Première partie
Un nouveau tournant politique.
La fin de l’année 2015 a conduit à un bouleversement de la situation et des rapports de force politiques. Survenant après la crise des migrants en Europe, la poursuite des politiques antisociales du gouvernement, les attentats de novembre et l’état d’urgence, les élections régionales ont traduit les profonds bouleversements en cours dans l’opinion publique.
Le FN a fait un saut supplémentaire dans son ascension à un niveau qu’il n’avait jamais atteint jusqu’à présent. Il s’affirme comme une force qui s’enracine dans le pays, qui impose ses idées dangereuses, et qui est déterminée à s’emparer du pouvoir pour mettre en œuvre sa politique xénophobe, anti sociale et anti démocratique.
Un sursaut électoral de second tour a mobilisé une partie de l’électorat pour faire barrage au FN et l’empêcher de conquérir des régions, mais il ne peut masquer l’ampleur de la crise politique que traverse le pays, et le désaveu qui touche les institutions et les partis politiques, lequel conduit au maintien d’une abstention record dans l’électorat populaire dégouté des reniements sans fin depuis 2012. Il ne peut faire oublier que le total des voix de gauche, PS, EELV, FdG, ne dépasse pas les 37 %, et que les droites et le FN se partagent la majorité des suffrages.
La droite poursuit sa reconquête, élection après élection, des positions institutionnelles qu’elle avait perdues quand elle était au gouvernement, sans pour autant échapper à une division croissante entre deux orientations : celle de Sarkozy, qui assume le braconnage des thèses du FN pour attirer ses électeurs et gagner 2017 encore plus à droite, celle d’une partie des Républicains et du centre-droit prêts à des alliances avec un PS en position subordonnée pour contrer le FN. Mais dans toutes les régions qu’elle a gagnées, comme dans les départements et communes qu’elle a remportés précédemment, la droite va mettre en œuvre une aggravation des politiques brutales de casse des services publics et des mesures sécuritaires et discriminatoires accentuées sous la pression du FN.
Le PS subit un nouveau revers, perdant les régions les plus peuplées, et son « hégémonie » sur l’électorat de gauche continue à s’effriter, n’étant plus en mesure de gagner même une triangulaire sans rassemblement avec les autres forces de gauche. Il perd dans ses deux principaux bastions, Nord et Paca, en s’effaçant derrière la droite pour faire barrage au FN, au prix de la disparition de toute liste de gauche. Il perd de nombreuses positions qui lui permettaient de maintenir son influence, et sa déroute politique se double d’un affaiblissement de ses moyens matériels et humains. Loin d’en tirer des leçons pour remettre en cause une politique démobilisatrice pour l’électorat de gauche, la direction du PS parle à nouveau d’un « dépassement » du PS dans un nouveau pôle « réformateur », prétendant exploiter « tripartition » du champ politique pour installer le projet d’un parti démocrate à la française, effaçant ou minorisant toute politique de gauche.
L’alternative de gauche est affaiblie, le rejet de la politique du gouvernement continue à alimenter un découragement et une abstention massive dans l’électorat populaire, et ne se traduit pas par un renforcement des forces de gauche qui défendent une alternative sociale et écologique. Le PS a pu limiter cette désaffection en bénéficiant sans doute d’un soutien conjoncturel d’une partie de l’électorat qui a vu dans sa gestion de la situation post-attentats et de l’état d’urgence un moindre mal pour faire face à la situation. Mais les critiques sociales et écologiques de la politique du gouvernement vont reprendre leur place dans les premières préoccupations de la population, en même temps que la mise en cause des dérives de l’état d’urgence va s’accentuer et devenir plus audible. Cette alternative ne pourra reprendre son essor que si les mouvements sociaux de la société viennent les renforcer, ce qui n’a toujours pas été le cas au cours des derniers mois.
