Le gouvernement tente un passage en force pour doubler les franchises médicales
4 euros payés de sa poche pour une consultation médicale, au lieu de 2 ; 2 euros par boîte de médicament au lieu de 1 ; 8 euros pour un trajet en transport sanitaire au lieu de 4 ; jusqu’à 200 euros par an au maximum au lieu de 100… : le gouvernement veut doubler le montant des franchises médicales et des participations forfaitaires payées par les patient·es pour de très nombreux actes de soins.
Ces franchises et participations s’appliquent de manière indéterminée, quel que soit le revenu des personnes, y compris celles qui comptent à l’euro près. La mesure est donc parfaitement calibrée pour creuser les inégalités de santé entre riches et pauvres.
Cette hausse est au cœur du projet de loi austéritaire de financement de la Sécurité sociale préparé par le gouvernement de François Bayrou, qui doit être discuté au Parlement à l’automne. Il ne le sera probablement jamais, en raison de l’échec annoncé du vote de confiance du 8 septembre.
Le premier ministre semble en avoir pris acte depuis longtemps. Il a donc tenté un passage en force, par des décrets envoyés pour avis au conseil de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (Cnam), dès le 6 août.
(…) Il s’est réuni, jeudi 4 septembre, et s’est prononcé très largement contre l’augmentation des franchises : 21 membres ont voté contre la hausse, 12 pour, et 3 se sont abstenus.
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« On est tous un peu à cran, parce que le gouvernement veut faire payer les malades chroniques », confirme Féreuze Aziza, qui représentait France assos santé, l’Union nationale des associations agréées d’usagers et usagères du système de santé.
L’association a obtenu un chiffrage du coût de ces mesures pour les patient·es : elles vont coûter 44 euros de plus en moyenne par an, et même 72 euros pour les personnes qui ont une affection de longue durée, c’est-à-dire une maladie grave et/ou chronique.
« En 2004, la première participation financière du patient à la consultation médicale était de 1 euro, elle est de 4 aujourd’hui, rappelle Féreuze Aziza. Les franchises et les participations avaient déjà augmenté l’année dernière, mais on nous avait expliqué que les personnes en ALD [affection longue durée – ndlr], celles qui consomment le plus de soins, étaient préservées, car le choix avait été fait de ne pas toucher au plafond de 100 euros. Un an plus tard, cette réserve a sauté. » Pour l’assurance-maladie, l’économie serait de 700 à 800 millions d’euros.
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« Ces deux décrets simples peuvent être publiés dès demain », soit avant le 8 septembre.
Car le gouvernement peut passer outre l’avis négatif du conseil national de l’assurance-maladie, qui n’est que consultatif.(…)
Mais en ce qui concerne le décret sur les plafonds, qui doit passer en Conseil d’État, « si son avis intervient après le 8 septembre, et que le gouvernement est démissionnaire », il ne voit pas « comment le gouvernement pourrait le prendre », poursuit-il. « Cela excéderait, selon [lui], le champ des affaires courantes », qui est celui d’un gouvernement démissionnaire, souligne le juriste.
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