Syndi­cats et asso­cia­tions: »Appel pour la jeunesse popu­laire »

C’est cette situa­tion-là qui ne peut plus durer.
Dans les quar­tiers popu­laires notam­ment, les rapports entre la police et la popu­la­tion, parti­cu­liè­re­ment les jeunes, sont conflic­tuels et discri­mi­nants.
Il est prouvé, par exemple, que les jeunes hommes perçus comme arabes ou noirs ont 20 fois plus de proba­bi­lité d’être contrô­lés par la police que les autres.
Nous deman­dons l’abro­ga­tion de la loi de 2017 sur l’as­sou­plis­se­ment des règles en matière d’usage des armes à feu par la police.
Nous deman­dons la fin de la seule réponse répres­sive par la police dans les quar­tiers. Nous nous prononçons égale­ment pour la créa­tion d’un service dédié aux discri­mi­na­tions touchant la jeunesse au sein de l’au­to­rité admi­nis­tra­tive prési­dée par le Défen­seur des droits.
Nous reven­diquons la créa­tion d’un orga­nisme indé­pen­dant de contrôle, en rempla­ce­ment de l’IGPN, et nous sommes favo­rables à la créa­tion et la promo­tion d’une plate­forme en ligne permet­tant de dépo­ser images et vidéos de poten­tielles violences poli­cières.

Nous deman­dons le retour des services de préven­tion spécia­li­sés avec l’em­bauche massive d’édu­ca­teurs et d’édu­ca­trices de préven­tion (dit « de rue ») diplomé-es et formé-es pour préve­nir les conflits entre jeunes, entre les jeunes et le reste de la popu­la­tion, et faire de l’ac­com­pa­gne­ment éduca­tif.
La relé­ga­tion sociale de la jeunesse popu­laire est le résul­tat de poli­tiques qui ont trop souvent oublié la jeunesse et parti­cipé à sa margi­na­li­sa­tion.
Les services publics, en premier lieu, l’Ecole, ont subi des années de suppres­sions d’em­plois qui ont aussi touché les établis­se­ments les plus défa­vo­ri­sés.
Derrière les discours préten­du­ment volon­ta­ristes, l’Edu­ca­tion prio­ri­taire a été déman­te­lée dans les lycées. En collège, elle a été diluée dans une série de mesures dans des poli­tiques terri­to­riales acadé­miques qui ont mis à mal l’am­bi­tion initiale de l’Edu­ca­tion prio­ri­taire.
La crise écono­mique n’a cessé de creu­ser les inéga­li­tés sociales dans le pays, multi­pliant le nombre d’éta­blis­se­ments qui pour­raient rele­ver des critères sociaux de l’édu­ca­tion prio­ri­taire. Et pour­tant, le chan­tier de la révi­sion et l’élar­gis­se­ment de la carte de l’Edu­ca­tion prio­ri­taire n’a même pas été entamé !

Les autres services publics ont aussi disparu des quar­tiers popu­laires alimen­tant un senti­ment légi­time d’aban­don : comment croire à l’éga­lité quand des quar­tiers se
retrouvent sans services publics ? Quand les quar­tiers restent encla­vés faute de trans­ports acces­sibles, sans méde­cins, sans hôpi­tal de proxi­mité ? Quand le loge­ment est profon­dé­ment dégradé dans ces quar­tiers, accen­tuant le senti­ment de relé­ga­tion ? Quand l’ac­cès à l’em­ploi est plus diffi­cile pour les jeunes de ces quar­tiers, comme l’ont démon­tré de multiples études ? Cette jeunesse se retrouve assi­gnée à rési­dence sociale et géogra­phique : c’est un renon­ce­ment morti­fère pour la démo­cra­tie ! Comment ne pas voir qu’en assi­gnant des jeunes à leur origine sociale, en enfer­mant cette jeunesse popu­laire dans des destins tout tracés, s’opère alors une rupture amère et pleine de rancœurs avec les promesses du modèle répu­bli­cain ?

Les quar­tiers popu­laires ont eux aussi besoin de services publics qui permettent de créer du lien social, de la soli­da­rité, de la proxi­mité, de l’éga­lité. Ils font du commun dans une société et, plus parti­cu­liè­re­ment dans des quar­tiers qui n’en ont plus. L’es­poir d’un avenir meilleur pour la jeunesse popu­laire passe par un grand plan d’in­ves­tis­se­ment pour l’Ecole, les trans­ports, le loge­ment, l’em­ploi.
Les asso­cia­tions de proxi­mité ont subi toutes ces dernières années les coupures de subven­tion, et un contrôle de plus en plus renforcé sous prétexte du respect des prin­cipes répu­bli­cains.
Les moyens néces­saires doivent être attri­bués aux programmes de préven­tion et de lutte contre les discri­mi­na­tions dans les établis­se­ments scolaires, où des agent-es formé-es doivent servir de personnes ressources mission­nées en tant que telles pour accom­pa­gner et orien­ter les élèves qui en sont victimes. Par ailleurs, une évalua­tion et une réflexion autour des programmes scolaires est néces­saire pour abou­tir à une prise en compte satis­fai­sante de l’his­toire, des études et des notions liées à l’es­cla­vage, à la colo­ni­sa­tion, au racisme, à l’op­pres­sion des femmes et des mino­ri­tés sexuelles et aux combats divers pour l’éga­lité qui s’y rapportent. Une école qui promeut l’égale dignité de tous et toutes les élèves, futur-es citoyen-nes, à la préoc­cu­pa­tion constante de garan­tir que ses conte­nus d’en­sei­gne­ment ne
comportent ni oublis ni angles morts sur ces ques­tions et trans­mettent des savoirs utiles à la compré­hen­sion des origines et des méca­nismes de discri­mi­na­tions pour contri­buer effi­ca­ce­ment à leur dispa­ri­tion à plus long terme.
Le 30 juin 20

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