Pour retrouver un élan qu’ils ont perdu, le Front de gauche, ainsi qu’ EELV, doivent être capables de surmonter leurs hésitations à s’unir et les polémiques de préséance, de faire un retour sur les occasions manquées d’unité aux régionales alors que des exemples de réussite ont fonctionné, de relancer des processus d’implication citoyenne et militante, et ils doivent être capables de formuler les grands axes d’une politique alternative commune pour agir vers un rassemblement qui les dépasse et où s’impliquent le mouvement social et les socialistes critiques de la politique gouvernementale.
L’ultime adieu du gouvernement à la gauche
Mais depuis les élections régionales, l’exécutif a encore modifié la donne en affirmant encore davantage sa volonté de rechercher une nouvelle majorité avec une partie de la droite, quitte à diviser profondément la gauche et même le Parti Socialiste. C’était déjà manifeste sur les mesures économiques prises avec l’assentiment du Medef et d’une partie de la droite, du CICE aux lois Macron. Au lendemain des régionales, à l’inverse d’une « inflexion » à gauche réclamée même par nombre de dirigeants du PS, c’est une inflexion supplémentaire à droite, claire et assumée, qui a été décidée par Hollande et Valls. Les résultats des régionales et la menace terroriste, censés démontrer un glissement à droite de la société, servent de justification à M. Valls pour s’y adapter plutôt que d’y résister. Refus d’une simple augmentation du SMIC, annonce de la remise en cause de l’accueil de nouveaux réfugiés et mise en cause de la Grèce qui ne contrôlerait pas ses frontières, réponse favorable à Raffarin pour un « pacte commun » contre le chômage, que le gouvernement traduit par de nouveaux projets sur les seuils sociaux, le code du travail, la priorité à la sécurité et l’austérité étendue aux autres secteurs de la fonction publique.
Avec la déchéance de nationalité, en plus de l’état d’urgence à inscrire dans la constitution, c’est le coup de grâce et l’ultime rupture. Non seulement un gouvernement du Parti socialiste se fait l’instrument d’un libéralisme sans fard sur les terrains économiques et sociaux, mais en ouvrant une brèche dans le « droit du sol » à cette occasion, et en « constitutionalisant » un état d’exception sécuritaire, il s’en prend à des « valeurs » et à des principes qui font partie des fondamentaux à gauche, qui forment une certaine idée d’une République sociale, démocratique et égalitaire qui la distinguait des droites. Tout à la recherche d’un calcul politique cherchant pour 2017 une coalition avec une partie de la droite plutôt que s’appuyer sur une gauche à qui ils ont déjà tourné le dos, Hollande et Valls offrent une nouvelle victoire idéologique et symbolique supplémentaire au FN et aux courants réactionnaires, et accentuent la fracture à gauche et au sein même du PS.
Rien n’est écrit d’avance. Des énergies existent dans le pays qui refusent de céder au rejet de l’autre, au repli sur soi et au racisme, et qui s’opposent à la politique antisociale du gouvernement. Mobiliser toutes les forces sociales disponibles doit être l’objectif premier.
Mais il s’agit désormais de refonder la gauche, car celle-ci est menacée de disparition ou de marginalisation au profit d’une nouvelle alliance entre une partie du PS avec le centre et une partie de la droite. Une refondation qui doit se faire en tirant les leçons des choix politiques faits depuis 2012 qui ont mené à la catastrophe actuelle. Une autre alliance est nécessaire, celle qui rassemblerait toutes les forces disponibles à gauche pour sortir de l’austérité et d’une politique sécuritaire qui remet en cause les principes démocratiques.
