Ukraine. Lutte des classes Et guerre contre l’im­pé­ria­lisme russe

Les jour­nées de juillet NUMÉRO SPÉCIAL

« La démo­cra­tie a gagné, mais elle sera à nouveau mise à l’épreuve »

C’est le titre de l’édi­to­rial du Kyiv Inde­pendent daté du 31 juillet à 22 h11. Le quoti­dien prend acte de la victoire combi­née de la « double mobi­li­sa­tion » : celle de la rue et celle de Bruxelles. Les Ukrai­niens, souligne l’ar­ticle, « ont une fois de plus montré au monde entier comment défendre la démo­cra­tie ». Le quoti­dien rappelle égale­ment – comme un aver­tis­se­ment – que deux des prédé­ces­seurs de Zelensky avaient dû faire face à la mobi­li­sa­tion popu­laire et que l’un d’entre eux avait été renversé en 2014 par la révo­lu­tion de Maïdan : « Les diri­geants ukrai­niens sont donc natu­rel­le­ment sensibles à la voix de la rue, même s’ils font semblant de l’igno­rer. »

Le jour­nal pour­suit en rappe­lant que la guerre ne peut être une « excuse » pour « fermer les yeux sur le recul des réformes ». Cet aver­tis­se­ment vise tout à la fois le gouver­ne­ment, le Parle­ment, le Président et l’Union euro­péenne.

L’édi­to­rial souligne que la volte-face de Zelensky consti­tue « une victoire signi­fi­ca­tive pour la démo­cra­tie. Et la démo­cra­tie, à l’échelle mondiale, ne connaît pas beau­coup de victoires ces jours-ci ».

S’il s’agit indé­nia­ble­ment d’une victoire popu­laire, le quoti­dien pose cepen­dant une ques­tion cruciale : « Cela signi­fie-t-il que la démo­cra­tie ukrai­nienne est désor­mais hors de danger ? ». Il s’em­presse d’y répondre : « Bien sûr que non ». Et de rele­ver que « personne n’a été tenu respon­sable » de la tenta­tive de « faire recu­ler la démo­cra­tie ukrai­nienne d’une décen­nie ». L’édi­to­rial n’hé­site d’ailleurs pas à ques­tion­ner la respon­sa­bi­lité du Président lui-même en posant une nouvelle ques­tion : « A-t-il réflé­chi à son propre rôle dans cette affaire et compris qu’il avait fran­chi la ligne rouge ? » La réponse est cinglante : « Rien n’in­dique que ce soit le cas. » Enfin, la conclu­sion est sans détours :

Cela signi­fie que les auteurs de cette attaque contre l’ave­nir démo­cra­tique de l’Ukraine sont toujours en place et peuvent frap­per à nouveau, dans le même but de conso­li­der leur pouvoir et de saper les quelques contre-pouvoirs qui subsistent.

Et, sans doute destiné à l’opi­nion inter­na­tio­nale, aux oublieux et à ceux qui ferment les yeux, un rappel : s’il faut conti­nuer à se battre sur le front inté­rieur, il ne faut cepen­dant pas oublier que « les Ukrai­niens luttent contre la Russie depuis onze ans pour rester un pays libre et démo­cra­tique ».

Sur le « front inté­rieur » la ques­tion sociale reste entière que même que celle de la poli­tique néoli­bé­rale que mène le gouver­ne­ment et qui se traduit par le déman­tè­le­ment du Code du travail, des ferme­tures d’hô­pi­taux et d’écoles, des salaires non payés, des licen­cie­ments abusifs dont usent et abusent le patro­nat ukrai­nien mais aussi l’Etat-employeur. Cette poli­tique socia­le­ment nocive affai­blit l’ef­fort de défense.

Avec leurs syndi­cats, asso­cia­tions ou comi­tés auto-orga­ni­sés de toutes sortes, la résis­tance sociale quoti­dienne du peuple ukrai­nien à ces attaques montre aussi que celui-ci lie indis­so­lu­ble­ment la ques­tion de l’in­dé­pen­dance natio­nale face à l’im­pé­ria­lisme russe à la défense de la démo­cra­tie et de ses acquis sociaux.

Chaque victoire sur ces trois fronts renforce les autres. À ne pas douter celle du 31 juillet 2025 consti­tue tant pour le front que pour l’ar­rière un puis­sant encou­ra­ge­ment et motif d’es­poir à pour­suivre la résis­tance ouverte le 24 février 2022.

Patrick Le Tréhon­dat et Patrick Silber­stein, membres du Comité français du RESU et des Brigades édito­riales de soli­da­rité

Soutien à l’Ukraine résis­tante. N° 41 – 11 août 2025
Télé­char­ger le n° de 60 pages : soutien-a—lu­kraine-re–sis­tan­te–n-deg-41–2
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