Soutien à l’Ukraine résistante N°42 – 12 septembre 2025
C’était donc la question posée par Katya Gritseva, de l’organisation étudiante ukrainienne Priama Diia, lors de l’Université d’été des mouvements sociaux et de la solidarité (UEMSS) à Bordeaux, le 23 août 2025.
(…) Comme chaque année de nombreux mouvements ou partis progressistes ont tenu leurs traditionnelles rencontres d’été, mais,mais à quelques exceptions près (dont le Nouveau Parti anticapitaliste), on n’y a guère parlé d’Ukraine, et moins encore de solidarité avec les progressistes ukrainiens. Jean-Luc Mélenchon s’est même permis lors du discours d’ouverture des Amfis (la rencontre d’été de La France insoumise) de reprendre le discours poutinien attaquant l’Ukraine et de nier explicitement l’existence de tout mouvement progressiste dans le pays.
En Ukraine, la majorité parlementaire et le gouvernement actuel peuvent être classés, selon nos critères, « à droite ». Malgré la fatigue et les immenses difficultés, les Ukrainiens et Ukrainiennes sont, dans leur immense majorité, engagé·es dans la défense du pays contre l’agression russe. Une société civile active et plurielle est vivante malgré la guerre, et notamment des mouvements dont l’orientation et l’action est progressiste : des syndicats – confédérés ou autonomes –, des associations de défense des droits, des groupes féministes, LGBTQI, écologistes, de locataires, de solidarité avec les victimes de guerre, des mouvements politiques (écosocialistes, sociaux-démocrates, anti-autoritaires…), etc.
Parmi ces mouvements, il y a le syndicat étudiant Priama Diia, initialement crée à Kyiv et Lviv et qui s’est étendu dans plusieurs villes. Lors de son troisième congrès, début août 2025, ses adhérent·es ont décidé de renforcer leurs actions, pour la défense des droits et des conditions de vie des étudiant·es, la solidarité avec celles et ceux qui sont au front, la qualité de l’éducation. Ils et elles ont contesté, avec d’autres organisations étudiantes, la nomination du ministre de l’éducation Andriy Vitrenko, corrompu et incompétent, et plus généralement ils et elles s’opposent à la politique néolibérale du gouvernement et à la privatisation de l’enseignement.
Ils ont bien entendu participé, en juillet 2025, à la « révolution des cartons », des manifestations de rue (qui sont, loi martiale en temps de guerre oblige, supposées être interdites), contre le démantèlement des instances anticorruption voté par le Parlement et ils ont obligé la présidence à reculer.
Mais, dans le contexte tendu actuel, ces mouvements, dont Priama Diia, sont aussi critiqués, attaqués parfois physiquement par des petits groupes d’extrême droite, et menacés par certains secteurs conservateurs qui trouvent que ces trublions contestent les politiques néolibérales (et la corruption qui va avec) et voudraient bien profiter de l’état de guerre pour les réduire au silence. Dans pareil contexte, toute manifestation de solidarité internationale, modestement concrète et/ou symbolique et politique, a un double effet immédiat : d’une part, pour le moral des Ukrainien·nes ; d’autre part, pour leur protection et le rapport de force face à ceux qui veulent les faire disparaître : un soutien de syndicats européens ou autres avec les syndicalistes, de défenseurs des droits avec les défenseurs des droits, de féministes avec les féministes, des gauches avec la gauche ukrainienne et bien entendu, d’étudiant·es avec les étudiant·es.
Bernard Dréano
Bernard Dréano est coprésident du Comité français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (RESU). Il a notamment publié Jours gris et nuages d’acier sur l’Ukraine, Paris, Syllepse, 2023.
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Après les Gilets jaunes, la pandémie du Covid, la Colombie et la Birmanie, les éditions Syllepse poursuivent la publication d’ouvrages accessibles à tous et toutes qui éclairent sur les enjeux des convulsions d’un monde qui n’en finit pas de semer la misère, la souffrance et la guerre. Les éditions Syllepse se sont associées pour cette série sur l’agression de la Russie poutinienne contre l’Ukraine aux éditions Page 2 (Lausanne), M. Éditeur (Montréal) et Massari Edotori (Italie), aux revues New Politics (New York), Les Utopiques (Paris) et ContreTemps (Paris), aux sites À l’encontre (Lausanne) et Europe solidaire sans frontières, ainsi qu’au blog Entre les lignes entre les mots (Paris) et Utopia Rossa, au Centre Tricontinental (Louvain-la-Neuve) et au Réseau syndical international de solidarité et de luttes.
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