Deuxième partie
Éléments pour une feuille de route du mouvement Ensemble
La secousse politique qui a profondément marqué le pays entre le 13 novembre 2015 et les deux tours des élections régionales révèle une situation dramatique pour la démocratie, les droits sociaux et humains, l’avenir des perspectives de gauche et d’émancipation. La gauche indépendante du gouvernement (FDG, EELV…) a également subi un échec. Les attentats et le tournant sécuritaire ont mis sous le boisseau les préoccupations liées à une critique écologique et sociale du gouvernement, dans un contexte immédiat où l’opinion se focalisait sur la question sécuritaire et favorisait la montée du FN. Cette situation ouvre une période de réflexion fondamentale pour Ensemble, pour le Front de gauche et pour toute la gauche qui veut résister aux choix libéraux et autoritaires. Cette réflexion devra initier de grands débats pour reprendre l’offensive idéologique avec des objectifs innovants et différents. Nous ne pouvons pas nous contenter de la routine. Il faudra travailler sur :
– Comment reconquérir l’hégémonie sur des « grands sujets », redonner un horizon à notre camp social, les deux étant liés.
– Réfléchir sur des concepts souvent employés dans le débat public : République, citoyenneté, démocratie.
– Appropriation sociale, droits sociaux, effets de la COP21.
– Quel nouvel horizon pour l’émancipation ?
Nous pouvons utiliser pour ces débats les « Matériaux pour l’émancipation », ainsi que la brochure de « Propositions » pour des mesures d’urgence. Mais d’autres élaborations seront nécessaires.
La nouvelle phase qui s’ouvre maintenant est largement marquée par la perspective des élections présidentielles et législatives de 2017. Mais notre horizon et notre activité ne doivent nullement se réduire à cette question. Le développement de mobilisations sociales, de débats politiques nouveaux est la condition pour refuser les scénarios écrits d’avance.
1. Mobilisations démocratiques, sociales, internationales, citoyennes.
Nous poursuivons notre investissement dans les cadres unitaires au sein desquels nous sommes investis en axant notre intervention sur l’élargissement de leur périmètre et le lien avec les populations.
– Sur l’état d’urgence et la démocratie
Ensemble ! se positionne pour que cesse l’état d’urgence. De nombreuses initiatives existent. Il est nécessaire qu’elles convergent vers des objectifs d’actions communes coordonnées. L’arc de force créé par la LDH autour de l’appel « Nous ne céderons pas » devrait être proposé comme regroupement et se compléter du projet de manifestations contre le maintien de l’état d’urgence.
Parallèlement, les modifications constitutionnelles envisagées doivent amener une réaction publique de notre part et devront donner lieu à des débats pour exiger l’abandon intégral de la réforme constitutionnelle. En faisant le choix d’intégrer la déchéance de nationalité dans leur projet, Valls et Hollande ont franchi un pas supplémentaire à droite. En reprenant cette proposition du FN, par ailleurs, inutile dans la lutte contre le terrorisme, ils ne font que créer différentes catégories de citoyenneté, renforçant encore plus les inégalités et les discriminations.
– Sur les migrants :
L’Europe forteresse est mise à l’épreuve par l’afflux des migrants. Elle apparaît pour ce quelle est, une machine qui rejette ceux des migrants qu’elle juge inutiles. À cela nous opposons une bataille politique pour la solidarité et l’accueil inconditionnel. Elle se traduit par la construction des différentes mobilisations en solidarité avec les migrants.
– Sur le démantèlement de pans entiers du code du travail et de la sécurité sociale.
Le gouvernement prépare de manière simultanée une offensive idéologique et un dispositif législatif rapide afin de continuer la destruction des droits sociaux. Cela concerne la réécriture du Code du travail, la loi Macron 2 sur l’économie numérique (NOE), et le compte personnel d’activité (CPA).
– Sur le Code du travail :
Nous intervenons dans le cadre d’action CQFD (Code Qu’il Faut Défendre), mais aussi dans le syndicalisme et les débats juridiques publics. Il faut prendre la mesure de ce qui se joue : destruction d’acquis sociaux collectifs, régressions démocratiques en même temps que pilier du projet de « grande coalition au centre » du gouvernement.
