J’avoue que je me méfie beaucoup des romans écrits par des militant-es. J’ai toujours peur que la fiction ne soit considérée que comme un prétexte pour faire passer en contrebande des arguments et des informations. Le texte littéraire en pâtit, le plaisir de la lecture disparaît sous les gros sabots des intentions pédagogiques.
J’ai donc été agréablement surpris par la qualité littéraire du roman de notre ami Bruno Riondet. Il existe dans son texte un aspect feuilletonesque avec ses rebondissements qui tiennent en haleine le lecteur et la lectrice. On rencontre également des moments d’introspection chez le héros, un journaliste au caractère bien trempé que l’on suit lors d’un reportage du côté de Grenoble et de la campagne de Voiron, intimement évoquée ici. Au travers d’une enquête journalistique crédible notre héros croise nombre de personnages secondaires hauts en couleur, de la ville comme de la campagne, enfant et adultes, qu’on a plaisir à rattacher à des personnes que l’on connaît soi-même. Ces protagonistes sont plutôt du genre à aller sur la « côte d’usure » plutôt que vers la côte d’azur. On est entre ami-es.
Les dialogues dénotent une connaissance aiguë des relations conflictuelles entre frère et sœur ou au sein des familles. Ça ressemble tellement à notre vécu, non ?
Celles et ceux qui s’intéressent à la politique au sens large retrouveront bien des références que l’on partage avec l’auteur (la « Conf », ATTAC, les LIP, etc.)
Pour ne rien gâcher, on trouve enfin un festival de mots d’esprits et quelques chansons chères à notre cœur fredonnées ça et là (à vous de découvrir!)
Zut ! J’allais oublié : « L’histoire se déroule en Chartreuse. Julien, journaliste, couvre un colloque sur le marquage des animaux domestiques. Il découvre à cette occasion de nouvelles techniques, les puces dites RFID, insérées sous la peau des animaux. Poussé par sa curiosité naturelle et intrigué par cette technologie émergente, il enquête sur les nanotechnologies dans la région de Grenoble. Il découvre effaré les enjeux économiques et sociaux liés à ce domaine industriel. Effaré et inquiet. D’autant plus inquiet qu’à Saint Aupre, en Isère, les vaches du voisin de son oncle semblent prises d’un mal étrange : elles deviennent neurasthéniques. Y a-t-il un lien entre ce que Julien appelle « le syndrome de la vache molle » et le développement du puçage de bovins dans les villages alentours ? Puçage qu’encouragent, par tous les moyens, de grands groupes industriels liés aux nanotechnologies.
17 euros pour se faire plaisir et ne pas mourir idiot : le grand luxe !