Bonjour Bertrand,
J’ai lu avec intérêt mais sans surprise cette défense du Code du Travail.
Cette position a sa logique interne : défendre les travailleurs exposés à l’exploitation dans le contexte capitaliste,
et une logique externe face aux lois Macron et Rebsamen et au rapport Combrexelle qui aggravent encore les possibilités de l’exploitation.
Mais cette position comporte aussi des limites. Elle ne remet pas en cause l’exploitation elle-même et oublie ceux qui ne travaillent pas ( une phrase en passant sur les chômeurs, non argumentée) . Elle ne peut pas non plus aborder les zones marginales du travail, par ex l’intermittence du travail artistique ou le travail associatif…
En tant que bénévole, je sais qu’il ne suffit pas d’être salarié pour être du bon côté du bien commun : le salariat fait peser sa propre logique sur l’association, allant jusqu’à détourner son objectif.
Le code du travail se contente d’aligner automatiquement les associations à but non lucratif sur la réglementation concernant les entreprises productrices et ce n’est pas sans créer des déséquilibres.
Je dénonce, comme les auteurs de ce texte, la volonté de « mettre la négociation collective au service de la compétitivité des employeurs et d’aboutir à un code du travail facultatif pour sa plus grande partie. » Mais on ne résout pas le problème en profondeur si on ne remet pas en question la logique du salariat. C’est carrément l’hégémonie patronale qu’il faut détruire. Jadis on parlait d’auto-gestion…
Maintenant beaucoup de jeunes parlent de revenu inconditionnel. « LA » solution n’est pas toute trouvée, il faut en discuter sur le terrain, évaluer les besoins avec le double souci d’être solidaires et sobres. Sans se contenter de palliatifs.
« Chaque catégorie a sa part de vérité » ? mais pour dépasser le corporatisme, il faudra bien discuter sur le terrain. Et inventer une nouvelle gestion collective.
Amitié libère Terre
Françoise
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Bonjour Françoise,
Je suis d’accord avec toi sur différents points, mais le code du travail transcrit les acquis de dizaines d’années de luttes, en défendre le principe, c’est lutter pour l’état de droit dans le monde de l’économie. Ce n’est pas mince.
Et si le salariat n’est pas en soi un horizon, l’auto-exploitation d’un nombre croissant de travailleurs non salariés ne l’est pas davantage. Lutter pour l’émancipation peut se faire dans et hors du travail salarié.
Par ailleurs, tout ce qui contribue à la mobilisation du monde du travail et sur les questions sociales est, dans le contexte délétère actuel, particulièrement bienvenu. Enfin, lorsque je soutiens les goodyear, les zadistes, les femmes ou les sans-papiers, je le fais en tenant compte du fait que chaque catégorie a sa part de vérité, sa propre entrée dans les questions d’émancipation. Je ne cherche pas d’abord à les convertir à mon propre point de vue.
Amicalement,
Bertrand