Une campagne de réunions et d’initiatives locales sera animée et coordonnée nationalement avec le rassemblement d’un très large spectre de composantes syndicales, politiques, sociales, universitaires, associatives, dont le Collectif 3A a montré la possibilité. Retardée du fait des attentats et des régionales, cette campagne peut prendre une grande place dès janvier.
Nous y participons avec toute l’énergie des collectifs d’Ensemble. Nous lions chaque fois que nous le pouvons la participation à ces résistances avec ce qui de notre projet constitue des alternatives concrètes émancipatrices dessinant les contours cohérents d’une autre société.
– Sur le CPA (calendrier en mars) :
Le CPA vise à piéger les salariés dans l’illusion de droits personnels cumulés sur un compte en dévoyant des propositions du syndicalisme. Nous y opposons une sécurité sociale professionnelle et des droits afférents à la personne dans un cadre collectif, financés par des cotisations patronales.
– Sur l’urgence environnementale
Les mobilisations qui ont eu lieu autour de la COP21 fin 2015 doivent trouver des débouchés dans de nouvelles initiatives. La journée d’action du 9 janvier autour de Notre-Dame-des-Landes, comme les mobilisations à venir initiées notamment par la coalition constituent des points d’appui à relayer et à investir.
Nous cherchons à articuler une bataille pour l’emploi et pour la défense des services publics avec la question de l’urgence climatique et la nécessaire transition énergétique dans une campagne à l’image de « One Million Climate Jobs » menée par le mouvement ouvrier britannique. Nous soutenons et participons aux initiatives prévues en mai 2016 contre l’exploitation des gaz de schistes et l’extractivisme.
– Sur la bataille pour une autre Europe.
Nous participons aux débats pour une autre Europe, plan B, conférence de Madrid, initiative Attac-Copernic… et poursuivons les discussions au sein d’ensemble.
2. Prendre des initiatives politiques propres.
Dans la situation de crise globale, nationale et internationale, il y a nécessité qu’Ensemble ! en tant que mouvement puisse prendre des initiatives propres, déconnectées des enjeux électoraux, sur des terrains de débats à gauche, afin de marquer son projet. De multiples sujets pourraient être envisagés.
Il est proposé que des axes de campagnes s’organisent prioritairement autour de plusieurs thèmes :
- Mettre fin au chômage et à la précarité, c’est possible. C’est une question avant tout de choix politique. L’objectif phare immédiat de réduction massive et d’embauches est réalisable à condition de ne plus laisser faire les spéculateurs et de donner la priorité à la réduction du temps de travail et à une garantie des salariés et des droits sociaux. De même, une réorientation des moyens de l’épargne qu’il faut retourner vers les logements et les économies d’énergie. Quand on songe qu’une lutte réelle contre les paradis fiscaux et la fraude permettrait la création massive des emplois qui manquent dans les services publics et notamment la santé et l’éducation nationale !
- Intervention sur les implications de la crise au Moyen Orient, notamment dans son épicentre syrien. Notre position spécifique dans la gauche française, qui devra être précisée dans le contexte nouveau (« coalitions », frappes), nous impose de convaincre et de prendre des initiatives avec un arc de forces regroupant syriens et kurdes. Une proposition d’initiative publique pourrait être organisée. Nous devons l’assumer, y compris avec la dimension d’aide nécessaire aux forces kurdes combattantes et aux forces syriennes libres.
- Lutte contre le racisme : la montée du FN et le recul des consciences constituent un péril d’envergure pour de larges secteurs de la population résidant en France. Un travail de fond, qui passe par la proposition d’un matériel national et l’organisation d’initiatives ouvertes doit permettre de redonner de la visibilité aux luttes antiracistes, notamment celle pour la consolidation et l’élargissement du droit du sol car la reconnaissance de droits politiques égaux pour tou-te-s celles et ceux qui les demandent est le support nécessaire pour développer les luttes contre les discriminations. .
