè­re­ment abstraite. Nous vivons dans une réalité dans laquelle Israël contrôle globa­le­ment l’en­semble du terri­toire, avec une démo­cra­tie limi­tée et para­ly­sée à l’in­té­rieur des fron­tières de 1967 et une occu­pa­tion ou un blocus mili­taire ouvert en Cisjor­da­nie, dans la bande de Gaza et à Jéru­sa­lem-Est. Il existe déjà une « solu­tion à un État » : nous avons déjà un État unique exerçant son pouvoir sur tout le terri­toire. Ce qu’il faut main­te­nant, c’est que les Pales­ti­niens des terri­toires occu­pés pendant la guerre de 1967 obtiennent leur indé­pen­dance natio­nale au sein d’un État reconnu et viable, comme le stipulent de nombreuses réso­lu­tions de l’ONU.

Je crois qu’un tel État pales­ti­nien indé­pen­dant devrait exer­cer sa souve­rai­neté sur l’en­semble de la Cisjor­da­nie et de la bande de Gaza, la fron­tière du 4 juin 1967 (“La Ligne verte”) étant la fron­tière inter­na­tio­na­le­ment recon­nue entre lui et l’État d’Is­raël. Jéru­sa­lem-Est devrait être la capi­tale de l’État pales­ti­nien, tandis que Jéru­sa­lem-Ouest restera la capi­tale d’Is­raël. Toutes les colo­nies doivent être évacuées, tous les prison­niers pales­ti­niens à l’in­té­rieur d’Is­raël doivent être libé­rés et le soi-disant « mur de sépa­ra­tion » construit par Israël doit être déman­telé.

Le problème des réfu­giés pales­ti­niens devrait avoir une solu­tion juste et conve­nue, confor­mé­ment à toutes les réso­lu­tions de l’ONU, y compris la réso­lu­tion 194, et Israël devrait s’ef­for­cer de s’in­té­grer dans la région, notam­ment en avançant vers la paix avec la Syrie, sur la base d’un retrait de la zone occu­pée, les hauteurs du Golan et avec le Liban, sur la base d’un retrait des fermes de Chebaa occu­pées. En outre, progres­ser vers une paix globale dans la région signi­fie qu’Is­raël doit défendre la cause d’un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires et d’autres armes de destruc­tion massive, et que le gouver­ne­ment israé­lien doit respec­ter le Traité inter­na­tio­nal de non-proli­fé­ra­tion. Ce plan de paix est, bien sûr, farou­che­ment combattu par l’es­ta­blish­ment poli­tique d’Is­raël, déter­miné à « gérer le conflit », c’est-à-dire à essayer de main­te­nir le statu quo aussi long­temps que possible.

Stan­ding Toge­ther, en tant que mouve­ment, défend une paix israélo-pales­ti­nienne basée sur la justice et l’in­dé­pen­dance pour les deux peuples de ce pays, tout en sachant très bien que le vrai problème réside dans la réti­cence de l’es­ta­blish­ment poli­tique israé­lien à avan­cer vers une telle solu­tion. Par consé­quent, l’une de nos tâches prin­ci­pales est de faire évoluer l’opi­nion publique et construire une nouvelle majo­rité au sein de notre propre société, une majo­rité qui favo­ri­se­rait la solu­tion paci­fique que nous pensons être le strict mini­mum néces­saire pour garan­tir l’in­dé­pen­dance, le bien-être et la sécu­rité à la fois des juifs et des pales­ti­niens. C’est tout un défi, mais nous sommes déter­mi­nés à le rele­ver. Il peut être mieux décrit par les mots du poète commu­niste alle­mand Bertold Brecht : « La chose la plus simple est la plus diffi­cile à atteindre ».

Traduc­tion “auto­ma­tique” par nos soins.

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