3– Face aux enjeux de 2017 et au-delà, nous avons besoin d’une construction nouvelle, vers une force ou un rassemblement politique large, aussi fidèle aux intérêts des travailleurs que la droite et l’extrême droite le sont aux intérêts du patronat. Elle peut se construire en agissant sur plusieurs axes politiques :
– Un débat est nécessaire pour rassembler les forces qui veulent refuser l’hégémonie du FN, de type Vichyste pour tout son programme, stimulant le racisme et la xénophobie. Cela peut prendre la forme d’initiatives nouvelles dans le champ intellectuel, culturel, idéologique, contre les menaces réactionnaires et rétrogrades, pour la réactivation des valeurs universelles d’égalité, de liberté, de solidarité, d’anti-racisme.
– Nos propositions visent en même temps à faire échouer l’autre construction menée par Hollande/Valls/ Macron avec le MEDEF : une « grande coalition au centre », soudée sur la poursuite des politiques d’austérité (emplois, Smic, services publics) et la constitutionnalisation de reculs de la démocratie.
Cela passe par une proposition générale de rassemblement et de rencontres avec celles et ceux qui perçoivent l’impasse politique actuelle :
– les forces et courants politiques, le FDG, EELV, Nouvelle Donne, les courants critiques du PS, les forces de la gauche radicale ;
– celles et ceux rencontré-e-s dans le M6R, les Chantiers d’espoir, dans le Mouvement commun, la gauche radicale unitaire, et les activités du Fdg dans un certain nombre de collectifs locaux ;
– citoyen-e-s voulant agir, abstentionnistes, déçu-e-s du Front de gauche ;
– militant-e-s syndicaux, associatifs ;
– et tous les regroupements locaux et nationaux de la gauche alternative…
Le Front de Gauche n’a pas été suffisamment fort et attirant pour que le rassemblement se fasse autour de lui, pour que des éléments significatifs du mouvement social entreprennent une construction commune avec lui. Il faudra pour cela repartir vers un autre rassemblement bien plus large qui définisse les bases d’une majorité alternative à l’austérité, au tournant sécuritaire, à l’abandon du projet d’une République sociale, démocratique et écologique.
Nationalement, nous sommes pour que se transforme le Front de gauche. Cette dimension de notre activité ne peut se faire qu’en affirmant fortement les propositions que nous faisons. Le FDG doit donc changer pour s’ouvrir à toutes les composantes qui veulent une alternative à la droite extrême et à la grande coalition entre direction du PS et droite. La question de son dépassement est réelle, mais poser cette question ne doit pas conduire à susciter des divisions nouvelles au sein de la gauche alternative.
Mais le Front de Gauche doit faire plus : c’est une révolution culturelle à gauche qui est nécessaire. Il faut retrouver le chemin des mobilisations populaires et unitaires et des batailles d’idées pour rendre envisageables et possibles de nouveaux progrès sociaux, écologiques et démocratiques. A la politique du gouvernement cherchant à concrétiser une alliance avec des secteurs du centre et de la droite, le Front de Gauche doit travailler à une autre coalition de toutes les forces de gauche qui veulent sortir de l’austérité, et s’opposent aux politiques sécuritaires et autoritaires sous peine de voir disparaître toute alternative à gauche et laisser la place à un tripartisme FN/droite Sarkozyste/PS allié à une partie de la droite sur une orientation libérale.
Nous devons nous intéresser et participer aux initiatives qui émergent contre la politique du gouvernement pour une autre politique à gauche, sans a priori, avec la volonté de sortir de l’impasse mortifère dans laquelle le gouvernement et la direction du PS sont engagés.
Nous devons donc stimuler les regroupements les plus larges possibles, faire de la confrontation des projets une force (et notamment autour des mesures d’urgence pour sortir de la crise démocratique et de l’austérité, déjà proposées par Ensemble et qui seront réactualisées, comme contribution à un rassemblement visant une nouvelle majorité sociale et politique qui gouvernerait vraiment à gauche).
Dans ce cadre 2017 est à la fois un moment structurant et incontournable de la vie politique. Nos propositions doivent permettre de faire avancer à cette occasion un nouveau rassemblement politique qui n’accepte pas que disparaisse en 2017 l’option d’une politique vraiment à gauche, et qui devra être capable de se projeter au-delà de cette échéance.
La volonté d’engager des dynamiques de convergences doit nous guider pour préparer cette échéance. Ensemble ! travaillera constamment pour que notre objectif de candidatures communes aux élections présidentielles et législatives de 2017 se réalise, rassemblant les forces qui ont déjà depuis plusieurs mois parfois commencé à converger, le Front de Gauche, EEELV, Nouvelle Donne, les courants critiques du PS, les forces de la gauche radicale, les forces du mouvement social et syndical.
La logique de l’élection présidentielle et de la Vème République étouffe plus que jamais la vie démocratique du pays. La réforme du quinquennat a accentué cette tendance en imposant une compétition permanente. Notre objectif est de subvertir cette échéance en y faisant prévaloir les aspirations démocratiques sociales et écologiques. Nous soutenons la nécessité de l’inversion du calendrier électoral entre l’élection présidentielle et les élections législatives, lesquelles devraient se faire à la proportionnelle, pour redonner la priorité au débat sur les projets par rapport aux enjeux de personnes.
L’aspiration à l’unité des forces sociales et politiques, des citoyens face à la politique de Valls et Hollande existe dans le pays. Cela se traduit par plusieurs appels et initiatives qui émergent autours de l’idée de « Primaires à la gauche du PS ». Les expériences de large rassemblement aux élections régionales, comme la liste « Nouveau Monde » en Languedoc Roussillon Midi Pyrénées ont montré que l’unité des forces à la gauche du PS était nécessaire mais pas suffisante. Il est important de commencer par la construction d’un projet commun articulé avec le choix de candidats communs. Les candidatures qui émergent doivent se mettre au service d’un mouvement et d’un projet commun.
Pour Ensemble, il est indispensable de construire une démarche de rassemblement incluant les forces sociales et politiques, les citoyens qui portent des propositions partagées de façon à déboucher sur les grands axes d’un projet alternatif. Nous souhaitons qu’un tel processus permette au plus grand nombre de forces possibles de participer à la désignation de candidatures communes à la présidentielle et aux législatives. Les décisions ne doivent pas revenir uniquement aux partis politiques. Cette démarche doit s’appuyer sur la construction d’une véritable participation citoyenne qui mette dans les mains du plus grand nombre l’ensemble des décisions politiques.
Un tel rassemblement pour construire son programme, sa stratégie et désigner ses candidats pourrait procéder par de larges votations citoyennes qui permettent l’implication du maximum d’énergies et l’émergence d’une nouvelle gauche dans le pays.
Nous participerons à toutes les initiatives qui permettent d’avancer dans ce sens. Nous sommes déterminés à contribuer par tous les moyens à la construction de ce rassemblement, de son programme, de ses candidatures. Nous déterminerons au Collectif National de mars les décisions et propositions à mettre en œuvre pour cela.
Le Collectif National mandate un groupe de travail issu du CN pour rédiger une déclaration publique dans les prochains jours qui permette de populariser l’ensemble des exigences détaillés dans la feuille de route.
Il faut refuser toute logique de division, ou de décisions unilatérales de candidatures, et préférer la construction d’un nouveau rassemblement et d’une proposition politique qui permettent sur cette base de désigner un candidat commun et des candidatures aux législatives. Elles doivent être représentatives et acceptées par toutes les forces du rassemblement, et suffisamment fortes et portées largement pour déjouer le « tripartisme » et proposer une nouvelle force à gauche afin de contrer le FN et toutes les politiques libérales.